Chapitre 17 : James

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Mon père avait réussi à éteindre les flammes de Lucas, dissipant peu à peu la fumée qui étouffait encore la ville. Mais Mia restait introuvable. Nous avions fouillé les rues, interrogé les survivants, crié son nom dans le tumulte… en vain. Elle s’était volatilisée. Je marchais, l’esprit en alerte, les sens tendus à l’extrême, jusqu’à ce que mon pied heurte quelque chose. Je baissai les yeux. Un téléphone, pas n’importe lequel, celui de Mia. Je me figeai, une vague glaciale remonta le long de ma colonne vertébrale, ce n’était pas normal. Elle n’aurait jamais abandonné ce téléphone, pas volontairement. Je portai immédiatement le mien à l’oreille.

— Mia a disparu, son téléphone était au sol…

Un silence. Puis la voix de mon père, hésitante :

— Lucas à Mia...

— Tu… Tu crois ?

Je serrai les dents, sentant la colère et l’impatience me consumer de l’intérieur.

— On ne peut pas perdre de temps !

— Et on fait quoi, me rétorqua-t-il, d’un ton sec, même si tu savais où il la retient, tu comptes quoi ? Y aller tête baissée ? Seul ? Face à Lucas et ses sbires ? Sans aucun plan ? Tu crois que ça l’aiderait ?

Son ton était ferme, presque dur, mais je connaissais assez mon père pour percevoir ce qu’il tentait de dissimuler : de la frustration… et de la peur.

— Alors qu’est-ce qu’on fait ? Grognai-je entre mes dents.

— On rassemble nos forces, répondit-il plus calmement. On découvre où il se cache, on prépare une contre-attaque. Lucas croit avoir l’avantage, mais il se trompe. Je fermai les yeux un instant, tentant de calmer les battements affolés de mon cœur. Je serrai le téléphone si fort que mes phalanges blanchirent.

— Je veux la récupérer. Je veux l’éloigner de lui.

— Et on le fera, James, me répondit mon père d’un ton grave. Je te le promets.

Je fixai l’écran noir du téléphone de Mia, comme s’il pouvait encore me transmettre un message d’elle. Tiens bon, Mia. Je vais te retrouver, peu importe ce qu’il en coûte.

L’air était lourd, oppressant. Je marchais de long en large dans la pièce, incapable de rester en place. Chaque seconde qui passait me donnait l’impression qu’un étau se resserrait autour de ma poitrine. Mia avait disparu depuis déjà une journée, et malgré tous nos efforts, nous n’avions aucune piste.

— Ça ne sert à rien de tourner en rond, James.

Je me figeai et lançai un regard noir à mon père, qui se tenait droit près de la table, les bras croisés. Il était étonnamment calme, mais je voyais dans son regard qu’il réfléchissait, qu’il analysait la situation.

— Tu veux que je fasse quoi ? Que je reste là à attendre, sans rien faire ? Mia est quelque part, seule avec cet enfoiré !

Mon père ferma brièvement les yeux, une question lui traversa l’esprit. Il m’observa en silence, son regard perçant scrutant chaque nuance de mon expression, puis, lentement, il haussa un sourcil.

— Pourquoi t’inquiètes-tu autant pour elle ?

Je sentis mes muscles se tendre.

— Parce que Lucas est un monstre, répondis-je aussitôt. Parce que personne ne mérité d’être sous son emprise.

Il ne sembla pas satisfait de ma réponse. Il s’approcha, posant ses mains sur la table entre nous.

— Pourquoi. Toi. Tu. T’inquiète. Pour. Elle ?

Je serrai les mâchoires.

— Tu insinues quoi, exactement ?

Son regard s’intensifia.

— J’insinue que ton attachement à Mia dépasse celui d’une simple allié.

Je croisais les bras, me forçant à garder un ton détaché.

— On est dans la même galère. Évidemment que je veux la retrouver.

Mon père resta silencieux un moment.

— Tu peux te mentir à toi même, mais pas à moi.

Je baissai les yeux, incapable de répondre immédiatement. Mon inquiétude pour Mia… Ce vide que je ressentais depuis sa disparition… cette colère sourde en pensant à ce que Lucas pouvait lui faire… Depuis quand était-ce devenu aussi fort ? Je me battrais pour elle.

Mon père se leva lentement, ses yeux s’assombrissant alors qu’une idée prenait forme dans son esprit. Il se tourna vers moi, son expression fermée, mais une lueur de détermination dans ses yeux.

— Je vais à Ostaria. Dit-il d’une voix basse, presque glaciale. Je vais fouiller le château de Lucas. Si Mia est là-bas, je la trouverai.

Je le regardai, un mélange de surprise et d’inquiétude traversant mon visage.

— Je viens avec toi.

— Tu es trop impliqué émotionnellement, et je préfère que tu restes ici, à garder un œil sur la situation. Si quelque chose se passe mal, il faudra quelqu’un pour réagir rapidement ici.

Je me sentais frustré, et une pointe de colère monta en moi. L’idée qu’il m’écarte m’irritait.

— Tu crois que je vais rester là à ne rien faire pendant que Mia est entre les mains de Lucas, lui lançai-je, ma voix tremblante sous la pression. Je vais t’accompagner.

Il se tourna lentement vers moi, ses yeux fixés sur les miens. Il y avait une lueur d’incrédulité dans son regard, comme s’il ne s’attendait pas à cette réponse.

— James c’est risqué. Tu es trop lié à cette histoire. Trop de passion, trop d’émotions. C’est un piège, et tu n’en as pas conscience.

Je m’approchai de lui, mes mots chargés d’une détermination nouvelle.

— Si je dois affronter Lucas, je le ferai, mais je ne vais pas rester ici pendant que tu vas dans son château. Si Mia est là-bas, je dois être la pour l’aider. C’est ce qu’elle mérite.

Il me scruta longuement, cherchant peut-être une lueur de doute dans ses yeux, mais il ne la trouve pas. Après un moment, il poussa un profond soupire, comme s’il avait pris une décision.

— Non. Je vais voir Lucas, essayer de passer un accord avec lui, si je vois que ça ne fonctionne pas nous devrons tous passer à l’attaque, rassemble les autres. Nous avons une guerre à préparer.

Je hochai la tête. La tension dans mon corps commençait à se dissiper légèrement, bien que je sache que ce n’était que le début. Mon père se tourna vers la porte, prêt à partir, mais avant de franchir le seuil, il se tourna vers moi.

— Tu sais, James, je n’avais pas prévu de t’impliquer autant dans cette histoire, mais… je suppose que tu es déjà bien trop lié à Mia pour revenir en arrière.

Je le regardai sans répondre, sachant qu’il avait raison, mais cette réalité m’était douce-amer. Il ne voyait pas l’ampleur de ce que Mia représentait pour moi, ni même ce que cela me coûte de la savoir en danger, même moi je ne comprenais pas l’ampleur de ce que cela me faisait mais à ce moment précis, une chose était claire : je ne pouvais plus me contenter de rester dans l’ombre, j’allais devoir agir alors d’un pas déterminé je me lève et je me dirige vers la sortie pour rassembler les habitants.

Devant moi, des visages tendus et silencieux. Leurs yeux, braqués sur moi, portaient l’attente, une attente lourde, remplie d’espoir, mais traversée par l’ombre du doute. Ils ne savaient pas encore l’ampleur, le prix, le chaos des événements à venir mais moi, je savais. Ma mission, simple en apparence, pesait d’un poids immense : les préparer, pas seulement à combattre, non, survivre, à comprendre ce qui se joue, car une guerre approche, elle inévitable et cette guerre, il faudra la gagner, car elle est sans échappatoire. Les former ne suffira pas, je dois éveiller quelque chose en eux, le feu, le refus de tomber, le courage de se relever, encore et encore. Ce n’est pas la technique qui fait tenir en plein cœur du tumulte, c’est la conviction, alors je dois frapper juste, rallumer leur volonté, faire vibrer en eux cette part qui refuse de céder. Je vais leur montrer qu’ils ont en eux la force de faire face, de se battre, de résister, et, quand il ne restera rien d’autre, tenir. Je serai stratège, je serai guide, mais surtout, pour eux, je devrai devenir certitude. La certitude qu’un autre lendemain est possible.

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