Chapitre 12 - Partie 2
Des petits bruits me tirent du sommeil. Comme des gazouillis. Je jette un oeil à mon téléphone. 5h21. Trop tôt pour des oiseaux. Les sons reprennent, plus aigus, comme des gémissements. Ils viennent de l’autre côté de la porte. C’est Maud. Je l’entends, de plus en plus distinctement, comme un appel.
- S’il te plaît, écoute-moi.
J’ai l’impression qu’elle pleure. Est-ce qu’elle est réveillée ? S’adresse-t-elle à moi ? De nouveaux gémissements me confirment ce que je savais déjà.
Elle fait encore un cauchemar.
Je me redresse légèrement, le cœur au bord des lèvres.
- Aide-moi ! FAIS QUELQUE CHOSE !
Elle se met à crier et j’entends les ressors du canapé grincer. Je sens mes tripes se serrer. J’attends. Elle va se calmer. Se rendormir. J’espère.
Un pas. Puis un autre. Elle est debout. Un rai de lumière filtre sous ma porte. Elle doit être dans la salle de bain. Mon corps se tend, aux aguets.
Est-ce qu’il faut que j’aille la voir ? Est-ce qu’elle va venir me retrouver après ?
Silence.
Je serre les dents.
Je pourrais y aller. Ouvrir la porte. Lui dire que je suis là, que je l’écoute, que je…
Non. La première fois, elle n’a pas voulu en parler. Je ne peux pas la forcer. C’est à elle de décider.
Je meurs d’envie qu’elle franchisse cette foutue porte. D’être simplement là pour elle, comme l’autre jour. La tenir contre moi pour l’aider à se rendormir. Sans un mot. Juste elle et moi.
Non ! C'est la fiancée de mon frère. C’est lui qui a le droit de la réconforter. Pas moi. Je n’ai eu ce rôle l’autre nuit que parce qu’il n’était pas là. C’est lui qu’elle aime, pas moi. Je n’ai pas le droit de vouloir ça.
Malgré tout, je sais que si elle vient jusqu’à ma porte, si elle ose venir me chercher, je la laisserais faire. Malgré le fait que ça ne soit pas bien. Malgré le fait qu’elle voudra sûrement parler pour penser à autre chose. Parler de nous. Et que ça me fout une trouille pas possible.
La lumière disparaît. Je reste attentif aux bruits du salon. Un froissement discret. Le mécanisme du canapé qui plie sous son poids. Elle s’est recouchée.
Mon souffle se relâche, à peine.
Elle va bien. Suffisamment bien pour ne pas être venue. Ou bien elle a peur, elle aussi. De ce qui pourrait se passer si elle me rejoint. Ou que je la rejette à nouveau.
Pourquoi j’ai fermé ma porte hier déjà ? Ah oui, parce que je suis un lâche.
Je reste là, immobile, à écouter son silence. À espérer. Qu’elle ira mieux. Ou qu’elle vienne me chercher. Et j’attends le sommeil qui ne vient pas.
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