10.1

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Tom se redressa en titubant. Une main agrippa l’accoudoir d’un fauteuil, l’autre frotta une mandibule endolorie. Le dossier l’aida à se hisser debout mais l’afflux soudain de sang cogna ses tempes, la pièce se mit à tourner. Regard dans le vague, il s’affala sur l’assise. Le moelleux des coussins apaisa la tempête sous son crâne, ses paupières se baissèrent. Il s’efforça de résister à Morphée puis ouvrit les yeux. Quel capharnaüm ! Du guéridon ne restait que le plateau, le reste s’éparpillait en fragments, tout comme la fine porcelaine des tasses. Une pile de revues disparaissait sous un meuble, une télécommande gisait sans ses piles. Tom se demanda ce qu’il foutait dans le salon en pagaille. Son dos et sa mâchoire lui apportèrent la réponse. Un type cagoulé s’était servi de lui comme punching-ball, ses poings envoyaient de la dynamite. Le coup porté au menton l’avait séché, net. Il se rappelait d’une étincelle sous le choc puis plus rien, son cerveau s’était éteint. D’ailleurs, il se sentait encore groggy. Il chercha une horloge, trouva celle au-dessus du bar. Les aiguilles marquaient 8:00. « Holy shit, already ! Pourquoi Ayla n’est pas venue m’aider ? » Il l’appela, n’obtint aucune réponse. Un déclic. Elle n’était pas dans le lit tout à l’heure. Il se leva d’un bond, oubliant ses douleurs, et se précipita dans la chambre. Le couchage était vide et froid, il regarda dessous pensant qu’elle s’y était dissimulée, personne. La petite cuisine, la salle d’eau, les toilettes… vide. L’inquiétude le gagna. Où pouvait-elle être ? Son appartement ! Bien sûr, elle s’y était réfugiée. Il courut à la porte. Verrouillée. Ses coups contre l’ouverture et ses appels restèrent sans réponses. Ses clés… sur le meuble de l’entrée. Il traversa le palier en sens inverse et s’empara du sésame. L’intérieur était plongé dans le noir, il bascula un commutateur. Une maigre lumière tomba du plafonnier alors que dans le salon deux lampes à LED illuminèrent son espace de travail. Il y jeta un coup d’œil puis fouilla les autres pièces. Ayla n’y était pas. Son anxiété monta d’un cran. Tom essaya de se raisonner. Elle s’était rendue à la boulangerie ou elle lui jouait un tour, mais ces scénarios ne tenaient pas la route, un truc clochait. Le cambrioleur. Si Ayla l’avait entendu, elle l’aurait réveillé afin qu’il aille voir, mais elle n’était pas couchée contre lui. Elle était déjà debout et s’était cachée… ou enfuie. Il retourna chez elle. Ses baskets n’étaient plus dans l’entrée, il poussa un soupir de soulagement. La fille aux cheveux d’or allait revenir, elle avait dû filer chez les flics. Bientôt ils seraient là. Mais ce gars, que cherchait-il ? Ayla n’avait ni objet de valeur ni argent, lui-même ne possédait rien, si ce n’était son matériel informatique. L’ordinateur portable ! L’homme le tenait avant qu’il ne lui saute dessus. Les traces de sa lutte jonchaient le sol, le guéridon n’avait pas résisté à son poids. Il en souleva les restes puis les coussins du fauteuil. À l’évidence, le type avec lequel il s’était battu l’avait emporté et… Un frisson remonta à sa nuque. Et s’il avait aussi enlevé Ayla ? Son raisonnement lui parut absurde et complètement idiot, deux minutes auparavant, il pensait qu’elle était dehors, cependant, lui qui mettait au point des jeux vidéos savait que les scripts les plus invraisemblables étaient parfois plausibles. Tom fit tourner son cerveau à plein régime. Une raison avait poussé un mec à s’introduire dans l’appart et à piquer le laptop. Même si ce genre de matériel attirait les voleurs, c’était prendre beaucoup de risques pour pas grand-chose. Ce n’était pas un vulgaire cambrioleur, un autre se serait barré sans demander son reste. Non, ce type savait se battre, il n’était venu que pour une chose et était reparti avec. La mémoire de l’ordinateur contenait peut-être des informations ou des fichiers sécurisés, Ayla seule pouvait les débloquer. Va savoir ! Après tout, il ne la connaissait que depuis quelques semaines et, s’ils se disaient tout, ne cachait-elle pas son jeu ? Non. Ses sentiments n’étaient pas feints, cette fille l’avait dans la peau, tout comme lui. Et puis pourquoi se serait-elle embarquée dans une relation si elle avait une double vie ? Cela ne rimait à rien et ne menait nulle part, trop d’éléments manquaient, surtout, il ne possédait aucun indice prouvant le rapt. Un évènement dont il ignorait tout avait déclenché le vol et, au fond de lui, il savait Ayla étrangère à cette histoire. La pendule indiquait 8.10, lorsqu’il l’appela sur son portable. La sonnerie buta directement sur la messagerie. Jamais elle n’éteignait son téléphone, s’il avait besoin d’une preuve afin de justifier davantage son angoisse, celle-là lui suffisait. Et puisque la police n’arrivait pas, il prit la décision de se rendre au poste.


Tom s’habilla. Trente secondes après, il courait en direction du commissariat central. Au bout de Pedroni, une idée lui vint, il infléchit sa route pour se diriger vers le lycée Camille Julian. Là, il s’engouffra sous le porche lorsque derrière lui.

– Jeune homme, où allez-vous comme ça ?

La voix autoritaire le stoppa. Un homme se tenait penché en avant les deux poings sur les hanches. Son crâne rasé luisait, ses yeux noirs pétillaient sans que l’on ne sache si c’était de colère ou de malice. Tom le reconnut sur l’instant.

– Mister Rotcho, je suis le copain de Ayla. Vous l’avez vue ?

– C’est vous ce Tom dont elle parle tout le temps ?

Yes, I’m.

– Non, pas encore. Elle ne manque jamais de me dire bonjour, elle n’est pas arrivée. Vous me semblez inquiet jeune homme.

Sans répondre, il reprit de plus belle sa course.


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