Chapitre 8

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Une brise légère soulevait les feuilles étalées sur la pelouse de l'université. Une petite navette munie d'un gros tuyau soufflait les récalcitrantes qui restaient sur les pistes de décollage. Le jour se levait à peine. Le soleil commençait à darder ses rayons sur les hangars aux alentours décorant le tarmac d'ombres gigantesques.

Aphélie, habillée de son costume de pilote, faisait des aller-retours devant son appareil de vol, son casque sous le bras. Le souffle léger qui sortait de sa bouche faisait de la vapeur, elle frottait ses mains pour tenter de les réchauffer.

A son réveil, elle avait reçu un message d'Octavius l'informant qu'il la rejoindrait vers 8h 00. Il était maintenant 8h 15 et il n'était pas là. Elle s'inquiétait un peu. Le ton de son ami au téléphone était froid, nerveux sinon aigri. Elle s'arrêta, regarda à nouveau sa montre puis reprit sa marche. Elle se dirigea vers son appareil pour faire une fois encore les vérifications.

La navette avait une forme ronde avec un léger bec sur l'avant. Trois petites roues la maintenaient au sol : une à l'avant, deux en parallèle vers l'arrière. Des petits ailerons sortaient de chaque côté. Le poste de pilotage était légèrement au-dessus de la carlingue. 

Alors qu'elle était penchée sous l'engin pour vérifier les trains d'atterrissage, elle entendit des pas précipités venir vers elle. Elle se releva et tomba nez à nez sur Octavius. Comme elle l'avait supposé, son ami avait le visage renfrogné. Son corps dégingandé s'agitait dans tous les sens, signe d'une motivation exacerbée. 

— Oh, j'ai l'impression que ton programme a été bouleversé ce matin, fit-elle remarquer.

— Ouais. Monsieur le prince n'a pas le temps de me recevoir avant ce soir.

— Tu l'as eu directement au téléphone?

— Non, j'ai eu sa secrétaire.

— Tu aurais dû l'appeler hier soir. Il prend ses communications directement à ce moment-là.

Octavius se dirigea vers un autre appareil. Un technicien faisait les dernières vérifications.

— C'est bientôt prêt ? lui demanda-t-il froidement.

— Oui. Tout est réglé. Le plein a été fait, les freins et trains d'atterrissage vérifiés.

Octavius mit son casque et se tourna vers Aphélie.

— On y va ? J'ai besoin de me dégourdir pour évacuer tout cela.

Les jeunes gens montèrent dans leur navette respective. Aphélie sortit la première du hangar et se dirigea vers la piste de décollage. Elle mit les gaz et décolla aussitôt. Octavius la rejoignit assez vite. Ils partirent vers le nord, en direction du désert rose.

Cette région était appelée ainsi à cause de la couleur de son sol. La terre était recouverte d'une sorte d'argile dans les tons roses. Aucune végétation ne poussait à cet endroit cependant les couleurs changeaient selon la luminosité du soleil et rendait cet endroit fascinant pour les amateurs photographes. Quelques habitations étaient parsemées çà et là au bord d'une rivière.

Aphélie et Octavius montèrent très haut puis redescendirent en piquet. Ils se donnaient des directives par un émetteur radio. Tantôt Aphélie faisait des cabrioles, tantôt Octavius la dépassait. Au bout de 15 minutes, Aphélie prit la direction de l'espace.

— Je monte un peu pour tester l'appareil. Ok ?

— Reste en contact en cas de pépin.

— Ne t'inquiète. Allez zou, c'est parti !

La jeune fille poussa les gaz et monta rapidement. Son appareil émit quelques grincements mais continua la trajectoire. Elle allait sortir de l'ionosphère quand subitement, les instruments de bord se mirent à trembler. Aphélie actionna quelques manettes et boutons mais des alarmes se mirent à sonner et son appareil perdit de l'altitude

— Octavius ? Tu me reçois ?

Elle ne reçut aucune réponse.

— Octavius ? Ici Aphélie ! Est-ce que tu m'entends ?... Bon sang, la transmission est coupée. Il y a des ondes externes qui bloquent la radio et dérèglent mes instruments.

Elle tenta de ramener son appareil à l'horizontal mais rien n'y fit. Soudain, elle sentit un choc. Occupée à conserver son niveau, elle n'avait pas vu un autre engin qui arrivait par derrière. Le choc qu'elle ressentit la fit se redresser. Son appareil redevint stable et les alarmes cessèrent. Par le hublot, elle vit dépasser sous son aile droite, un cercle rouge maintenu au bout d'un tube blanc. Son regard se plaça de l'autre côté et elle vit la même chose.

Aphélie ? Tout va bien ? se fit entendre la voix de Duke.

— Oui. Avec quoi voles-tu ? Je n'ai jamais vu cet engin.

— Normal, c'est son premier essai. Que s'est-il passé ?

— Un dérèglement lorsque je suis sortie de l'ionosphère. Je ne comprends pas d'ailleurs ce qui a pu se passer. J'ai l'impression que cela venait de l'extérieur. Des ondes assez bizarres.

Un silence suivi son explication.

— Hum bizarre. Nous sommes dans une zone relativement calme et il n'y a pas de satellites dans ce coin-là ni d'infrastructures au sol.

— En tout cas, cela m'a fait une belle frayeur. As-tu vu Octavius ?

— Je l'ai dépassé assez vite dès que j'ai vu sur mon radar que tu perdais de l'altitude. Il a voulu aller au-devant de toi mais j'ai été plus rapide. Le voilà d'ailleurs. Que disent tes instruments ? Je peux te lâcher ? Je ne voudrais pas m'attarder en vol avec ce prototype.

— C'est ok pour moi.

— Bien, je descends alors avant de reprendre de la vitesse. A bientôt.

— Merci Duke.

Aphélie eut à peine le temps de voir une soucoupe rouge et blanche avant qu'elle ne disparaisse à l'horizon dans un nuage violet. En regardant sur son radar, elle ne vit aucune trace de l'objet. Par contre, elle vit apparaître Octavius. Elle établit le contact.

— Octavius, as-tu reçu des ondes négatives sur tes instruments de bord ?

— Non. Que s'est-il passé ?

— Aucune idée.

Elle expliqua ce qui lui était arrivé sans parler de Duke. Octavius n'en fit pas mention. Ils décidèrent ensuite de rentrer à la base.

***

Aujourd'hui était le premier vol de Grendizer. Je devais tester sa stabilité et sa vitesse. Si tout allait bien, je prévoyais de faire les essais avec le robot dès le lendemain. Tandis que je prenais de la vitesse et de l'altitude, mon radar indiqua deux points lumineux à une certaine distance chacun. Un des points attira mon attention, il me semblait qu'il avait certaines difficultés. Je me dirigeai aussitôt vers lui. Je fus étonné de voir le nouvel appareil d'Aphélie. Je l'aidai à se redresser puis voyant que l'autre navette approchait, je m'éloignai.

Je continuai ma route vers une montagne non loin de la Capitale. Ce que m'avait appris Aphélie m'inquiétait. Ce brouillage sur son radar et sa perte de contrôle étaient anormaux. Je m'engouffrai dans une des grottes à flanc de coteau suffisamment large pour laisser passer ma machine. Entre stalactites et stalagmites, je conduisis prudemment jusqu'à une salle naturelle assez grande où je déposai ma soucoupe et sautai directement au sol. Pollux m'attendait, calepin en main devant un écran.

— J'ai suivi ta progression sans problème jusqu'au désert rose. Ensuite, je t'ai perdu pendant 5 mn avant que tu ne réapparaisses. Tu as eu un problème ?

— Non, j'ai secouru Aphélie qui était en mauvaise posture. Elle m'a d'ailleurs informé d'un problème d'ondes à cet endroit qu'il faudra vérifier avec le centre de sécurité aérienne.

— En tout cas, tu as assuré pour ce premier vol. Les données sont excellentes.

Pollux donna une tape sur mon épaule.

— Je dois trouver une solution pour mon équipement. La tenue habituelle des pilotes n'est pas suffisante.

— Je crois avoir un début de solution. J'ai rencontré Alphgar, le mage des trois dragons. Il voulait te joindre pour discuter d'un projet mais n'a pas voulu m'en dire plus. Tu pourrais peut être lui demander son avis ?

— Ok. Bon, je vais finaliser quelques détails dans le poste de pilotage. On se voit ce soir avec Octavius pour le réseau de communication. Je vais aussi demander à Aphélie de venir.

— Pas de problème.

***

Enfermé dans sa chambre, Octavius activa sa radio.

— OCT8 appelle VEG5, OCT8 appelle VEG5. J'ai des informations pour vous.

Un alien humanoïde apparut derrière lui. Il avait une tête allongée en forme de pointe vers le menton et le haut du crâne, des oreilles très longues, larges et pointues. Sa peau était blanche et rouge, ainsi que ses yeux. Il portait un habit rouge avec une cape noire, des bottes de la même couleur.

— Alors, qu'as-tu de si intéressant depuis hier ?

L'euphorien sursauta et se retourna précipitamment.

— J'ai vu le prototype créé avec le métal Gren. Je pense que c'était Duke Fleed qui le pilotait.

— Tu penses ?

— Il était rapide et je n'ai pas vu les détails.

— Hum, le projet est en phase terminale. Le Prince n'a pas tenu bon de nous informer de ce premier vol. Bien, le Grand Stratéguerre devrait être heureux. Essaie de savoir où il est entreposé car il a disparu de l'atelier de fabrication. Qu'en est-il des documents de construction ? As-tu mis la main dessus ?

— Bien Maître. Non pas encore, je pense que Duke Fleed garde cela sur lui.

Tandis qu'Octavius se baissait pour saluer, le véghien disparut.

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