Chapitre 3 - Je suis repérée

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--      Tu as oublié ça, je crois. Annonça-t-il la clope au bec. Non allumée, je vous rassure.

–        Comment as-tu trouvé mon logement ? lançais-je en attrapant ma carte étudiante.

–        Tu t'es bien installée, fit-il en avançant sa tête dans ma chambre. Il arborait un grand sourire. Aucune gêne ne transparaissait de lui. Cela ne lui paraissait pas anormal de venir toquer chez une inconnue à minuit passée.

–        Je t'ai posé une question.

Il appuya son regard sur le mien, ses lèvres maintenaient son allure décontracté et satisfait de sa venue. Il maintient cet instant plusieurs secondes avant de me répondre.

–        Tu travailles demain je crois ?

–        Je t'ai posé une question. Insistais-je. Je commençais à me sentir mal à l'aise, je n'aimais pas la tournure que cela prenait. Et en même temps, j'appréciais avoir la vue de son visage devant moi. Mais je devais rester ferme.

–        Je t'ai vue rentrer vers le campus, il n'y a que des logements étudiants là-bas, j'ai fait les deux premiers et dans le second, ils avaient oublié de ranger le trombinoscope du bureau de l'accueil. C'est comme ça que j'ai su où tu étais. Tu travailles demain ?

–        Tu ne lâches pas l'affaire.

–        Tout comme toi, dit-il avec un ton plus bas, presque en chuchotant.

Je n'étais pas insensible au ton qu'il prenait, j'avais beau me forcer à rester concentrée, ce type avait quelque chose. Mon esprit parut entrer en contradiction avec mon corps et je dus hâter cet échange pour éviter de faire n'importe quoi.

–        Merci pour la carte, et bonne soirée.

Il s'arrêta de nouveau appuyant son regard, le sourire toujours aux lèvres.

–        A demain, chuchota-t-il en reculant.

La nuit fut courte et difficile, mon cerveau me faisait faire des rêves et des cauchemars dans lequel Carl était présent à chaque fois. Impossible de le sortir de ma tête. Je me levais le lendemain avec des cernes sous les yeux, mes premières heures de cours allaient être difficiles. Une pomme avalée en vitesse, j'attrapais mon sac et partit en trombe sur les bancs de l'amphithéâtre où mon professeur allait donner son cours magistral sur les principes en économie. Je m'installais au fond, je n'avais pas envie que l'on me parle, à peine réveillée, je ne voulais qu'une chose, me rendormir. Je notais malgré tout le cours, forçant mes pupilles à rester un maximum concentré que les morts sortant de la bouche du vieil homme en chemise blanche froissée.

En sortant je me pris un décaféinée au distributeur, j'avais besoin d'avaler quelque chose de chaud avant d'entamer le cours suivant. Durant les deux heures il s'était mis à pleuvoir si fort que la pluie formait un rideau à l'extérieur, au moindre pas l'on prenait une douche. J'avais la première gorgée de ma boisson quand mon téléphone vibra. C'était les alertes de ma région que j'avais activées pour me tenir au courant en cas d'évènements. Il y avait eu plusieurs morts lors d'un incendie. C'était à une vingtaine de kilomètres de la résidence d'Elena, la connaissant, elle ne s'éloignait que très rarement de son appartement. Je composais néanmoins sont numéro.

–        Salut Julia, clama une voix à l'autre bout. Je poussais un soupir de soulagement. Elle était en vie.

–        Salut Elena, tout va bien ? je viens d'apprendre pour l'incendie.

–        Oui ne t'en fais pas je vais bien. Ils ont éteint l'incendie, il ne devrait pas y avoir d'autres victimes. Dit-elle.

Je sentis sa voix trembler légèrement. Elle n'avait pas la même intonation que d'habitude. Je me disais que cela devait être le choc de la nouvelle, quatre morts dans la région ce n'était pas rien même si l'on était habitué à la violence et incidents. Cela restait tragique.

–        Comment se sont déroulés tes cours ? Ils te plaisent ?

–        Je gagnerai plus de temps à lire des livres, je t'avoue que j'ai hâte que cette année se termine.

–        Ce sont tes premiers jours, laisses-toi un peu de temps.

–        Tu sais bien que je fais ça pour les parents, c'est l'histoire d'une année.

–        Peut-être plus, ne te fais pas une idée maintenant. Ils proposent des cursus intéressants après la licence ?

Là je m'inquiétais. Même si Elena tout comme mes parents auraient aimé me voir faire des études, elle ne jurait en aucun cas par les universités. L'entendre m'inciter à poursuivre sonnait faux. Quelque chose clochait.

–        Elena, sois honnête avec moi, qu'est-ce qu'il se passe ?

–        Je te dis juste de réfléchir, c'est une opportunité pour toi. Bon je dois te laisser, j'ai quelque chose sur le feu. On se reparle plus tard. Je t'aime.

–        Je t'aime aussi, ais-je eu à peine le temps de répondre avant qu'elle ne raccroche.

Durant tout le reste de la journée je ne pensais qu'à Elena et à cet incendie. J'épluchais les informations, les journaux télévisés, les articles, je ne trouvais rien. Seulement le malencontreux incendie accidentel qui avait fait plusieurs morts. Le soir au bar, je fus ravie de voir qu'il y avait peu de monde. Je n'avais pas besoin de courir partout et je gérais facilement. La semaine s'écoula de la même manière. Je scrutais tous les jours les actualités, suivait au minimum les cours, travaillait le soir et tentait de joindre Elena au téléphone. Mais elle ne décrochait plus, nos seuls échanges étaient pas SMS et elle esquivait toutes mes questions sur l'incendie et s'il se tramait autre chose. Dimanche soir, un visage que j'avais oublié par mes tracas de ma région natale interrompit mes pensées.

–        La même chose que la dernière fois s'il te plait.

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