19.2

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L’horloge au-dessus de la machine à café affichait 14:15 heures, lorsque son portable avait vibré. Son bureau rejoint au pas de course, il avait décroché. Le préfet lui avait confirmé qu’il accédait à ses demandes, et que le nécessaire au niveau des magistrats était en cours, mais qu’en retour il voulait des résultats probants. Yves l’avait remercié, puis avait pensé que cinq heures pour en arriver là étaient cinq heures de perdues. Le mot « urgent » n’avait pas la même valeur pour tout le monde. Au moins, Éric serait couvert, car il en était sûr, son inspecteur principal n’allait pas rester les bras croisés. Son café ingurgité, il avait relevé les rideaux, puis demandé à Frank de le rejoindre. Les deux hommes étaient restés debout, Yves avait perçu de la tension chez l’inspecteur. Il avait souri.

– Blanchart vous a appelé ?

– À propos de l’Américain ?

Rassic avait hoché positivement.

– Et ne me racontez pas de salade, Frank, nous avons assez perdu de temps.

– Il m’a appelé tout à l’heure aux alentours de 9:00 heures, il voulait que je me renseigne sur l’Amerlo, mais je lui ai dit que vous aviez verrouillé l’affaire.

– Et depuis ?

– Pas d’autre appel. Il a dû laisser tomber.

– Pas son style ! Connaissant ses méthodes, il ne va pas prendre de gants. S’il vous demande des infos sur Fred Costelli, vous les lui donnez, mais vous ne lui dites pas que c’est avec mon accord. De même si du grabuge se produit, vous couvrez ses arrières.

– Dois-je comprendre qu’une enquête est ouverte ?

– Oui ! Frank, vous seul êtes au courant, rien ne doit filtrer de cette conversation.

– OK.

– Une dernière chose, récupérez l’arme d’Éric dans son tiroir, je vais passer la prendre.

Une heure plus tard, Yves avait garé la 308 blanche, à trente mètres de la porte de l’immeuble de Ayla. De cette position, il avait vue sur qui entrait ou sortait, rien ni personne ne lui échapperait.

Il avait pensé, dans un premier temps, rejoindre Blanchart, puis rendre visite à Costelli afin de lui mettre la pression. La seule piste qui pouvait mener à Ayla passait par cette ordure. Mais, pourquoi s’y pointer à deux ? Éric connaissait le malfrat mieux que quiconque, sa seule présence le déstabiliserait et lui ferait commettre une faute. Encore fallait-il que son inspecteur suive cette trace, mais de cela, il n’avait pas douté. Sa présence Rue Pedroni, s’était basée sur sa présomption qu’après la visite d’Éric à Fred, celui-ci enverrait des hommes au domicile de Ayla, pour régler son compte à l’Américain. Une idée comme une autre, mais lui serait là pour les intercepter. Dix minutes de planque s’étaient écoulées lorsque son téléphone avait émis un « gloup ».

« Patron, Blanchart vient de m’appeler pour que je lui donne l’adresses de Costelli. »

Yves, après le SMS, s’était donné deux heures avant de lever le camp et de rejoindre Blanchart. Il n’avait pas eu à attendre plus de cinquante minutes, une Mégane noire s’était garée en travers du trottoir, puis deux hommes en étaient sortis. Un grand balaise au visage renfrogné et un autre plus petit avec un ventre proéminent. Pas le genre voyou ou hommes de mains, mais jamais il ne se fiait aux apparences. Les types s’étaient engouffrés dans l’immeuble, il leur avait emboîté le pas jusqu’au troisième étage. Là, il avait écouté les paroles échangées en anglais, le ton énervé lui avait fait craindre le pire, mais tous étaient entrés dans l’appartement de Tom, et lui n’avait rien compris. Puis, il avait collé son oreille contre la porte, mais n’avait pas entendu de bruit de lutte. Ces hommes ne venaient pas pour un coup de force, mais pour effrayer l’Américain. Qui étaient-ils ? Des sbires de Lord Carlington ? À coup sûr. Il avait alors infléchi sa stratégie, les affronter n’aurait servi à rien, les suivre le mènerait à Ayla.

La carcasse essoufflée de Blanchart apparut à l’angle de la Place Marie Curie, alors qu’il arrivait. Timing parfait, dans cinq secondes, il recollerait au cul de la Mégane. L’inspecteur sauta dans la 308, mais un véhicule s’interposa, empêchant un démarrage rapide. Ils virent la Renault s’éloigner en direction du Pont en U, puis disparaître.

– Merde, gueula Yves, avant de déboîter et d’appuyer à fond sur l’accélérateur.

Les pneus crissèrent, la caisse fit un bond en avant. Éric, collé contre le siège, cria :

– Prends à droite, je sais où ils vont.

Yves donna un coup de volant, la bagnole s’engagea en glissant sur la voie piétonne longeant les rails du tram. L’arrière percuta un parcmètre, il cracha une injure et appuya sur le klaxon. La 308 se fraya un chemin au milieu des badauds puis déboula, moteur rugissant, Rue Domercq. Au rond point, Blanchart indiqua de traverser le Pont du Guit. et d’enquiller la Rue des Gamins.

– C’est qui ces gars ? demanda-t-il.

– J’en sais trop rien ! Des hommes à Carlington, je pense.

– Tu planquais devant chez Clynac ?

– Ouais ! Je t’expliquerai plus tard, faut d’abord les mettre hors d’état de nuire. C’est où ?

– L’immeuble en finition, le troisième au fond. Et tu veux faire comment pour les intercepter ?

Pour toute réponse, Yves stoppa en travers de la route. D’un côté, de hautes palissades de protection affleuraient le trottoir et coupaient la vue sur les bâtiments en construction, de l’autre un engin de chantier encombrait un bout de terrain en friche. Les occupants de la Mégane n’auraient pas la possibilité d’esquiver le barrage.

– Regarde dans la boite à gants, j’ai un cadeau pour toi, dit Yves.

Éric empoigna son arme, sortit de la bagnole. Il braqua son flingue en direction du chauffeur, lorsque la Mégane, dans un nuage de gomme, s’immobilisa à cinquante centimètres de lui.

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