Chapitre 24 (2/4)

3 minutes de lecture

Au même moment, plus haut dans la capitale, une autre réunion prenait place. Ce lieu, richement décoré et meublé dans lequel elle se tenait, se trouvait en hauteur du château royal, près de la tour principale. Dans cette pièce circulaire, le bureau massif en bois sculpté du roi Edwald trônait en son centre. Les trois grandes baies géminées adossées à son espace de travail plongeaient la pièce dans une immense clarté. Elles faisaient d’ailleurs face à la course du soleil et offraient une superbe vue du sud de la capitale. Contre ses murs, le mobilier, dont plusieurs bibliothèques fort bien garnies, avaient été spécialement taillées pour convenir à la forme particulière de l’endroit.

Le souverain y accueillait actuellement deux invités de marque et était en attente d’un troisième, qui ne saurait tarder. Iveln se trouvait assis face à lui dans un fauteuil autrement moins riche que celui de son hôte tandis que Cinab, elle, se tenait debout à sa gauche, silencieuse et l’œil perçant.

— Ce Victor Mortis… Je n’ai échangé que peu de mots avec lui mais il m’exaspère déjà.

— Sa réputation n’est donc pas usurpé, dit calmement Cinab. Vous saviez parfaitement à quoi vous attendre et pourtant cela ne vous a pas empêché d’aller le confronter.

Une grimace marqua son visage.

— Nul besoin de me lancer ce regard, Seigneur Inquisiteur.

— Peu importe. De toute manière, les Mortis et leur clique ne seront bientôt plus qu’un lointain souvenir.

Un sourire plus sinistre remplaça sa grimace précédente.

— Vous leur avez donc demandé de quitter les lieux avant demain matin.

— En effet, Votre Majesté, répondit Iveln, le ton plus doux.

— Comprenez que je me suis engagé publiquement à leur donner jusqu’à ce vendredi soir. Il serait donc malvenu de ma part que de manquer à ma parole. Cependant, officieusement, rien ne vous empêche de les encourager vivement à prendre la direction de la sortie plus tôt que prévu.

Le sourire du roi n’avait rien à envier à celui d’Iveln.

— J’en prend note, Votre Majesté.

L’on frappa alors à la porte.

— Entrez.

Un garde parut. Il salua le roi.

— Le Diath Herlemont, Votre Majesté.

— Qu’il entre.

Le garde s’inclina avant de s’écarter et de laisser entrer un homme grisonnant vêtu d’une longue robe rouge et or et d’une épaisse et large ceinture marron qui entourait fermement sa taille.

— Pardonnez mon retard.

— Cela n’est rien, Excellence.

Edwald lui fit signe de s’avancer.

— Vous êtes seul ?

Herlemont prit place à la droite d’Iveln. Le visage fermé, il aurait été difficile de dire ce qu’il pensait en cet instant.

— En effet, Votre Majesté. Volusien et Héloïse n’ont point souhaités se joindre à moi pour accueillir nos estimés invités. L’un est resté à ses prières et l’autre à son important rendez-vous.

— Quel dommage. Mais avions-nous réellement besoin d’eux ? (Le roi sourit.) La question se pose.

Herlemont rit doucement à ses mots.

— Pour l’affaire qui nous occupe ? Je ne le crois pas.

Tous les acteurs maintenant réunis, Iveln décida de revenir sur le sujet qu’il estimait important.

— Si je puis me permettre, Votre Majesté, concernant nos exilés…

— Je vous écoute.

— Avec votre permission, mes hommes et moi leur rendrons visite peu après minuit. Nous procèderons alors aux « encouragements » que vous avez suggérés.

— Faîtes comme bon vous semblera. (Son sourire ne diminua pas.) Vous avez toute ma confiance et ma bénédiction sur cette…délicate affaire.

Voilà qui satisfaisait grandement Iveln. Acculé ainsi, Victor Mortis n’aurait pas d’autre choix que de se plier à ses exigences s’il ne voulait pas mettre en danger les siens ou, selon le Seigneur-Inquisiteur, le peu de dignité qu’il lui restait en ce royaume. Cependant, cette satisfaction ne l’empêchait nullement de se poser des questions sur l’absence des autres Diaths. Qu’ils refusent ainsi de se présenter à lui, un de leurs prochains importants interlocuteurs en ces terres, cela paraissait étrange. Méprisaient-ils tant son ordre pour qu’ils l’ignorent ainsi ou avaient-ils une quelconque autre idée en tête, comme aider la Légion ? Qu’importe. Concernant les membres de ce groupe maudit, il n’avait de toute manière aucunement l’intention d’user d’autre chose que la manière forte. A ses yeux, c’était là le seul langage que ces rats comprenaient.

Les trois hommes rirent sombrement. A l’arrière, Cinab peinait à voir l’humour de la situation. Elle maudit le Paladin-Général de l’avoir nommée ici seconde, la condamnant ainsi à être sous les ordres de gens incapables de respecter une parole donnée.

*****

Annotations

Vous aimez lire Cassandra Mortis ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0