Chapitre 2- La Rencontre

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            J'étais assez maladroite durant la première heure, mais je pris assez vite la main. Jonathan, mon responsable sembla satisfait et m'enjoignit à continuer comme ça et le poste était à moi. Les clients affluèrent rapidement. Il faisait chaud et c'était l'heure de la débauche. La clientèle privilégiée semblait être la jeunesse, la plupart des personnes qui vinrent commander n'avait pas plus de trente ans et étaient majoritairement des hommes. Un groupe particulièrement bruyant déambula dans le bar et s'attabla. Ils commandèrent tous des bières en pinte. L'odeur de sueur me prit au nez, des sportifs à tous les coups qui sortaient d'un match. Ils n'avaient même pas pris la peine de se changer. Tous vêtus d'un haut léger sans manches qui dévoilait la transpiration perlant à grosses gouttes le long de leurs bras.


–         Fais-y toi rapidement, ils sont là toutes les semaines. Intervint un autre jeune homme qui s'était mis à distance de ces derniers.
–         Ça va aller, répondis-je. Qu'est-ce que je vous sers ?
–        Un mojito. Tu viens d'arriver en ville je me trompe ?
–         Cela se voit tant que ça ? Dis-je avec un sourire tout en préparant sa boisson.
–        Ta sérénité. Ce n'est pas courant ici.
–         Sereine ? J'ai l'impression de courir partout avec le monde qu'il y a ce soir.
–         Ce n'est pas ça, c'est dans ta façon d'être, tu dégages cela. Et ici comme je te le dis, la plupart des gens débordent d'énergie mais pas dans le bon sens. Tout se fait rapidement.
–        La vie ici doit provoquer beaucoup de stress au quotidien pour des détails.
–        Et comment ! Je suis étudiant à l'université en droit et la plupart de mes amis sont déjà en train d'ingurgiter des livres en vue de la rentrée.
–        Droit ? Cela va paraître cliché mais tu souhaites devenir avocat ?
–         Les clichés partent du réel, en effet j'aimerai devenir avocat.
–         Les places sont chères à ce que j'ai entendu.
–         Oui il faut être dans les meilleurs et se faire un réseau rapidement.
–        Je dois continuer à servir des clients rentrent, ravie de vous avoir rencontré, ...
–         Carl. Moi de même. Reprit-il en levant son mojito.


Ce n'était pas dans mes habitudes de demander le prénom d'un inconnu mais je devais bien admettre que ce jeune homme avait quelque chose. Quelque chose dans le regard qui m'avait tout de suite interpellée. Physiquement il n'était pas désagréable à regarder. Des cheveux blonds cendrés tirés en arrière, un regard charbonneux et posé. Il dégageait une assurance qui vous désarmais en un rien de temps. Concentre-toi Julia, tu n'es pas là pour ça, dans un an tu es repartie. Je reprenais mon service et terminais la soirée assez rapidement. Les heures défilaient à une vitesse vertigineuse quand il y avait du monde. A la sortie je scrutais ma montre, 23h00, j'étais à huit minutes de mon logement. Je remontais la fermeture de mon gilet, le vent froid me faisait frissonner. Je tournais dans la rue adjacente pour rejoindre le campus quand je pris un coup qui faillit me faire perdre l'équilibre. J'étais partie en trombe et n'avait pas vu que plusieurs personnes étaient adossées au mur de la rue dans laquelle je m'engageais en la rasant.


–        Désolé, je ne vous avais pas vus.
–         La nouvelle barman, fit un des deux hommes que j'avais bousculés.
–        Oui, très maladroite en dehors du travail. Répondis-je en constatant que j'étais tombée sur Carl.
–        Alors cette journée ?
–        Très bien, répondis-je, mon regard oscillant entre son visage et le chemin en face de moi.
 

Même si je le trouvais attirant, la nuit me filait la chair de poule seule dans la rue. Je n'avais qu'une idée en tête, rentrer le plus vite possible chez moi. Son ami au regard vitreux fumant lui aussi une clope me fixait, il portait une veste en cuir et ses cheveux débrayés lui donnaient un air de zonard des villes du soir. J'étais mal à l'aise. Carl parut comprendre mon inquiétude. Il tira une bouffée de cigarette et claqua l'épaule de son ami pour qu'il se concentre sur autre chose. Après m'avoir salué, je repartis et rentra chez moi sans problème. A mon arrivée, je vis l'heure sur le cadran de mon réveil, minuit vingt. C'était impossible ! Il me fallait une dizaine de minutes pour revenir. Combien de temps avais-je donc passé avec Carl et son acolyte ?

Dans mon esprit, je n'étais restée que deux minutes. Cette réflexion fut interrompue par la sonnerie de mon téléphone. Je décrochais. C'était Elena. J'avais oublié de lui raconter pour le nouveau travail, je l'avais juste informée que j'étais bien arrivée et installée en début d'après-midi.Je lui contais la nouvelle en m'allongeant sur mon lit, épuisée par ma soirée. Cela me fit du bien de discuter avec elle, je ne connaissais pour le moment personne ici, entendre une voix familière me faisait me sentir chez moi, vers Rio. Après l'appel je partis prendre ma douche quand on toqua à ma porte. Je m'immobilisais un instant, qui pouvait bien venir me voir à cette heure-là ? A part le gardien, mais pourquoi ? Un frisson me parcourut le corps et j'attrapais un couteau suisse dans mon sac à dos laissé au pied du lit. J'avançais avec prudence, saisis la poignée avec douceur et entrebâillas la porte. C'était Carl.

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