Le jour où Kang Jiwoo posa les pieds au lycée Hanseong, le ciel était bas, gris, et menaçant. Une pluie fine tombait sur Séoul, lavant les trottoirs comme pour effacer les traces d’un passé que Jiwoo portait sur lui comme une ombre.

Il arriva sans bruit, les écouteurs dans les oreilles, capuche sur la tête, sac trop léger sur une épaule. Il marcha dans les couloirs comme un fantôme, ignorant les regards curieux des élèves. Ce n’était pas la première fois. C’était son quatrième lycée en deux ans. À chaque fois, un nouveau début. Mais au fond, toujours la même fin.

Il s’installa au fond de la classe 2-B, à côté de la fenêtre. Là où personne ne parle, là où la lumière est douce et le monde semble loin. Il ne sortit pas ses affaires. Il regarda la pluie.

Le professeur l’appela par son nom, sans obtenir de réponse. Un élève dut le pousser du coude pour qu’il lève les yeux.

— Kang Jiwoo ? — Présent.

Sa voix était neutre. Pas froide. Juste... vidée.

À la pause, personne ne s’approcha de lui. C’était mieux ainsi. Jiwoo ne parlait pas. Il observait. Il notait les détails. Les rires trop forts. Les regards évités. Les élèves qui se plaignaient de leur vie alors qu’ils ne savaient rien de la vraie douleur.

Au déjeuner, il monta sur le toit du lycée. Là-haut, entre les grilles rouillées, sous le ciel gris, il pouvait respirer.

Il s’assit sur le bord, les jambes dans le vide. Et il pensa à elle.

Sa sœur.

Yura.

Disparue il y a un an. Fuite ? Enlèvement ? Suicide ? Personne ne savait. Et son père... son père avait juste dit : « Concentre-toi sur tes études. »

Jiwoo, lui, n’avait jamais cessé de chercher. Ni avec ses yeux, ni avec son cœur. Mais elle n’était plus là. Et sans elle, le monde avait perdu ses couleurs..