Chapitre 5- Carl remet le couvert

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La nuit fut mouvementée, je faisais à la fois des cauchemars et des rêves sur Carl. Un coup nous étions ensemble à nous embrasser, à se balader, à se languir l'un l'autre, et de l'autre côté je rêvais de lui m'attaquant sauvagement, me transperçant un couteau dans le ventre par mégarde en voulant s'attaquer à un homme qui m'agressait. Ce coup me réveilla en sueur. Je scrutais mon téléphone. Il était deux heures du matin. La nuit promettait d'être longue. Son visage ne voulait pas quitter mon esprit. Le lendemain, j'avais des cernes sous les yeux, pour changer, le travail m'avait épuisée et le manque de sommeil n'arrangeait rien. Je somnolais en cours. Cette fois je ne passas pas inaperçue.

–        Eh ! alors on boude l'économie ? lança un étudiant à deux rangées de moi, taille moyenne à première vue, cheveux bruns en chignon, sourcils épais, sourire narquois.

–        J'ai mal dormi. Esquivais-je avant de me remettre en position d'étudiante touriste.

–        Tu ne viens pas d'ici n'est-ce pas ? renchérit-il en chuchotant. Si ça te dis, j'ai fiché tous les cours magistraux je peux te les passer.

–        Tu es sérieux ? C'est gentil mais pourquoi tu me filerais tes fiches ?

–        Il faut aider son prochain non ?

–        Je veux bien celle d'aujourd'hui dans ce cas, merci de ta proposition.

–        Et les autres ?

–        Les autres ?

–        Pas à moi, railla-t-il d'un ton enjôleur, tu dors depuis le début du semestre.

–        Tu m'observes ? Plutôt inquiétant comme attitude pour quelqu'un qui prétend être concentré au point d'avoir des fiches toutes faites.

–        C'est comme tu le sens. Je ne suis pas le seul à avoir remarqué que tu es là sans être là, ne te crois pas si intéressante au point que je te mate depuis tout ce temps. Rétorqua-t-il avant de se retourner.

            Super, je venais de vexer ce qui m'aurait permis de valider une année sans devoir revenir un mois de plus pour aller aux rattrapages. Qu'est-ce qu'il m'avait pris ? Devenais-je trop méfiante ? Je remis ma tête entre mes bras. Il était trop tôt pour que je me prenne la tête. Elle affichait déjà complet depuis hier soir. Mon téléphone vibra. « Que dirais-tu d'un restaurant ce soir. J'ai vu Jonathan, tu ne travailles pas ce soir, le bar a eu un souci technique mais il te paiera quand même. »

            Je rêve où il s'agissait d'un message de Carl ? Comment il avait dégotté mon numéro ? A la fois fascinant et inquiétant cela ne fit que croitre le bordel qu'il y avait dans mon esprit. Un restaurant, il était direct au moins, et rapide avec ça. Mais je ne lui accordai pas une confiance aveugle malgré mon attirance pour lui. A la sortie du cours je téléphonais à mon patron, qui à ma grande surprise confirma les dires de Carl.

Tout d'abord je fus soulagée, j'avais besoin de repos, une soirée de travail en moins m'arrangeait, ensuite je ne savais que répondre à Carl. Je crevais d'envie de le revoir et qu'il me ré embrasse comme la dernière fois, mais l'autre partie de mon cerveau m'envoyait des signaux pour décliner. Si je commençais à être accro à lui, cela ne s'arrangerait pas en acceptant des rendez-vous. Je partais dans moins d'an an, qu'en serait-il de mes sentiments si je m'accroche à lui tout ce temps ? Comment se fait-il que cela m'arrive maintenant ? il y a assez d'hommes en Amérique du Sud, ais-je besoin de m'encombrer d'un anglais ? J'étais dans le hall mon téléphone à la main pensive quand je vis le gars brun aux fiches sortir de l'amphithéâtre.

–        Eh, attends ! Désolé pour tout à l'heure. Dis-je ne le rattrapant.

–        Mouais, tu es toujours parano comme ça ?

–        Comme tu l'as mentionné je ne viens pas d'ici, je suis toujours prudente hors de chez moi cela n'a rien de personnel.

–        Bon, ça passe pour cette fois. Tu veux tout le cours depuis le début alors ?

–        J'avoue que ça me sauverait la vie.

–        Je peux te poser une question sans que tu me prennes pour un psychopathe ?

–        Vas-y.

–        Pourquoi es-tu venue étudier ici ? Tu n'as pas l'air enthousiasmée par les cours, tu ne sors pas avec la promo, on ne te connait même pas.

–        Vous vous connaissez tous ?

–        Plus ou moins.

–        Je reste pour une année seulement, j'ai une promesse à tenir.

–        Et tu as pris économie ? s'esclaffa-t-il, il faut être maso pour s'infliger ça.

–        Ça ou autre chose, peu m'importe.

–        Tu n'aimes pas les études ?

–        Elles n'ont pas d'intérêt pour moi, je veux travailler avec ma famille. Bon, comment on s'organise pour les fiches ? le questionnais-je, j'en avais assez dit sur ma vie à un parfait inconnu.

–        Ramènes-moi une clé usb demain je les mettrai dessus.

Nous nous saluâmes et il sortir dehors. J'aperçus Carl qui attendait sur le parvis. Depuis combien de temps était-il là ? Il commençait à m'inquiéter, cela allait-il être le genre de gars ultra protecteur qui ne vous lâche pas d'une semelle ? Il ne me regardait pas, son regard était concentré sur le brun aux fiches qui roulait sa clope devant avec les autres étudiants qui prenaient leur pause. Il le fixa un temps avant de tourner la tête vers moi. Il décocha un sourire tout en tirant lui aussi une bouffée de cigarette.

–        Que fais-tu là ?

–        J'étais tout près, je voulais savoir si ma proposition pour ce soir te tentait.

–         Pourquoi pas, mais pas tard.

–        Aucun problème je connais un restaurant tout près du campus. Je te récupère à la débauche ?

–        J'ai prévu de repasser par chez moi avant.

–        Très bien je t'y attendrai. Répondit-il avant de tourner les talons.

Je soupirais. J'avais gagné un pot de colle. Le reste de la journée fut calme. Je m'empêchais de somnoler le plus possible, j'épiais nerveusement le regard du brun toujours assis deux rangées devant moi qui se dirigeait de temps en temps vers ma place. Lui et Carl ne pouvaient-ils pas me laisser respirer. Cette situation en devenait malsaine et flippante. J'appris le nom de l'étudiant aux fiches au cours d'un TD où il passait à l'oral. C'était Matthéo. J'esquissais un sourire à un moment en croyant percevoir un accent portugais dans ses paroles. Entendre un son qui me parut familier me fit du bien. Ma maison me manquait, peu de gens parlaient le portugais ici à part les étudiants de langues. Mais je n'avais aucune envie de me faire des amis. Je voulais que l'année passe le plus vite possible et que je puisse partir sans regret ni rien derrière moi. Ce qui était déjà compliqué avec l'arrivée de Carl dans ma vie.

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