Chapitre 16 - Partie 2

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Je n’ai pas ouvert les volets ce matin alors il fait bien plus sombre que dans le salon. Mais ce n’est pas plus mal. Je ne verrai pas ses expressions. Et en même temps ça me fait chier. Parce que j’adore la regarder.

Je la pose sur mon lit. Je l’aide à se caler et je m’allonge à nouveau à moitié sur elle, le nez contre ses seins. Je sens son corps sous le mien. Ça m’excite, bien sûr. Mais bizarrement, pas plus que ça. C’est chaud. C’est doux. Apaisant. Elle inspire à fond.

T’es trop lourd, abruti ! Elle peut pas respirer.

  • Pardon, je dois t’écraser.

Je vais pour me retirer mais elle enroule ses jambes autour de moi :

  • Non. Reste. S’il te plaît.

Je me repose doucement contre elle. Elle resserre ses bras autour de mes épaules.

  • Tu es bien là ? je demande.
  • C’est parfait.

Elle embrasse mon front et commence à me caresser. Je ne sais pas pourquoi mais ça me met mal à l’aise. Ça devient trop intime. Et j’ai du mal à respirer. Je me mets en appui sur mes coudes et avoue :

  • En fait, pour moi c’est pas terrible. Je veux pas dire ça méchamment hein, mais… Ton soutif me rentre dans la peau et tes seins m’empêchent un peu de respirer.

Elle rit. Ça détend l’atmosphère et je ris avec elle.

  • Pas de souci. On va arranger ça, me dit-elle.

Nous nous redressons en même temps. Elle dégrafe habilement son soutien-gorge toute habillée et le fait passer par une manche de son t-shirt.

Pas con…

Je ne sais pas si j’aurais supporté la vue de ses seins. Et puisqu’elle s’est mise à l’aise, j’en profite pour retirer mon t-shirt. Ce sera plus confortable pour dormir. Et ça n'a rien de nouveau, donc ça ne compte pas.

Allongée en chien de fusil sur mon lit, Maud me regarde. Non, elle me reluque : ses yeux ne cherchent absolument pas les miens. Et je dois admettre que je la dévore du regard, moi aussi. Ses cheveux humides forment des boucles légères sur ses épaules et sur mon oreiller. Je m’allonge face à elle, un bras sous la tête. Elle est focalisée sur mon corps. Et je n’arrive pas à décider si ça me plaît ou non.

Elle me regarde tout à coup :

  • Je sais pas comment te dire ça alors je vais juste le dire… Tout de suite, j’ai envie de tendresse. Je vais pas te mentir, j’ai envie de toi, ajoute-t-elle après quelques secondes. J’ai toujours envie de toi – elle rit -. Mais là, tout de suite, j’ai plus besoin de tendresse que de sexe.
  • Pas de souci. J’ai pas spécialement envie de toi.

Menteur !

J’ai beau savoir que techniquement, je peux l’avoir, je ne peux pas. Une partie de moi s’y refuse.

  • Enfin si, j’ai vraiment envie de toi, je confesse. Mais c'est non. Ce qui s’est passé à l’instant, sur le canap’… Enfin… La limite est toujours là… Tu comprends ?

J’espère vraiment qu’elle va comprendre que pour moi c’est non. Je m’en fous qu’elle soit en pause ou je ne sais quoi avec Nate. Elle et moi ça ne sera jamais possible.

Elle hoche la tête et je sens la déception m’envahir. Pour être totalement honnête, j’aurais aimé qu’elle dise « non ». J’aurais aimé qu’elle me force à tout accepter. Encore une fois, comme un sale égoïste, je voulais pouvoir me décharger de cette responsabilité. Alors que Nate est la bonté incarnée. Elle mérite bien mieux qu'un connard immature dans mon genre.

J’ai toujours fait une double pensée quand il s’agit d’elle. Quand il s’agit des sentiments que j’ai pour elle. Si j’y pense, je me force à penser à autre chose. Sauf que là, c’est pas possible. Vu qu’elle est là, tout près de moi. Collée contre moi. Les bras repliés sur sa poitrine.

Lentement, elle lève une main vers moi et la pose sur ma joue. Ses mains sont toujours aussi froides. Je sens son pouce aller et venir le long de ma joue. C’est agréable. Je ferme les yeux.

  • Ça te dérange ? demande-t-elle en retirant sa main.

Je la saisis au vol et la remets sur mon visage.

  • Pas du tout. Continue.

La sensation de ses doigts frais sur mon visage m’apaise.

Je pose ma main libre dans le creux de sa taille. Elle adore les caresses. Je commence à faire aller mes doigts le long de sa taille et de son dos. Je la sens se détendre sous mes doigts, chaque mouvement faisant naître des frissons chez elle. Et je sens à nouveau cette touche d'agrumes. Discrète, mais nette. Elle frissonne en soupirant puis ferme les yeux.

Je reconnaîtrais cette expression et ces manifestations entre mille. Elle prend du plaisir. Je lui donne du plaisir. Les rouages s’enclenchent dans ma tête. Ce parfum d’agrume… c’est ça ! Elle est excitée.

Qu'est-ce que je suis en train de faire, putain ?

  • Tu veux que j’arrête ? je demande.

Dis-moi d’arrêter Maud… Je n’y arriverai pas seul.

Elle lève les yeux vers moi, incroyablement sexy, et secoue la tête.

  • Non.

Ses yeux descendent sur mon corps.

  • J’adore que tu me touches, précise-t-elle.

Et j’adore te toucher…

C’est mal. Je sais. Rien ne peut exister entre nous. Rien ne doit exister entre nous. Mais je n’arrive pas à m’en empêcher. Mes mains bougent toutes seules, glissent sur son corps, jusque sous son t-shirt. Ses doigts à elle continuent de parcourir mon visage. Elle passe sur mes joues, mon cou, mon torse. Chaque passage laissant une brûlure glaciale.

Elle fait courir son pouce sur mes lèvres. J’ai envie de le mordre. Je descends doucement une main sur son corps. J’attrape l’arrière de son genou et fais passer sa jambe par-dessus moi. Sa peau est douce.

Tellement douce.

Maud est totalement subjuguée par mon corps et me couve des yeux. Elle laisse aller sa main droite sur moi, le long de mon ventre en remontant jusqu’en haut de mes pectoraux. Mes doigts pianotent sur son corps, de son mollet jusqu’au haut de sa cuisse. Je laisse ma main ouverte caresser ses fesses et le creux de ses reins. Je la caresse encore et encore. Et elle fait de même. Elle caresse mon épaule. Ses doigts remontent le long de mon bras, tendu vers le plafond jusqu’à ce que nos doigts se caressent. Puis elle redescend, suivant le même chemin. Son t-shirt remonte de plus en plus. Ses tremblements s’intensifient.

Ça devient dangereux. Son odeur est plus forte que jamais. Elle est vraiment excitée. J’ai vraiment envie d’elle. Mes doigts refusent de s’arrêter. C’est la merde.

J’ai envie de passer mes mains partout sur elle.

Du dos de la main, je caresse délicatement le haut de sa poitrine.

Tellement, tellement douce.

Mes doigts s'aventurent plus loin sous son t-shirt. Le long de son ventre, jusqu’à son nombril avant de remonter. La main grande ouverte, je fais passer ma paume contre son sein. Je sens son téton pointu chatouiller l’intérieur de ma main. Elle frissonne sur mon passage. Je caresse chaque centimètre de son corps. Doucement. Tendrement. Respectueusement. Presque chastement. Je dis presque parce que je la vois me dévorer des yeux. Et parce que je crève d’envie de faire courir mes lèvres et ma langue sur son corps plutôt que mes doigts.

Nous remontons sur le visage l’un de l’autre de manière quasi synchrones. Je sens ses doigts sur mes lèvres. Je les entrouvre sans réfléchir. Je lèche son pouce et l’aspire dans ma bouche. Elle m’imite. Une partie de moi voudrait que ce soit ses seins dans ma bouche et ma verge dans la sienne. Je la vois à nouveau fermer les yeux de plaisir et je me dis qu’il faut que je ralentisse. Ce qu’on vient de faire, c’était déjà trop. Il faut qu’on arrête avant que ça ne dégénère encore plus. Avant que je ne puisse plus résister.

Je pousse doucement son pouce hors de ma bouche avec ma langue. Je retire également mon doigt d’entre ses lèvres. Elle rouvre les yeux et pose sa main contre ma joue. Je lui rend sa caresse. Ses pupilles sont toutes dilatées. Je n’aurais qu’à me pencher si je voulais l’embrasser.

Il ne faut pas.

Je change de position. Je me mets sur le dos pour être plus loin de ses lèvres et ne pas être tenté. Je compte le nombre de tuiles qui composent le plafond pour me calmer. Je sens Maud venir se lover contre moi. Je la câline instinctivement et elle fait de même.

C’est un moment plus tendre qui ressemble plus aux interactions que nous avions jusqu’à lors. Je m’autorise à la regarder. Grosse erreur. Le simple fait de la regarder, dans la position dans laquelle elle est, réveille une faim irrationnelle et interdite. Je me détourne à nouveau.

  • Est-ce que ça va ? murmure-t-elle.
  • Oui, pourquoi ?

Je ne sais pas pourquoi je chuchote moi aussi. Pour ne pas briser le moment peut-être ?

  • Tu n’arrêtes pas de te détourner, reprend-t-elle. Il y a un problème ? Je fais quelque chose qui te gêne ?
  • Non.

Je lui ai à moitié coupé la parole. Si elle ne se doute pas déjà de l’état dans lequel je suis, il n’est pas question que je lui en parle.

Je sens sa main froide se poser sur ma joue et approcher mon visage vers le sien. Du coup, nos lèvres sont encore plus proches qu’avant.

  • Ça te gêne d’être comme ça ? Chuchote-t-elle en caressant mon visage.

J’essaie de me focaliser sur ses yeux pour ne pas penser à ses lèvres. Sa tendresse est contagieuse et je veux l’avoir plus près de moi. Mais plus près c’est trop près. J’éloigne mon visage du sien avant de me rendre compte que c’est un aveu en soi. Je bascule pour reprendre ma position initiale. Elle est à nouveau dans mes bras, face à moi.

  • Non…

Je repousse une mèche rebelle afin de mieux voir son visage. Je capture son menton au bout de mes doigts.

  • Mais j’ai beaucoup trop envie de t’embrasser comme ça.
  • Et tu ne le fais pas parce que… ?
  • Tu sais pourquoi. Je ne peux pas. Tu vas te marier avec mon frère. Et ça, toi et moi, - je nous désigne du doigt - ce n’est pas vraiment ce que tu veux. Et demain tu m’en voudras.

Je remets ma main sur sa hanche. Ses yeux se remplissent d’une détermination nouvelle.

  • Je t’en veux déjà.

Aïe. Je suppose que c’est mérité.

  • Tu ne sais pas ce que je veux, continue-t-elle. Moi oui. En l’état actuel des choses, je ne vais pas épouser Nate. Mais même sans ça… Tu ne peux pas me chauffer et me repousser comme ça. Choisis ton camp : soit tu me veux et tu ne me parles plus de limites, soit tu ne me veux pas et tu arrêtes de me chercher.

Son ultimatum me cloue sur place. Est-ce que je la veux ? Bien sûr ! Est-ce que je culpabilise ? Evidemment ! Je culpabilise pour mon frère : je veux remonter le temps pour qu'ils ne se soient jamais rencontrés. Je culpabilise pour mon comportement : je veux l’attacher aux barreaux de ce lit et ne plus la laisser sortir de cette chambre. Je culpabilise pour mes sentiments : je veux m’endormir dans ses bras et me réveiller près d'elle chaque jour.

Nos lèvres sont presque l’une sur l’autre. Elle respire aussi fort que moi. Je crève d’envie de retrouver le satin de ses lèvres. J’ai chaud. J’ai faim de son corps. Je sais que si je dépasse cette limite, ce sera fini pour moi. Si je la possède, je ne pourrais plus revenir en arrière. Je tomberai définitivement amoureux. Et si pour une raison ou une autre, elle me quitte, je ne m’en remettrai pas.

Sa langue vient caresser ma lèvre supérieure. Une vague de désir me saisit. Ma détermination flanche, prête à céder. J'en veux plus. Je dois résister. Ce geste, c’est trop peu. Et pourtant, c’est encore trop. C’est comme les moments volés qu’on partageait avant son coup de fil. On pouvait être proches car on était nos propres gardes-fous. On passait nos après-midis collés sur le canapé à regarder des vidéos débiles et notre conscience mutuelle nous empêchait de déraper. Elle offrait de me masser le dos et les jambes après mes séances de sport car elle ne faisait que supposer mon attirance. Je pouvais la prendre dans mes bras tous les matins, embrasser ses joues, ses cheveux, son front, ses mains… et l'émoustiller en ne faisant que frôler le reste de son corps car je ne savais pas qu'elle en désirait plus. Nous n'envisagions même pas de dépasser la limite car nous ignorions qu’il y avait un risque. Paradoxalement, tout était plus simple quand nous étions en équilibre.

Mais oui !

  • Tu te trompes.

Je souris malgré moi.

  • Comment ça ? s’offusque-t-elle.
  • Je peux continuer exactement comme avant. Je peux totalement avoir envie de toi, m'approcher de la limite, mais ne plus jamais craquer.

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