Chapitre 20 - Aimer ?
Après avoir passé des heures à parler de tout et de rien, les deux amies commencent à bailler à plusieurs reprises. Emma attrape son Huawei :
— Presque minuit, je suis cramée.
— Moi aussi, on va se coucher, ça te va ?
Au moment où Maéline s’apprête à se lever, sa poche de pantalon vibre. L’adolescente attrape son Iphone pour voir s’afficher le prénom de Romain accompagné de l’icône Message non lu. Elle débloque l’appareil et lit aussitôt :
-Hey ma belle, j’ai tenté d’avoir la maison demain soir pour dîner ensemble, mais mes vieux sont trop fatigués et pas motivés à sortir.
-On se refait la crêperie illimitée ?
-J’pensais plutôt à demain aprèm. Mon frère est au skatepark et mes parents rentrent vers dix-huit heures au plus tôt. Tu viens mater une série à la maison ? Genre quatorze heures qu’on est le temps de profiter.
-Comme tu préfères.
-On ira à la crêperie la prochaine fois, si ça te va, avant de se quitter pour les vacances d’été. Je pars un mois en camping sur la côte bretonne. Ça nous consolera de pas nous voir pendant plusieurs semaines.
-Tu vas trop me manquer ! Tu pars de quand à quand ?
-Semaine prochaine jusque fin de la première d’août. Toi aussi, tu vas me manquer ma princesse !
-Je pars en juillet, au moins on profitera en août ! Fais de beaux rêves et à demain !
-Tendres baisers pour une douce nuit, ma belle !
— C’était qui ? demande Emma qui ne peut plus contenir sa curiosité devant les yeux ravis de son amie.
— Romain, on se voit demain ! répond enchantée Maéline.
— Y’en a une qui va faire de beaux rêves ! taquine Emma.
— Allez, bonne nuit !
— Fais de doouuuux rêves !
Lorsque Maéline entend du bruit dans l’entrée, son corps émerge enfin. Un coup d’œil à son smartphone pour constater qu’il est midi passé. Le fouet de l’adrénaline la pousse hors du lit. Elle se retrouve dans la pièce de vie avec Chloé qui vient tout juste de rentrer et Emma qui émerge également des limbes nocturnes, les cheveux complètement emmêlés et la main devant la bouche pour cacher son bâillement.
— Heureusement que t’es rentrée tôt, j’ai rendez-vous en début d’aprèm ! annonce Maéline tout en sortant les céréales et deux bols.
— Tu vas où ? demande l’aînée.
— Chez Romain, juste l’aprèm’. Au fait t’as pris ton ptit déj’ ?
— Non, mais j’ai pas faim, je me ferai à manger tout à l’heure. Je veux faire un peu de révisions avant d’avoir le ventre en pleine digestion.
— Emma, ça te va des céréales ? s’enquiert Maéline.
— Grave ! répond l’intéressée en bâillant à nouveau.
— Je prends une banane, t’en veux une aussi ?
— Pourquoi pas.
Tandis que Chloé s’enferme dans sa chambre, les deux adolescentes s’installent sur les tabourets de bar, encore trop ensommeillées pour entamer une conversation. Puis, après avoir rangé, Maéline part se doucher tandis qu’Emma rassemble ses affaires le plus silencieusement possible afin de ne pas déranger Chloé. Maéline ressort de sa chambre une serviette autour de son corps nu pour toquer à la porte de la salle de bain où Emma vient de s’enfermer.
— Tu veux bien m’aider pour ma tenue s’te plaît ? J’ai pas d’inspiration ! se lamente-elle.
— T’as de la chance, je suis pas encore à poil.
Emma ressort et passe les vingt minutes suivantes à conseiller son amie qui finit par opter pour une jupe blanche à mi-cuisse et un crop-top rose pâle aux motifs fleuris. Puis vient la séance de maquillage et de coiffage en solo alors qu’Emma se prépare dans la salle de bain.
Treize heures quarante-cinq arrivent vite. Les deux amies descendent en même temps, l’une afin d’attraper le premier bus pour rentrer chez elle, l’autre pour marcher jusque chez son petit copain.
Une fois arrivée, il faut deux sonneries avant que Romain n’ouvre, un large sourire de bienvenue sur les lèvres.
— Toujours aussi canon ! Ça fait du bien de te retrouver ! s’exclame-t-il en l’étreignant d’une main tandis que l’autre caresse la joue de la jeune fille.
— Je sens mes chevilles doubler de volume, taquine Maéline en frottant sa tête contre le torse de son petit ami.
— Je te serre un truc ?
— T’as quoi ?
— J’me prends une bière, ça te dit ?
— Mmmh, pourquoi pas.
Romain la mène vers la cuisine où il sort deux blanches du frigo qu’il ouvre avant d’en tendre une à Maéline. Sa fraîcheur est bienvenue après son trajet sous les rayons chauds du début d’après-midi. Romain la dévore des yeux. L’adolescente se sent pousser des ailes. Elle s’approche de lui, l’embrasse tandis que les effluves alcoolisés se mêlent. Il la serre contre lui avant de glisser une main sur ses fesses.
— Pas maintenant.
— Ok, on se pose dans le jardin ?
Maéline le suit, les doigts entrelacés dans les siens jusqu’ à un petit banc situé sous un érable japonais dont le feuillage lie de vin contraste à merveille avec la pelouse d’un vert vif.
— Au fait, en t’écrivant hier, je me suis rendu compte que je t’ai pas demandé où tu partais en vacances, commence Romain.
— Je retrouve mes cousins dans le sud. En gros, je pars quelques jours après toi et reviens au même moment.
— Cool, au moins on pourra se voir pendant l’été !
— Tu pars avec qui au camping ?
— Trois potes la première semaine, puis mes parents et mon frère me rejoignent et on passe quinze jours là-bas avec ceux qu’on a l’habitude de retrouver au camping chaque année. On s’échange nos Insta ? Comme ça on verra nos photos de vacances.
— Bonne idée !
Chacun attrape son smartphone pour ajouter l’autre dans ses contacts, puis la discussion reprend sur leurs habitudes estivales. Alors que Romain évoque les deux familles devenues des intimes de ses parents et leurs enfants avec qui il aime passer du temps, hormis la plus jeune fille de quinze qui le colle de trop prêt, il craque et embrasse Maéline. Le contact chaud et délicat l’électrise. L’effluve houblonné l’enivre. Elle passe ses bras autour du cou de Romain. Ce dernier la colle à lui, hume ses cheveux avant de retrouver le chemin de ses lèvres. Longtemps, ils restent à s’embrasser, leurs corps inséparables. Maéline en pleurerait presque de joie.
Puis les mains de Romain se font aventureuses, se faufilent sous le haut pour effleurer son dos. Maéline soupire d’aise.
— On monte ? propose-t-il.
— On est bien à l’ombre de ton jardin.
— On sera mieux installés en haut, tu crois pas ?
— Mmmh, ok, je te suis.
Romain glisse sa main dans celle fraîchement manucurée de Maéline pour la guider à l’étage. La porte de la chambre tout juste refermée, l’adolescent se retourne vers sa partenaire pour l’embrasser à nouveau, empressé. Leurs langues se frôlent, s’éloignent, se cherchent et se caressent à nouveau. Romain resserre son étreinte alors que sa langue titille celle de Maéline. Ses mains se glissent à nouveau sous le haut. Les doigts agrippent le soutien-gorge et s’affairent à le dégrafer. La jeune fille plonge ses yeux dans l’émeraude de son amant pour y lire le désir qui l’ensorcèle. Elle devient l’hypnotique créature sublimée. Toujours habillée mais le sous-vêtement défait, Romain caresse la poitrine ferme. Les tétons durcissent et le jeune homme guide sa partenaire jusqu’à son lit. Il ôte le crop-top et le soutien-gorge ballant avant de lécher les tétons saillants. Maéline, surprise, sent son entrejambe réagir pour elle. Il l’allonge, fait glisser la jupe puis la culotte de dentelle.
— Ce que tu es belle ! s’extasie-t-il avant de faire voler polo et pantalon dans un coin de la pièce.
Romain s’allonge à côté d’elle puis glisse un doigt dans l’intimité de la jeune fille. Sa bouche vient de nouveau jouer avec la poitrine de Maéline tandis que son doigt s’active à l’exciter. La main s’arrête et attrape celle de Maéline pour l’approcher du boxer où dépasse l’envie pressante.
— Tu veux bien ? demande-t-il.
Maéline se perd à nouveau dans le regard d’adoration enflammée. Elle laisse Romain guider ses doigts sur le sous-vêtement pour frotter l’entrejambe. Le jeune homme s’approche pour l’embrasser alors qu’il conduit la main de Maéline sous le boxer. Cette dernière entreprend de lents mouvements le long du pénis en érection. Un peu de liquide couvre sa paume facilitant le geste. Stimulée par les bruits de contentement de Romain, Maéline accélère le rythme. Puis d’un coup l’adolescent retire la main, ôte son boxer tout en attrapant un préservatif dans sa table de chevet, et tandis qu’il l’enfile lui dit d’une voix tendre :
— Je crois que tu me fais trop d’effet tellement tu es magnifique !
Maéline s’installe confortablement avant que son amant ne vienne s’unir à elle dans une cadence qui s’accélère rapidement avant l’ultime jouissance. Ils restent un moment allongés l’un contre l’autre, ce contact simple remplit de vie l’adolescente. Puis Romain tourne la tête vers son réveil.
— Mince, mes parents risquent de rentrer bientôt !
Le stress envahit Maéline qui saute hors du lit pour s’habiller en hâte. Romain fait de même avant de lui dire déçu :
— J’aurais vraiment aimer qu’on passe plus de temps ensemble !
Pour ne pas rester sur un goût amer, la rouquine sort son téléphone, consulte son agenda et propose :
— On peut se voir vendredi ou samedi. Dimanche, je suis chez ma cousine.
— Samedi c’est parfait. Je nous fais commander un repas japonais, ça te tente ?
— On avait parlé de la crêperie, lâche-t-elle avec une pointe de déception, mitigée par l’envie de manger de la nourriture du Pays du Soleil Levant.
— Ah oui, mince… En plus je m’en vais lundi, on pourra pas se revoir avant mon départ…
— En même temps, j’adore la cuisine japonaise !
— Comme tu veux.
— Mmmh, réfléchit Maéline un doigt sur les lèvres. Tu commandes où ?
— Au Sakura Ya.
— Si tu me prends par les sentiments. Leur cuisine c’est une tuerie !
— Japonais chez moi à vingt heures alors ?
— Nickel, je…
— Oui ?
Maéline hésite, troublée. Puis la pensée fugace s’est envolée.
— À samedi ! Tu m’envoies un sms pour me dire combien je te dois.
— J’offre, déjà que tu acceptes le jap’ plutôt que la crêperie. C’est la moindre des choses.
— Merci, t’es un ange !
— C’est toi, mon ange !
Il l’embrasse une dernière fois avant de la raccompagner à la porte.
De retour chez elle, Maéline repense à ce moment de flottement survenu avant de quitter Romain. Elle prend conscience qu’elle s’apprêtait à lui dire « je t’aime ». Un feu d’artifice explose dans son ventre mêlé par une flot de pensées. Pourquoi les mots n’ont pas franchi mes lèvres ? Est-ce vraiment ce que je ressens ? Je me sens tellement bien avec lui et si vivante en pensant à nous deux ! Je… Je l’aime ! Mince, je suis amoureuse ! C’est trop génial ! Il faut que je lui dise samedi. Avant son départ. Je lui dois bien ça avec tous les compliments que je reçois alors que moi je ne dis jamais rien.
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