Chapitre 24 (4/4)

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Dans le ciel, le soleil avait passé son zénith depuis plus d’une heure tandis que sur terre, la fin du repas avait ramené l’hôtel Portelune à l’étrange silence de ses derniers jours. Désormais, chacun de ses habitants était à ses dernières tâches. Et bientôt, beaucoup s’en irait dormir, en préparation de la longue nuit à venir.

Parmi ces gens se trouvait Garance. Le tri de la quasi-totalité de ses affaires achevée depuis moins d’une heure, elle se trouvait maintenant au centre de sa chambre à vérifier une ultime fois ses deux derniers sacs, posés sur la table. Le premier, le plus gros, partirait avec le reste de son groupe. Le second, lui, l’accompagnerait dans sa descente d’ici quelques heures.

Elle avait déposé à côté d’eux sa dague et son épée. Elle sortit la plus courte des deux lames de son fourreau et observa les fines gravures à sa surface. Tout comme son épée, sa dague, cadeau de son frère, avait aussi été enchantée pour correspondre à la magie qu’elle employait. Elle ne l’avait pas utilisée depuis un certain temps et se trouva rassurée de ne voir aucun signe d’usure majeur des enchantements. Elle la rangea et la posa à côté de son épée.

La Mortis rajouta à cet ensemble sa pochette en cuir, celle qu’elle portait toujours accrochée à sa ceinture et à sa cuisse droite par des sangles. En temps normal, elle contenait toujours une carte de la partie ouest de l’Essenie, sa bourse, sa boussole et un parchemin de téléportation en cas d’urgence, même si l’activation de sa magie, qui passait par la lecture d’un sortilège écrit, le rendait difficilement utilisable dans une certaine immédiateté. Mais comme le fait de l’avoir sur elle la rassurait, elle l’avait donc gardé. Elle rajouta à ce paquetage la carte des souterrains ainsi qu’un petit torchon dans lequel elle avait glissé un morceau de pain et un morceau de fromage avec quelques biscuits. Elle espérait que cela suffirait. Elle ne s’absenterait que quelques heures après tout et serait vite de retour auprès des siens.

Elle vérifia d’abord le contenu du second sac. La poche principale était divisée en deux parties. A l’arrière, dans la plus grande, elle avait glissé quelques vêtements de rechange avec une tunique, des chaussettes et des sous-vêtements. A l’avant, elle avait placé une poche en cuir et multi-compartimentée contenant son nécessaire de premiers soins avec bandages, compresses, baumes et autres élixirs d’aide à une cicatrisation rapide. Elle y rajouta la gourde d’eau qu’elle venait de remplir puis boucla ce sac avant de le ranger dans son armoire, vidée de ses affaires, ne voulant pas laisser cet élément compromettant à la vue de tous.

Elle s’attaqua à l’autre sac. Dans celui-ci, elle s’assura qu’il contenait bien tout ce dont elle aurait besoin pour le voyage vers l’Agertha. Elle y trouva bien ses vêtements de rechange, une poche en tissu comportant son nécessaire de toilette, son briquet et son amadou, ses deux carnets de notes et de quoi écrire, une seconde gourde, une couverture en laine et le reste de son nécessaire de campement. Tout y était ou presque, si l’on excluait ce qui se trouvait dans son autre sac.

Sa cape en laine, elle aussi enchantée pour masquer plus facilement la présence de son porteur dans le noir ou la nuit, se trouvait délicatement pliée à côté de ses armes. Quatre petits objets étaient posés dessus, attendant de trouver leur emplacement définitif : la chevalière en argent des Mortis qui irait à son doigt, la chaîne en argent avec l’anneau au grenat et garances qui irait autour de son cou, un petit morceau d’obsidienne poli et gravé, lui aussi enchanté pour garder son porteur au chaud, qui irait dans la poche intérieure de son manteau et la clé de sa chambre qui rejoindrait ses affaires dans le sac de l’armoire.

Elle s’arrêta enfin puis laissa s’échapper un long soupir. Elle avait ce qu’il fallait et était prête à descendre, du moins, matériellement parlant.

— Garance ?

Elle sursauta légèrement. Plongée comme elle l’était dans ses pensées, elle ne l’avait pas entendu ouvrir sa porte.

— Tes affaires seront prêtres à temps ?

— Oui, papa. N’aie crainte.

Elle lui sourit.

Voyant que tout semblait aller pour le mieux, son père entama sa sortie.

— Parfait. Dans ce cas, je…

— Papa… J’ai une requête.

Il s’arrêta alors et l’observa curieusement sans rien dire. Le regard de sa fille montrait une certaine hésitation.

— Je t’écoute. Quelle est-elle ?

— Je… (Elle détourna son regard un court instant.) Lorsque nous arriverons à Hautelune…je voudrais que nous allions sur la tombe de maman. Tous les trois, avec William.

A ces mots, Victor lui sourit à son tour. Cette requête n’avait rien de déraisonnable. Et, de toute façon, il avait toujours eu l’intention de proposer une telle réunion de famille, une fois loin de la capitale. Elle l’avait simplement pris de court. Il la rejoignit au centre de la pièce et l’enlaça comme il le faisait chaque fois qu’il en avait l’occasion.

— Si ton frère le souhaite également… C‘est promis, ma chérie, c’est promis.

Il embrassa ses cheveux et resserra sa prise autour de ses épaules. Garance lui rendit son étreinte tout aussi fortement.

— Merci, papa.

Et c’est à cet instant que ce sentiment qu’elle essayait de plus en plus réprimer plus l’heure de son départ s’approchait choit de ressurgir. La peur ; cette peur de ne jamais revoir les êtres aimés, cette peur de cet inconnu qu’elle s’apprêtait à affronter. La peur, car rien dans sa vie ne l’avait préparé à ce qui suivrait.

— Je t’aime, papa.

— Je sais. Je t’aime aussi, ma chérie.

Alors à son tour, elle raffermit sa prise.


Ô, chère et tendre famille,

Puissiez-vous me pardonner

Pour ce que je m’apprête à faire.


*****


Plus bas, quelque part au cœur d'Agrisa, Liel, qui avait observé les cultistes depuis une heure, ne savait nullement s'il devait se réjouir ou se désoler de la situation.

— Pour ce qui est de la diversion promise, ce n’est pas exactement cela que j’avais en tête. Cependant…elle conviendra tout autant.

Dans les ténèbres, il ne put s'empêcher de sourire.

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