Chapitre 10 - Partie 2

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Je quitte la résidence et m’arrête un instant sur le trottoir. Je lutte pour ne pas me retourner et vérifier si elle me regarde. La plupart des commerces sont déjà ouverts. La rue commence à s’agiter mais reste relativement calme. Le bar est juste là, tout aussi calme. Ce sera bien différent d’ici quelques heures. La musique, les bruits, les gens…

Je me dirige nonchalamment vers l’entrée. J’aperçois Matteo en train de disposer les verres sur les tables. L’odeur de café, typique du menu matinal du bar, m'accueille, ainsi que Jona.

  • Allora… ? Roucoule-t-il.
  • Allora quoi ?
  • Launching your business ?
  • You should have another look at the flyers, though. Your address is missing, renchérit Matteo en filant vers les cuisines.

Je ne comprends rien à ce qu’ils racontent.

  • Hein ?
  • Word is, you’re opening your own private club at your place. Molto sexy clientele.
  • Hold on. What are you talking about ?

Son petit sourire satisfait cache quelque chose. Matteo reparaît avec une caisse d’oranges. C’est encore lui qui a le plus de chance de me donner des réponses claires.

  • What’s all this bullshit ? What the fuck is going on ?
  • A girl came asking where to find you, explique-t-il. By the way, if your services aren’t to her liking, you can send her to my place.
  • Or mine, ajoute Jona.

Les petits bâtards. C’est comme ça que Maud a eu mon adresse !

  • Ha… Ha, je ris jaune alors qu’eux rigolent pour de vrai. Forget it, man. First, I doubt she’d be interested; second, she’s leaving today.
  • Too bad… But still, you owe me one ! assure Jona.
  • Dans tes rêves les plus fous, mon chou !
  • Ooooh, don’t you dare talk sexy to me…, susurre-t-il.

Je lui fais un doigt d’honneur moqueur qu’il me renvoie direct avec un petit rire complice. Je laisse tomber, c’est pas le moment.

  • Bon… On le fait cet inventaire ?
  • Si !

Je le rejoins derrière le bar et on s'y colle. Bouteille après bouteille. En salle puis dans la réserve. Bière, jus, soda, vin, alcool fort. Jona note, rature, soupire.

  • PORCA PUTTANA ! Ma che cazzo è adesso ? s'écrie Matteo.
  • Everything OK ? je demande après un regard avec Jona.
  • There’s a fucking leak under the sink in the women’s restroom.

Jona lève les yeux de sa feuille d’inventaire, accroupi devant les frigos.

  • Again ?
  • Yeah, again, grogne Matteo. I’ll have to call a plumber. Hope he can come today, or I’ll have to shut the water off and close them. Just finish the stock check and help me deal with this shit.
  • We’re almost done, j’explique en reprenant mes calculs.

Matteo disparaît dans le bureau, téléphone à la main, toujours en train de râler à voix basse. Jona et moi reprenons l’inventaire.

  • Ok, dit Jona. On a presque plus de sodas. Et on va manquer de tequila. Je déteste faire l’inventaire, marmonne-t-il.
  • Pressé d’aller patauger avec Matteo ?
  • Hum… Non. Rappelle-moi pourquoi on fait ça toutes les semaines ? demande-t-il en pointant les bouteilles.
  • Parce que la semaine dernière, on est tombé à court de vodka un vendredi soir, je réponds.
  • Ci sta.

Quand on termine, on pose la liste sur le passe-plat pour Matteo. Ce sera pour la commande de la semaine prochaine. Maintenant, je dois aller chercher celle qu’on a passée dimanche dernier.

  • That’s it. A tout à l’heure. Bonne chance avec le chargement.
  • Thanks. See ya.

Je préfère porter mille caisses que servir des cafés. Je suis barman, pas gérant d'un salon de thé.

Je prends la clé de la voiture de service et retrouve Matteo. Accroupi dans les toilettes, en train d’essayer de limiter les dégâts de la fuite.

  • Ok, we’re good. I’m gonna need the PO.
  • Everything okay with the stock check ? soupire-t-il en se redressant.
  • Yeah. I should be back in a few hours.

Il va dans son bureau, revient avec le bon de commande. Je prends le bon, file vers la sortie arrière, grimpe dans le véhicule et démarre. Une autre journée à tuer. Maintenant que l’inventaire est fini, je repense à Maud. A sa peau, à ses bras autour de moi, à ses lèvres contre les miennes.

Concentre-toi abruti !

J’appuie ma tête sur le volant : je n’ai pas le droit de penser à ça. Et pas le temps de toute façon. J'ai des trucs à gérer, des livraisons à recompter, des caisses à charger, des emmerdes à éviter. Si j’ai de la chance, le patron de la discothèque voisine ne sera pas là en même temps que moi. Sinon… ça va être long.

Une heure de trajet, autant me mettre en route tout de suite. Je roule en longeant le port, puis je sors de la ville. Je continue jusqu’à une zone industrielle reculée. J’aperçois enfin la grosse bâtisse.

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