Chapitre 23 - Partie 2
- Tu veux refaire une partie ? je propose.
Elle m’embrasse furtivement et se redresse.
- Non, il faut vraiment que je fasse du sport. Je n’ai rien fait hier avec toute cette… mise en scène.
- On a fait du sport de chambre… Ça compte pas ?
Elle lève les yeux au ciel, un sourire en coin.
- Mes fesses te diraient que non.
Je me tourne vers elle, capture ladite partie de son corps entre mes mains. Je palpe sans vergogne.
- Moi je trouve qu’elles sont en pleine forme.
- T’es bête, rigole-t-elle en me repoussant. C’est parce que je bosse qu’elles le sont.
Je le sais bien. C’est le genre de détail chez elle qui me fait vibrer. Je la regarde depuis ma chaise retirer mon t-shirt et enfiler une brassière de sport, puis une tenue complète.
- Le débardeur et le leggin n’étaient pas obligatoires…
- Si je veux espérer faire du vrai sport, je crois bien que si, plaisante-t-elle.
Elle attrape une bouteille d’eau et pousse la table basse. J’attends qu’elle ait fini de s’installer, puis je glisse, faussement innocent :
- Je peux venir avec toi ou je suis censé faire semblant de ne pas te regarder d’ici ?
Elle se retourne, sérieuse en surface mais moqueuse dans les yeux.
- Ça dépend. Tu veux bosser… ou juste mater ?
- Je peux faire les deux. Et toi ?
Je n’ai pas oublié comment elle m’a regardé l’autre jour. Cette envie sourde, la même que celle que j’avais ressentie en la découvrant en plein entraînement chez mes parents.
- Je serai sage, assure-t-elle. Si tu l’es. Et tu as intérêt à l’être.
Je me change à mon tour. Juste besoin de passer un short pour être plus à l’aise. Elle lance une playlist pendant que je déplie mon tapis. Je m’étire vaguement qu’elle est déjà dans son échauffement. Concentrée. Efficace.
- Tu as prévu quoi ? je demande en me glissant à côté.
- Un peu de tout : gainage ou dynamique. Je verrai.
On commence ensemble. Pompes. Elle galère à me suivre et s’arrête à vingt-cinq. Moi, je continue. Tranquille.
- Déjà fatiguée ? je la nargue. C’est trop facile ta routine.
Je vois dans ses yeux qu’elle veut m’envoyer une pique. Que c’est normal vu notre différence de gabarit. Mais elle se reprend. A la place elle propose :
- Gainage en planche ?
Je finis ma petite série et je la regarde prendre place face à moi. L’air de juger sa technique. Je lance le chrono. Après deux minutes, ça tire franchement. Et elle tient, sans sourciller. Sa respiration mesurée. Le regard posé sur moi. Moqueuse. Implacable.
- Tu trembles, sourit-elle.
- Pas du tout, je mens. Encore combien de temps de ce truc ?
- On peut s’arrêter là.
Oh oui, merci !
Je me laisse tomber, en nage. Où est-ce qu’elle cache ces abdos, bordel ?
- Faut garder du jus pour la suite, badine-t-elle en se relevant. Squats ?
Elle dégage une mèche de cheveux collée à son front et passe en position, les pieds ancrés. Ses fesses descendent parfaitement, son dos est droit. Elle a déjà de l’avance. Je me relève et me cale sur son rythme. Elle monte et descend avec une aisance presque vexante. Vingt. Trente. Je garde le rythme. Elle aussi. Quarante. Cinquante. Je crois que mes muscles vont se déchirer. Elle ? Elle chantonne, sur l’air de la musique du moment.
- Ok, c’est bon t’as gagné ! je lâche en m’appuyant sur mes genoux. T’as un cul en béton.
- Chacun ses atouts…
On fait des burpees, à niveau égal. Sur les tractions je la défonce. Elle m’atomise sur les fentes. On continue comme ça pendant une bonne heure. A se pousser l’un l’autre. Entre compétition et complicité. A la fin de la session, on s’écroule à même le sol. Trempés. Haletants. J’ai les cuisses en feu. Ses biceps sont sûrement dans le même état.
- Alors ? Pas si facile ma routine, finalement, souffle-t-elle un sourire satisfait aux lèvres.
Je ris, la tête calée dans ma main.
- Non. Mais il faut que je te fasse tester la mienne.
- Vendu !
On s’étire, seul ou en s’aidant mutuellement. On finit vers seize heures trente. Et on n’a rien avalé depuis ce matin. Je me tourne légèrement vers elle :
- Douche et on mange ?
- Ça marche.
Elle vient se lover contre moi et m’embrasse. Je glisse une main sur sa taille, l’attire vers moi. Je remonte peu à peu son débardeur. Pour sentir sa peau, pour la toucher encore. Elle voit tout de suite où je veux en venir, éclate de rire et me repousse franchement.
- Non, non, non ! Je pue ! Tu colles ! Pas de sexe avant que j’aie pris une douche !
Je lève un sourcil, amusé et surpris par la désinvolture de ses affirmations.
- Ok, alors vas-y vite.
Elle se détache de moi, file dans la salle de bain. Je la regarde s’éloigner, déjà impatient de la caresser. Je reste allongé un instant, à profiter de la chaleur et de la quiétude du moment. J’entends l’eau de la douche s’activer. Maud commence à fredonner un air que je ne reconnais pas. J’aime cette légèreté. Je me lève et entre dans la pièce embrumée de vapeur.
Je me penche pour récupérer mon matériel sous le lavabo - bombe, rasoir - et je me prépare. Je mouille mon visage, étale la mousse en cercles. L’odeur fraîche me ramène à la réalité. Je passe la lame avec précaution. Je prends mon temps. Sans doute parce que je souris toutes les deux secondes des choix absurdes de chansons de Maud. Elle passe de Ramstein à des comptines pour enfants avant de revenir sur des tubes pops bien kitsch.
Au bout de quelques minutes, elle sort, fraîche et rayonnante. Elle attrape une serviette, s’enroule dedans, puis disparaît dans le salon.
Je termine mon rasage plus vite sans distraction. Je rince mon visage, ôte mes vêtements et me douche. Rapide et efficace. Je me sèche, enfile un boxer et un short propres.
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