CHAPITRE 3
Cette fois-ci plus encore, je meurs d’envie de lui répondre que je l’emmerdais. Nue, sans aucune gêne, elle monte l’escalier suivi de près par Alice. Un gout de fer dans la bouche, elle a une sacré frappe la Héloïse.
— Ne t’avise pas de réintroduire ici qui que ce soit sans ma permission ! lui lance sa patronne en me jetant un regard dédéigneu.
— Bien, madame. Pardon, madame.
Je suis Alice du regard qui suit sa maitresse en regardant le sol. Je m’assois sur un des canapés me frottant l’estomac endolori. En haut, les deux femmes échangent quelques mots que je ne comprends pas. L’eau se mets à couler.
Le comportement étrange d’Alice envers sa patronne m’interroge. même si Je sais bien qu’il faut avoir du respect pour son employeur. Elle savait ce qu'aller dire Dame Héloïse en me découvrant. Et le deux paraissaient connaitre le risque d'être ici avec elles.
Je ne sais combien de minutes, j’ai attendu. Mais ma patience de comprendre les bases de cette brutale chasse à l’homme, le comportement de Dame Héloïse envers Alice et moi, me pousse à gravir l’escalier. Je m’arrête à mis hauteur quand des gémissements me parvienne.
Je me baisse pour gravir les dernières marches. L’escalier donne directement dans la chambre : Espace Chaleureux au mur tapisser de rouge, un liseré argenté séparant le mur en deux. Face à moi de l’autre coté du lit, une porte entrouverte, d’où viennent les gémissements, s’échappe une fumée provoquée par la douche. Un lit King size attire mon attention tant il me parait gigantesque, fait au carré il est recouvert d’une couette gris-bleu. Je ne sais pas quoi faire et je sens une légère excitation monter en moi malgré mon corps endolori. Un portrait de Dame Héloïse nu assis sur un fauteuil en osier dans une position laissant dévoiler son entre-jambe, un sourire mutin sur les lèvres. Elle parait plus jeune.
Après un grognement de jouissance, Alice ouvre brusquement la porte et sort. Je ne sais pas comment réagir et je reste figer comme une statue. Elle me regarde en souriant. Elle est nue aussi, ses cheveux humides que je ne penser pas si long masque une poitrine délicieuse.
Elle se fige quelques instants avant d’être bousculer par Héloïse. Le regard noir de la maitresse des lieux me fusille.
— les indigènes maless, toujours prêt à mater les femmes avec leur regard lubrique.
Cette affirmation ne l’empêche pas de continuer à se promener nue devant moi. Elle ouvre un placard et s’habille. Alice et moi sommes rester figer comme deux chiens de faïence. Moi, ne sachant pas comment réagir. Elle…
— Boutonne ma tenue et rhabille-toi ! dans cette tenue, il est capable de te faire des choses qu’aucune femme ne souhaiterai. Les males sont d’ignobles créatures…
Héloïse et Alice revêtu, la maitresse descend l’escalier et quitte l’appartement sans même m’adresser la parole.
— Ouf ! soupira la rouquine, tout s’est bien passé.
— Tout s’est bien passé ? Mais comment acceptes-tu qu’elle te traite ainsi ?
— Tu ne réalises pas la chance que tu as eu. Avec une autre gouverneuse que maitresse Héloïse, tu serais déjà emprisonné, ou peut-être mort !
— Pfff !
— Je t’assure que tu parlerais autrement si tu connaissais mieux notre cité.
— Mais je ne demande qu’à le connaître. Commence par m’expliquer pourquoi on me traite d’indigènes.
— Oui, je vais répondre à toutes tes questions, mais dois me promettre que tu vas t’en aller. Si ma maîtresse te trouve ici en revenant, nous sommes tous les deux bons pour la prison ou pire.
— Okay, okay, je vais aller voir ailleurs si tout le monde est aussi barré.
Elle s’éloigne vers une pièce attenante.
— Je vais te trouver de quoi passer inaperçu.
— Alors ?
— Tu n’as toujours pas compris ? me répond-t-elle
Elle pousse un panneau à côté de la salle de bain dévoilant une autre chambre. J’ose la suivre, unparfums d’orchidée nous arrive de la douche. Le parfum est si fort qu’il m’enivre presque. La pièce est plus petite. Un lit simple aligné contre un mur. Aucune fenêtre et une immense penderie lui fait face.
— Je suis une indigène, tu es un indigène, Maitresse Héloïse ne l’est pas… Nous ne faisons pas parti de la norme, je n’ai pas de marque d’élue et tu es un homme. Il y a longtemps, il y a eu une révolution. Les Matriochkas se sont soulevées pour faire tomber le pouvoir patriarcal des hommes. Elles ont parqué les hommes dans des camps et les ont exterminés…
— C’est une dinguerie ton histoire ! ça s’est passé quand ? Parce qu’a je me souvienne, ce n’était pas comme ça hier !
— Mais d’où viens-tu ?
— N’importe quoi ! Tu es pourtant une femme comme elle !
Ça m’était venu comme ça. Machinalement. Alors que je ne savais même pas d’où je venais… Je tentai une fois de plus de me souvenir.
— Ce n’est pas comme ça, là d’où tu viens ? demande-t-elle avec innocence en réapparaissant avec plusieurs vêtements.
Rien ne revient. Aucun souvenir, mais je suis pourtant sûr que ce n’était pas comme ça … Hier
— Euh… écoute, je ne me souviens pas vraiment d’où je viens, mais ce que je sais, c’est que c’est même presque l’inverse : quasiment tout le monde est indigène !
— Ici nous ne sommes que très peu. Les gens normaux sont comme ma maîtresse. Les gens comme toi sont considérés comme des rebuts et des parias, et emprisonnés ou isolés dans les bas-fonds pour des tâches ingrates. Les gens comme moi sont parfois tolérés, parce qu’ils peuvent passer inaperçus. Tiens, mets ça.
Elle me tendit une ample robe et un soutien-gorge qu’elle avait apparemment choisis dans ses affaires.
— Il n’y a pas de… enfin… comment dire ? Les hommes sont tous des indigènes ? Aucun homme n’a son mot à dire dans votre société ? Où est passé l’égalité homme femme ?
— Les gens normaux sont comme des femmes.
— Mais… comment vous… enfin… comment se reproduisent-elles ?
— Qui ça ?
Voyant que je ne m’occupais pas des vêtements qu’elle m’avait ramenés, elle m’ôta mon tee-shirt.
— Ben, tout le monde… les femmes…
— Je ne comprends pas ta question. Ils se reproduisent seuls, si c’est ça que tu me demandes. Ce n’est pas comme ça chez toi.
— Cela doit arriver mais dans la majorité des cas, il faut être deux
Je m’interromps en constatant qu’elle est en train de tenter de m’ajuster le soutien-gorge qu’elle a ramené.
— Qu’est-ce que tu fais ?
— J’essaie de faire en sorte que tu passes inaperçu. Mais il est trop petit, je n’arrive pas à le fermer, attends…
En regardant la taille des bonnets, je n’arrivais pas à croire qu’il fût trop petit, mais autant le D ou le E me convenaient bien, autant le 90 ou 95 ne suffisait pas à entourer mon torse. Pendant qu’elle retournait farfouiller dans sa chambre, je poursuivis, hésitant :
— Quand… euh… Comment ça fonctionne, s’il n’y a pas d’homme, elles ne sont pas devenues hermaphrodite…
— Comme les papillons ! Rie-t-elle. Non. Avant le grand nettoyage, il y a eu la grande récolte…
—Je n’ose comprendre ce que tu viens de me dire…
J’étais stupéfait. Mon cerveau n’était pas loin du blackout. Et toute son agitation commençait à me donner mal à la tête. Je garde le silence.
Elle revient armée d’une espèce de lanière élastique et de plusieurs chiffons.
— Mais pourquoi tu fais partit des indigènes !
Elle marque une pause.
— Je suis né d’un père et d’une mère. Je n’ai donc pas eu le droit à la marque.
— Mais toi aussi tu es normale ! Tu es même ce que j’ai vu qui se rapproche le plus de la perfection physique !
— Tu es gentil, me fait-elle avec un sourire. Mais tu dis ça parce que tu es amnésique…
Puis sous mes yeux ébahis, elle m’enfile le soutien-gorge qu’elle ajuste dans mon dos avec la lanière. Je me regarde vaguement dans la glace : pour l’instant, on ne pouvait pas dire que je passais inaperçu.
— Tes parents sont morts ?
— Mes parents ? Je ne sais pas, je ne les ai pas connues. La plupart des femmes qui attendent des enfants indigènes interrompent leur grossesse, et lorsqu’elles les mènent à terme, elles abandonnent généralement les enfants. Dans le meilleur des cas, les indigènes femelles sont placées pour servir dans une famille aisée plus tolérante que les autres.
Elle me raconte tout ça comme si c’est parfaitement anodin. Naturel. Et moi je me révolte au fur et à mesure. Je fulmine, mon sang coule en moi comme de la lave en fusion.
— Voilà, ça a l’air de tenir. Maintenant tu vas bourrer ça dedans.
— De quoi ?
Elle me tendit les chiffons.
— Ah, oui…
— Et ensuite, il faudra remettre ton tee-shirt par-dessus.
— Et c’est ce qui t’est arrivé ? continuai-je en remplissant du mieux possible les bonnets du soutien-gorge.
— Je sers la famille De Picardie depuis ma naissance. C’est la mère de maitresse Héloïse qui m’a élevée.
Elle m’aide à arranger l’ensemble. Pour l’instant, ça ne ressemble pas à grand-chose.
— Et les indigènes comme moi ? Que leur arrive-t-il ?
— Hmm… je ne sais pas trop. Personne ne le sait vraiment, officiellement ils n’ont pas d’existence. Tiens, enfile le tee-shirt pendant que je tiens ça.
Je m’exécutai en m’agaçant un peu plus encore par cette dernière révélation.
— Mais je crois que la plupart sont de toute façon handicapés et ne survivent pas longtemps. Ceux qui restent sont souvent emprisonnés avec les criminelles, ou bien employés pour les travaux dangereux ou toxiques. Enfile cette robe, maintenant.
Devant mon air déconfit, elle ajoute :
— En tout cas, je n’en ai jamais vu d’aussi beaux que toi, ni entendu dire que ça existait…
C’était sans doute censé me remonter le moral. Je me glisse dans la robe en essayant de conserver en place ma fausse poitrine de chiffons. Alice ajuste le vêtement derrière moi.
— Et les indigènes ne se révoltent pas ?
— Se révolter ? Si, peut-être, de temps en temps. Surtout ceux qui vivent dans les pires conditions. Mais ça finit sûrement dans le sang à chaque fois.
— Pourquoi n’allez-vous pas fonder un monde ailleurs ? Vous n’avez pas besoin de ces… de ces matriochkas pour survivre !
— Fonder quoi ? Je suis stérile, comme toutes les indigènes. Elles font le nécessaire pour et puis, tu sais, ma vie n’est pas si désagréable.
J’écarquille les yeux de stupeur sans vraiment trouver quoi répondre. Je ne conçois pas que des femmes ou des hommes normaux de point de vue accepte cet état de fait. Je veux rentrer chez moi ou du moins sortir de ce cauchemar
— Voilà, ce n’est pas si mal, regarde.
Je me tourne de nouveau vers la glace et m’amuse un instant de mon reflet. Sans mon visage rude et mon début de barbe, on aurait pu me prendre de loin pour une femme.
— Attends, je reviens, me lance Alice en s’éloignant de nouveau.
Je continue à réfléchir tandis qu’elle fouille une fois de plus sa chambre.
— Je ne sais pas trop à quoi tout cela va servir… Où vais-je aller si les hommes n’ont même pas le droit de cité ?
— Il y a peut-être un endroit… J’ai entendu parler d’un… d’un refuge pour les pauvres et les exclus.
— Regarde ce que j’ai trouvé ! clame Alice en revenant avec d’autres babioles.
— Quel genre de refuge ?
— Je n’en sais rien. Je ne sais même pas s’il existe vraiment. Mais ça vaut le coup d’être tenté.
— Si tu le dis…
J’arrête de l’importuner et la laisse s’amuser à m’essayer chapeaux, écharpes, étoles, et même maquillages variés, jusqu’à ce qu’elle soit enfin satisfaite de mon apparence.
Je donne mon accord d’un rapide coup d’œil dans la glace.
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