CHAPITRE 1

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La lumière ternie d'un jour couvert m'accueille à mon réveil. Allongé sur l'herbe, un peu humide de rosée, je soulève ma tête endolorie, le souffle court. Pas de trace de la gueule de bois généralement attribuée à une soirée d'excès. L'endroit où je me trouve demeure dans l'inconnu de ma mémoire. Je me redresse et reste assis pantois devant le décor qui m’entoure. Je reconnais les arbres et les plantes autour de moi, mais je ne peux pas rappeler qui je suis. A quelques mètres de moi, une fontaine en métal sombre sifflote comme le feraient une tripotée d’oiseaux qui pour le moment son absent de mon audition.

Qu’est-ce que je fais là?

Je fouille dans les profondeurs de ma mémoire à la recherche de mes derniers souvenirs, mais en vain…

Je suis dans une sorte de parc arboré au milieu d’immeubles de verre qui pointent le ciel tels des doigts attendant d’être interrogés. Mes yeux se posent sur mes avant-bras dénudés. Ma peau est blême comme si j’avais passé plusieurs années dans une région où le soleil n’est qu’une légende ou pire coincé au fond d’une grotte. J’ai la gorge sèche.

Des femmes vêtues de tenues aux couleur criardes me dévisage malgré le sourire que j’essaie d’avoir le plus jovial possible

— Au secours !

Une voix féminine perçante retentit derrière moi. Son accent est prononcé. Je me retourne, luttant contre la douleur lancinante dans mes tempes. Je la dévisage. Sa peau est noir comme l’ébène, ses traits son dur et ne donne aucunement envie de faire sa connaissance.

— Arrêtez-le et enfermez-le !

C'est une autre voix, avec le même accent que précédemment. Ma vision s'ajuste graduellement à la lumière peu éclatante, et je réalise que la tranquillité du parc n’était qu’une illusion d’un réveil comateux. De nombreuses silhouettes parsèment les alentours. Je me relève, récupérant lentement mes esprits. Je remarque malgré mon état que la populations qui m’entoure est uniquement féminine. Des femmes aux âges variés et aux origines divers. J’ai même que l’impression que tout le spectre raciale terrestre y est clairement représenté.

Après quelques titubations, j’arrive à reprendre mes appuis.

— On se calme, mesdames ! Osai-je dire en tendant les bras devant moi comme le ferai un aveugle cherchant un appui.

— Mon Dieu, quelle horreur!

Une autre femme m'oberseve avec dégoût et contourne audacieusement mon périmètre.

— Mais quelqu'un pourrait-il prévenir la sécurité ? dit-elle de façon hautaine.

Ses yeux clair me foudroyant. à un laser prêt, je ne serais plus qu'une masse fondue.

— Oh, c'est dégoûtant !

Cela commence à devenir insultant toutes ses reproches. Je sais que je n'ai pas le physique d'un appolon mais quand même.

Je scrute mon apparence. Rien qui puisse selon moi justifier ces cris outrageux. Mes jeans usés et mon t-shirt élimé sont loin d'être haut de gamme, mais je doute que mon style sommaire enrage ainsi la gent féminine. Pas trace de sang ou tout autre matière ne marque mes vêtement. Il y a bien un léger déchirement du tee-shirt mais pas au point d’obtenir de telle réaction.

— Attrapez-le !

Une autre femme se joint au chœur de la dispute. Je tourne sur moi-même, cherchant un visage amical parmi la foule irritée, sans succès. À ma gauche, l'entrée d'un immeuble. Je m'y dirige pour trouver refuge. Je traverse une rue au sol constitué de plaque photovoltaïque. Je ne remarque aucune voiture dans n’importe quel direction je porte mon regard. Sans oublier d’observer les femmes du parc. Dans la vitre teintée de la porte d'entrée, rien d'anormal dans mon reflet.

Qu'ont-elles donc toutes ?

Je ne ressemble pas à une monstre sortit tout droit d’un film d’horreur. Mon visage rond et souligné par un collier de barbe cendré. Mes yeux en amande sont marron. Quoi de plus classique.

— Vite! Mettez ceci !

Étonné par l'irruption de cette voix et d'un vêtement soudain jeté sur moi, je me retourne pour voir une jeune femme qui s'apprête à me couvrir d'un manteau.

— Pardon ! Dis-je sans réel objection

— Taisez-vous! Suivez mes instructions!

Obéissant naturellement, je me laisse guider sur une centaine de pas, vers un endroit plus tranquil, loin de l'agitation du parc. Les protestations me suivent un moment encore avant de disparaître progressivement. Je ne sais combien de voie sur ma droite, nous avons pris mais j’eu l’impression de touner autant sur la gauche comme un couple tournant en rond dans un dédale de petites rues quasiment identiques. Comme si le level designer de la ville avait buggé à un moment recopiant indéfiniment le décor.

— C'est bon, vous pouvez l'ôter maintenant.

Elle parle doucement mais fermement. Son accent est le même que les autres. Je retire le manteau qui m'éclipsait du monde extérieur. La jeune femme m'avait conduit dans une ruelle tranquille, loin du parc envahi de gens. l'endroit est engoncé entre deux immeubles au murs de brique. Elle me pousse entre deux contenair afin de me dissimuler le plus possible de la vue de tous.

Aucune douleur lors de l'impact avec le mur ne vient m'indiquer une blessure au dos. Une sorte de soulagement vient rassurer mon esprit toujours aussi confu. Mais le choc ne réveille pas le moindre souvenir d'une identité ou d'un passé. 

— Merci!

Je m’approches pour lui rendre le pardessus.

— Attendez!

Son geste me maintient à distance. Je me radosse au mur, la suivant du regard pour déceler toute éventuelle menace. J'ai juste le temps d'apercevoir sa chevelure longue aux reflets ambrés.

— Vous n'êtes pas encore en sécurité!

En attendant, je l'observe discrètement sans lui parler.

— Ces nanas sont folles!

Elle revient sur moi avec un air grave.

— Êtes-vous fou ou quoi ?

Les lèvres de la jeune femme se resserrent en une grimace réprobatrice.

— Je...bégayé-je.

— Merci, dit-elle sèchement, en prenant le manteau que je garde dans mes mains.

Aussitôt, elle l'enfile et le boutonne jusqu'au col. Ma contemplation sur sa silhouette mince et gracieuse est devenue trop apparente. Gêné par sa réaction, je détourne mon regard de son corps séduisant.

— Désolé! Je... je suis désolé, je m'excuse en me sentant soudainement stupide face à son air sérieux.

— Que faites-vous ici?

Je fouille rapidement dans ma mémoires mais je ne trouve rien. Mon cœur bats la chamade, et mon cerveau refuse cet état de fait. Je respire profondément sentant la panique mugir dans mon obscurantisme total.

— Je… je ne sais pas. Où sommes-nous ?

— Il y a trois minutes, vous étiez au parc Bellaing, un endroit qui vous est strictement interdit.

Aucun sourire ne marque son visage. Son regard est sèvre, inquisiteur mais je sens une bonté derrière la façade glaciale qu’elle me montre.

— Interdit? Pourquoi ?

— D'où vous êtes-vous enfui?

— pourquoi dites-vous “enfui”?

Mes souvenirs précédents sont très flous. J'insiste à essayer de me souvenir de ce qui s'est passé hier ou avant-hier... Mais je ne trouve rien.

— Je... je crois que j'ai eu un accident. J'essaie de me souvenir de quoi que ce soit, mais je n'y parviens pas. Quand je me suis réveillé, j'étais au parc où vous m'avez trouvé.

La jeune femme me dévisage avec un soupçon évident dans les yeux.

— Pourquoi ces femmes étaient-elles en colère tout à l'heure?

Elle ne répond pas. Elle palpe mon jean tout en surveillant mes gestes. La jeune femme passe ses doigts dans mes cheveux et sur mon visage, comme si elle essayait de voir quelque chose. Ses yeux verts se plongent dans les miens, sa curiosité semblant se concrétiser en questions silencieuses.

— Vous êtes... différent. D'où venez-vous?

Mais avant que je ne puisse répondre, un sifflement strident interrompt notre conversation. Elle set recule de moi d’un bon se collant sur le mur opposé. Des briques noirs, des conteneurs gris bleu, deux échelles de secours reliant le premier étage des bâtiments jumeaux. La ruelle ne comporte que deux sorties.

J’essaie de localiser d’où venait le son.

— Les surveillantes arrivent! Venez avec moi, vite!

Elle me guide de nouveau à travers les labyrinthique de ruelles serrées. Cette fois, mes yeux se sont habitués à la sombre atmosphère métallique de la ville. En suivant ma guide mystérieuse, je trembles dans le froid pénétrant de structures métalliques imposantes. Nous n'avions croisé que quelques rares silhouettes qui nous ont évitées comme la peste. Finalement, elle ouvre une porte vitrée pour entrer dans un bâtiment austère.

Il aime le noir ! Me dis-je.

L’intérieur du hall est une large pièce au mur et sol couvert d’une sorte de marbre. Incrusté dans le sol et longeant les murs, des leds éclaires l’endroit. Les lieux sont déserts. Et je n’aperçois aucune caméra. La porte de l’ascenseur serait invisible si un faisceau de Led ne démarquait pas l’ouverture d’une lueur orangé.

— Où me conduis-tu ?

Elle me jette un regard par-dessus son épaule lorsque la cabine s’offre à nous. Un geste du menton m’indique deux femmes en cuir rouge parcourant le visage des passants.

— En sécurité.

— Chez toi ?

Une moue marque son visage quand la porte de l’ascenseur se referma.

— Plutôt... là où je réside.

Son visage trahit son inquiétude. J'e tente d'éclaircir l'atmosphère.

— Nous venons à peine de se rencontrer, et tu m'amènes directement chez toi ?

Nous avons continué à échanger des regards pendant que l'ascenseur ralentissait et finalement s'arrêtait. Elle quitte la cabine et je la suis à travers un couloir jusqu'à une porte transparente qui s'ouvrait avec un son étrangement organique. Je l'ai suivi à l'intérieur d'un appartement spacieux, au mobilier et décor inconnus, baignant dans une lumière pâle.

— Écoute, tu sembles souffrir d'amnésie, ou tu viens d'ailleurs, ou tu es un esclave échappé, ou peut-être même une combinaison de tout cela, mais tu dois comprendre que tu ne peux pas te promener librement ici ! Le cœur de la cité est interdit aux indigènes !

— Indigènes ? Moi, un indigènes ? Okay, je suis peut-être pas du coin mais de là à me traiter d’indigène c’est un peu péjoratif comme terme.

— Quel est ton prénom ?

Je tente de fouiller dans mon esprit embrouillé mais tout reste flou.

— Je n'en ai aucune idée. Je suis désolé.

Ses yeux verts perçants ne lâchaient pas les miens

— Et toi ?

— Alice.

— Alice, je suis vraiment perdu. Je n'ai aucune idée de ce qui se passe, mais je sais que tu m'as aidé et je t'en remercie.

J'ai pris sa main pour la serrer amicalement. Elle semble étonnée mais ne me repousse pas. Je regarde autour de moi, essayant de comprendre ce monde étranger.
Le salon est une grande pièce surplombé par une mezzanine. De forme rectangulaire, la pièce possède un mur recouvert d’une bibliothèque montant presque jusqu’au plafond. A l’opposé un mur de verre légèrement bleuté offre une vue remarquable sur la cité. Sur un tissus au teinte bleu et blanche avec des formes géométrique est installé de fauteuil en cuir noir et une table basse en verre. Une porte donne sur une cuisine tandis à l’angle opposé un escalier en colimaçon mène à l’étage.

— C'est ton appartement ?

— Non. C'est là où je travaille.

En m'avançant pour observer la ville, je fouille dans mes poches et y trouve un bout de papier plié.

— Tu travailles ici ? Quel genre de travail ?

Elle n'a pas répondu et m'a observé déplier le papier. Un message y était écrit : « Adieu, Simon, pardonne-moi. » En lisant ces mots, un éclair de souvenir a traversé mon esprit.

— Il semble que je me prénomme Simon...

Elle laisse échapper un soupir et baisse les yeux.

— Écoute, Simon, tu ne peux pas rester ici. Tu dois partir. Je vais te donner de quoi passer inaperçu, mais...

— Inaperçu de qui ?

— De tout le monde ! Les indigents sont chassés dans toute la ville et si ma maîtresse te trouve ici, nous aurons tous les deux des problèmes.

— Je ne comprends pas, Alice. Qui est ta maîtresse ?

— Héloïse de Picardie. Elle est tolérante, mais elle n'aime pas la présence des hommes.

— Un homme ? C'est pour ça que tu me traites d’indigent ? Bon je comprends qu’elle soit lesbienne voir féministe extrême mais quand même. Je ne comprends pas

Elle a hoché la tête sans dire un mot.

— Et toi, pourquoi m'as-tu aidé ?

Après un long silence, elle a levé la tête et m'a regardé dans les yeux.

— Parce que moi aussi, je suis une indigente.

Mon esprit essayait de trouver du sens dans tout cela mais en vain. J'ai pris une profonde inspiration et j'ai essayé de sourire.

— Quoi qu'il en soit, Alice, je suis reconnaissant de ton aide.

Son sourire m'a paru sincère.

— Merci... a-t-elle chuchoté.

— Nous devrions trouver une solution, a-t-elle murmuré.

— Comment vis-tu ici ?

Elle esquisse un sourire.

— Si ma maîtresse revient, je préférerais que tu ne sois pas là, a-t-elle ajouté, reculant vers la cuisine.

— Tu travailles ici ? Quel genre de travail ?

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