1.9

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contenu sensible

Avec le beau temps, nous utilisons la piscine. Nous connaissant très intimement, nous le faisons dans le plus simple appareil. Manon et Roxane sont souvent ensemble et ne font pas que nager. Plusieurs fois, je surprends Alex à les regarder. Il faudrait être ascète pour ne pas admirer leur spectacle. Je réussis à m’approcher de lui, espérant, au travers de cette complicité de voyeur, arriver à établir un contact. Je ne veux pas le draguer : les mineurs ne sont pas mon intérêt. Je veux juste connaitre cet adolescent intriguant, lui parler. J’ai envie d’être son grand frère. La tentative échoue lamentablement et il s’enfuit en courant.

Un soir, par hasard, c’est dans l’entrée de notre bungalow que je le surprends à nous regarder. J’arrive à lui saisir la main pour empêcher sa fuite. Je le fais asseoir. Je suis nu, encore à moitié en érection. Je jette le premier vêtement attrapé sur mon organe. Je ne veux pas le choquer. Je le tiens, le tenant fermement, essayant de le calmer. J’arrive à croiser son regard. Un appel au secours. Je le lâche en lui disant qu’il est le bienvenu. S’il veut, il peut pénétrer dans la pièce et nous regarder. Je mets tout ce que j’ai comme gentillesse, comme prévenance dans cet échange. Un petit sourire. Ce rictus me bouleverse, car j’ai, enfin, établi une communication.

Je lui reprends la main, du bout des doigts.

— Viens !

Nous pénétrons dans la grande pièce. Thomas et Doron sont très occupés. Charlotte joue avec Roxane, sous l’œil de Manon. Cette dernière nous voit. Elle comprend immédiatement et vient nous rejoindre. Elle accueille Alex avec une bise sur chaque joue. Dans la pénombre, je le vois rougir. Elle lui prend l’autre main et s’assoit à côté de lui. Nous regardons les deux couples finirent leurs ébats dans des paroxysmes de plaisir. Alex dévore le spectacle.

Nous remettons un peu de lumière. Les autres viennent le saluer. Il se détend. Il m’explique qu’il a l’habitude de pénétrer et d’observer ce qui s’y déroule. Il n’est pas choqué, juste curieux. Nous lui disons qu’il est libre de venir quand il veut. Il hoche la tête et nous quitte.

Nous discutons abondamment de son cas.

— Inviter un gamin de seize ans à venir contempler les ébats sexuels d’adultes, moralement, ce n’est pas tenable.

— Quelle idée de l’avoir introduit et de l’avoir invité à revenir !

— Maintenant, ce n’est pas la première fois qu’il voit un tel spectacle.

— C’est à son père de contrôler tout ça !

— Cette remarque est un peu facile !

— Alex a l’air perdu. Ce n’est pas une bonne idée, mais si on peut l’approcher, le faire parler, l’aider, par ce moyen, j’ai envie d’essayer !

Manon tranche le débat. Je lui prends la main pour lui dire que nous sommes deux. Les autres approuvent, plus lointains, plus indifférents.

Chaque soir, dorénavant, il sera là, souvent jusqu’à s’endormir parmi nous. Nous ne faisons plus attention à lui. Il s’enhardit, se déshabille et vient nous frôler dans nos batifolages, osant des caresses sur nous. Nous ne le touchons pas, non par respect de la loi, mais par respect de lui.

***

Un matin, je demande à Charles de repasser par les salles BDSM. Décidément, ces pièces m’attirent ! Un chevalet trône au milieu. Je me mets à califourchon dessus. J’imagine ce que cela doit faire d’y être attaché et soumis aux assauts d’un mâle vigoureux. Je regarde Charles. Il ne comprend pas. En une fraction de seconde, je suis nu. Je me repositionne.

— Prends-moi, s’il te plait !

Il hésite. Je l’émoustille en tortillant mes fesses. Il cède. C’est la première fois que nous inversons les rôles : c’est bien.

Pendant que nous remontons, je lui propose de se joindre à nos soirées. Il sait qu’Alex est avec nous. Je lui en ai parlé dès le premier jour. Il a simplement haussé les épaules, ce qui m’a désespéré. Il hésite. J’insiste, sans trop savoir pourquoi. Il accepte.

Le soir, nous l’attendons en nous amusant. Alex est bien sûr déjà là, nu dans son jeune corps fin. Charles arrive. Il se déshabille sans manières, malgré la présence de son fils. Il ouvre un petit paquet.

— Des stimulants, pour ceux qui veulent. J’ai oublié le nom, mais pas l’effet. Essayez, c’est surprenant !

Charlotte fonce, avale un comprimé tout en fourrant un dans la bouche de Thomas. Tous les autres l’imitent, y compris Alex, sous le regard de son père. Je refuse. Je n’ai jamais aimé ces trucs et je m’en méfie. Trop d’histoires… Peu importe. Rapidement, l’ambiance change, monte d’un cran. Ils sont tous excités. Je me laisse emporter par cet enthousiasme. Alex est devenu acteur, aussi bien passif avec Thomas, qu’actif avec Charlotte et Doron. Je l’observe, n’osant pas le toucher. Il est si jeune, même s’il parait complètement désinhibé sous l’effet de la drogue.

Ils perdent tous la tête. Cela devient n’importe quoi. Je m’enfuis sous la douche, dégouté par cette orgie, déçu par mes amis e s, choqué par Charles. Je me réfugie au bar, enfoui dans un fauteuil, un triple malt dans la main, la bile aux bords des lèvres. Je me rends compte que nous faisons n’importe quoi, moi le premier. Je voudrais partir. Maintenant, les relations qui se sont nouées sont belles et fortes. Je ne les connaissais pas, mais je suis heureux de leur présence dans ma vie. Demain, franchement, je vais les engueuler. Et dire à Charles de s’occuper de son fils, au lieu de se faire sauter par le premier conard venu. Dorénavant, le conard va se comporter en adulte. Je suis capable de me maitriser, je suis capable d’être responsable. La scène avec Alex et son père me révulse. Je me sens coupable.

Le lendemain, c’est la gueule de bois. Personne ne parle de la veille, tout semble oublier. Aux repas, Alex est redevenu égal à lui-même. Sait-il ce qu’il a fait cette nuit ? Charles est silencieux. À la laverie, le matin, je n’ai pas tenté notre rituel. Il n’a pas réagi, pas demandé, indifférent, me semble-t-il, à tout cela. Je lui demandai ses impressions sur l’orgie de la veille. Il ne semblait pas y attacher d’importance. Je poussais, en lui demandant s’il avait observé Alex durant cette soirée. Il hausse les épaules. Alors, je lui dis ce que j’ai sur le cœur, omettant ce qui m’a si profondément choqué. Je ne connais pas ce type, à peine son histoire. Un gamin est en danger, il faudrait qu’il s’en occupe sérieusement, c’est son fils. Durant ma diatribe, il me regarde, les yeux vides. Je me retiens pour ne pas le secouer, le frapper. Mes éclats de voix attirent Thomas, qui descend, juste à temps. Je me casse, bousculant Charles de mon épaule. Je pars marcher. Je reviens vers midi. Tout le monde est attablé, comme à l’accoutumée. Après le café, Charles s’approchera de moi pour me murmurer !

— Tu as raison ! Je vais m’occuper de mon petit !

J’ai perdu la raison ! Cette aventure et l’ambiance du confinement m’ont fait faire n’importe quoi.

Introduire Alex dans notre orgie a été une erreur impardonnable.

Je ne suis pas encore remis des conséquences.

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