Silence
Il a entendue tomber la lame et serre lentement les mâchoires. Blau inspire profondément, et il attend. Il observe, immobile. Le prochain moment est crucial. Sa réaction l’est. Elle le regarde :
- ... Merci professeur.
Il détend légèrement ses épaule, ses traits se relâchent mais il reste sur le qui-vive. Il répond presque machinalement :
- Pas de quoi.
Il fait une pause, comme s’il voulait dire d’autre chose, mais garde le silence. Elle commence à marcher vers la porte. Que voulez-vous qu’elle fasse d’autre ? Elle prend ses écouteurs, chantonne. écouteurs dans les oreilles, et elle chantonne :
- And I want to thank you
For giving me the best day of my life
Oh, just to be with you
Is having the best day of my life
Il la suit du regard puis secoue la tête, comme sortit d’un cauchemar. Il inspire lentement et se frotte le visage. Il regarde autour de lui, un peu hagard. Passant la main dans ses cheveux, perturbé, il retourne corriger ses copies. Une routine dont il a l’habitude mais dans des conditions tellement différentes.
Le lendemain, il trouve un paquet dans son casier. Des cookies. Pas de nom, pas de mot mais il sait. L’anonyma et le silence parle pour elle.
Il sent un poids légèrement se déloger de sa poitrine. Il respire un peu mieux.
En cours, elle dort encore. Mais son sommeil semble un peu plus léger. Comme si elle avait était un peu apaisée. À la fin du cours, il se prépare, relève ses manches. Une seule nouvelle cicatrice. C’est rare si peu, il ne se souvient pas que ce soit déjà arrivé. Il sourit, nettoie la plaie et corrige ses copies. Elle se réveille. Pas un mot mais son regard croise le sien et c’est suffisant. Elle pars.
Il ne semble pas surpris de la voir se réveiller. Il a presque l'air soulager, à vrai dire. Il continue de corriger, l'air de rien. Mais ce regard est différent. Mais il ne pose aucune question inutile, ne fait aucun geste.
Ce manège continue jour après jour, le silence plus puissant que leurs mots pourraient dire. Et puis ils se retrouvent sur le toit. Comme si c’était normal. Aucun rendez-vous. Juste... ils savent. Ils savent pourquoi leurs lèvres se rencontrent. Ils n’ont juste pas besoin de le dire.
Le silence qui se crée entre eux, c'est un silence confortable. Un silence qui ne demande rien, ne désire rien. Juste être là.
Leurs corps se rapprochent, comme attirés par quelque chose d'invisible. Leurs lèvres se frôlent presque, comme s'elles se sentaient, s'attendaient. Et puis elles se joignent, comme si c'était la chose la plus naturelle au monde. Comme s'il n'était pas question d'autre chose.
La seule chose brisant leur silence sont les douces promesses qu’ils se murmuraient. Pourquoi crier quand ils savent ?
Le monde semble s'éloigner un peu plus à chaque instant, alors qu’il la serre un peu plus fort. Sa gorge se noue, son cœur s'accélère.
Au final, ils n'avaient besoin que de ça. Que d’eux. Le toit devient leur endroit, celui où ils peuvent juste exister. Silencieusement, langoureusement. Juste une caresse, un baiser volé suffise. Ils sont plus fort qu’une simple déclaration. Comme un mystère qu’ils refusent de décrypter alors qu’ils connaissent la solution.
Cette histoire semble écrite d'avance. Un chapitre qui s'ajoute, sans bruit. Mais rien ne dure longtemps dans une relation interdite. À leur yeux, elle avait toute sa logique. Mais le monde ne peut penser pareillement.
Annotations
Versions