Toute vérité finit par se dévoiler
J'ai beau y avoir réfléchir toute la nuit, je ne parviens pas à comprendre. Pourquoi leurs visages me sont-ils apparus ? Tout est arrivé si simplement que je me demande si je n'ai pas sombré dans la folie. Tout ceci n'a aucun sens. En une fraction de seconde, tout à changer. Moi qui ne voit que des masques blancs dénués de toute distinction, je me suis retrouvée capable d'appercevoir leur sourire, leur regard. Même si cela est arrivé progressivement, c'est comme si un rideau venait de se lever pour laisser place aux artistes. Je suis partagée entre le soulagement et l'incompréhension. Qu'ont-ils de différents des personnes que je croisent tous les jours dans ma vie ? Qu'ont-ils de plus que Stan ? J'ai beau retourner la question dans tous les sens, je ne vois aucune issue. Ce dont je redoute le plus, c'est de m'appercevoir que tout ceci n'est qu'un leurre. Même s'ils m'ont confirmé que les dessins que j'ai réalisé correspondait bien à Chin et à Nabi, je ne parviens pas à me dire que tout ceci est réel. Il y a forcément une raison. Une cause que j'ignore pour le moment mais qui expliquerait le fait que je ne vois que leurs visages sur cette terre. Toute la nuit, je me suis retournée dans tous les sens afin de trouver la clé de ce mystère. Je suis restée éveillée sans pouvoir répondre à mes questions. Vais-je également découvrir le visage de mes autres voisins ? Même si j'ai décidé de me tenir à l'écart du groupe pour le moment afin de ne pas leur imposer mes expériences, je ne vais pas pouvoir les éviter. Après tout, leur maison est juste à côté de la mienne. Si nous n'avons pas le même rythme de vie, il semble tout à fait propable que je finisse par les croiser pour une raison ou une autre. Je ne fuirais pas ce genre de situation. Mais je refuse, malgré ce que m'a conseillé Jia, de m'imposer dans leur routine afin de voir des visages. Peu importe combien je me sens vivante lorsque je vois enfin leurs traits, je ne peux pas agir de manière aussi intéressée.
Un message s'affiche sur l'écran de mon téléphone tandis que je bois une tasse de café bien serrée. Il me faut au moins ça pour garder mes paupières levées. Le manque de sommeil se fait atrocement sentir. Chacun de mes membres semble engourdi. La punition me paraît légérement exagérée pour une simple insomnie. San s'excuse de me déranger mais il a un empechement ce mercredi et préférerait que l'on se voit le plus tôt possible. Je lui suggère de se retrouver en fin de matinée puisque je n'ai rien à faire de toute façon. Je n'ai pas l'inspiration pour écrire une nouvelle histoire. À vrai dire, je n'ai même aucune envie de réfléchir à ça pour le moment. Une fois le rendez-vous fixé, je rejoins la salle de bain. Une bonne douche fraîche pour me réveiller est nécessaire. Je suis étrangement nerveuse à l'idée de retrouver mon agent ce matin. Sa voix était particulièrement amère hier au soir. Il semblait perturbé par quelque chose. J'espère que tout va bien. Même s'il m'a affirmait qu'il n'était pas malade, je sens qu'il n'est pas dans son état normal. Je ne peux m'empêcher de m'inquiéter. Dans une certaine mesure, il semble ressembler à Chin. Son côté lumineux est tellement présent que dès qu'il perd un peu de sa joie de vivre, on ne peut que s'affoler. Heureusement, San aime toujours mettre les choses au clair au plus vite. Il ne tourne pas autour du pot. Lorsque quelque le tracasse, il pose le tout sur la table et propose des solutions. Il y a donc de fortes chances pour que je sois mise au jour tout à l'heure.
Mon reflet dans le miroir ressemble davantage à un zombie tout droit sorti de sa tombe qu'à une jeune femme n'ayant pas encore atteint la trentaine. Je me demande comment je vais bien pouvoir arranger cette mine défraîchie. Quelque fois, je me demande si ce ne serait pas mieux si je ne voyais pas ma figure également. Sans doute que je pourrais me sentir plus jolie si je ne me voyais pas tous les matins. Oui, je serais certainement plus confiante si je ne pouvais pas m'apercevoir de mes défauts. Je ne sais plus exactement à quel moment j'ai commencé à me sentir quelconque. Je ne voyais pas ce qui pouvait me rendre plus admirable plus qu'une autre. Au contraire, j'ai commencé à voir les autres femmes plus belles en les comparant avec moi. C'est sans doute à ce moment là que j'ai commencé à ne voir qe les élèments négatifs de ma silhouette. Pourtant, d'après ma famille et mes amis, j'ai un beau visage. Seulement moi, je ne trouve pas que ce soit le cas.
J'applique un peu de crème et une légère couche de maquillage pour cacher la misère. D'énormes poches se sont remplies sous mes yeux me rendant encore plus fade que les autres jours. J'essaie d'occulter la fatigue pour ne pas inquiéter mon ami. Je ne sais pas ce qu'il a prévu pour ma prochaine oeuvre mais j'espère qu'il n'a pas encore vu les choses en grand. Depuis le début de ma carrière, il ne cesse de me pousser à progresser. Il est très motivant mais parfois j'aimerai qu'il me laisse prendre du recul. Après une longue hésitation, j'opte pour une jupe longue et un tee-shirt rose poudrée. J'ai toujours aimé cette couleur et le temps est suffisament agréable pour que j'ai envie de quitter les teintes sombres. Et puis, je dois avouer que San ne m'a jamais laissé indifférente. J'ai toujours voulu être une belle personne à ses yeux. Même s'il m'a toujours considéré comme sa petite soeur, à cause de mon âge, je dois avouer qu'il m'est déjà arrivé d'espérer plus. Il a toujours été très attentionné vis-à-vis de moi. Dés notre première rencontre, il s'est occupé de me rassurer et de me protéger du monde parfois dur du monde de l'édition. Il prenait toujours tout sur lui lorsque je faisais des erreurs. Il a été le seul à me soutenir lorsque j'ai voulu garder mon identité secrète. Je pense que cela n'a pas été de tout repos pour lui. En y repensant, il a dû me détester parfois. Je suis du genre entêttée lorsque je prends une décision. Parfois, la vie fait que nous manquons l'occasion de prendre une certaine direction et qu'ensuite il nous est impossible de faire demi-tour. Je voulais attendre d'être sûre de pouvoir espérer quelque chose entre nous et puis San m'a présenté sa fiancée un an après notre rencontre. Il est tout de suite tombée fou amoureux d'elle. Je l'ai su à la seconde où il a prononcé son nom. Il n'a jamais dit le mien de la même manière. Je n'ai donc pas pu lui dire ce que j'avais sur le coeur et j'ai dû tirer un trait sur mes sentiments. Cela n'a pas été facile de garder la face devant lui. De ne pas lui montrer ce que je ressentais réellement. Je faisais semblant d'être heureuse pour lui. Non, en réalité j'étais satisfaite de le voir aussi heureux. C'était un peu mon lot de consolation. Je ne pouvais pas tout gâcher en laissant entrevoir ma jalousie. Quatorze mois plus tard, j'ai rencontré à mon tour quelqu'un. Si j'avais pu imaginer sa véritable personnalité, je me serais contenter de passer mon chemin.
Nous avons rendez-vous à onze heures. Lorsque je pars de chez moi, je sais pertinemment que je vais arriver en retard. Je préviens donc mon agent, sans omettre le smiley qui illustre que je suis désolée. Il sait comment je suis depuis le temps qu'il s'occupe de moi. Chaque fois que je suis sur le point de publier quelque cose, il passe plus de temps avec moi qu'avec sa compagne. Par moment, je la pleins. En tout cas, il semblerait que leur histoire soit faite pour durer. Tout en montant dans le bus, je me demande si j'aurais seulement regarder mon ex si San n'avait pas été en couple à ce moment-là. S'il n'était pas tomber amoureux, alors je ne me serais sans doute pas préoccupé de ce type et je n'en serais pas là. Je n'aurai pas vécu cet enfer durant prés de deux ans. Tout est une question de timing. Cela me fait penser que la dernière fois que j'ai vu San, il portait cet affreux masque blanc. J'étais tellement mal à l'aise que je suis partie en courant. Il a dû se sentir contrarié. Depuis l'incident, je me comporte étrangement avec lui. Je fais tout pour éviter de le rencontrer. Je me demande s'il s'est apperçu de quelque chose.
Lorsque j'arrive au café, il est déjà passé onze heures de quinze minutes. En plus de mon retard, un accident a créé un bouchon. Depuis la baie vitrée, j'apperçois la silhouette de mon ami. Même sans visage, il est reconnaissable par sa posture et son costume. Il est déjà assis à une table, dans un coin du restaurant. Il a pris soin de s'installer loin d'une fenêtre pour éviter que je sois distraite en plein milieu de la conversation. Une tasse est posée à sa droite, tandis que le reste de la table est occupée par un ordinateur portable dernier cri. Il semble réfléchir intensément à quelque chose. Chaque fois qu'il le fait, il croise ses doigts sous son menton. Il le fait tellement fort que le bout de ses phalanges en deviennent toutes rouges. Je ne sais pas ce qui le tracasse à ce point. Dans mes souvenirs, sa carrure pourrait faire penser à un homme tout droit sorti de son service militaire. Tandis que ses lunettes et ses cheveux toujours bien coiffés lui donnent plutôt un air intellectuel. Il a de petits yeux noirs qui mettent l'accent sur son large sourire. Même si à mon avis, aujourd'hui, il ne sourit pas. Je suis de plus en plus nerveuse à l'idée de le rejoindre. Cela va faire bientôt un an que l'on ne s'est pas retrouvé face à face. Je me sens un peu coupable de lui avoir imposer cette distance mais je ne savais pas quoi faire d'autre à l'époque. J'avais tellement honte de tout ce qui s'était passé. Je préférais alors le garder pour moi.
- Je te prie de bien vouloir m'excuser pour le retard. Il y a eu un accident...
- Pourquoi es-tu si polie avec moi ? Ai-je fait quelque chose qui t'as contrarié ?
- Hein ?
- J'ai bien remarqué que cela fait quelques temps déjà que tu n'es plus la même avec moi. Sans compter que tu sembles m'éviter depuis un an... J'aimerais comprendre ce que j'ai fait de mal...
- Tu n'as rien fait de mal. C'est jsute que je suis retournée vivre chez mes parents et tu sais que c'est loin d'ici...
- J'ai même appris par quelqu'un d'autre que tu avais rompu. Est-ce qu'il s'est passé quelque chose ?
- Comment ça ?
- Je te demande si cette rutpure n'a pas avoir avec le fait que tu n'arrives plus à écrire et que tu as pris la fuite dans une région reculée.
- Pourquoi est-ce que tu te mets en colère ?
- Je pensais qu'on était amis. Et je viens d'apprendre un certain nombre de choses qui ne me plaise pas du tout.
- Par qui ?
- Tu ne penses pas que c'est le dernier des soucis. Si tu veux tout savoir je suis plus en colère contre moi que contre toi. Je suis deçu aussi. Je voyais bien qu'il y avait un problème mais comme un idiot je pensais que c'était juste parce que tu n'arrivais plus à écrire. Alors je t'ai poussé, j'ai été plus dur avec toi sans savoir que tu souffrais.
La voix de San est différente. Quelque chose semble brisé dans son intonation. Je me sens encore plus coupable de l'avoir tenu à l'écart jusqu'à présent. Si seulement je pouvais changer le passé. Nous soulager de ce poids que l'on semble porter tous les deux sur nos épaules. La serveuse vient prendre notre commande ce qui me permet de souffler l'espace d'un instant. J'ai l'impression de suffoquer. Je ne pensais pas que la distance que j'ai pu nous imposer le blesserait autant. Je voudrais m'excuser mais je ne parviens pas à trouver les mots. Je joue nerveusement avec mes doigts, cherchant désespérement une fenêtre qui pourrait me permettre de m'évader. Le silence est vraiment pesant. San semble me laisser le temps de trouver comment lui raconter tout ce qui s'est passé. Je sais qu'il ne lâchera pas l'affaire avant de tout savoir. Je ne voulais pas qu'il est connaissance des ennuis que j'ai pu avoir avec mon ex. Le fait qu'il ait finit par découvrir un certain nombre de choses me met face à une voie sans issue. Je ne vais plus pouvoir me cacher à présent. J'ai seulement peur qu'il ne me voit plus de la même façon.
Après que nos boissons soient servies, je pousse un profond soupire avant de me lancer.
- Il y a un certain nombre de choses que je ne t'ai pas dites... Je ne sais pas par où commencer. Mon ex n'a pas supporté notre rupture et m'a harcelé pendant un moment. C'est pour cela que je suis partie chez mes parents. Il s'est immiscer chez moi plusieurs fois et a tenter de me reconquerir avec force... Je ne pouvais plus le supporter. Et puis, il y a eu l'incident. Je n'ai pas forcément envie d'en parler mais depuis ce moment je ne peux plus voir les visages des gens.
- Combien de temps as-tu souffert toute seule ?
- Je ne voulais pas t'embêter avec mes affaires... Et Ara n'aurait sans doute pas apprécié que tu t'occupes encore de moi, vous aviez déjà vos propres problèmes.
- Comment tu peux dire ça ? Je... Qu'est-ce que je suis pour toi exactement ? Tu devrais savoir que tu es importante pour moi et que jamais je n'aurai tolérer qu'il te fasse du mal. Dis-moi qu'est-ce que j'ai fait pour que tu sois aussi distante avec moi ?
- San...
- Tu as souffert toute seule... Je me sens tellement mal.
- Je ne voulais pas que tu me vois différement.
- Il t'embête encore ?
- Depuis que je suis partie de chez mes parents, il ne m'a pas retrouvé...
Je bois une gorgée de ma boisson. J'ai la gorge tellement sèche que je pourrais finir tout d'un seul coup. Je ne peux pas voir l'expression de mon ami mais je peux très bien l'imaginer. Il doit être furieux contre moi. Je n'ose même pas lever la tête de mon verre. Je me sens tellement mal à l'aise. Je suis aux bords des larmes mais je me contient pour ne pas ajouter du poids à l'atmosthère pesante. Le silence est comme des lames tranchantes à présent. Je prie pour que San prononce un mot, n'importe lequel. Mais il reste muet. Il semble accuser le coup. Je ne peux pas dire combien de temps, on reste là, assis sans rien dire. Au bout d'un moment, il se lève brusquement tout en prenant son téléphone et me demande de l'attendre. Une fois qu'il est partie, la tension semble redescendre d'un cran. Je me sens moins oppressée. Mon ventre exprime son envie de goûter l'un des plats proposés par le restaurant. L'odeur des plats chatouillent mes narines depuis que je suis arrivée. Je me dis que j'ai vraiment faim en toute circonstance. Je commanderai bien un plat mais je suppose que je devrais attendre le retour de mon agent. L'attente me semble interminable pourtant San ne met que quelques minutes avant de revenir. Mon coeur fait un bon lorsque je le vois revenir. Je suis surprise de le revoir alors que je l'attendais impatiemment. Il s'assoit avec élégance et me sert un verre d'eau avant de me demander si je voudrais manger quelque chose. Je hoche de la tête avant même qu'il est terminé sa phrase. San prend un mouchoir dans sa saccoche et essuie mes joues. Je comprends alors que j'ai réellement pleuré. Je ne me suis même pas rendue compte que des larmes avaient coulé le long de mes joues.
Le repas se fait dans un silence fastidieux. Je ne sais pas ce que je pourrais ajouter à mon histoire. Je n'ai pas envie d'entrer dans les détails. Finalement, je me sens soulagée de lui avoir avoué la vérité. Je ne sais pas comment il a su que j'avais rompu avec mon petit ami ni même que quelque chose s'était passé. Enfin, j'ai une vague idée de qui aurait pu vendre la mèche puisque Jia était la seule au courant de la situation.Seulement, à ma connaissance, ils ne se cotoient pas. Je me demande si c'est cela qui le tracassait autant ou s'il y a autre chose. Une fois les plats terminés, San range son ordinateur et se lève. Je le regarde sans savoir quoi faire. Va-t-il m'en vouloir de ne rien lui avoir dit ?
- Je te raccompagne chez toi. On parlera de ce qui est professionnel une fois que tu m'auras fait visiter ta maison.
- Pardon ?
- Je veux m'assurer que tu sois en sécurité. De plus s'il arrive quelque chose, je veux être en mesure d'aider. Hors, je ne sais même pas où tu habites.
- Tu n'es pas obligé de venir... C'est un quartier calme.
- D'ailleurs, j'aimerai rencontré ce fameux voisinage que tu as invité chez toi alors que tu étais toute seule.
- Comment ? Je ne pense pas qu'il soit râvis que je te présente ... Il est plutôt réservé avec les nouvelles têtes...
- Parce que c'est un homme ? Mais où as-tu la tête ? Tu invites un homme chez toi alors que tu es toute seule ? Tu devrais être plus prudente. Allons-y, que je vois sa tête.
- ah... Oui.
Je suis dans la galère. Comment vais-je expliquer à San que mon voisin est en réalité sept garçons et que je les inviter un soir chez moi ? En y repensant, j'ai agi un peu trop spontanément. Je me sentais tellement curieuse et tellement à l'aise avec eux que je n'ai pas réfléchi plus que ça. Je ne peux pas avoir continuellement peur. Je dois bien retrouver une existence normale et s'ils sont de mon côté, je me sentirais plus en sécurité. Le nombre fait la force, comme dit Jia. J'espère que s'il arrivait quelque chose, ils viendraient à mon secours.
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