CHAPITRE 4
Je suis Alice dans les ruelles étroites en m’efforçant d’adopter une démarche la plus féminine possible. Ma tenue doit faire sensation, ou tout du moins remplit-elle son rôle, car personne encore ne s’est écarté de moi avec dégoût.
Nous croisons des femmes de toutes origines. Elles sont majoritairement de robes longues bouffantes, dissimulant le forme. Toutes ont une ceinture en tissu de couleur différente, je remaque que les groupes qui se forment ont tous la même ceinture.
— Les ceintures ont une signification?
Alice regarde un groupe, portant une ceinture verte. Elle s'écarte des cinq femmes me tirant par la manche. mon escorte regarde le sol comme pour éviter toute provocation. Je l'imites.
— C'est pour marquer les classes d'ages! finit par dire Alice, une fois que nous nous sommes éloigné du groupe.
— Les jeunes et les vieilles n'ont pas le droit de se mélanger!
Alice soupire.
— Non, les ceintures indique surtout, si elle ont le droit de demander une fécondation.
L'explication me choque mais j'essaies d'être le plus impacible.
Les immeubles vitrés me renvoient mon image quelque peu déformée, mais le chapeau à large bord, les grandes lunettes de soleil, le pétillant rouge à lèvres, et l’écharpe épaisse qu’a choisie la jolie rouquine suffit à dissimuler globalement mon visage. La robe est assez ample pour donner le change. Il reste mes baskets, qui détonnent. Mais surtout, mon seul problème est de conserver en place le soutien-gorge. Il ne cesse de descendre et mes faux seins se retrouvent régulièrement presque à mon nombril.
— Je n'est pas vu d'enfant depuis mon arrivé. J'ignore quelques jours nous sommes à vrai dire!
— On est le Angeline.
— Angeline?
—Tu as pris vraiement un gros coup sur la tête, si tu ne connais pas les jours de la semaines. En fait, si tu as réussi à t'évader d'une prison les jours ne comptent plus vraiement! Constate la demoiselle.
— Encore ton histoire de partiarca abatu!
— Usule, Angeline, Marie, Jeanne, Véronique, Samantha.
— Et Daniela le derniere jour! ricannai-je en riant!
Des regards se portent sur moi. Mon timbre grave me fait perde toute discrétion. Avant que les regards deviennent trop insistant, je saisse de rire en remontant mon challe. Ma guide me conduit jusqu’à un coin reculé du Quartier Nord.
— Donc plus Lundi difficile et de Vendredi libérateur.... Ni de Samedi Festif....
Elle me regarde indriguée comme si je parle une langue étrangère.
—Pour revenir à vos enfants !
—Je ne peux pas avoir d'enfant! Et les indigènes qui le peuvent ne sont que fécondait pour que leur mamelles produisent du lait. Les scientifiques n'ont pas encore trouver d'autre solution. Leurs enfants leurs sont enlevé est envoyé dans des camps d'éducation...
—Des camps d'éducation, c'est là que Dame Héloise a menancé de te renvoyer?
La jeune femme garde le silence et regarde autour d'elle.
Elle cherche trouver une sorte de refuge où est, selon elle, acceptés, recueillis, et soignés tous les pauvres et les exclus de cette curieuse humanité. Elle n’est sûre de rien, car on ne parle pas de ces choses-là, mais elle pense que ça vaut le coup d’essayer. Mais trouver un endroit où dormir et réfléchir ne serait pas du luxe. Avant de planifier quoique ce soit, il me faut un coin sûr où m’établir.
Même avec mon déguisement, Alice n’est pas rassurée, et emprunte de petites ruelles peu fréquentées à l’écart des grandes avenues, pour que ne croiser personne ou le moins de monde possible. Bien qu’elle soit sur le qui-vive, elle répond à toutes mes questions.
— Les enfants sont à l'école? Demandai-je.
— Ici on fait l'école à la maison. C'est les ainées, elle porte une ceinture marron.
j'hoche la tête, l'invitant à poursuivre.
— Elles éduque nos filles à vitre dans la société. Certaines sont sélectionné pour devenir éducatrice, d'autre costumière, ....
—Et les garçons?
Un voile de tristesse traverse son regard. Je crus qu'elle n'aller pas répondre mais après un profond soupire, elle ne dit que quelques mots choisis.
—Il n'y a pas de garçon qui naissent!
je suis quelques peu déboussoulé. La nature a toujours fait un male et une femelle comment dans ce monde le ferait-t-elle différément. je l'invite à précisier le sujet.
—Dans les maternités dans les premièrs mois de la naissance, nos généticiens retirent toute trace du génome masculin. Il y a bien quelques exceptions pour garder notre ville a son apogée. certain garçon sont élévé dans des fermes au nord de la ville, ils produisent notre nourriture jusqu'a ce que nos généticienes puissent extraire leur semence.
— Et l'amour dans tout ça!
Voilà que je suis fleur bleue.
Elle me regarde avec de grand yeux, s'immobilisant quelques instants. j'eus l'impression d'avoir insulter le monde entier. Elle finit par me sourire avant de reprendre ça marche en avant.
—Cela ne me dérange pas de marcher, et surtout avec toi, mais vous n’avez pas de transports en commun ?
En fait, je n’avais même pas vu de voiture ; même garer. Tout juste aperçu un ou deux engins apparentés à des vélos. Elle hausse les sourcils, cherchant apparemment le sens précis de ma question.
—Il y a le trame… commence-t-elle en s’immobilisant à l’angle de deux ruelles, hésitante quant au chemin à suivre.
En la suivant, je réfléchis en regardant encore en tout sens autour de moi. L’énergie… Je n’avais remarqué aucun écran, aucun panneau lumineux, aucun éclairage public…
— Comment l’énergie est-elle produite ?
— Par le vent et le soleil, me répondit-elle évasivement.
Le soleil… Ça expliquait l’étrange apparence métallique des immeubles et les innombrables baies vitrées en plus de l’éolien vertical que j’ai vu plutôt.
— Et les voitures ?
— Oui, il y en a quelques-unes, mais seules les femmes très riches possèdent des chevaux, même maitresse Héloïse n’en possède pas.
— Des chevaux ? Non, mais je parlais de voitures à moteur. À essence, ou électrique.
Elle me lance un regard inquiet.
— De l’essence ? Mais c’est dangereux et c’est interdit !
Je n’insiste pas.
— Et des véhicules électriques consommeraient sans doute beaucoup trop d’énergie et seraient trop polluants.
— Mais pour sortir de la ville, vous prenez quoi ?
— Sortir de la ville ? Mais pour quoi faire ?
Ce fut mon tour de lui lancer un regard inquiet.
— Ben… je ne sais pas… exploiter les richesses du sol, ou du sous-sol ?
— Nous avons tout ce qu’il faut ici, dans les grandes pépinières du Quartier Sud.
— Même l’eau ?
— Oui, plusieurs sources naissent sous la ville, et l’eau de chaque pluie est récupérée.
— Bon, et vous ne sortez pas de la ville ? Juste pour vous promener, par exemple ?
— Il ne faut pas sortir de la ville, c’est dangereux. L’air et l’eau sont viciés, et rien ne pousse ; on ne peut pas survivre hors de la ville.
Elle a les yeux dans le vague, comme si elle a machinalement récité une leçon apprise longtemps auparavant. Se reprenant, elle pose sur moi son beau regard vert.
— Non, il ne faut pas sortir de la ville. Et de toute façon, les remparts sont infranchissables.
— Les remparts ?
— Tiens, attends…
Me prenant par la main, elle nous conduit via deux autres ruelles jusqu’à une esplanade assez large et plus fréquentée, où nous ne faisons que quelques pas avant qu’elle lève le bras pour me désigner au loin une incroyable et haute construction. J’aperçois lointainement la sorte de muraille sombre que j’avais vaguement remarqué quelques heures plutôt. Nous en sommes bien trop loin pour que je puisse en évaluer la hauteur ou la largeur, mais à l’évidence, cela constituait une impressionnante protection pour la cité. Et par-delà ces fortifications,
— À quoi servent ces remparts ?
— Chhut, viens, éloignons-nous.
Elle craint que ma voix nous trahisse. Je la suis de nouveau dans les venelles que nous venions de franchir jusqu’à rejoindre le lieu que nous avions quitté quelques minutes plus tôt. Je conviens que la situation parait critique pour moi. Mais elle n’a qu’à me le laisser choir ici. Elle me tire par la main afin que nous continuions notre progression rapidement.
— Les remparts ont été bâtis il y a très longtemps, et protègent notre cité de tout le mal qu’il y a à l’extérieur. M’explique-t-elle en baissant la tête.
Je fais de même en croisant deux femmes vêtues de cuir rouge.
Des sadomasochistes m'amusais-je intérieurement.
— C'est la sécurité ! Me dit-elle une fois assez loin.
— De quoi vous protège ces remparts ? Mais… Qu’y a-t-il à l’extérieur ?
— Je ne sais pas, et je ne veux pas le savoir.
Elle sourit.
— Il faudrait demander aux surveillantes qui guettent depuis les remparts.
— Des surveillantes ?
— Oui. Elles veillent essentiellement sur la cité, bien sûr, mais elles guettent aussi le monde extérieur, prêtes à nous alerter à la moindre menace.
Un instant silencieux, Alice poursuivit, pensive :
— Il y a aussi une légende, très vieille, qui dit qu’un jour des dieux viendront de l’extérieur, d’au-delà des remparts, et qu’ils apporteront amenerons le premier enfant né d’un homme et d’une femme. Avec eux viendra une nouvelle ère de propérité…
Je l’observe, amusé par la candeur de ses traits. Croyait-elle vraiment à ce genre d’inepties ?
— Peut-être que c’est aussi pour ça qu’il y a toujours quelques surveillantes sur les remparts.
— Je pense surtout qu’elles sont là pour vous empêcher de sortir.
— Non, reprit-elle avec conviction, les surveillantes sont là pour nous aider. Et je te l’ai dit, sortir de la ville est dangereux. Tout est pollué, rien ne pousse, personne ne peut survivre hors de la ville.
— En quelle année sommes-nous ?
— 768.
— 768 !
— Après La Nouvelle Autocratie.
J’acquiesce gentiment. Si je voulais comprendre tout ça, il allait sans doute me falloir creuser un peu.
— C’est amusant de répondre à toutes tes questions. Je me demande d’où tu viens…
Moi aussi, je me le demande… J’ai beau chercher et chercher encore dans mes souvenirs, je ne me rappelle rien de précis. Pourtant j’ai bien la mémoire des choses : les rues, les ascenseurs, les vélos, les voitures, les métros, l’essence… Ou de concepts… la nourriture, l’énergie… du sexe, même ! Mais rien de précis, aucune date, aucun nom, pas même le mien… D’y penser m’effrayait.
— D’une autre ville ?
— Il y a d’autres villes ?
— Je ne sais pas, je ne crois pas, mais peut-être. Certaines disent que oui.
Nous marchons un moment silencieusement. J’observe tout, partout, comme un parfait touriste. Les immeubles sont bien moins beaux, dans ce quartier. Plus anciens, probablement, moins hauts, moins entretenus, plus sinistres. Certaines parties basses faites de brique rouge ou jaune. Quelques entrées se distinguent des autres par des enseignes ; des magasins, sans doute. Le sol est moins entretenu et par endroit des trous se formes. Quelques ruelles sont remplies de conteneurs à poubelles. M’arrêtant devant l’une d’elle, j’aperçois une pancarte qui m’indique « attention brulure ». Bloquant leur accès, un portail se ferme. Les six poubelles s’ouvrent et d’importante flamme de celle-ci comme si un lance flamme attendait cet appel d’air. Le peu de gens que l’on croise sont habillés plus chichement que les femmes du parc. Je scrute les visages, espérant reconnaitre quelqu’un.
— Baisse la tête, tu vas te faire repérer, s’inquiète mon Alice.
— Excuse-moi.
En vain.
— Besoin de quelque chose, mesdames ? hurle une femme à quelques mètres de nous.
— Non, tout va bien, merci, répond Alice en se retournant.
— Je vous en prie, ma petite. Vous êtes bien jolie. Bonne journée.
— Si elle savait que nous sommes deux indigènes… ricane la superbe rouquine à voix basse.
La situation est somme toute ironique, en effet, mais ça ne me fait pas vraiment rire. Si ce n’était que la dame avait raison :
— C’est vrai que tu es bien jolie !
Elle me sourit à nouveau et me prit par la main.
— Au moins, pas de danger d’être taxés de gouines… m’amusai-je.
— De quoi ?
— Non, rien…
En passant devant la vitrine d’un autre magasin où l’on pouvait voir des fruits ou des légumes, je me pose une nouvelle question :
— Vous utilisez de l’argent ?
— Oui, des pièces de monnaie. Des écus.
— Et tu les gagnes en travaillant ?
— Non, pas moi, je suis indigène.
Je pousse un énième soupir d’irritation, que ma guide ne semble pas comprendre.
— Cette ségrégation est vraiment insupportable !
— Chhut ! Ne crie pas, tu vas te faire remarquer ! me réprimande-t-elle en m’entraînant plus loin.
— Tu ne trouves pas ça insupportable ? repris-je à voix plus douce.
Elle hausse les épaules.
— Donc toi, tu n’as pas d’argent ?
— Maitresse Héloïse m’en donne un peu de temps en temps. Je ne manque de rien, globalement.
Alice s’immobilise à un croisement, observant le nom des rues.
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