Chapitre 5
Pendant quelques minutes, ni elle ni moi ne disons rien. Et puis, je me rappelle une fois encore que c’est l’anniversaire de ma mère et qu’il faut qu’on se bouge. Mais bon… Autant joindre l’utile à l’agréable.
- Et si je te lavais, toi aussi ? je suggère.
Je l’ai possédée avec mes doigts. Là, je vais avoir la possibilité de découvrir son corps.
- Moui, ça pourrait être utile.
J’attrape le savon et le frotte entre mes mains pour qu’il commence à mousser.
- Tu préfères ça plutôt que le gel douche, pas vrai ? je demande.
Elle plisse les yeux en souriant et hoche la tête. J’adore ses expressions. Et la rapidité avec laquelle elle peut passer de l’une à l’autre. Elle était chaude comme la braise il n’y a pas deux minutes et la voilà avec des expressions d’une enfant de 4 ans. C’est parfois déroutant mais je dois reconnaître que c’est un trait qui me plaît vraiment chez elle.
Je l’attire à moi pour passer mes mains dans son dos. Je caresse son corps en le savonnant.
- Je ne te promets pas de ne pas avoir les mains baladeuses, je plaisante.
- Je ne suis pas contre.
Elle rit en secouant la tête.
Mes mains montent et descendent sur son tout petit corps. Mes doigts rampent sur sa peau. Son dos tatoué, le creux de ses reins… Je glisse mes lèvres dans le creux de son cou avant d’empoigner ses fesses à pleines mains. Je les frotte. Je les masse. Je les pétris. Je savoure sa douceur.
Bordel, j’ai même pas de mot pour décrire à quel point son corps est un vrai putain de terrain de jeu.
Elle est vraiment bien foutue. Avec des défauts, comme tout le monde. Mais putain, il y a tout ce qu’il faut, là où il faut et c’est le principal si vous voulez mon avis. Lentement, j’insinue un doigt dans la raie de ses fesses et je descends. Ce n’est même pas sexuel. Juré. Juste pour la découvrir. Toute entière.
Je m’attends à ce qu’elle ait un mouvement de recul ou de rejet. Et ça serait bien normal. Putain, c’est sûrement l’endroit le plus intime qui soit. Mais non. Elle me laisse faire.
Putain, j’en reviens pas de pouvoir la toucher comme ça. Qu’elle me laisse la toucher comme ça.
Son corps me rend fou. Je délaisse ses fesses et entreprends de laver le reste de son corps. J’enfonce délicatement mes doigts dans ses cuisses et m’accroupis. Arrivé au sol, je lave intégralement ses membres inférieurs avant de remonter en effleurant l’intérieur de ses cuisses. Je frotte délicatement son entrejambe. Elle réprime un frisson. Nos regards se croisent et elle se mordille la lèvre. Mais pas d’excitation je pense. Ou plutôt si mais pas une excitation sexuelle. Ses yeux ne me lâchent pas. La confiance aveugle que j’y lis me subjugue.
Exalté, je la replace contre le mur et commence à frotter le haut de son corps. D’abord les courbes de ses hanches, puis son ventre. Je passe ensuite directement à ses bras, gardant le meilleur pour la fin. Je parcours tout son corps, émerveillé et ahuri qu’elle me laisse faire. Lorsque je passe enfin mes mains sur ses seins, elle ferme les yeux et passe les bras autour de mon cou.
- Je ne me lasserai jamais de tes mains sur moi, soupire-t-elle.
- Il faudra bien sortir à un moment pourtant.
Je prends le pommeau de douche et la rince doucement. Une fois débarrassée de la mousse, je l’embrasse rapidement et sors de la douche. J’attrape une serviette et la passe dans mes cheveux pour me sécher. Je l’attache ensuite autour de ma taille et sors une grande serviette.
Synchrone, Maud coupe l’eau de la douche et sort. Je lui tends les bras. Je l’invite à venir se mettre au chaud dans la serviette et à se coller à moi. Encore. Son corps est tout chaud contre moi. Sauf ses mains. Froides, pour ne pas changer. Je frotte doucement son dos pour l’essuyer.
- Tu as pris tes affaires ?
Le nez dans mon cou, je la sens hocher la tête. Dommage. Je n’ai pas pris les miennes. Et j’avoue que l’idée de sortir dans le froid ne m’attire pas du tout. Surtout sans elle. Mais bon… On ne peut pas toujours avoir ce qu’on veut, pas vrai ?
- Les miennes sont restées dans ma valise, dans la chambre. Je vais les chercher et j’arrive, j’explique.
Elle se dégage doucement et resserre la serviette autour de ses épaules. Je récupère mes affaires éparpillées au sol et ouvre la porte. Un courant d’air glacial m’accueille. Juste avant de sortir, je me retourne pour la regarder. Ses yeux sont rivés sur moi.
- Je reviens vite, je promets.
Il fait vraiment très froid en dehors de la salle de bain alors je referme la porte. Quand je remonte le couloir, j’ai l’impression de voler. L’air est glacial, putain, mais je m’en fous royalement.
Maud…
Je n’ai que son visage en tête. Bon ok, pas que son visage. Ses yeux, ses seins, ses lèvres roses… Ses lèvres roses autour de mon sexe… Son sourire.
Si j’avais su qu’en rentrant j’aurais un tel accueil, je serais revenu depuis longtemps !
Je souris comme un con. J’entre dans la chambre de Thomas et récupère mes vêtements. Dans la sono de ma chambre, le CD semble terminé. Je ne sais pas vraiment depuis combien de temps.
Je mets un nouveau boxer et mon pantalon de soirée. Un de mes classiques jean noir. Bon, c’est pas super beau mais avec le peu de temps que j’ai eu pour préparer ma venue, j’ai difficilement pu faire mieux. Je mettrai une chemise blanche par-dessus, et ça fera la blague. Ma serviette sur l’épaule, je sors à moitié débraillé. Si je me dépêche, je pourrais peut-être voir Maud en sous-vêtements…
J’ai à peine mis un pied dehors que je me cogne contre quelqu’un : Nate. Ils sont rentrés.
Putain de merde !
Je n’ai aucune idée de quand ils sont arrivés. Je ne sais pas depuis combien de temps il est là. J’attends que la culpabilité me tombe dessus, mais elle ne vient pas. Parce que même si je suis le dernier des connards pour avoir laissé sa fiancée me sucer, je suis toujours convaincu qu’il ne la mérite pas. Il n’y a qu’à voir le peu d’effort qu’il fait pour elle. Pour la garder. Elle est magnifique et elle se bouge pour le rester là où lui se laisse aller de plus en plus. Et c’est pas faute de le rappeler à l’ordre. Tout le monde lui a dit qu’il devait perdre du poids. Même elle. Et il s’en fout cet abruti. C’est mon frère. Je l’aime et tout mais putain son attitude sur ce sujet me tape sur les nerfs.
- Tu sais où est Maud ? me demande-t-il.
Sa question me paralyse. Sans la musique pour nous couvrir, ils ont pu tout entendre.
Est-ce qu’il sait ? Non. Impossible. Il m’aurait déjà éclaté la tête. Je sais que moi je lui aurais éclaté la tête.
Un bobard. Vite.
- Euh ouais, je crois qu’elle est dans la salle de bain, je réponds. Elle a pris sa douche juste après la mienne. Elle y est sûrement encore.
Un demi mensonge. Après tout, elle s’est lavée juste après moi. Ou plutôt je l’ai lavée juste après qu’elle m’a lavé…
- Ok, merci.
Mon frère tourne les talons et se dirige vers la salle de bain. Je dois me forcer pour ne pas lui courir après et l’empêcher d’y entrer. Rien qu’à l’idée qu’il puisse encore la regarder, je me sens bouillir.
Elle est à moi putain !
Je fulmine intérieurement et retourne dans la chambre. Quitte à être ici tout seul comme un con, autant que je finisse de me préparer. Je me coiffe à la va-vite. J’entends le pas lourd de Nate revenir dans le couloir. Il entre dans sa chambre et referme la porte derrière lui d’un coup sec.
Est-ce que Maud lui a dit quelque chose ? Est-ce qu’elle a changé d’avis par rapport à moi ?
J’ose à peine le penser mais je le pense quand même :
Est-ce qu’elle a changé d’avis par rapport à nous ?
J’enfile vite fait ma chemise blanche. J’ouvre la porte et me dirige vers la salle de bain. Si besoin, je prétexterai qu’il me faut du gel pour me coiffer. Ou autre chose. Je trouverai une excuse. N’importe quoi. Mais il faut que je la vois. Maintenant. Je pose la main sur la poignée au moment où Maud ouvre la porte.
Une robe bustier bleu nuit épouse ses courbes, s’évasant au niveau des hanches. Sa taille est marquée par une ceinture de dentelle noire cousue à même la robe. Les bretelles de son soutien-gorge dépassent volontairement et rappellent la dentelle de la ceinture. Elle n’est pas maquillée - elle n'est jamais maquillée - mais ses yeux sont toujours brillants et ses lèvres rouges. Ses cheveux à moitié humides forment des boucles légères sur ses épaules. Elle est à couper le souffle.
Je vois qu’elle m’observe, elle aussi. En fait, elle me mate carrément. Mais ses yeux sont aussi remplis de tendresse. Et d’un coup je sais que je ne l’ai pas perdue. Pas encore en tout cas. Parce que je sais à quoi elle pense : nous. Et je suis sûr qu’elle sait que je sais. La preuve : elle sourit et devient toute rouge.
- Hey, murmure-t-elle.
- Hey toi-même, je réplique doucement.
Silence.
L’ambiance est lourde tout à coup. J’essaie de sourire pour détendre l’atmosphère mais mon visage ne suit pas.
- Zed… Il faudra… Quand tu pourras… Plus tard dans la soirée…
Elle butte sur les mots. Comme toujours quand elle est embarrassée. Je lui laisse le temps de se reprendre.
- Tu auras un moment à m’accorder un peu plus tard ? me demande-t-elle après quelques secondes. Il y a des éléments dont on n’a pas eu l’occasion de discuter…
Des yeux, elle m’indique le couloir. J’effleure sa joue de mes doigts.
- Bien sûr. Je me suis dit la même chose, je confie.
Ce qui s’est passé cette après-midi dans la réserve et là dans la douche, ça change tout. Et même si ça me fait chier, il va falloir qu’on parle de tout ça. Exactement comme elle l’a fait ce matin, elle pose sa joue dans ma main avant d’en embrasser l’intérieur. Je m’étrangle presque de soulagement. Elle est toujours à moi.
- A tout à l’heure alors, souffle-t-elle.
Je me faufile ensuite dans la salle de bain pour garder les apparences. Je me retourne brièvement. Maud remonte le couloir sur la pointe des pieds. Vraiment la pointe des pieds. Comme un chat. Pas moyen de savoir qu’elle est là si on ne la voit pas. Elle se déplace sans bruit. Moi, c’est différent. Je reconnais son odeur avant même de voir son visage.
Mais même avec ça, j’espère qu’elle ne fuira pas de cette manière lors de notre conversation. Sans quoi je risque de ne pas pouvoir la rattraper.
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