Chapitre 18 - Partie 4 (/!\ scène explicite)
Un gémissement me tire du sommeil. Je cligne des yeux dans le noir, le cœur battant. Je connais ces bruits. Je les ai déjà entendus.
Encore un cauchemar ?
Je fronce les sourcils, encore dans le brouillard. Je me redresse sur un coude, tendant l’oreille. La pièce est plongée dans un silence feutré. J’écoute. Le bruit est étouffé, mais il revient, plus distinct. Un souffle court, une plainte étouffée.
Si elle fait une crise, si elle a besoin de moi… Je ne peux pas encore rester là sans rien faire.
Sans réfléchir, je me lève. Mon corps est encore engourdi, mais mon esprit, lui, est en alerte. Je tends l’oreille en approchant de la porte. Encore un gémissement. Ma main se pose sur la poignée.
Et là, j’entends mon prénom. Faible. Murmuré entre deux respirations. Je me fige.
- Zed… Oh…
Ce n'est pas l'intonation de quelqu'un qui a peur.
Un gémissement plus distinct résonne dans le silence. Presque incontrôlé. La réalisation me frappe en plein ventre. Mon sang se glace et s’embrase à la fois.
Elle n’est pas en train de rêver. Elle…
Un autre gémissement. Plus long. Plus lent. Mon ventre se contracte. Le froissement d’un tissu. Un soupir plus aigu. Un silence, puis une reprise plus rapide. Ma gorge se serre.
J’ai plus aucun doute. De l'autre côté de la porte, Maud est en train de se toucher. Elle se donne du plaisir. Et elle pense à moi en le faisant.
Je bande instantanément. Je ferme les yeux, mais ça ne change rien. L’image s’impose à moi, brutale, inévitable. Elle, étendue sur le canapé. Les jambes grandes écartées. Son débardeur relevé, dévoilant son ventre, ses seins frémissants sous chaque caresse. Ses lèvres entrouvertes, ses doigts glissant entre ses cuisses, lentement, alors qu’elle s’imagine que c’est ma main qui la touche.
Mon sexe est de plus en plus dur. J’ai chaud. Mon sang pulse contre mes tempes. Je ne devrais pas entendre ça. Et je ne devrais pas écouter. Mais je n’arrive pas à détourner mon attention. Je reste figé, brûlant d’une faim que je ne peux ni contenir, ni assouvir. Pas totalement.
Je suis dur. Trop dur. Mon corps agit tout seul, ma main libère mon sexe de mon boxer. J’effleure le bout avec un soupir tremblant, une perle de désir coulant sur mon pouce.
C’est mal. Mais en même temps, qu’est-ce que ça change ? On l’a déjà fait. Pas ensemble. Mais on s’est forcément déjà masturbés en pensant l’un à l’autre. Ce n’est pas nouveau. Alors, ça ne compte pas. Pas vrai ?
Ma main commence à bouger, d’abord lentement. Je laisse mes doigts s'enrouler autour de ma verge, puis descendre sur ma longueur. J’imagine ses doigts à elle, le même rythme, la même pression. Je serre les dents pour ne pas faire de bruit.
Maud gémit plus fort. Son souffle devient plus rapide, plus erratique. Puis, entre deux râles, sa voix glisse à nouveau dans le silence, tremblante, suppliante :
- Zed… Touche-moi… Touche-moi encore… S'il te plaît…
Mon souffle se coupe. Je vacille. Elle ne peut pas savoir que je suis là, si ? Est-ce qu'elle m'entends ? Est-ce qu'elle sait que je me caresse en l'écoutant ? Mon cœur cogne plus fort. Je retiens mon souffle, tendant l’oreille, cherchant un signe. Mais elle continue. Son souffle court, haletant.
Non, impossible. Elle n'en sait rien.
Pourtant, cette possibilité m'excite encore plus. Je serre mon sexe plus fort, plus rageusement, un mélange de frustration et d’excitation vrillant mon ventre. Mon esprit s’emballe, imagine ses doigts glissant sur sa peau, son ventre se creusant sous l’onde du plaisir, sa bouche entrouverte en quête d'air.
Mon corps se tend. Me caresser c'est trop et pas assez. Je veux aller avec elle. La rejoindre, la regarder, la toucher. La faire gémir encore, plus fort, pour moi. Je pourrais me pencher sur elle, l’empêcher d’avoir à le faire seule. Elle m’accueillerait à bras ouverts, j’en suis sûr. Elle n’attend que ça. Depuis hier soir. Voire même avant.
Je ne dois pas. Je devrais retourner me coucher. Faire demi-tour, oublier. Mais je ne bouge pas. Je suis pris au piège entre l’envie et la frustration, incapable de penser à autre chose qu'à nos plaisirs parallèles. Je synchronise mes mouvements aux siens, aux petits bruits qu’elle laisse échapper.
Je l’imagine. Maud, dans mon salon, la main entre ses cuisses, en train de prendre son pied avec mon surnom sur les lèvres. La façon dont son corps doit onduler sous ses propres caresses. Sa peau qui frissonne. Son ventre qui se contracte. Ses hanches qui se soulèvent. Son dos qui se cambre sous ses propres caresses. Ses doigts qui glissent plus vite, plus fort.
Je resserre ma prise, accélère le mouvement. J’entends le léger froissement de la couverture, les petits halètements précipités, et mon surnom, encore et encore.
Chaque son qu’elle fait me dicte le rythme. Quand elle halète, j’accélère. Quand elle soupire, j’appuie plus fort.
Je me mords la lèvre, ma main pompant plus vite, mon bassin bouge tout seul, répondant à son tempo. Je plaque mon autre main contre la porte, comme si ça pouvait nous rapprocher. Comme pour me rappeler qu'il ne faut pas franchir cette barrière. Je serre les dents, sans cesser mes mouvements.
Maud laisse échapper un nouveau soupir, plus fort, plus désespéré. Son souffle devient erratique. Je l’entends accélérer. Elle est proche. Moi aussi. Mes doigts se crispent, mes mouvements deviennent plus saccadés. Je la devine, cambrée, les jambes tremblantes, au bord de l'orgasme.
J’ai envie d’ouvrir cette porte. De la voir. De la toucher. De la faire jouir sous mes mains, sous ma langue. Je suis à deux doigts de le faire. De la rejoindre. De me perdre en elle. Mais je reste là, séparé d’elle par quelques centimètres de bois, ma main serrée autour de mon sexe, mes hanches qui bougent doucement pour accentuer les sensations.
Soudain, son souffle se brise. Un gémissement plus fort, plus rauque. Elle jouit. Je siffle entre mes dents, le corps tendu à l’extrême. La main serrée sur mon sexe, mes hanches cherchant instinctivement plus de friction.
Je laisse l’orgasme m’emporter à mon tour dans un grognement bas, étouffé contre mon poignet. Je me déverse dans ma main, en longs spasmes brûlants. Mon front se pose contre le bois de la porte, le souffle court.
Je reste là, le front contre la porte, le cœur qui cogne. Le silence retombe. Tentant de maîtriser au mieux ma respiration encore saccadée, je guette le moindre signe qu'elle sait ce que j'ai fait. Je l’entends bouger dans le canapé, puis plus rien.
Je rouvre les yeux et retourne le plus silencieusement possible dans mon lit. Je prends de quoi m'essuyer, repousse mes cheveux en arrière. Je reprends mes esprits.
Putain… C'était… une énorme connerie.
Ça n'aurait jamais dû arriver. Parce que je sais que ça va me hanter.
Oui, on s’est sûrement déjà touchés en pensant l’un à l’autre. Mais là… même si elle ignore que j'étais juste derrière la porte, moi je sais. Ça change beaucoup de choses.
Si ça devait recommencer, si je l'entends encore comme ça... Merde.. Je ne sais pas si je saurai résister. Je franchirai sûrement cette foutue porte.
Non… Je sais déjà que je ne pourrais pas résister. Je la rejoindrai. Et tant pis pour les conséquences.
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