Chapitre 27 (1/2)

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Dans la cour de l’hôtel Portelune, deux autres légionnaires avaient pris la relève de Dioprance et Harban depuis maintenant une dizaine de minutes. Justinien, assis sur le rebord d’une des fenêtres, et Cebeon, adossé à la porte fermée du hall d’entrée, regardaient les quelques étoiles visibles d’un air mélancolique et repensaient à de vieux souvenirs datant du voyage allé vers l’Essenie. Ce trajet avait été effectué dans des circonstances bien particulières et le retour ne serait malheureusement pas bien différent.

A la périphérie de leur champ de vision, les nuages qui couvraient certaines zones du ciel se teintèrent lentement mais surement de rouges et d’orangés, des couleurs bien inhabituelles pour une nuit d’automne. Le calme apparent se poursuivit encore quelques instants jusqu’à ce qu’une détonation et le beffroi ne sonnent la fin de cet ultime moment de répit.

Les deux hommes se redressèrent. Cebeon ouvrit la porte et pénétra avec son camarade dans l’entrée. C’est là qu’ils firent face à une Neavathary inquiétée après qu’elle eut jailli des tréfonds de la bâtisse d’un pas pressé, alarmé.

— Dame Astanatos ?

Elle s’arrêta.

— Où est Victor ?

— Dans sa chambre. Il dort, ma Dame.

Elle ne leur répondit pas et commença à monter aussitôt trois à trois les marches de l’escalier en colimaçon.

— Ma Dame ?

— Dame Astanatos ?

Inquiet, le duo la talonna, délaissant sa vigie dans la cour.

Au premier étage, Ishaa, arrivée sur le palier, boucla plus prestement les derniers mètres qui la séparait de la chambre du maître des lieux. Elle déverrouilla la porte de son sortilège habituel et entra.

— Victor !

N’ayant pas trouvé un sommeil aussi profond qu’attendu, le commandant émergea rapidement de sa torpeur.

— Debout, maintenant ! C’est urgent !

— Que se passe-t-il ? demanda-t-il d’une voix encore endormie, tandis qu’il se redressait.

— Les cultistes ont démarré de multiples incendies et ont fait exploser un entrepôt sur les quais. Et les morts surgissent des souterrains par flots.

— Et merde.

Ishaa se recula et laissa le commandant sortir de son lit et se saisir de ses vêtements. Il commença à s’habiller, de sorte à être un minimum présentable. Il finirait de s’équiper plus tard.

L’elfe n’attendit pas pour poursuivre son discours.

— Prends tes gens et vos affaires et quittez Portelune et la capitale dès à présent.

— Ishaa, nous ne pouvons pas…

— Vous ne pouvez rien pour la Nouvelle-Essenie. Cette cité est condamnée. Quoi que tu fasses, quoi que vous fassiez, Edwald, Herlemond et toute leur clique vous tiendrons pour responsable. C’est le bûcher qui vous attendra.

Il ne dit rien ; elle avait raison. Et ce, même si en son for intérieur, l’idée de laisser des innocents subir une telle tragédie, sans qu’ils ne fassent rien pour les aider, le dérangeait grandement. A la toute fin, sa priorité première était de mettre en sécurité ses gens et sa famille, ce qui le sera aussi pour bien d’autres cette nuit. Pour les souterrains… Il verrait après.

Derrière l’elfe, Cebeon et Justinien, ayant entendu l’ensemble des nouvelles, masquaient avec peine leur inquiétude. Que des vénérateurs de l’Inconnu s’en prennent si ouvertement à la capitale d’un pays n’était pas arrivé depuis longtemps. Les conséquences pourraient être désastreuses, si cet événement venait à donner des idées à d’autres.

Victor les sortit vite de ces pensées néfastes.

— Allez réveiller les autres. Dites-leur de se préparer.

— A vos ordres, mon Commandant, répondirent-ils d’un commun accord.

Cebeon prit la direction des quartiers des légionnaires et Justinien monta au deuxième étage. Dans la chambre d’à-côté, celle de William et de sa famille, du bruit fut perçu.

— Finis de te préparer et va réveiller Emile. Je me charge de nos affaires.

Nul besoin pour Victor de s’assurer de la fin de leur sommeil.

Face à lui, Ishaa repensant à leur projet initial, prit un air plus contrarié.

— Victor… Nakita ne pourra pas nous accompagner.

— Un problème ?

— Les morts… Les cultistes ont une lanterne fantôme.

Victor blêmit.

— Comment en êtes-vous aussi certaine ?

— J’en ai déjà vue une à l’œuvre par le passé… Il n’y a pas d’autre explication à leur présence et nombre. Ils sont en train de vider l’entièreté des souterrains de leurs habitants habituels, même ceux que vous aviez détruits et gisaient en un tas d’os dans un recoin poussiéreux. Je ne peux pas la laisser demeurer entre leurs mains ou la voir tomber entre celles des Eriliens ou des Ecarlates, considérant qu’ils en ont déjà une en leur possession.

— Que comptez-vous faire ?

— Vous quittez d’abord la ville puis nous descendrons. Mes Sages se chargeront du reste.


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