CHAPITRE 6

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La rouquine et moi tournons la tête en même temps. Trois silhouettes s’approchent, des femmes jeunes au look plutôt provocant.

— Elles ont peut-être un peu de pognons…

Alice me saisit par le bras.

— Viens, ne restons pas là.

J’emboîte son pas. Mais en quelques secondes elles sont à notre hauteur.

— Pourquoi fuyez-vous, mesdames ? fait un petit crâne rasé à l’air teigneux.

— On n’est pas des méchantes… poursuit une grande brune maigrichonne qui arbore un tatouage sur la moitié du visage.

— Ouais, on veut juste un peu d’écu… reprend la skinhead.

Le troisième reste silencieux. Les yeux roulant dans le vague ; elle a une cicatrice à travers la figure qui lui donne un air démoniaque, et ses longs cheveux sales violets mélangés n’arrangent rien. Alice regarde par terre, visiblement apeurée.

— Allez, mesdames, montrez votre fric !

Je tourne la tête en tous sens, cherchant un truc à faire. Et des surveillantes, y en jamais pas dans le coin, évidemment. La satanique aux cheveux violets sort en un éclair un impressionnant couteau qu’elle pointe sous mon visage.

— Si tu cries, tu es morte !

— Eh mais regardez comme elle est bonne, la bourgeoise, là ! beugle soudain la grande tatouée en refermant une main sur le menton et les joues d’Alice et en la forçant à relever la tête.

— Ouais, et elle est jolie, en plus…

Celle qui retient ma compagne la projette soudain contre le mur. Elle passe plusieurs fois la main entre les jambes d’Alice.

— Tiens-la, Zoe, je vais me la faire ! Elle m’excite, cette salope !

La petite chauve sort à son tour un couteau et plaque son avant-bras sur le buste d’Alice. Les deux autre ricane.

— Toi, en revanche, tu as une drôle de tête, s’étonne la violette en relevant son poignard sous mon nez. Et tu as les seins qui tombent bien bas…

De la pointe de son arme, elle pousse quelque peu le large chapeau dont m’a affublé Alice, et celui-ci glisse d’un seul coup à la renverse, emportant avec lui la longue perruque blonde qu’elle m’avait mise. La punkette grunge fut un instant dérouté lorsque mon déguisement bascula soudain et que je me retrouve face à elle nu-tête avec seulement mon beau rouge à lèvres et mes lunettes de soleil. Je mets à profit sa stupeur et attrape vivement son bras armé d’une main en lui balançant un énorme coup de poing en pleine tête. Elle hurle en vacillant et essaie de me frapper de son couteau en se débattant, mais je ne lâche pas prise, et lui décoche même un grand coup de pied dans le ventre, aussi puissant que me le permet ma jolie robe. La crevure tombe à terre et je parvins à lui arracher son poignard.

Tout cela n’avait duré qu’un court instant, et les deux autres réalisent seulement ce qui vient de se passer. La petite rasée qui maintenait Alice contre le mur, découvrant que j’étais un homme et désormais armé, choisit de se ruer vers moi. La rouquine réagit promptement. Elle décoche un coup de genou entre les cuisses de la troisième, qui, désemparée, tente de saisir son couteau. La jeune femme se met à courir en criant au secours, pendant que sa victime hurle de douleur.

Je remets un coup de pied à la violette qui envisageait de se relever, et, couteau levé, m’approche de la maigrichonne qui est tombée à genoux et se tient l’entrejambe et en geignant. La skinhead, voyant la tournure que prend la situation, hésite un instant face à moi, regarde en arrière vers Alice qui continue d’appeler à l’aide, et décide finalement d’opérer un demi-tour pour s’enfuir en courant. Je me précipite vers la brune qui se relève péniblement et lui décoche à son tour un énorme coup de poing en pleine tête qui l’envoie rejoindre sa copine violette au pays des songes.

— Calme toi, Alice, c’est bon ! appelai-je sans oser trop élever la voix. Il vaut mieux ne pas faire venir les surveillantes.

Je frotte mon poing endolori. Alice est toujours paniquée et n’a pas réalisé que tout était fini. Je siffle fort. Elle se retourne enfin et revient vers moi en hâte pendant que je ramasse ma perruque et mon chapeau et range sous ma robe le beau couteau de la punkette.

— Oh, Simon ! Tu es sain et sauf ! J’ai eu si peur…

Elle se précipite dans mes bras.

— Tu n’as rien ?

— Non, grâce à toi ! Merci !

— Hmm… sans moi, tu ne serais pas venue dans ce misérable endroit, surtout.

Elle m’embrasse.

— En tout cas, ce n’était pas la peine de supprimer les mecs pour en arriver à ça…

Alice ne comprend pas et me lance des yeux étonnés tandis que je réajuste mon déguisement.

— Non, laisse tomber. Viens, ne traînons pas trop par ici.

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