Chapitre 5

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L’effervescence, à la fois grisante et perturbante, rendait délicat le passage dans les allées encombrées. Au-delà des échoppes et petites boutiques, les rues de la Cité Régente grouillaient de caravanes marchandes, de badauds, de vendeurs à la criée, de femelles et de mâles flânant ou courant après le temps. Toute cette vie en mouvement insufflait à Annael une énergie étourdissante contrastant avec le calme dont il avait profité chez Mordàc.

La Cité Régente abritait le théâtre des opérations du monde et pourtant, bien qu’Alundil traversât son époque la plus trouble, elle semblait imperturbable. La nonchalance presque indolente qui y régnait contaminait les âmes dès les remparts franchis. Plus personne ne paraissait s’inquiéter de ce qui se jouait au-delà.
Annael retrouvait donc une Cité Régente égale à elle-même.
Pourtant, en scrutant les détails, il pouvait percevoir une tension sourde, rampante, tapie sous la surface.
Une tension qui n’appartenait pas à la simple rumeur de la ville.
Les quelques berengs admis dans la Cité avaient le poil hérissé, les Alundiliens s’épiaient du coin de l’œil, et les Protecteurs caressaient le pommeau de leur arme du bout des doigts.
Quelque chose s’était produit durant les quatre Lunes d’absence d’Annael, et il avait sa petite idée sur la question.
Il grogna, abaissa la capuche de sa cape de voyage sur ses yeux, puis se hâta vers la Maison du Darrach.
Son retour venait de passer de morne tristesse à charge de travail colossale.

Arrivé aux abords de la Maison, Annael musela son aura de Valindraï avant de se glisser dans un renfoncement situé en face de l’entrée la plus proche de ses appartements.
Il inspecta brièvement la sécurité. Ostentatoirement engoncés dans leur livrée rouge, deux Protecteurs se tenaient de chaque côté de l’immense porte de bois dentelée. Leurres de bas étage, ils restaient immobiles, le regard perdu au loin ; toute la lassitude de leur poste transpirait dans leur posture.
Annael força un peu sa vision et décela, non pas deux, mais quatre Protecteurs de la Faction du Tacticien. Grâce à leur livrée verte, ils se fondaient dans l’épais mur végétal des Jardins, qui envahissait les murs de la Maison. La sécurité avait donc bel et bien été renforcée, et il serait difficile d’échapper à la perception des Protecteurs du Tacticien. Même pour un Valindraï aussi puissant qu’Annael, leur vigilance poserait un défi.
Difficile, mais pas impossible. Il n’avait besoin que d’une petite distraction. Un clignement, un souffle, une respiration pour passer entre les mailles.

Il n’eut toutefois à attendre qu’un court moment avant qu’une opportunité ne se présente.
Il enclencha sa pleine vitesse, faisant vibrer l’air autour de lui alors qu’il oscillait sur place. Au moment où les regards des Protecteurs se portèrent sur la femelle, et sa tenue exubérante faite de branchages et de feuilles, en l’honneur de la future célébration du Mysirian, demandant le passage, Annael se faufila dans l’entrebâillement de la porte.
Le très léger courant d’air fut la seule trace de son passage.
Sans ralentir, il traversa plusieurs petits Jardins aux parfums entêtants.

Arrivé dans l’immense cour servant d’écrin au Mysirian, Annael s’accroupit légèrement puis donna une franche impulsion. Son corps s’étira, le propulsant jusqu’au deuxième balcon. Il renouvela la manœuvre plusieurs fois, gravissant la façade comme un souffle glissant le long de la pierre.
Atteignant son étage, il s’autorisa une pause. Il inspira profondément, les yeux tournés vers l’horizon, embrassant la vue qui, à sa surprise, lui avait manqué.

Des lianes paéphiliennes s’enroulaient gracieusement autour des hautes colonnes de pierres, en une magnifique fresque végétale, créant le lien entre cette aile de la Maison et le Grand Jardin. Un Jardin unique, écrin d’un des joyaux les plus précieux d’Alundil.
Annael bascula légèrement une partie de son toucher vers sa vue, et là, elles dansaient.
Les Brilians et leurs jupons froissés, auréolés de voiles ondoyante, semblaient flotter entre deux mondes. Ivoire, vert tendre. Dentelées comme un murmure.
Elles étaient la quintessence de l’élégance, perchées sur leurs tiges fines qui ployaient sans jamais rompre, reposant sur un lit de d’arabesques vert tendre.
Elles ne poussaient qu’ici. Précieuses et inestimables, elles étaient le symbole du pouvoir. Le symbole du Darrach.
Du doigt, il dessina les contours de la représentation gravée dans le cuir végétal de sa tenue. Elle représentait son appartenance.
Au milieu de ces grandes fleurs, de petits salons étaient disposés, çà et là, flottant comme des îlots paisibles. Ils dissimulaient de petites niches, abritant des Brilis, petits frivoles ressemblant à s’y méprendre aux fleurs qu’ils butinaient. Leurs quatre ailes blanches, saturées de vert en leur cœur, suivaient le mouvement des pétales dans leur vol, ressemblant à une danse.
Annael les observa longuement, presque en apnée.
Tout ici n’était que grâce et douceur au milieu d’un silence feutré. Un contraste bien trop criant avec le poids qu’il portait.

Se détournant du Grand Jardin, il leva son regard vers la Cité Régente.
Il aimait observer son agitation au loin. Cela lui rappelait que ses sacrifices n'étaient pas vains, protégeant le peuple.
Mais le Mysirian, dont les fines branches s’étaient allongées jusqu’à son étage durant son absence, avait empiété un peu plus sur son panorama. Comme un écho au sentiment d’impuissance qui grandissait en lui.
Il soupira, pourtant pas insensible à sa beauté. Les feuilles s’affinaient, laissant filtrer la lumière à travers leurs nervures. Les bourgeons, vert pâle et rose vif, grossissaient à vue d’œil. Bientôt, ils exploseraient en bouquets, marquant le début de la Célébration du Mysirian.

La Cité Régente serait alors prise d’assaut, les foules afflueraient, avides d’apercevoir les fleurs et de participer aux festivités. Les rues deviendraient impraticables, saturés de monde et de tenues aussi extravagantes que grandiloquentes. Annael, en raison de son Rang, bénéficierait d’un poste d’observation privilégié pour assister au spectacle de la floraison.
Du moins…
Si le Darrach ne décidait pas, une fois de plus, de l’envoyer au loin…

Annael se détourna et pénétra dans ses appartements, franchissant l’arche ocre envahie de végétaux qui tentaient désespérément de s’infiltrer jusque dans son salon aux teintes assorties à celles des murs.
La brise fraîche qui lui caressa le visage fut un soulagement après presque trois osseïs passés à courir dans la moiteur de zendù. Il avait hâte de se plonger dans le bassin pour effacer toute trace du voyage.
Il retira la cape prêtée par Mordàc et la déposa délicatement sur le valet de chambre. Il se promit de trouver un moyen de lui rendre, peut-être même en main propre. Ses doigts effleurèrent le tissu avant qu’il ne se détourne, fuyant la mélancolie.
Il était de retour à la Cité Régente.
Et ici, il ne pouvait se permettre aucun relâchement.
Pas même dans la sécurité de ses appartements.

Défaisant les boucles de sa veste de Shorghbrachk, il se dirigea vers le salon creusé à même le sol. Il passa devant la marche en demi-cercle qui menait à un large espace en contrebas, garni de grands canapés bas recouverts de coussins moelleux aux teintes rouille pâle et miel foncé. Il jeta un œil au centre, vers la grande table basse et circulaire, où s’entassait tous les rapports de mission qu’il lui faudrait rattraper.
Annael contourna l’espace salon, empruntant le chemin surélevé, bordé de murs ouverts en arches où les paéphilias foisonnaient, suspendant leurs feuilles jusqu’au cœur du salon, et déposa sa veste sur une des chaises hautes de la cuisine.
Il ôta ensuite ses chaussures, encore légèrement boueuses de son passage dans la forêt de Rìan, avant d’activer une manivelle qui orienta les voilages diaphanes, en laissant entrer la lumière d’Osse entre les larges ouvertures en ogives du plafond haut et voûté. Le courant d’air envoya un parfum discret d’ambre et de menthe. Un parfum aussi réconfortant qu’inquiétant car il représentait l’écrin doré, soigneusement refermé sur une vie mise sous cloche. Un espace de service plus qu’un espace de vie. A l’image de tout le reste.

Il allait se diriger vers l’espace d’eau quand un bref coup fut frappé à sa porte. Fronçant les sourcils, il se tint sur le qui-vive, prêt à attaquer.
Son corps se relâcha en voyant la jeune Symdach passer la porte, un lourd plateau en équilibre dans les bras. Un bref sourire manqua d’échapper à Annael alors qu’il songeait qu’il devenait de plus en plus difficile de surprendre Terion.
Annael fit quelques pas en direction de la jeune femelle, s’arrêtant tout de même à bonne distance.

- Antirïal Nämé.

- Antirïal Shorghbrachk. Terion m’y envoyé. J’y savais pas c’que aimerez, alors j’y ai pris d’tout.

C’était en effet ce qu’Annael pouvait constater. Cependant, il se retint du moindre commentaire notant, avec une certaine satisfaction, l’absence de produits d’origine animale. Le fait que Nämé soit originaire d’une Rae Symdach à forte tendance carnivore avait rendu complexe son apprentissage de la vie Alundilienne. Notamment en ce qui concernait son alimentation.
Sur sa Rae, l’air sec et chaud, puis polaire et humide, réduisait la possibilité d’une agriculture. Aussi, toute la vie communautaire s’organisait autour de la chasse aux carnivores, pour les femelles, et de la pèche, pour les mâles. Il était donc inconcevable pour elle qu’Annael puisse survivre sans consommer la moindre chair. Pire encore : que cela lui soit toxique relevait, pour elle, de l’hérésie.
Elle avait longtemps insisté pour qu’il essaye, allant même jusqu’à lui proposer de tuer un Alundilien pour lui offrir sa chair, après Annael eut mentionné qu’en cas extrême, seul ce sang-là pouvait le maintenir en vie.
Il lui avait bien évidemment interdit, mais n’avait été pleinement soulagé qu’en découvrant, le plateau suivant, exempt de petits morceaux de concitoyens.
Il avait dû partir en mission peu après cet épisode. Aussi, il fut rassuré de constater que la petite Symdach avait enfin accepté, ou du moins respecté, son régime alimentaire.

Un fruit s’échappa et roula doucement sur le mange-debout de la cuisine après qu’elle eut déposé le plat. Du bout des doigts, Nämé le rattrapa avec une grimace discrète, ses lèvres plissées d’un dégoût retenu, avant de le reposer dans le plat.
Elle resta un instant figée, dans l’attente. Puis, sans un mot, elle défit les liens de sa tunique. Le tissu fluide tomba doucement, épousant ses formes avant de glisser au sol, auréolant ses pieds nus.
Sa nudité était toujours aussi belle, troublante dans sa simplicité. La courbe haute de sa poitrine, ses hanches pleines, ses jambes courtes mais déliées, sa peau miel au velouté frissonnant. Tout en elle semblait fait pour plaire, et elle le savait. Annael bascula légèrement ses sens. Elle sentait bon. Une senteur chaude, de peau et d’épices, rehaussée d’une note plus animale, plus puissante : celle de l’excitation. Dans la pièce, l’air vibra doucement de ses ondes sensuelles.
Nämé s’avança, lentement, les battements de son cœur s’accélérant, échauffant le sang d’Annael. Elle ondulait, maîtrisant chaque pas, chaque mouvement, ses hanches marquant la cadence, sa poitrine tressautant à peine. Arrivée tout près de lui, elle s’arrêta juste avant le contact. Le mince espace entre eux fut parcouru d’une vague d’énergie, suspendant le monde à cette tension de chair. Annael céda à la tentation, malgré la légère piqûre qui s’enroulait derrière ses yeux.
Sa main gantée se leva de son propre chef, frôla un sein, glissa jusqu’au cou délicat. Sous ses doigts, le battement de cœur s’emballa. D’un gémissement, elle s’avança pour combler le vide entre eux.
Ce son brisa net le charme.
Une aiguille glacée remonta en vrillant dans sa colonne, éclatant dans son crâne. Son ventre se tordit et un instinct de défense rugit en lui. Sa main agrippa la gorge, la serra jusqu’à l’étouffement avant de repousser le corps sans ménagement. Nämé recula, ravalant son souffle. D’un geste du menton, il lui indiqua la porte. Les yeux écarquillés d’effroi, elle ramassa sa tunique d’un geste brusque, évitant de croiser son regard. Puis, sans un mot, elle disparut dans un claquement sec de porte.

Annael prit quelques instants pour se recentrer.
L’appel de Nämé l’avait échauffé bien plus qu’il ne le devrait, sans doute à cause de son Cycle-Lune d’absence de contact. Ce n’était pourtant pas cela qui le perturbait. Ce qui le troublait, était la raison même de son rejet.
Depuis son entrée dans la Cité Régente, une étrange tension mêlée à une profonde paix, telle qu’il n’en avait jamais connu, couvait en lui. Cette sensation déroutante avait grandi à mesure qu’il approchait de la ville puis de de la Maison. Depuis son retour, cette chaleur douce et terrifiante prenait racine en lui. Quand Nämé s’était glissée près de lui, il avait eu l’impression d’être sur le point de commettre une trahison.
Mais une trahison contre quoi ? Ou plutôt, envers qui ?
Avant qu’il ne puisse s’interroger d’avantage, un nouveau coup fut frappé à la porte. Ou plutôt, quelqu’un tambourinait avec une ferveur impatiente. Annael s’autorisa un franc sourire.
Son repas venait de prendre une tournure bien plus intéressante.

Annael ne se donna pas la peine de répondre. Il savait déjà que Terion n’aurait pas la patience d’attendre.
Comme pour confirmer ses pensées, la porte de droite s’ouvrit brusquement et alla claquer contre le mur, laissant passer un Terion à moitié débraillé. Dans son empressement, sa tenue s’accrocha à la pêne de la porte, y ajoutant un nouvel accro, ce que Terion ne remarqua évidemment pas.
Au lieu de cela, il se planta face à Annael, un grand sourire aux lèvres.
Pendant un bref instant, Annael se demanda si Terion allait lui offrir une accolade tant il semblait heureux de le retrouver. Il se ressaisit néanmoins, recula d’un pas et s’inclina profondément.

- Antirïal Shorghbrachk. Je suis sincèrement heureux de vous retrouver.

- Allons Terion… Nous sommes entre nous.

- Je vous présente mes excuses, Em Annael. Je crains que le temps passé aux côtés du Tacticien ait quelque peu modifié mes…

Terion marqua une pause, cherchant ses mots.

- C’est en effet ce que je constate. Heureusement pour toi, mon retour te replace directement sous mes ordres. Tu vas pouvoir renouer avec tes vieilles habitudes.

- Ce sera avec plaisir ! Toutes ces règles de bienséance demandent bien trop d’énergie à un homme de mon âge.

- Tu n’es pas si vieux…

- Je suis un surian ! Je pourrais être votre grand-père ! Mais nous savons, vous et moi, que nous ne serons jamais en accord là-dessus.

Un silence plus grave s’installa.

- Comment s’est déroulée la mission ? demanda Terion après une hésitation.

À peine la question franchit ses lèvres, Terion sentit qu’il avait commis un impair. Le visage d’Annael se ferma aussitôt, son regard s’échappant vers la terrasse. Terion, qui connaissait parfaitement la teneur de la mission, savait qu’elle touchait un point sensible. Même si Annael faisait tout pour le dissimuler. Pris d’un élan affectueux, Terion tendit la main vers l’épaule d’Annael avant de serrer le poing et de le ramener, se rappelant à quel point Annael abhorrait le contact physique.

Il préféra lui laisser l’espace dont il avait besoin, l’observant du coin de l’œil. Les longs cheveux noirs jais d’Annael avaient perdu leur éclat. Quelques feuilles s’étaient accrochées ci et là, prisonnières de son catogan désordonné. Son œil gauche, d’ordinaire mauve clair, s’était assombrit, tandis que le bleu de l’autre virait à un gris orageux ; le tout souligné par de petites poches violacées qui lui donnait un air macabre. Mais ce fut surtout la lenteur de ses gestes qui interpella Terion.
Lorsqu’ils se savaient en sécurité, les Valindraïs avaient souvent la fâcheuse manie d’oublier de ralentir. Leurs mouvements devenaient saccadés, parfois imperceptibles, tandis que le Valindraï vibrait légèrement. Même s’il n’était encore qu’un miidryl à l’orée de ses capacités, Annael était un Em valindraï. Un chef naturel. Probablement le plus puissant depuis longtemps.
Et pourtant, là, devant Terion, il mesurait chacun de ses mouvements.
Cela ne pouvait signifier que deux choses.
Soit une fatigue extrême.
Soit Annael n’avait plus confiance en lui.
Dans les deux cas, c’était mauvais signe.

- Terion ? l’apostropha Annael.

Probablement pour la deuxième ou troisième fois.

- Oui ?

- Le temps aux côtés du tacticien t’a-t-il été bénéfique ? reprit Annael, habitué aux rêveries de Terion.

- Très ! Le Tacticien est bien au-delà de sa réputation ! Le voir en action se révèle aussi impressionnant que… terrifiant. J’ai vite compris que je ne pourrais pas suivre. J’ai été submergé par tous les non-dits, demi-mesures et énigmes... J’ai fini par me contenter de faire mon travail d’Illédrias, ce qui est probablement la raison pour laquelle j’ai eu du mal à suivre, après réflexion. Mais j’ai réussi à remplir la boucle que vous m’aviez confiée, en plus de celle destinée au Tacticien. Inscrire les informations dans deux métaux différents à été assez complexe, d’ailleurs. Mais j’ai réussi, cela va sans dire. En tout cas, Je la garde précieusement, dit-il en montrant l’anneau de terryln brillant à son oreille.

- Bien. Nous l’analyserons ensemble plus tard. Y a-t-il quelque’ chose qui nécessite mon attention immédiate ?

- Eh bien… oui. Les Valindraïs et les Mirdjaïs ont trouvé un nouveau prétexte pour s’affronter. Plusieurs villages ont été touchés. Les affrontements ont été assez violents et l’escalade se poursuit. Cela n’a pas atteint la Cité, évidemment. Comme une nouvelle Guerre de Luan doit être évitée à tout prix, le Tacticien a déjà proposé une marche à suivre. Il vous la présentera en réunion. A croire que, même avec le Voile, vos races sont destinées à s’entretuer, marmonna Terion. Votre Second a fait part d’un avis très… tranché. Je l’ai remercié à votre place. Le Tacticien à dû intervenir pour appuyer ma décision. Il n’a pas été remplacé, comme je savais que vos Protecteurs refuseraient un Valindraï nommé par mes soins.

- Je m’occuperais de ça lors du prochain entrainement. Mais ce n’est pas cela qui m’intéresse.

- Ah… vous avez remarqué. Disons qu’il y a eu une petite attaque contre le Darrach. Rien de très nouveau. Ni de vraiment menaçant. Mais cette fois, le Darrach en a pris connaissance. Et, il a… Mal réagit ? Il a détruit une grande partie de son aile résidentielle. La secousse a été telle que toute la Cité a tremblée. Cacher l’incident a donc été… compliqué. C’est la première fois que la Cité est directement impliquée. Le peuple a eu peur. Il reste sur ses gardes depuis. L’écho de cette secousse résonne encore dans toutes les conversations. Et comme la protection des remparts ne peut rien contre une menace interne. Le Darrach a exigé un renforcement de sa sécurité.

Annael soupira en se pinçant l’arête du nez. Cette nouvelle lubie du Darrach allait lui coûter du temps et de l’énergie. Il allait falloir réunir tous les Shorghbrachks et les Hisaïnas présent dans la Maison, prévoir chaque détail, et comme le Darrach serait jamais vraiment satisfait, il faudrait aussi protéger tout le monde de sa colère.

- Autre chose ?

- Oui. Le Tourmenteur en a trouvé une nouvelle.

- D’où vient-elle ?

- Il refuse de le dire.

- Voilà qui est étrange… Je lui parlerais moi-même.

Terion hocha vigoureusement la tête. S’il pouvait éviter le Tourmenteur, il le faisait avec plaisir. Rien que d’y penser, il sentit une goutte froide lui glisser le long de l’échine et son estomac se tordit.
Il poursuivit le compte-rendu lorsqu’un coup fut frappé à la porte. Il sauta précipitamment au bas de sa chaise pour aller ouvrir. Un coureur en livrée jaune apparu, balaya la pièce du regard avant de s’incliner profondément en direction d’Annael.

- Est nandé as tchakar, Em Shorghbrachk. Le Darrach vous demande.

- Je te remercie, coureur Gerdòn. Le message a été délivré, répondit Terion en lui adressant un signe de tête.

Il referma la porte et se tourna vers Annael qui descendait lui aussi de sa chaise.

- Terion, peux-tu rester ? demanda-t-il, une ombre de fatigue voilant ses traits. J’ai reçu une blessure lors de la dernière mission. J’ai besoin de la soigner et de me reposer un instant avant d’aller retrouver le Darrach.

Terion sorti le petit appareil de sa poche et le montra à Annael.

- Je l’ai pris en me disant qu’il pourrait servir. Et comme toujours, je l’activerais au péril de ma vie si un danger vous guettait, Em Annael.

- Je te remercie, Terion. Je ne serai pas long.

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