Séance 14 : L'idée séduisante

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Psy : Vous pouvez commencer...

Moi : Bin cette fois on peut parler de l'amour des idées, non ?

Psy : C'est vous qui avez dérivé et changé de sujet.

Moi : C'est toujours de ma faute donc.

Psy : Cessez ce discours de victime.

Moi : Vous auriez voté pour qui ? C'est les présidentielles, fin du premier tour ce soir, lancez vous ?

Psy : Non, mon avis ne compte pas. De plus essayer de convaincre les gens avec son opinion donne souvent l'effet inverse, en terme politique. 

Moi : Ah dommage, j'ai cru qu'avec votre verve habituelle vous auriez dispensé des leçons politiques.

Psy : C'est épuisant, pour tout le monde. De plus, si vous vous voulez parler des idées parler des vôtres.

Moi : Politique ?

Psy : Non par pitié non. Dites simplement ce que vouliez dire lors de la séance 13.

Moi : Bon, donc il n'y avait que moi à m'exprimer sur le sujet.

Psy : Oui. Poursuivez.

Moi : Je voulais partager cela avec vous et échanger nos avis.

Psy : Et bien vous ferez sans. 

Moi : Je disais que parfois j'aime les idées. Pas seulement au sens philosophique, mais au sens d'une imagination, d'une ambiance, d'une proposition. 

Psy : Dans un jeu, jeu vidéo, film, livre ?

Moi : Mais un peu pour tout. Je veux dire que des moments une idée me paraît belle, intéressante, riche, etc. Et part la suite cela lance une dynamique. Je crée.

Psy : Oui, il me semble déjà avoir abordé cette mécanique de création. Ce n'est donc pas nouveau comme sujet.

Moi : Oui mais pourquoi aime t-on une idée ? Pourquoi certaines me parle.

Psy : Regardez vous, vous êtes une personne en manque d'évasion, vous aimez les univers fantastique, futuriste, parallèle, etc. 

Moi :  Non mais ce n'est pas si limité. Je n'aime pas tout par ce que c'est simplement irréel. Je ne suis pas un grand fan des univers horrifiques et je n'aime pas non plus les univers trop dramatiques. Donc mon amour des idées devrait refléter seulement ce que j'aime. Alors pourquoi aime-t-on une idée et pourquoi cela dépasse le cadre du goût personnel.

Psy : Une idée peut venir du goût personnel, sans être représentative de vos goûts habituels. Admettons que vous n'aimiez pas les films de gangsters ou de mafieux, mais vous apprécierez peut-être "Casino", "Réservoir dogs" ou "Mafia blues". Alors c'est le peu que vous aimez dans ce genre qui paraît dépasser le goût personnel.

Moi : Le goût est alors connu, c'est le style du réalisateur, le scénario ou le mélange de genre. On peut mettre facilement la main sur cette idée et savoir pourquoi on l'aime dans un genre que l'on a l'habitude d'esquiver. Ce n'est donc pas cela.

Psy : On peut aussi détester une oeuvre et s'inventer sa propre fin ou sa propre réécriture du scénario. On aime alors l'idée que l'on a soit même créer.

Moi : C'est un bon procédé de création, l'émulation positive face au dégout. Là encore on évite le problème, on aime ce qu'on accepte. Une idée propre, prévue par et pour ses goûts c'est facilement acceptable.

Psy : Ah, c'est comme les personnages en 2D dont certaines personnes tombent amoureuses ?

Moi : Euh, effectivement y a un lien. Mais seulement si cela n'est pas purement physique. 

Psy : Les personnages en 2D  sont des créations humaines. Leurs mensurations relèvent d'une création c'est leur appréciation par l'esprit humain qui les rendent attractives.

Moi : Ce n'est pas ce que j'attendais d'une réflexion sur l'idée. C'était plus l'appréciation du caractère d'un personnage que le physique.

Psy : Les codes sociaux et l'appréciation d'un physique ne sont pas les mêmes partout dans le monde. Une femme pulpeuse, peut être vu comme trop grosse ou parfaite selon la culture de la personne. 

Moi : D'où l'intérêt d'aimer une idée, un trait de caractère, la psychologie d'un personnage, quand cela casse les codes du goût culturel, on aime le personnage tel que nous l'imaginons et qu'on nous le présente. 

Psy : Bon j'ai l'impression qu'on tourne autour depuis longtemps. Le lecteur se dira que ça s'enchaine mais on a interrompu plusieurs fois et repris plusieurs fois sans réellement progresser.

Moi : Il est bon que le lecteur soit conscient de cette réalité, du processus productif.

Psy : Un mois que l'on tourne sans trop progresser.

Moi : Oui entre l'évocation des personnages 2D et cet échange y a bien un mois. Un mois pour 3 à 4 phrases. C'est rare que je souffre d'une telle discontinuité dans notre échange.

Psy : C'est normal, vous compliquez les choses. Faites simple. Dites le fond de votre pensée sur l'amour des idées et pourquoi c'est important pour vous.

Moi : Vous êtes drôle, 1 mois que je bosse à faire plus simple. 

Psy : Vous ne voulez pas vous perdre ou perdre le lecteur. Dites juste l'important.

Moi : Je risque de ne pas être très clair.

Psy : Et alors ? Vous n'êtes jamais très clair, même en tant que psy j'ai du mal à vous suivre.

Moi : Bon partons d'un postulat simple. Je ne parle pas ici du monde des idées de Platon ou d'un truc philosophique complexe. Mais d'une manière, d'une perception propre de comprendre l'idée. Ce n'est pas un culte de l'idée, juste une manière de s'en émouvoir, de l'admirer, de l'apprécier, de l'aimer.

Psy : Une idée est elle comme un principe pour vous ? 

Moi : Le principe est limitatif dans la mesure où il interdit, il ferme la porte à l'expérience de pensée. L'idée est non limitée. L'idée permet d'entendre les arguments qui peuvent la construire ou la déconstruire. Prenons l'idée de l'apocalypse, une idée séduisante.

Psy : Vous êtes sûr de vouloir dire ça comme ça.

Moi : C'est une expérience de pensée. Donc je disais une idée séduisante. Idée riche. Sur le plan du principe humain c'est mal de prendre plaisir à imaginer notre fin, la fin de tout ce qu'on connait. Ce serait pervers, d'imaginer des souffrances à infliger.  Mais pensons dans le cadre de l'idée, vous détruiriez le monde comment ? Seul l'Homme est touché ? Est-ce une apocalypse d'explosions, de fureur et de haine, ou une forme de longue agonie ? Je vous laisse réfléchir, mettez fin au monde.

Psy : Vous n'allez pas jouer au psychanalyste, j'espère ?

Moi : Non pas de jugements. Juste qu'elle est votre idée de la fin du monde ? Y a t-il des scènes iconiques, est-ce beau à voir, beau à imaginer ? Imaginez-vous une scène vue depuis une taille humaine, à la taille d'une ville, d'une image d'avion, de satellite, la galaxie, ... ?

Psy : Jouer à dieu en somme.

Moi : Ce n'est pas le but, ici c'est vivre une expérience. Bon imaginez une autre apocalypse, très différente, changer les paramètres, réel/surnaturel, changer d'échelle, etc.

Psy : Une fourmilière sur laquelle on renverse un sot d'eau ça compte ? L'effondrement des galeries, les petites fourmis noyées et emportées, ... .

Moi : Oui, c'est une apocalypse à leur échelle. C'est une expérience de pensée donc aucune fourmis n'a été maltraitée durant cette scène.

Psy : Amusez vous mais qu'est ce que ça prouve ?

Moi : Ce n'est pas terminé. Maintenant imaginons un procédé qui permet de survivre à cette apocalypse. Reprenons les fourmis sous un sot d'eau. On pourrait déjà se rapprocher du réel, des fourmis formant un radeau de fourmis comme dans les documentaires. On pourrait aussi n'avoir que quelques fourmis survivantes cherchant leur reine ou les larves. Des choses plutôt réalistes. Mais les fourmis pourraient avoir une construction qui dévie l'eau (une construction de terre, un bouclier énergétique). Les fourmis pourraient aussi utiliser les fourmis parties à la recherche de ressources pour construire une nouvelle société, ou envoyer une des leurs dans le passé pour empêcher l'apocalypse de se produire.

Psy : On a tué et sauvé des fourmis et alors. Il faudrait le faire pour les autres apocalypse imaginées.

Moi : On peut. Je vous y invite. Mais l'important c'est l'idée. Est ce que votre idée et votre solution vous ont plus ? Est ce que vous pouvez faire mieux ? Est ce une parfaite apocalypse et une parfaite solution ?

Psy : Mouais.

Moi : Je pars du principe que rien n'est jamais parfait. Pourtant certaines apocalypses vous semblent meilleures, plus d'explosions, plus de psychologies, plus d'images iconiques, peu importe. Vous aimez une idée précise plus que d'autres. Et même si elle n'est pas parfaite vous voyez plus nettement ce quelle pourrait raconter, ce qu'elle montre, ce qu'elle dit de votre processus de pensée. Une idée peut donc être belle, on peut l'aimer comme on chérit un précieux souvenir.

Psy : Aimer une idée c'est donc aimer une image mentale. Vous aimez votre petit théâtre intérieur. On joue sur le thème d'une idée.

Moi : Pas seulement, j'aime aussi son concept. Prenons le personnage de Morrigan dans le jeu vidéo Dragon Age. J'aime les caractéristiques de la sorcière des bois neutre chaotique, voir chaotique mauvais. J'ai apprécié l'humour que ce personnage apporte. Surtout quand j'ai l'habitude de jouer un héros loyal bon. Le personnage me plait, mais au delà de ça. L'idée de sorcière des bois, ou plutôt son concept me séduit.

Psy : Ce n'est pas une sorcière des bois, c'est une mage apostat libre qui vit dans les bois pour se cacher des templiers.

Moi : Oui, mais Morrigan a toutes les caractéristiques classiques de la sorcière des bois, transformation en animaux, magie noire, le coté dangereux et sauvage. 

Psy : Madame Mim dans Merlin l'enchanteur de Disney est une sorcière des bois, vous trouvez qu'elle ressemble à Morrigan ?

Moi : Le récit utilise un registre sérieux dans Dragon Age, Morrigan n'a donc pas ce coté cartoon. Mais dans le concept est elle si éloignée  de la sorcière qui vit au coeur de la forêt.

Psy : Dans le concept, Madame Mim est une figure plus proche de la Baba Yaga russe et Morrigan plus proche des caractéristiques de la sorcière séductrice et fatale.

Moi : Enlevons l'âge des protagonistes et le coté cartoon. Le concept de la sorcière des bois est intéressant. C'est un personnage isolé survivant seul et en dehors de la société. Pourtant c'est un personnage cultivé, la magie représentant un savoir, un savoir difficile à maîtriser. La sorcière des bois n'est pas une simple sauvage.

Psy : Sauvage, vous voulez dire chasseur-cueilleur ?

Moi : Non, ici "simple sauvage" est plus pour évoquer l'être humain sauvage, qui du point de vue de la civilisation est sauvage. L'enfant sauvage, celui élever par bêtes. Il est isolé de la civilisation. 

Psy : La sorcière des bois regroupe alors les caractéristiques du sauvage et du lettré. 

Moi : Le concept est plus profond. Regardez tous ce que la société nous renvoie sur les enfants sauvages et les sorcières.

Psy : Oui donc vous aimez le mystère de ce personnage.

Moi : Conceptuellement, l'idée est riche. Elle me séduit. Qu'attendre d'une rencontre avec une sorcière des bois ? Bonne ou mauvaise. Rien que cette idée m'invite à penser, à voyager.  Je me rappelle alors les balades dans les bois qu'on faisait avec mes parents. Les forêts me paraissaient parfois immenses, sombres, inconnues et remplies de promesses d'aventures. 

Psy : Ah, alors c'est l'association de "sorcière" et "des bois" qui est un concept séduisant. Mais alors l'amour des idées c'est ça ?

Moi : C'est l'étape importante, l'idée séduisante ou le concept séduisant. Mais l'amour des idées ne se résume pas à la séduction. La richesse, l'inventivité, la première joie que procure cette idée ne saurait être qu'une idée séduisante. Il faut qu'une idée soit éprouvée pour savoir ce qui juste séduisant ou si autre chose naît. 

Psy : Donc on va y revenir ?

Moi : Oui, et je m'en excuse auprès du ou des lecteurs.

Psy : Fin de la séance.

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