Chapitre 21 - Avant la longue séparation

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Samedi arrive vite. Maéline passe une bonne partie de l’après-midi à s’apprêter seule, sa sœur ayant rejoint son copain pour le weekend. Elle ne laisse rien au hasard : cheveux fraîchement lavés et séchés, maquillage bronze qui fait ressortir ses yeux et sa chevelure, vernis assorti, nouvelle lingerie en dentelles bleu foncé, robe cintrée en jean ornée d’une ceinture cuivrée, chaussures à talons. Elle ajoute ses créoles porte-bonheur, une chaîne avec un triskèle en argent et quitte l’appartement à vingt heures précises après avoir remis en ordre la maison et déposer le repas de sa mère. Un peu de retard ne fera qu’émoustiller leur retrouvaille. Certes de courte durée, mais avant une séparation qui semble, aux yeux énamourés de Maéline, interminable.

La sonnerie retentit et aussitôt la porte s’ouvre sur un Romain en chemise bleu clair et pantalon noir. Maéline est immédiatement sous le charme et une bouffée de chaleur l’envahit. Romain l’embrasse sur le front et l’invite à entrer.

— On s’est donné le mot on dirait, dit-il avec un clin d’œil.

— Tu es très classe !

— Et toi, carrément à tomber !

— Merci, répond Maéline en rougissant.

— Tiens, installe-toi ici, propose Romain en tirant une chaise pour offrir à l’adolescente de s’y installer.

— Mon chevalier servant, souffle la jeune fille conquise.

— Fourchette ou baguettes ?

— Baguettes, sans hésitation !

— Alors, on sera deux.

Il sort du frigo un plateau composé de sushis et makis variés ainsi que de sashimis au saumon. Tout ce qu’elle adore !

— Le temps que les brochettes finissent de chauffées, on peut commencer par le froid.

— Tu as vu les choses en grand, s’extasie-t-elle.

— Attends, on va pas se voir pendant plusieurs semaines et je suis déjà accro !

— T’es adorable, répond Maéline en l’embrassant.

— Hey, si on s’embrasse trop longtemps, ça va être froid.

Maéline rigole, suivi de peu par Romain. Le jeune homme la sert avant de remplir son assiette et tous deux commencent à manger.

— C’est délicieux ! s’enthousiasme Maéline.

— Ravi que tu profites.

— Au fait, tu pars quand lundi ?

— Mmmh, j’ai mon train à dix heures je crois. Je rejoins mes potes à la gare et hop direction le bout de la Bretagne. La Torche tu connais ?

— De nom, j’y suis jamais allée.

— Je kiffe le surf et c’est un bon spot là-bas. Un des meilleurs de France ! Enfin, en métropole.

— Ah oui ?

— Les vagues peuvent monter à plus de trois mètres.

— Ouahh !

— Mais c’est rien par rapport à Tahiti. Je rêve d’y aller un jour ! Y’a des vagues de sept mètres voire plus, t’imagines ?!

— J’avoue que c’est me paraît tellement énorme que je me figure pas trop le truc.

— Un kiff absolu !

— Tu mettras une vidéo de toi sur le surf ?

— Je demanderai à mes potes.

La discussion se poursuit autour de leurs passe-temps favoris de l’été. Maéline se sent tellement heureuse et chanceuse.

Romain termine de débarrasser après avoir refusé fermement l’aide de Maéline, cette dernière doit choisir parmi une sélection de films proposés par son hôte.

— Alors ? s’enquiert le jeune homme en la rejoignant.

Gladiator.

— Excellent choix !

Il installe le film puis rejoint Maéline dans le canapé du salon en glissant un bras autour de ses épaules pour l’amener contre lui. Pendant une bonne partie du film, Romain caresse la jeune fille, dans les cheveux, dans le cou, sur le bras puis sur le bas des reins. Le nuage de contentement sur lequel flotte Maéline est un havre de bonheur absolu. Que peut-elle rêver de plus ?

Une fois le film terminé, Romain éteint l’écran puis se tourne vers Maéline.

— J’ai été sage, t’as vu ?

— J’ai vu, on a réussi à regarder un film en entier ! Je te félicite, le taquine-t-elle.

Il se rapproche lentement. Trop lentement pour Maéline qui saute sur ses deux pieds et rompt la distance qui les sépare. Leurs lèvres se saluent avec délice avant d’entamer une danse sensuelle. Un manque insoutenable étreint l’adolescente alors que Romain quitte ses lèvres pour embrasser son cou. Il parcourt le chemin en sens inverse pour venir consoler la bouche délaissée. Le jeune homme s’assoit sur le canapé avant de faire signe à Maéline de venir s’installer sur lui. Une fois assise à califourchon sur son amant, les baisers reprennent invitant les langues à leurs jeux impudiques.

— J’ai quelque chose à te dire, s’interrompt-elle soudain.

— Je t’écoute, dit-il en caressant son cou.

— Je… Je t’aime, souffle-t-elle.

— J’ai une chance incroyable ! s’enflamme Romain en venant l’embrasser avec empressement.

Il glisse ses mains sous la robe pour couvrir le corps gracile de caresses, sans arrêter d’embrasser la jeune fille.

— Je…commence-t-il gêné.

— Oui ? l’encourage Maéline.

— Je peux te demander un truc ?

— Demande directement c’est plus simple.

— J’ai la trouille que tu dises non.

Devant le silence patient de Maéline, Romain reprend.

— Un truc qui me fait fantasmer de ouf, mais je sais pas…

— Accouche, au pire je te dis non.

— Merci de ton aide, dit-il à demi-amusé.

— J’essaie de t’encourager. Bon, apparemment pas de la meilleure des façons, dit-elle contrite.

— Désolé, c’est moi qui fait le con, je dis et au pire tu dis non, s’empresse d’ajouter Romain. Voilà, j’ai un fantasme qui m’excite de dingue : une fellation ! Voilà, c’est dit…

Échange de regards. Il semble gêné par delà le désir qui flamboie dans ses iris. Cette soirée a été parfaite ! Il a été parfait ! Il est trop craquant quand il est gêné comme ça. Il tient tellement à moi, ce désir que je vois dans son regard ! Je fonds ! Chloé m’a dit qu’elle a jamais voulu, alors… Et puis merde, je suis pas Chloé et il est pas Erwan ! Lui, il offre pas une soirée aussi classe à ma sœur ! Et puis quand on s’aime, on expérimente de nouveaux trucs, histoire de découvrir ensemble, non ?

— Tu l’as déjà fait avec…une autre ? interroge-t-elle, l’angoisse nouant son ventre à l’idée de ne pas être la seule élue.

— Jamais, répond-il aussitôt.

Les dernières barrières cèdent, elle est unique à ses yeux, spéciales, elle n’a aucun doute. Il est à elle, elle est à lui. Il détourne le regard. Cette appréhension qui l’habite la touche. Maéline tourne le visage de Romain vers elle et l’embrasse tout en défaisant le bouton puis la fermeture du pantalon. Romain se cambre pour le faire glisser à mi-cuisse et ses mains guident Maéline pour qu’elle descende et vienne s’installer la tête à la hauteur désirée. À la vue du pénis dressé, un doute la traverse, ou un vague écœurement peut-être. Elle se perd un instant dans le regard vert hypnotique pour y lire tout son désir. Elle place ses cheveux derrière ses oreilles et effleure la verge de sa bouche. Aussitôt cette dernière se contracte et Romain agrippe la chevelure frisée pour la maintenir en arrière. Maéline attrape d’une main le membre dur pour le glisser dans sa bouche. Le râle qui accompagne ce geste l’encourage et elle joue à engloutir puis libérer l’objet de plaisir. Elle ne pense plus, dévouée à l’extase de son partenaire. Les bras de Romain se raidissent et sa tête bascule en arrière. Maéline accélère le rythme et invite sa langue à participer aux va-et-vient. Les bruits d’exaltation augmentent d’intensité. Maéline se laisse porter par le lâcher-prise de Romain. La cadence devient effrénée. L’adolescente fatigue, mais ne s’arrête pas, motivée par l’extase de son partenaire. Elle ne veut pas le décevoir. Elle le fera grimper au septième ciel !

D’un coup, les bras de Romain lâche la crinière rousse pour agripper le canapé alors qu’un puissant râle sourd s’échappe de ses lèvres. Une seconde après, une sensation humide, un écœurement. Maéline contient non sans mal son envie de vomir. Les spasmes s’accentuent. Avant de rendre son dîner, elle court dans la cuisine et se penche au-dessus de l’évier. Le liquide visqueux sort en un amas blanchâtre. La jeune fille se sent sale. Sa main tourne le robinet. Elle avale puis recrache plusieurs goulées d’eau avant que la nausée ne s’apaise. Romain est toujours assis, léthargique, sur le canapé. Maéline s’essuie la bouche sur sa robe avant de le rejoindre, elle n’ose pas laisser la moindre marque sur le torchon familial. Romain lui fait signe de venir s’installer au creux de son bras. Il l’embrasse délicatement sur le front.

— Tu m’as offert le plus grand orgasme de toute ma vie ! C’est un sacré cadeau de départ que tu m’offres.

À ces mots, l’adolescente remarque l’éloignement du dégoût, remplacé peu à peu par du contentement. Puis les doigts de l’adolescent glissent dans sa chevelure. Une vague d’apaisement l’envahit.

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