Chapitre 7 - Vibration

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Une fois arrivés au fond du jardin, ils repèrent, dans un coin tranquille, un banc couvert de coussins molletonnés. Romain trébuche sur une racine, se rattrape alors qu'une giclée atterrie sur le bas de la robe verte. Maéline est tétanisée, elle voit déjà Chloé monter sur ses grands chevaux et regretter de la lui avoir prêter.

— Désolé, s'excuse Romain.

Maintenant, Maéline voit sa soeur mettre ses mains autour de son cou pour l'étrangler. Elle n'aurait jamais dû prendre la robe ! Pourquoi le sort s'acharne sur elle ? Elle demandait seulement une soirée tranquille et joyeuse pour son seizième anniversaire. Une journée sans soin, sans apathie, sans prise de tête.

— Hey, ça va ? s'enquiert-il soudain inquiet.

— Euh, oui... Je crois, balbutie-t-elle. C'est la robe de ma soeur.

— Tu me la files et je l'emmène au pressing, propose-t-il aussitôt.

— T'es sérieux ?!

— Ben oui, c'est ma faute et la sangria c'est galère à faire partir !

— Je...

— Fais pas de manière et acccepte. Et puis ça me fera une occasion de te revoir, dit-il en faisant un clin d'oeil.

Maéline rougit violemment, Mattéo complètement sorti de ses pensées. Et de son coeur ?

— Alors, comme ça, avec ta grande sœur vous êtes proches j'imagine ? demande-t-il en s'installant sur un coussin.

Maéline souffle un coup pour se détendre puis se perd un instant dans ses souvenirs : les séances de déguisements et de maquillage, les confidences sous la couette une fois les parents endormis, les crépages de chignon pour la salle de bain ou l'attention parentale, les sorties incessantes de son aînée ces derniers temps... Elle soupire, un sourire amer sur le visage :

— Oui, on a nos engueulades mais on s'entend bien. Elle est ma confidente.

— T'as de la chance, avec mon frère c'est prises de tête sur engueulades. Il me colle aux pattes et ça me gave ! Mes parents prennent toujours son parti.

— C'est complètement injuste ! Chez nous, c'est un coup sur deux, en règle générale. Et souvent, on se défend quand l'une se fait reprendre, au grand désespoir de mes parents.

— Pourquoi t'as le visage triste quand tu parles de ta sœur, alors ?

Maéline resserre ses mains sur le verre et regarde son contenant, presque vide désormais. Comme l'appartement...

— C'est compliqué ces derniers temps.

— Comment ça ?

La jeune fille se replie sur elle-même, les pieds vers l'intérieur, le dos voûté. Boire lui fera du bien. Elle pose ses lèvres sur le verre et boit le restant. Sa gorge se noue, la goulée a du mal à descendre. Malgré tout, elle en voudrait encore. Un frisson la parcourt. Sa gorge se serre davantage devant l'image du gobelet vide qui se surperpose à celle de l'appartement parental.

Le bras de Romain l'enveloppe tandis que sa main libre vient attraper les doigts crispés sur le gobelet :

— Hey, t'es pas obligée de répondre. Je... Je voulais pas te mettre mal. Elle te voulait quoi Jennifer au final ? demande-t-il pour dévier la conversation.

Maéline relève la tête, alors que les images de leur arrivée défilent devant ses yeux. Elle se revoit prodiguer des conseils suivis avec enthousiasme. Un sourire revient illuminer son visage.

— Un conseil beauté, répond-elle en haussant les épaules.

— Bien un truc de filles, lâche-t-il amusé.

— Et pourquoi ça ? Les hommes ne cherchent pas à séduire, eux ? lui assène-t-elle du tac-au-tac, en fronçant légèrement les sourcils.

— Si, mais pas besoin de ces trucs !

—Tu parles, entre les déos, ceux qui se font épiler et les conseils pour savoir qui a la barbe la mieux taillée, moi je dis c'est du pareil au même !

Elle pointe le doigt sur le torse de Romain.

— Au moins tu retrouves du poil de la bête, dit-il un large sourire aux lèvres.

Il attrape le doigt pointé, l'attire vers lui pour déposer un baiser sur le dessus de la main.

— J'avoue j'y avais pas réfléchi. T'as sans doute raison, concède-t-il en posant la main de Maéline avec douceur.

Maéline a les joues coquelicot et ne sait soudain plus où se mettre.

— Je vais me rechercher un verre, je t'apporte quelque chose ? offre Romain alors qu'il se lève et tend le bras vers le verre de Maéline.

— Je reveux bien la même chose, s'il te plaît.

Il repart avec les deux verres tandis que Maéline essaie de démêler la pelotte d'émotions qui l'habite. Elle attrape un premier fil qui la mène jusqu'à Mattéo. Ne devrait-elle pas sentir de nouveau la colère l'envahir en l'imaginant embrasser Louane ? Certes, cette vision la secoue, mais comme une vaguelette et non comme le raz-de-marée qu'elle ressentait quelques instants plus tôt. C'est en attrapant le fil de Romain qu'une pluie tiède semble recouvrir son coeur et laisser dans son sillage une sensation de chaleur bienheureuse. Elle devrait décortiquer davantage ce qui la traverse, mais n'en ressent nullement l'envie. Romain sort au même moment de la maison et se dirige vers elle. Le coeur de Maéline s'emballe, un sourire se plaque sur son visage, une joie soudaine la transporte. Tout ce qu'elle souhaite c'est de se laisser porter par cette douceur qu'elle ressent dès que Romain apparaît, et profiter en toute insouciance de sa journée d'anniversaire.

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