Le troisième jour, une fille s’assit à côté de lui. Sans demander.

— Min Sora, dit-elle. Toi, c’est Jiwoo, non ?

Il hocha la tête. Elle était directe. Trop.

— T’as toujours cette gueule-là ou c’est juste quand t’es au lycée ?

Il haussa les épaules.

— Tu veux quoi ?

—Rien. Je déteste manger seule. Et t’as pas l’air du genre à poser des questions.

Elle avait raison. Il ne répondit pas. Elle mangea. Il regarda la pluie.

Les jours suivants, elle revint. À chaque pause, à chaque midi. Elle parlait beaucoup. Il parlait peu. Elle racontait des choses sans importance. Mais parfois, ses mots glissaient sur des vérités cachées : un père absent, une mère malade, des soirs trop longs.

Un jour, elle lui dit :

— T’as quelqu’un qui te manque, hein ?

Il ne répondit pas.

— Moi aussi.

Et puis elle ne dit plus rien. Pas ce jour-là.

Ils devinrent ce genre d’amis qu’on ne nomme pas. Des présences silencieuses. Des âmes qui se reconnaissent dans l’abîme.

Mais Jiwoo sentait quelque chose. Quelque chose dans les yeux de Sora. Une tristesse contenue. Une peur qu’elle cachait derrière ses sourires secs.

Et lui, malgré ses murs, il commença à s’inquiéter.