Séance 11 : Aveu d'échec ?

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Psy : Vous pouvez commencer.

Moi : Vous pensez que j'échoue tous ce que j'entreprends ?

Psy : J'aimerais dire que oui. Mais il est impossible de tout rater, par exemple ce midi vous avez fait du riz au curry et ce n'était pas raté. 

Moi : Oui, mais vous savez très bien de quoi je parle.

Psy : Évidemment, le concours.

Moi : Je ne vais pas pouvoir écrire assez vite pour remettre un manuscrit correspondant aux critères.

Psy : Votre retard explique cet échec. 

Moi : Enfin c'est la planification qui a merdé.

Psy : Vous n'êtes pas multitâche et vous ne l'avez pas pris en compte.

Moi : J'étais dans une dynamique d'écriture, j'avais une envie et des sujets.

Psy : Mais vous aviez des impératifs personnels prévus. En procrastinant, vous vous êtes retrouver avec un surplus de travail et un manque de temps. Il était impossible de faire une production écrite en plus de ces tâches prioritaires.

Moi : J'ai eu aussi un vide créatif, je ne dirais pas que j'ai eu le syndrome de la page blanche pour autant.

Psy : Vos impératifs ont aussi contribué à ce vide. En donnant tout votre temps de réflexion à cette priorité, vous manquiez d'espace cognitif pour la partie créative.

Moi : Vous sous-entendez que je suis bête.

Psy : Simplement que vous n'êtes pas multitâche.

Moi : C'était ambitieux, je le savais. Il fallait une production journalière et assez dense en nombre de mots. 

Psy : Vous ne vous êtes pas avancé dans votre travail et votre priorité a pris le dessus quand le temps est venu à manquer.

Moi : Cela plus Mass Effect Andromeda qui sortait, j'aurais dû prévoir que c'était mort à l'avance. En étant un fan de la saga précédente, je savais que j'allais faire le nouveau.

Psy : Et alors ?

Moi : Bin c'est plus un Dragon Age : Inquisition-like qu'un vrai Mass Effect. Les turiens ont perdus leur charisme en même temps que le héros, les asari deviennent flasques et bouboules après cryogénisation. Et (SPOIL), les nouvelles races extraterrestres sont aussi bipèdes et sans grand intérêt. Adieu Quariens, Hanari, Volus et Elcors, bonjour race des méchants et race victimisée. Même si je ne déteste pas ce nouveau jeu, vu que j'avais apprécié Inquisition pour son coté exploration. Je trouve cela fade. Tant d'attente pour si peu de richesses créatives, il y a des redites scénaristiques, des utilisations massives du gameplay "Inquisition", des incohérences flagrantes et un lissage du charisme vers le bas. Et non, je ne joue pas à Mass Effect pour me coltiner des personnages humains à foison. Et non, les Asari ne sont pas mieux comme ça. C'est un cosplay d'Asari. En faite, c'est Gérard du service comptabilité qui c'est peint en bleu et a mis une combinaison de plongée.

Psy : Comment dire ... si je disais "Et alors ?", c'était comme pour dire "Pourquoi, finir un jeu vidéo vous ralentirais ?". Cela devrais enrichir votre pensée, vous libérez mentalement du travail et ne pas être restrictif ?

Moi : Je suis un explorateur, je fouille tout, je regarde tout, j'écoute la moindre conversation, j'essaye de découvrir les mystères du jeu. Je suis un joueur qui prend son temps. Et même si c'est enrichissant et libérateur, je passe tellement de temps à explorer que le temps perdu n'est pas compensé par le surplus de créativité.

Psy : Vous justifiez alors comment ce temps perdu ?

Moi : Et bien, c'est simplement un loisir,  j'aime jouer lentement et c'est comme ça que j'apprécie de jouer. Mais le jeu vidéo n'était pas le problème. Le concours me demandait une productivité certaine. Pondre un voire deux articles par jour. Et c'était possible si j'avais garder mon rythme de croisière.

Psy : En toute logique c'était quand même difficile. On parle d'un concours dont l'entrée est justifié par le nombre de mots et de caractères. Un dialogue est plus aéré qu'un récit classique et même si on échange parfois des blocs de textes, ce n'est pas aussi dense qu'un récit avec description, actes, actions et dialogues. Ce qui veut dire que même si nos échanges ont l'air de prendre beaucoup de place, ils restent moins denses qu'une histoire.

Moi : Oui mais j'écris en deux heures, plus avec nos échanges, qu'en écrivant une histoire. Une histoire demande des mots justes, elle doit transmettre un ressenti, une émotion, un visuel en plus des actes et des actions. Si je dis que je mets un coup de pied, comment je le mets ? Est ce que j'explique le ressenti de celui qui le donne ou celui qui le reçoit ? Est ce un coup de pied simple ou est il une technique d'art martial ? Est ce que l'articulation du texte reflète la vitesse ou la puissance du coup de pied ? 

Psy : Oui, nos dialogues sont plus rapides et plus directs. Vous n'avez pas besoin de réfléchir à de nombreux procédés narratifs. Vous me parler, je vous réponds.

Moi : Bin, cela n'a pas empêché l'échec de mon projet de participer au concours.

Psy : Toutes ces gesticulations pour rien au final.

Moi : C'est facile de juger à postériori. A l'époque je n'étais pas au courant de ce qui allait arriver. J'ai une masse de travail qui m'est tombé dessus.

Psy : Oui enfin si vous vous étiez renseigné ...

Moi : J'en suis conscient. C'est de ma faute. En un ou deux mois c'était pourtant jouable. Un mois c'est long, 30 jours. Un article de 10 000 signes c'est une ou deux heures d'écriture. Je pouvais faire deux peut-être trois articles par jour. Donc en tablant sur 10 à 20 jours d'écriture et ceux sur 2 mois, je pouvais obtenir les 20 articles qu'il me manquait pour participer. Je pouvais aussi me reposer sur les écrits déjà réalisés. 

Psy : Sauf que ...

Moi : Les impératifs personnels m'ont enlevé un mois sur les deux de prévus.

Psy : Et ..

Moi : Et, ces impératifs se continuent. Il ne pèse plus autant dans ma charge de travail, mais ne sont pas négligeables. Sur le mois qu'il me reste, si je compte l'article d'avance plus celui-ci, je serais à 12 articles. Admettons que les 12 articles valent 100 000 signes, soit la moitié de ce qui est demandé. Il ne me reste que 10 articles à produire. 

Psy : Donc 5 à 10 jours d'écriture. Et il vous reste maximum 13 jours, vu qu'on est le 15 Avril. C'est mathématiquement possible. Vous vous avouez vaincu avant la fin.

Moi : Et bien, je préfère annoncer ma défaite. Car les 12 articles sont loin des 10 000 signes par article. Prenons la séance 2 qui est dans la moyenne,  c'est 5000 signes. La séance 8 et 9 qui sont les plus grosses, pour le moment c'est  8000 et 10 000 signes. Donc on se situe en dessous des 100 000 signes. Peut-être qu'on atteint tout juste les 50 000.

Psy : Admettons, qu'il faut 15 et non 10 articles. C'est toujours possible de fournir à l'heure, votre manuscrit.

Moi : Oui, mais les 15 prochains articles doivent faire obligatoirement 10 000 mots.

Psy : Mais vos derniers articles sont dans la moyenne haute, proche des 10 000 mots. Il suffirait alors d'un ou de deux article de plus pour compenser. Partons sur 17 articles. Avec une production d'un article par jour, vous êtes à 13 articles. Et sur 13 jours, vous pouvez bien trouver 4 jours où vous produirez pas 1 mais 2 articles et vous arriveriez au 17 articles.

Moi : Oui mais là, on part du fait qu'on est 17 articles de 8000 à 10000 signes et que j'écrive tous les jours. Or, je ne pourrais pas écrire tous les jours et même si je prends de l'avance certains jours, il faudra aussi les 4 jours avec 2 articles par jour.

Psy : Bin couchez vous plus tard, prenez plus de temps pour écrire sur cette période.

Moi : Quand j'énonçais un article de 10000 signes égal 2 heures d'écriture, je suis dans la variable haute, avec un sujet de dense. Et même dans ce cas, je suis le plus souvent en dessous des 10 000 signes. Seul, un article sur dix arrive à 10 000 signes et que ma moyenne est plus proche des 5000 signes. Mais bon admettons que mes derniers articles soit plus représentatif de ma production écrite actuelle soit de 7000 à 8000 signes. Les 17 articles attendus feraient alors 119 000 ou 136000 signes. En admettant que j'ai 50 000 signes avec mes 12 articles déjà rédigés. Les 17 articles à produire ne suffiraient pas. 

Psy : Oui, il faudrait combler avec 2 à 4 articles de plus.

Moi : On tranche la poire en deux, disons 3 articles de plus. Donc 20 articles à écrire avec une moyenne de 7500 signes.

Psy : Cela fait vos 150 000 signes, plus vos 12 premiers articles, on devrait bien avoir le minimum demandé pour participer.

Moi : Oui, donc il faut écrire presque 2 articles par jour. Soit ma capacité maximum de rédaction sur 10 jours.

Psy : Vous voyez tout n'est pas fini, vous baissez les bras avant d'avoir essayé. 

Moi : Mais discuter de chiffres cela n'intéresse personne. Cela a du sens qu'en on parle du processus créatif et de la difficulté à rédiger. On me voit en train de voir que c'est mathématiquement possible. On me voit calculer, essayer d'envisager ma participation.

Psy : Vous vouliez participer au concours, pour être lu, pour avoir un retour. Pas gagner mais juste participer.

Moi : Oui et j'y pense encore.

Psy : Alors pourquoi annoncer votre échec ?

Moi : Justement, tout ne repose pas sur les mathématiques. Mathématiquement depuis deux mois, j'aurais largement eu le temps de finir, de présenter notre échange. Même encore aujourd'hui c'est possible. Pourtant 20 articles de 7500 mots, ce n'est pas rien, je sais ce que ça représente en terme de temps et d'idées. De plus nos échanges ne sont pas mathématiques, ils ne sont pas là pour faire 7500 mots au moins. C'est l'humeur du moment, l'envie du moment, ce n'est pas contraint par une obligation quantitative pour un temps imposé. Je suis heureux d'écrire et même quand j'écris que ça ne va pas, je suis dans une envie d'écriture.

Psy : Encore la logique de l'amateur face au professionnel ?

Moi : Oui, y a de ça. Qu'en on est amateur on le fait par plaisir et quand on est professionnel on peut toujours le faire par plaisir, mais il y a alors des contraintes. Pour en vivre, il faut être sûr de la valeur de sa production. Or, c'est difficile de donner une valeur à un écrit. Aujourd'hui, j'écris sans idée de valeur de ma production. Notre échange est d'une certaine façon gratuit. Personne ne paie pour le lire, ma simple rémunération c'est alors juste d'être lu.

Psy : En le présentant au concours, vous êtes sûr d'être lu. 

Moi : Je ne peux pas me basé que sur cela. Je peux écrire n'importe quoi et être lu. Je pourrais écrire un livre sur la vie d'un pénis, écrire sur la vie fictionnelle d'un président de la 4eme République qui se battrait la nuit contre des monstres et des sectes dans les égouts de Paris.

Psy : Vous pourriez écrire une vraie histoire avec des personnages intéressants au lieu de vous parlez à vous même, face à votre ordinateur.

Moi : Euh... je ne fais pas ça. Je dialogue avec vous mais c'est interne. Les gens vont s'imaginer que je parle à haute voix tout seul dans une pièce et en faisant des voix différentes pour chacun de nous. Cela aurait l'air malsain.

Psy : N'est malsain que ce que vous imaginez et sous-entendez dans cette scène. 

Moi : On ne va pas repartir sur ça. Le surmoi et tout le reste.

Psy : Oui déjà que mentalement vous avez du mal à soutenir la conversation.

Moi : Arrêtez, on va vraiment croire que je vous parle à haute voix.

Psy : Bon alors pourquoi ne pas participer au concours ?

Moi : Bin vous êtes marrant vous. Vous voyez ce que c'est, que de rédiger 20 dialogues entre nous deux en l'espace de 10 jours. Ce n'est pas qu'une histoire de temps. J'ai beau écrire en même temps que je pense, après je me relis. Et si c'est chiant, j'ai pas envie de me relire. Et si j'ai déjà pas envie de me relire, alors pourquoi un lecteur prendrait de son temps pour me lire. Je suis surement mon premier lecteur, ce n'est pas de l'autosatisfaction, c'est un travail de correction. J'oublie des mots, j'écris mal, l'orthographe, la grammaire, la syntaxe sont à jeter et c'est incompréhensible. Si j'ai du mal à me comprendre alors j'imagine même pas le calvaire pour un autre lecteur. Etre lisible et compréhensible, c'est le minimum. Après pour le reste c'est imparfait, mais j'essaye de me contraindre à publier. Et je ne suis pas sûr de pouvoir assurer une relecture de ses 20 articles. Je vais les pondre comme ça et ils seront incompréhensibles.

Psy : Ne pas participer au concours, c'est juste lié à un problème de relecture ?

Moi : Pas que, mais écrire c'est se lire. Si je suis incompréhensible, le lecteur ne verra qu'un charabia, pas un texte.

Psy : Oui enfin ça reste un charabia. 

Moi : Peut-être. Après je ne suis pas les autres lecteurs. Je réduis juste les fautes, mais n'étant pas un pro de la correction de texte, c'est obligé que ça merde.

Psy : Donc, c'est imparfait, mais ça vous convient.

Moi : Qu'on soit bien clair, rien ne me convient qu'en c'est moi qui l'écrit. Je suis tout sauf objectif, je trouve imparfait tout ce que je produis. Je ne suis jamais, vraiment satisfait. Mais au bout d'un moment il faut savoir se dire "merde" accepter de publier, sinon jamais vous ne déposer l'article, l'histoire, etc. Et Jamais personne ne l'a verra. Alors vous n'aurez jamais un autre avis que le votre. 

Psy : Les gens ne sont pas forcément plus objectif.

Moi : Une histoire devient une histoire quand elle tombe dans l’œil d'un lecteur.

Psy : Oui mais vous vous relisez, vous êtes lecteur et ça suffit.

Moi : Oui, mais quand on a créé l'histoire, on ne voit pas ce qu'elle raconte mais ce qu'on a voulu raconter. Et c'est très différent. Cela justifie pour moi, l'envie d'être lu par d'autre.

Psy : Après tout, c'est une opinion comme une autre. 

Moi : C'est très lié à une autre raison qui va m'empêcher de participer au concours. Le respect de son écrit et de son lecteur. J'ai commencé ce dialogue avec l'idée d'un moment amusant, d'une expérience pour moi, comme pour le lecteur. Ce n'est pas forcé. Le lecteur est devant un moment sincère ou qui essaye le plus possible de l'être. Si je me mets à parler pour combler les trous, pour faire 7500 signes, écrire par ce qu'il faut écrire, je trahis l'idée de départ. Le dialogue n'est plus un moment que je partage mais une oeuvre qui ne fait que participer à un concours. Le matériau de base n'est pas un écrit pour un concours mais une expérience de "se raconter comme on pense". 

Psy : Le matériau de base peut aussi ne pas se trahir, il suffit de raconter ce qui vous passe par la tête.

Moi : Oui, mais ce qui est écrit est lié à mon envie d'écrire. A vouloir atteindre un résultat, je vais dialoguer pour faire des lignes et non pas par envie de dialoguer. Plus je vais me rapprocher de la dead-line, plus je vais écrire par nécessité. Et à 20 articles de 7500 signes sur 13 jours, je suis sûr de passer de la simple envie d'écrire, à la nécessité d'écrire. Ce n'est pas une histoire avec une fin qu'il faut finir et qui peut se finir avec une production accrue. C'est un dialogue écrit au gré de l'envie d'écriture. Ce n'est pas là pour être profond, c'est plus instinctif.  L'oeuvre peut se trahir et trahir le lecteur, elle peut lui promettre une chose et lui en donner une autre. Mais cela doit être fait par choix et non par nécessité. Clôturer ce dialogue par nécessité de participer au concours n'est pas acceptable.

Psy : C'est par sincérité que vous admettez votre échec ?

Moi : Oui, car en tant qu'auteur de ce dialogue , ce n'est pas ce que je veux pour lui, ce n'est pas vers là où je voulais l'amener. Le faire dans une temporalité aussi courte je risque de conclure une phase de cet écrit et aboutir à un échec, qui ne représenterai pas ce que j'attends de ce dialogue. Biensur je peux m'atteler à l'avancer autant que je peux jusqu'au concours, en respectant ce que je voulais en faire. Mais cet écrit doit rester l'expérience qu'il est. 

Psy : Y a toujours moyen de retravailler notre dialogue après coup, de l'amener ce vers quoi vous vouliez.

Moi : Oui, mais c'est mentir. Entendez docteur, que c'est un écrit particulier pour moi, il n'est pas transcendant et ce n'est peut être pas très riche, mais il a un développement. Il a surement même une forme de fin, un point où j'aurai tout raconter et où je lui aurai tout fait faire. Une expérience qui ne peut se forcer par par souci d'une envie, celle d'être rémunéré par des lectures. Et même si être lu est un bonheur, je suis aussi là pour proposer quelque chose qui d'une certaine façon et je le mets entre guillemets "mérite d'être lu". Alors j'échoue peut être mais au moins j'ai appris ce que je voulais faire de cet écrit. Il mérite d'avoir un temps suffisant.

Psy : Alors "Adieu le concours" ?

Moi : J'essayerai autant que je peux de le faire participer mais pas au prix de son but. Je sais dès lors que je vais surement échouer, alors autant l'admettre.

Psy : Vous ne participer donc pas au concours.

Moi : On verra le 28 Avril, mais j'en doute.

Psy : Je vous invite à relire notre conversation sur le concours, c'est fout comme j'avais raison.

Moi : Je relirai ça.

Psy :  Fin de la séance.

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