Chapitre 29 - Partie 4
Je reste un moment enfoui en elle. Mon souffle se brise encore dans ma gorge. Mes mains agrippées à ses hanches. Son dos s’arque un instant, puis elle s’affale de tout son poids sur le canapé, écrasée de plaisir, vidée. Ses joues sont rouges, ses lèvres gonflées... Putain… Elle est magnifique. Sauvage et magnifique. Et moi ? J’ai encore du mal à croire qu’elle m’a retourné le cerveau comme ça.
Je me penche et m’étale sur elle. Elle grogne sous mon poids, mais ne bouge pas. Je sais qu’elle adore ça. Mon cœur cogne si fort que j’ai l’impression qu’il va éclater. Pendant un moment, je ne fais rien. Je me contente de la sentir, là, sous moi. Son odeur, sa chaleur, la façon dont elle reprend son souffle en petits halètements rauques.
On met du temps à redescendre. Le silence de l’appart revient petit à petit, juste brisé par nos respirations hachées.
Je me redresse un peu et la regarde. Ses yeux brillants qui me fusillent d’un mélange de fierté et de malice. Ça me décroche un sourire, malgré moi. Je veux parler, mais rien de sérieux ne sort.
- T'es… complètement folle, je souffle. Je sais pas si je dois t'embrasser… ou te passer un savon. Ou les deux !
- Hum... je vote pour m'embrasser, susurre-t-elle en me tendant ses lèvres. Mais garde le savon sous le coude pour une prochaine fois.
Je l’embrasse mais réplique :
- Sale gosse.
- C’est ton surnom ça, pas le mien.
- Ça l’est ce soir !
Elle éclate de rire, la tête à moitié enfoncée contre le canapé. Son souffle se mélange encore au mien, chaud, irrégulier. Je pourrais rester comme ça des heures. A juste la regarder se foutre de ma gueule. Mais mon regard tombe sur ma chemise en lambeaux. Je me relève, essaie d’estimer les dégâts. Rien à faire. Elle est foutue. Je secoue la tête, mi-fataliste, mi-amusé.
- Va me falloir une autre chemise…
- Je t’en rachèterai une. Ou plusieurs, ricane-t-elle. On sait jamais…
Sur le ventre, appuyée sur ses coudes, elle agite les jambes. Ses talons pointent vers le ciel comme une gamine, sauf qu’il n’y a rien d’innocent dans sa posture. Je lève les yeux au ciel et lui pince une fesse. Elle couine, mais son sourire en coin me dit qu’elle n’attendait que ça. Une preuve que je ne me défilerai plus.
- La prochaine fois, j’arracherai tes vêtements, ça te fera moins rire, je grommèle pour la forme. Au fait, en parlant d’achat. T’as trouvé ce que tu voulais ?
- Oui. Jona était ravi. D’ailleurs, il m’a invitée à votre soirée d’équipe ce soir, ajoute-t-elle, radieuse. Mais si tu préfères que je ne vienne pas, je peux rester là.
Je me force à sourire en retour, mais à l’intérieur, c’est un mélange de soulagement et d’angoisse.
Soulagement, parce que ces soirées, ça veut dire boire. Beaucoup boire. C’est mon camouflage. Ma façon de me fondre dans le décor tout en réduisant la pression.
Angoisse, parce que Maud sera là. Que je veux rester sobre, paraître à la hauteur. Je ne peux pas lui dire de ne pas venir sans soulever de question - et j’ai vraiment envie qu’elle vienne. Mais si je ne bois pas comme j’en ai l’habitude, tout le monde va trouver ça bizarre.
Je ne sais pas encore comment je vais gérer tout ça. Encore une galère en perspective.
Je finis par hausser les épaules, comme si de rien n’était.
- Tu viens si tu veux. Je te préviens, ils boivent tous plus ou moins. Ça risque d’être un peu le bordel.
Ses yeux s’adoucissent, elle repose sa tête sur l’assise, entre ses bras, et elle me balance un sourire qui me cloue sur place :
- Tu seras là. Ça ira.
Comment on peut être à la fois aussi adorable et aussi érotique ?
Je jette les restes de ma chemise et file dans la chambre. Je farfouille dans l’armoire à la recherche de sa remplaçante et l’enfile à la va-vite. Je ressors encore en train de passer les boutons. Maud n’a pas bougé. Toujours nue, allongée en travers du canapé.
Quand elle me voit, elle redresse la tête avec un sourire innocent, presque trop sage pour être honnête.
- Tu veux un coup de main ? demande-t-elle d’une voix basse.
- Un coup de main ?
- Avec ta chemise.
L’idée qu’elle m’habille, même un peu m’amuse. Alors je me prends au jeu. Elle se lève nonchalamment, grimpe sur le canapé et m’attire par le col. Elle m’embrasse dans un mélange de pudeur et de sensualité. Grisant. J’aime bien qu’elle soit comme ça. Debout sur le canapé, elle est pile à ma hauteur. Pour une fois.
Elle place mes mains sur ses fesses, se frotte contre moi. Puis ses doigts commencent à défaire les attaches que j’avais fermées. Je la freine et la gronde :
- L’objectif c’est de la boutonner, pas de l’enlever…
- Moins drôle, ronchonne-t-elle.
Elle penche la tête, fait la moue comme une gamine privée de dessert.
- Faut que j’aille bosser, je tempère.
- C’est nul, râle-t-elle d’une voix enfantine.
Je lève les yeux au ciel, incapable de retenir un sourire. Passer de la succube insatiable à la princesse de quatre ans, ça lui ressemble tellement. Avec elle, j’ai toujours l’impression de courir après deux personnes à la fois.
- C’est comme ça. Bon, laisse-moi m’habiller. Et va enfiler quelque chose, toi aussi. Sinon on ne sortira jamais de cet appart.
Elle croise les bras en fronçant les sourcils, faussement vexée. Elle me vole un dernier baiser rapide et disparaît à son tour chercher une tenue dans la penderie. Presque en sautillant. Je finis de me préparer et je l’attends dans l’entrée. Prêt à partir.
Quelques minutes plus tard, elle réapparaît avec un short en jean, un débardeur noir et un gilet à la main. Elle écarte les bras, se détaille et lance :
- Ça passe ?
Je crois que t’arriverais à rendre un sac poubelle sexy, alors ouais… ça passe.
Je hausse les épaules, approuve d’un bref signe de tête. Elle prend encore quelques minutes pour ajouter serviettes et maillot dans un petit sac “au cas où pour ce soir” et nous descendons vers le bar.

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