Chapitre 1 ; La mise en bouche

11 minutes de lecture


23 juin 1988 - 22h00

Point de vue du tueur

Tous ces regards fixés sur moi, ces jugements silencieux, ils ne comprennent pas. Ils ne peuvent pas saisir la profondeur de ma vision, la beauté de ma démarche. Chacun de mes actes est une symphonie macabre, une danse sanglante avec le destin. Et elle, cette jeune femme aux yeux emplis de foi, elle était mon prochain acte. Je l'ai observée pendant des jours, comme un prédateur patient traquant sa proie. Son visage rayonnait de croyance, de pureté. C'était cette croyance que je voulais briser, cette foi aveugle en quelque chose de plus grand, de divin. Elle était mon miroir, reflétant ce que je méprisais le plus. Et j'étais prêt à la libérer de ces chaînes. Le moment était venu, les étoiles alignées. Je l'ai suivie jusqu'à l'église, elle priait avec une dévotion touchante. Une dévotion que je devais éteindre, une lumière que je devais éteindre. Chaque pas que je prenais vers elle faisait accélérer les battements de mon cœur. J'étais vivant, vibrant de cette énergie sombre et captivante. J'ai attendu qu'elle soit seule, vulnérable, puis je suis entré dans son sanctuaire sacré. La peur brillait dans ses yeux alors que je sortais de l'ombre, mon visage dissimulé par l'obscurité. Cette peur était délicieuse, une émotion pure et brute, une preuve de mon contrôle sur sa réalité. Je l'ai touchée, elle a frissonné. Sa foi l'avait rendue naïve, vulnérable à ce qu'elle croyait être impossible. C'était une sensation enivrante, sentir sa peau sous mes doigts, savoir que je détenais son destin entre mes mains. Le crucifix autour de son cou brillait comme un rappel de ce que je devais briser. La douleur que j'ai infligée, c'était bien plus que de la souffrance physique. C'était une révélation brutale, une trahison de tout ce en quoi elle croyait. Chaque coup, chaque goutte de sang versée était une libération, une délivrance de ses illusions. Et alors qu'elle s'éteignait lentement, le voile de la réalité se levait de ses yeux. J'ai retiré le crucifix de son cou, ce symbole de sa foi, et je l'ai déposé avec soin près d'elle. C'était ma marque, mon hommage à la vérité qui se cachait derrière les mensonges du monde. Comme à mon habitude, avant qu'elle ne soit libérée, je lui ai fait avaler ma petite énigme concoctée spécialement pour mes plus grands fans. Chaque énigme que j'ai laissée derrière moi était une invitation à plonger dans le labyrinthe de ma psyché, à découvrir les ténèbres qui habitaient en moi. Alors que je quittais la scène de crime, une euphorie m'a envahi. L'émotion était palpable, comme une mélodie ensorcelante qui résonnait en moi. J'étais le chef d'orchestre de cette tragédie, le maître de cérémonie de ma propre révélation. J'ai marché dans les rues sombres, riant presque à voix haute, imprégné de cette satisfaction dérangeante. Chaque victime était un pinceau chargé de peindre ma vision tordue. Le monde était mon tableau, et je laissais ma marque indélébile sur chaque toile que je créais. Ils ne pouvaient pas comprendre, ces enquêteurs qui cherchaient désespérément à décoder mes énigmes. Mes messages n'étaient pas destinés à être compris, mais à être ressentis. Je savais que l'enquêteur ne renoncerait pas, qu'il poursuivrait mon ombre, essayant de démêler les fils tortueux de ma psyché. Et je l'attendais de pied ferme. Car notre duel n'était pas seulement une chasse, mais un ballet de l'esprit, une danse dangereuse entre l'obscurité et la lumière. Ma prochaine énigme était prête à être semée, mon prochain acte macabre à se dérouler. J'étais prêt à plonger plus profondément dans le labyrinthe obscur de ma propre existence, à laisser une nouvelle empreinte de terreur et de fascination dans l'esprit de ceux qui osaient me suivre. Je suis le Cryptographe Sanglant, un créateur de chaos, un messager des ténèbres. Et tandis que la nuit engloutissait la ville, je me préparais à écrire le prochain chapitre de mon histoire sanglante.

9ème mois de la traque de ce tueur en série

24 juin 1988 - 10h18

Point de vue de l'enquêteur

Je me tiens devant la scène macabre, un flot de frissons glacés remontant le long de ma colonne vertébrale. Encore une enquête horrible, encore une scène macabre, je sens mes poils se hérisser, les frissons remontent le long de ma colonne vertébrale. Une envie de vomir mon sandwich de ce midi me prend avec toute cette atmosphère pesante. Putain, j'aurais pas dû boire hier soir, le mélange scène de crime et gueule de bois, ce n'est pas le meilleur combo. Je me sens vraiment oppressé. Ces gyrophares qui clignotent sans arrêt avec leur scintillement violent me rendent limite aveugle, j'ai du mal à rester ne serait-ce deux secondes les yeux grands ouverts, et le soleil tapant n'arrange en rien. Les sirènes qui hurlent à plein volume m'éclatent les oreilles, un vrai vacarme qui m'empêche de me concentrer pleinement. Putain, et la chaleur ne résout rien, je transpire comme un vieux porc, bordel, et cette odeur nauséabonde qui flotte dans l'air, l'odeur du corps mort qui gît là par terre... C'est juste trop. On dirait que chaque moment est une lutte pour respirer, pour penser clairement au milieu de ce chaos permanent. Je me demande souvent, est-ce que tout le monde ressent ça ou c'est juste moi ? Mes yeux se posent deux secondes sur la scène du meurtre, le meurtre parlons-en, la plupart des personnes s'en foutent du moment que ça ne leur arrive ni à eux ni à une personne de leur entourage, et si une personne s'en préoccupe dans ce putain de monde c'est uniquement pour récupérer de l'argent comme le cas "Blondie Wellers" assassinée par un violeur récidiviste. Au début de l'enquête, tout le monde s'en fichait d'elle, même sa propre mère et dès que l'histoire a commencé à faire parler d'elle, sa mère a fait quoi, elle a fait une collecte de fonds pour la mémoire de sa fille, elle a écrit un livre sur la vie de sa défunte fille et elle, elle a gagné un total de 1 million de dollars qu'elle a décidé d'utiliser non pas pour la cérémonie d'enterrement de sa fille mais pour s'acheter des vêtements de luxe. Vous ne trouvez pas cela pitoyable, mais bon je suis sans doute le seul à voir que les faits divers sont un moyen pour les médias et autres de se faire un tas de fric. Concentre-toi, concentre-toi, allez tu peux le faire, de toute façon c'est bientôt les vacances, plus que 2 mois et j'aurai enfin mes vacances que je n'ai pas prises pendant 6 ans. Encore cette affaire de meurtre et ce sera fini. Le corps gît là, le corps d'une pauvre jeune femme d'une vingtaine d'années dont l'identité n'a pas encore été confirmée. Je n'imagine même pas dans quel état vont être ses parents dès qu'ils apprendront qu'elle a été assassinée. Ses yeux grands ouverts vers les cieux, ses vêtements tachés de sang, le visage à moitié défiguré. Les premières autopsies ont révélé des ecchymoses et des contusions sur son visage et son corps, indiquant qu'elle a probablement essayé de se défendre contre son agresseur. Il est clair qu'il ne s'agit pas d'un crime à mobile sexuel, ses vêtements ne lui ont pas été arrachés, ni remis et Marc, l'expert médico-légal qui est arrivé environ 3 heures avant moi et qui a fait ses premières analyses, m'a assuré qu'il n'y avait aucune trace de viol, aucune trace de sperme n'a été trouvée sur et dans le corps de la victime, la coloscopie n'a révélé aucune blessure discrète des organes génitaux. Donc le mobile du tueur était autre mais lequel, peut-être un crime de jalousie, ou je ne sais quoi, ce qui est sûr c'est que ce meurtre était prémédité, vu l'horreur et la capacité du tueur à n'avoir laissé aucun détail, c'était limite un crime parfait, aucun cheveu retrouvé mis à part ceux de la victime, aucune empreinte digitale, aucun cil ou aucune trace de sang. Même les ongles de la victime lui ont été arrachés pour éviter qu'on retrouve l'ADN du tueur, ce qui confirme donc la théorie que la personne a tenté de s'échapper de l'emprise de son bourreau, elle l'a sans doute griffé avant de mourir. Mon regard se pose tout d'un coup vers le cou de la victime, et je remarque tout de suite une légère marque, comme si on lui avait enlevé un collier, sans doute un collier qui pour le tueur servira de trophée. Putain, ça me fout la trouille de penser qu'une personne tue et rapporte un objet de sa victime pour vanter son ego et se souvenir de l'horreur qu'il a provoquée, il faut vraiment être taré pour faire ça putain.

"Euh Robert ?" dit Marc, "Nous avons trouvé quelque chose d'intéressant, au départ nous n'y avons pas trop prêté d'attention en pensant qu'il s'agissait juste de 26 coups de couteau, mais j'ai regardé de nombreuses fois la photo que j'avais prise de son dos et ce n'est pas que de simples coups de couteau. Regarde.

- Ce sont plein de marques représentant comme une sorte de tableau, ça ressemble un peu à une main très grossière avec quelque chose au centre que je n'arrive pas à déchiffrer, un peu comme les meurtres qui ont eu lieu le 21 avril 2023 et le 12 juin 2023, attends dans ce cas, ça veut dire que le tueur n'est autre que cet enfoiré de tueur en série. Putain. Marc, vérifie l'intestin de la victime, si c'est le même tueur que les deux autres fois, il a sans doute réussi à faire avaler un morceau de papier plastifié à la victime avec une putain d'énigme que seul ce psychopathe peut déchiffrer.

- N'oublie pas Robert, même si cette enquête t'obstine et que tu veux absolument trouver le tueur, nous devons aussi trouver la famille de la victime, pour qu'on sache si l'on peut ou non vider l'intestin de la dépouille. Ce n'est jamais joyeux d'entendre dire que sa fille est morte, et dans cette période de deuil il est encore moins facile d'accepter que le corps de sa fille se fasse charcuter. - -----

-Mais quels parents ne voudraient pas savoir qui est le tueur de leur fille bordel. Qui ?

- Plein de parents Robert, plein de parents veulent que leurs enfants aillent au paradis en paix, ou soit ils veulent éviter de penser au pire qu'on a pu faire à leur enfant.

- J'espère qu'ils vont dire oui, si ils refusent, je ferai tout pour qu'ils acceptent, il est hors de question que je laisse un indice partir et ce, quoi qu'il en coûte.

-D'ailleurs, tu as réussi à décrypter les indices des anciens meurtres.

- Non, toutes les équipes donnent corps et âme à essayer de les déchiffrer, mais absolument que dalle. J'ai vraiment l'impression que ce tueur s'inspire du Zodiac, et si c'est le cas nous devrions mettre les énigmes dans les journaux, mais c'est justement ce que veut le tueur. Il veut nous prouver que nous sommes incompétents, et que nous ne pouvons pas déchiffrer seuls une petite énigme. C'est pour ça qu'il ne faut absolument pas donner l'indice aux chaînes d'information. Je ne veux pas rentrer dans le jeu du tueur.

-Mais il serait sans doute mieux de jouer à son jeu, et de lui faire croire qu'on est réellement incompétents.

-Si on lui fait croire cela, nous aurons davantage de morts sur la conscience. Car il se dira alors qu'il a le champ libre pour agir et tuer n'importe qui à sa guise.

-Oui tu n'as pas tort."

Et ce sont sur ces derniers mots que Marc me quitta avant de rejoindre les autres membres de son équipe. Les échantillons avaient été pris, ainsi que les photos, la scène avait été mise sous scellé.

Puis j'ai dû rentrer chez moi, dans mon appart ridicule infesté de rats. J'ai beau avoir aidé la société à foutre des ordures en taule, les seuls remerciements que j'ai de leur part c'est de crouler sous les dettes et d'habiter dans un appart minable, quelle pauvre vie. Mais ceci dit, il ne faut surtout pas que j'abandonne le tueur en série, il faut absolument que je le trouve, je n'ai pas envie que d'autres gens meurent.

Ce soir-là, je me plonge dans l'enquête avec une intensité nouvelle. Je fouille chaque recoin de la ruelle, analysant chaque détail, chaque indice; je finis même mon rouleau de fil rouge en essayant de faire coïncider chaque détail, chaque preuve, tout ce que je peux trouver (qui selon moi peut être intéressant). Mais les énigmes du tueur sont toujours un défi insurmontable, un labyrinthe de sens cachés que je suis obligé de déchiffrer. Je sais que derrière ces symboles se trouve un message, une clé pour comprendre l'esprit du tueur.

Alors que la nuit s'étire et que les heures passent, je sens la fatigue s'insinuer dans mes muscles et mon esprit, le taux de caféine dans mon corps ne suffit plus et son goût amer finit par m'en dégoûter, malheureusement seul cela peut me rester éveillé. L'épuisement menace de m'engloutir, mais je refuse de m'arrêter. Chaque minute compte, chaque indice oublié pourrait être celui qui me mène au tueur. Je continue à fouiller, à analyser, à relier les pièces du puzzle sanglant.

Finalement, je m'effondre dans mon bureau, laissant les énigmes tourbillonner dans ma tête. Les murs semblent se refermer autour de moi, me rappelant l'obscurité que je combats. La photo de la victime trône sur mon bureau, son visage vibrant d'une vie qui a été arrachée bien trop tôt. Je me sens lié à elle d'une manière que je ne peux pas expliquer, une obligation de justice qui brûle en moi.

La fatigue finit par l'emporter, et je m'effondre sur mon lit, m'abandonnant à des rêves troublés. Je me retrouve au milieu de l'obscurité, poursuivant une ombre insaisissable à travers un labyrinthe de symboles et d'énigmes. La terreur m'étreint, mais je suis résolu à découvrir la vérité cachée derrière cette folie.

NB compréhension de lecture :

Bien que cette œuvre soit une œuvre de mon esprit, il y a tout de même un fait réel cité. Je pense que vous aurez deviné de quoi il

s'agit. Il s'agit du Tueur du Zodiaque.

Voici sa description : Le tueur du Zodiaque est un tueur en série non identifié qui a sévi dans la région de la baie de San Francisco dans les années 1960 et 1970. Il a revendiqué au moins cinq meurtres, bien qu'il ait affirmé en avoir commis beaucoup plus dans des lettres adressées à la presse locale dans lesquelles il y avait des cryptogrammes dont deux de ces lettres n'ont jamais réussi à être déchiffrés. Malgré une enquête intensive menée par les autorités, le tueur du Zodiac n'a jamais été officiellement identifié ni capturé, ce qui en fait l'un des cas les plus célèbres d'assassin inconnu de l'histoire criminelle américaine.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Liakey ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0