4 - La nuit des gobelins

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Lenforth marche entre les barricades de bois, il s'arrête devant chaque villageois. Aucun n'est taillé pour être soldat. Certains sont trop jeunes, d'autres trop vieux. Ce qu'ils ont en commun, c'est leur équipement dérisoire. Des seaux improvisés en casques, des fourches, des arcs rudimentaires et autant d'outils rouillés. Ils sursautent à chaque coup de tambour que les gobelins frappent, à mesure qu'ils approchent. Leurs yeux tremblants n'osent, ni regarder au loin les feux menaçants des torches, ni chercher du réconfort dans le visage de leurs voisins d'infortune, de peur qu'ils y lisent leur terreur.


Pourtant, quand Lenforth s'arrête devant chacun d'entre eux, leur face s'illumine un court instant. D'un coup, ils osent lever la tête et scruter le regard déterminé de cet homme que rien ne semble perturber. En de telles circonstances, les mots sont inutiles. Alors, en guise de réponse à leur salut silencieux, Lenforth leur met une tape sur l'épaule, elle fait retentir leur attirail, les redresse, leur communique un peu de ce courage, dont ce chef malgré lui, semble avoir le secret. Une fois un sourire décroché à son pair, il passe au suivant.


La revue dure quelques minutes, sous les grognements, les cliquetis et les roulements de plus ne plus pressants dans l'ombre. Lenforth se place en tête de sa triste armée, que seul l'espoir porté en lui semble faire tenir. Une solide jeune femme munie d'un arc le rejoint.

  • Ta présence me rassure Thaelra, si ta troupe de couturières et d'enfants veulent se battre, alors pourquoi pas nous... Quelles sont les nouvelles ?
  • C'est auprès de toi que je viens chercher le courage - elle scrute les hommes qui constituent l'avant-garde - Et je ne suis pas la seule.
  • Je n'ai rien fait pour ça, je ne suis qu'un idiot qui joue aux généraux.
    Thaelra le frappe de toutes ses forces.
  • Reprends-toi, tu es le seul à avoir tué des éclaireurs gobelins hier, tu nous as montré que c'était possible. Je serais avec toi jusqu'à la fin, tu n'as rien à craindre...
  • Je n'ai pas peur de périr, j'ai peur de vous voir mourir à mes côtés...

Les deux se scrutent à la lumière de la lune, les yeux en larmes, ils s'enserrent les mains et se communiquent du regard un mélange de rage de vaincre et de désespoir.

  • Ils arrivent, mes archères sont prêtes.
  • Lorsque tu vois leurs torches dans les champs, ordonne de décocher les flèches, tues en un maximum avant qu'ils n'arrivent sur nous. Lorsque nous serons au corps-à-corps, fais monter les archères sur les toits et tirez de là.

Thaelra file à son poste, Lenforth agrippe sa hache de bûcheron.


Les tambours approchent, la végétation trésaille, des ricanements raisonnent dans les champs.
L'homme regarde une dernière fois ses hommes, il sait qu'il perdra bon nombre d'amis cette nuit et qu'il s'en voudra toute sa vie, si tant est qu'il survive.

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