Prologue
La nuit pesait. Profonde, étouffante. Une pleine lune, seule, filtrait à travers les nuages sombres. Le vent sifflait, glacial, entre les branches. Il charriait d’étranges frissons, puis, le silence se brisa. Au loin, un grondement sourd. Un éclair. Le tonnerre éclata juste après. Les bourrasques gagnèrent en violence. Elles ployaient les arbres. Certains tombèrent, arrachés par la force de la tempête. Un cri, brutal, fendit l’air. La terre vibra, se fissura sous un choc invisible. Des ombres surgirent de la forêt. Immenses. Elles avançaient, lentes, lourdes, vers le village encore endormi. Les habitants se réveillèrent. Vite. Ils sortirent. Affolés, mais l’ennemi était là. Des trolls. Géants. Leur peau, dure comme la pierre. Leurs yeux, remplis de fureur. Quelques hommes prirent les armes. Les plus braves. Les mages du village se joignirent à eux. Ils savaient qu’ils allaient perdre, mais fuir n’était pas envisageable. Le combat éclata. Métal contre chair. Cris contre rugissements. Les trolls frappaient. Fort. D’un coup, ils fauchaient des corps. Têtes, bras, membres arrachés. Les mages abattirent quelques bêtes, mais trop peu. Pour chaque monstre tombé, plusieurs hommes mouraient. La lutte dura. Deux heures de carnage. Les survivants, haletants, reculèrent. Ils n’avaient plus de force, puis une voix. Calme. Forte. Elle s’éleva, dominant le chaos.
— Rendez-vous. Il ne vous sera plus fait de mal. Résistez, et vous mourrez.
Les trolls s’arrêtèrent. Tous. Derrière eux, un homme. Drapé dans l’ombre. Ses yeux brillaient. Froids. Un sourire cruel étirait sa bouche.
— Vos magiciens sont morts. Vos maisons sont cendres. Vous êtes seuls.
Rejoignez-moi. Je vous offre la survie.
Le silence tomba. Seules les flammes, au loin, crépitaient. La mer, elle aussi, grondait, comme si elle savait, comme si elle pleurait, elle aussi, cette nuit d’horreur. L’homme avança.
— Lucas. Je suis Lucas. Et je suis votre chef. Le seul.
Pliez le genou. Vous vivrez. Certains, tremblants, posèrent les armes. D’autres s’agenouillèrent. Espoir, ou peur mais pas tous. Quelques-uns levèrent les yeux. Poings serrés. Regards fermes.
— Jamais ! crièrent-ils. Nous lutterons jusqu’au bout !
Lucas éclata de rire. Un rire rauque, inhumain.
— Quelle armée ? dit-il. Qui croit encore pouvoir me vaincre ? Regardez autour de vous.
D’un geste lent, il montra les cadavres. Le sang. La terre. Le feu. Ses trolls attendaient. Silencieux. Obéissants. Un villageois fit un pas. Il cria :
— Lâche tes monstres ! Bats-toi seul ! Montre-nous ce que tu vaux vraiment !
Un frisson courut parmi les survivants. Des voix s’élevèrent. Un élan. Un souffle d’espoir. Lucas s’attarda sur eux. Puis, il sourit.
— Vous me faites rire… Mais vous êtes pathétiques.
Il leva la main, en un éclair, le villageois s’embrasa. Il hurla, puis plus rien. Un tas de cendres noires. Un silence épais tomba sur la scène.
— Ah… J’ai oublié. Je suis magicien, dit Lucas. Dommage pour vous.
Ses yeux brillèrent. Maléfiquement. Ses bras se levèrent. Il allait frapper, mais la lumière, soudaine, surgit. Aveuglante. Pure. Elle enveloppa les survivants, et ils disparurent tous. Lucas hurla. De rage. De frustration. Le sol trembla sous sa colère.
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