Chapitre 18 - Partie 3

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Je sors du bar. Il fait frais maintenant, l’air est devenu plus vif, presque piquant. Je jette un coup d’œil vers la fenêtre de l’appartement. Pas une lumière allumée. Rien qui bouge. Maud dort, sûrement. Ou peut-être qu’elle est réveillée, quelque part dans l’obscurité, son téléphone ou son ordinateur allumé. A m’attendre en silence.

Arrivé devant chez moi, je sors mes clés, déverrouille. L’appartement est plongé dans une semi-pénombre. Le canapé n’est pas déplié. Ça veut dire qu’elle est encore dans mon lit.

J'hésite un instant à le lui laisser et à dormir dans le canapé, mais j'ai peur que demain matin elle n'ose pas aller dans le salon, par crainte de me réveiller, et qu'elle s'empêche de vivre sa vie.

Je traverse le salon, ferme les rideaux, ouvre le canapé. Puis je m’avance vers la chambre. Je pousse un peu plus et jette un coup d’œil à l’intérieur. Elle est effectivement là. A moitié recouverte par les draps. Et pas dans la tenue qu’elle portait cet après-midi, mais en simple culotte et débardeur.

Je reste là un instant, à la regarder. Dans cette “tenue de nuit” qui révèle beaucoup trop de chair. Ce changement de vêtement, c’est un signe qu’elle s’est réveillée. Qu’elle a bougé. Et pourtant, elle est revenue se glisser dans mon lit. Qu’est-ce que ça veut dire, ce petit geste ? Est-ce qu’elle cherche à me provoquer ? Ou bien… est-ce simplement parce qu’elle se sent bien, en sécurité ici ? Elle m’a déjà dit que mon odeur la berçait, que c’était un refuge.

Je préfère penser que c’est pour ça. En fait, je préfère ne pas penser du tout. Je m'approche aussi discrètement que possible. Je glisse une main sous ses genoux. Elle geint.

  • Chhh… C’est moi. Je te ramène dans le canapé. Dors…

Je la prends dans mes bras et pose un baiser sur son front, sans réfléchir. Sa peau est tiède, sa tête roule contre ma clavicule pendant que je marche. Son souffle contre ma peau me brûle presque. L’avoir contre moi, comme ça, à moitié nue, c’est… Insupportable. Elle remue légèrement, ses bras s’enroulent autour de mon cou, une chaleur diffuse entre nous, sa joue contre ma gorge.

  • Je veux rester avec toi…, souffle-t-elle.

Sa voix est voilée, traînante, comme si elle glissait entre le rêve et l’éveil. Et puis je sens ses lèvres contre mon cou. Chaudes. Douces. Une décharge électrique.

Malgré moi, mes bras se referment un peu plus fort autour d’elle. Retourner dans mon lit avec elle, ce serait aussi simple que respirer.

Je ferme les yeux un instant. Pour retrouver mes esprits. Elle ne sait pas ce qu’elle dit. Elle est à peine consciente. Elle ne peut pas rester avec moi. Surtout pas dans la tenue qu’elle porte. Deux minuscules vêtements… Rien du tout.

Je reprends mon chemin vers le salon. Je la dépose avec mille précautions sur le matelas du canapé. Lorsque je tente de me dégager, ses doigts s’agrippent à ma nuque. Pas assez pour me retenir. Mais suffisamment pour que je le sente. Pour que je doute.

  • Même dans mes rêves, tu me rejettes, se plaint-elle.

Je m'assois à ses côtés, tout contre elle, dans la pénombre du salon, et j'effleure son visage endormi

  • Sois raisonnable…

Je ne sais même pas si je le dis pour elle ou pour moi.

  • C’est toi qui ne l’es pas, souffle-t-elle.

Tu ne réalises pas ce que tu dis, Maud… Ne me dis pas ça alors que je suis à bout…

Je prends à nouveau sa joue dans ma main. Contre toute raison, j'appuie mon front contre le sien. Ma conscience ne tient qu'à un fil. Et elle est en train de perdre la bataille. Tout en moi ne demande qu'à se pencher davantage pour la goûter. J'en tremble.

Merde…

  • Tu es avec Nate.

Impossible de dire à qui je m'adresse.

  • Je ne suis pas avec Nate.

Elle vient doucement chercher ma main et la guide entre ses seins.

  • Je suis là, conclut-elle.

Son cœur cogne trop fort. La chaleur de sa peau sous son t-shirt m’appelle.

Et je cède. Je l’embrasse. Ses lèvres sont douces, ouvertes, chaudes contre les miennes. Mais elle ne répond pas à ce baiser, trop endormie. C’est ce qui me fait reculer.

Qu'est-ce que je fous, putain ? À embrasser la copine de mon frère pendant qu'elle dort ?

Je me redresse, le souffle court. Le cœur en vrac. J'ai à nouveau franchi cette ligne que je m'étais juré de ne plus approcher.

Son goût encore sur les lèvres, je remonte doucement le drap sur son corps. Comme pour cacher ma trahison. Elle se tourne, s’emmitoufle sous les draps, roulée en boule.

J'ose poser un dernier baiser dans ses cheveux. Puis je me lève, pars me coucher. Avec mon érection, ma culpabilité et ma solitude pour seule compagnie.

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