La vie est un match de ping-pong : il faut savoir rebondir

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Lorsque je me lève, San dort encore dans le salon. Cela n'a pas dû être confortable mais c'est lui qui a insisté pour rester. Je n'avais vraiment pas besoin de chaperon. Je me suis débrouillée toute seule jusqu'ici. Je sais qu'il veut se rassurer après ce qu'il a entendu mais ce n'est tout de même pas sein pour son couple. Ni même pour moi, à vrai dire. J'ai déjà eu du mal à faire le deuil de mes sentiments pour lui et le fait qu'il se comporte ainsi avec moi ne m'aide pas franchement. Cela me rapelle le soir où il est arrivé en chien de garde chez moi lorsqu'il a appris que mon ancien petit ami venait dormir avec moi pour la première fois. J'étais tellement surprise que je n'ai su rien dire. Il est resté toute la nuit pour s'assurer que mon ex ne fasse rien d'innaproprié. Je crois que si je ne m'étais pas entêtée à faire taire mon coeur à ce moment-là, je ne serais jamais aller plus loin avec lui. Je secoue la tête : ça ne sert à rien de ressasser le passé. Je prépare le petit-déjeuner en faisant attention à ne pas faire trop de bruit. Il faut dire que nous avons veiller tard hier. Cela faisait longtemps qu'on n'avait pas discuter ainsi. Je lui ai demandé de ne pas parler de cet incident pour éviter de gâcher l'ambiance et il a tenu parole. Je suis soulagée même si je savais que ce n'est que temporaire. San n'est pas du genre à lâcher l'affaire aussi facilement. Je me demande combien de temps il compte rester ici. Il a une vie à mener sans moi. Je soupire. Comment vais-je pouvoir arranger la situation maintenant que je lui ai dit pour mon ancien petit ami ?

Mon téléphone m'annonce que j'ai une notification. Je regarde le message qui s'affiche sur mon écran. En réalité, j'ai un flux de message important sur le réseau social sur lequel j'ai répondu aux garçons hier après-midi. Beaucoup de personnes anonymes m'ont posé des questions dont je ne comprends pas le sens. Certaines me demandent si les rumeurs sont vraies. Je ne vois pas vraiment de quoi elles parlent. D'autres me disent qu'elles sont contentes de me voir réapparaître après une si longue absence et se pose la question à savoir si je suis réellement celle que je prétends être. Pour celles-ci je réponds que je suis bien l'autrice du conte cité, que je suis tombée sur le message par hasard et que cela m'a touché de voir que Ping apprécié mon texte. Je m'apprête à ajouter que je les soutiens dans cette période compliquée avant de m'arrêter brusquement. De quelle rumeur s'agit-il ? Est-ce que je n'ai pas fait une erreur en répondant à leurs messages ? Je fais une rapide recherche sur ma propre personne, espérant ne rien lire de désagréable. Je tombe directement sur un article qui me lie au groupe Run. Dans celui-ci, j'aurai supplié les artistes de réaliser un projet avec eux pour mon grand retour. En gros, je me servirais d'eux pour balayer le fait que je n'ai rien écrit depuis deux ans. Le monde est vraiment étrange. Je ne sais pas qui a pondu ce papier mais il a totalement détourné les faits. C'est tellement facile de transformer la réalité. Je suis contrariée. J'ai presque envie d'hurler au scandale mais je sais pertinement que cela ne servirait à rien. Avant même que je ne puisse réaliser l'ampleur des dégâts, San me rejoint. Il lit par dessus mon épaule l'article et se met à râler. Je n'ai pas le temps de lui préciser quoique ce soit, qu'il appelle la maison d'édition. Je suis certaine qu'il y a une manoeuvre crapuleuse derrière tout cela afin de m'obliger à réaliser le projet avec le groupe. Malgré sa position, San montre son mécontentement. Il affirme qu'ils auraient dû me laisser le temps de choisir en pleine connaissance de cause. La conversation dure un moment et mon ami perd plus d'une fois son sang-froid. En le voyant aussi protecteur, je ne peux m'empêcher de sourire. Lorsqu'il revient, son visage est tout rouge. Il semble vraiment contrarié.

- Apparement, tu ne vas pas avoir le choix. Quelqu'un a laissé fuité l'information comme quoi tu avais signé un contrat avec l'agence de Run.

- Et on ne peut pas dire tout simplement que c'est faux ?

- Non... Puisque c'est en partie vrai.

- Comment ça ? Je n'ai rien signé du tout.

-La maison d'édition s'est engagée dés le début et ces abrutis nous l'ont même pas dit. Je ne sais pas comment faire pour empêcher tout cela à présent. Je suis furieux, encore une fois je suis incapable de t'aider.

 San est dans tous ses états. Je sens même qu'il est au bord des larmes. Je me sens vraiment mal pour lui. Ce n'est tout de même pas sa faute si les têtes pensantes m'ont encore une fois poignardée dans le dos. Je sais que je ne devrais pas me plaindre vu que j'ai la chance de vivre de ma passion mais par moment je suis fatiguée de toutes ces manigances. En ce moment, je suis plus inquiète pour mon ami que pour mon sort. Il ne semble vraiment pas dans son assiette. Certes, je vais devoir affronter ce public qui m'effraie tant. Je vais devoir faire face à cette bande de journalistes voulant à tout prix faire un scoop. Et probablement que je vais devoir affronter un certain nombre de personnes affreuses dont le passe-temps favori est de créer des problèmes et de cracher sur le dos des autres. Mais en réalité c'est San qui va le plus souffrir de la situation puisque c'est lui qui va devoir gérer tout ceci. Moi, je vais seulement devoir gérer mes émotions en quelque sorte. Je me demande comment tout cela va se dérouler. Encore une fois, je peux dire adieu à mon besoin de tranquilité. Même si je suis contrariée par la situation, je ne le montre pas à mon agent. Il semble suffisament désolé ainsi.

- C'est le revers de la médaille... Comme on dit. Je vais devoir prendre sur moi, c'est tout.

- Tu prends toujours sur toi. Même lorsqu'on te mets la pression ou que l'on te blesse. Je me souviens encore de ton altércation avec un des dirigeants de la maison... Il te rabaissait sans arrêt parce que tu étais une femme et que tu étais jeune quand tu as débuté. Il s'est permis des choses...

- C'est du passé. Contentons-nous de trouver une solution pour le présent.

- Ce sera quasiment impossible de garder ton anonymat... Le groupe est bien trop connu pour que tu restes dans l'ombre. Tu vas devoir t'habituer à affronter un public. Il faudrait y aller progressivement pour ne pas te créer trop d'angoisses.

- Je suis déjà angoissée.

- Je sais. C'est pour cela qu'on va commencer doucement. En plus, avec ton problème, tu risques d'avoir des complications. Surtout si tu dois rencontrer les membres du groupe. Comment tu vas faire la distinctions entre eux ? Tu dois te préparer... Hum... Peut-être avec des photos ?

- Cela ne m'aidera pas. Je ne vois même pas les visages sur les photos... Pour peu qu'ils aient le même style vestimentaire, ce sera une catastrophe.

- Le rendez-vous à lieu en fin de semaine. Qu'est-ce que tu connais du groupe ?

- Hum... Leurs chansons, enfin certaines. Leur nom de scène et c'est à peu près tout.

- D'accord. Le plus simple est que tu me laisses gérer.

- Tu n'en connais pas plus que moi.

- Oui, mais j'ai plus de chance de réussir à les distinguer en une semaine.

San se met aussitôt au travail. Il ne prend même pas le temps de finir son petit-déjeuner. Je sens son inquiétude accroître, ce qui ne fait qu'augmenter ma tension. Je vais devoir m'occuper durant les prochains jours si je ne veux pas devenir folle. Je range la cuisine et m'installe devant l'ordinateur. Je m'interdis de retourner sur les réseaux sociaux pour le moment. Mon agent va gérer la situation de toute manière. Je devrais peut-être lui dire que j'ai envoyé des messages sous mon pseudonyme à certains garçons du groupe. Probablement que Joy a posté ce message pour laisser un indice et que j'ai enfoncé le clou. Ou peut-être cela n'a-t-il rien avoir ? En tout cas, je suis encore plus nerveuse. En fin d'après-midi, mon ami part pour un rendez-vous professionnel. Il compte rencontrer l'agent des garçons afin d'établir les éléments pour la première entrevue. Lorsqu'il m'annonce cela, j'ai déjà les mains moites. Tout un tas de questions me viennent à l'esprit. Et si cela se passait mal ? Si je faisais une crise d'angoisse en les voyant ? Si je n'étais pas capable de parler ? Je vais devoir me calmer si je ne veux pas tout gâcher. Je dois au moins ça à San après tout ce qu'il a fait pour moi. Il est convenu qu'il me laisserait tranquille les prochains jours pour que je puisse me préparer à cette journée fatidique. Il me préviens de l'appeler au moindre problème. Je hoche la tête en sachant très bien ce à quoi il pense. Je ne pense pas que mon ex petit ami soit en mesure pour me retrouver pour le moment. Seulement si mon identité vient à être dévoilée, cela pourrait se produire. C'est pour cela qui semble si perturbé par l'annonce de cette collaboration. Je me sens aussi soucieuse concernant cette problèmatique. Que vais-je faire s'il me retrouve ? Je ne veux pas que cette histoire arrive aux oreilles du monde entier. Je ne suis pas prête à subir une telle humilation. En pensant à cela, je suis furieuse contre ma maison d'édition mais aussi contre ce groupe de musiciens qui m'a sollicité. Pourquoi moi ? Il y a des tonnes d'auteurs qui ne rêveraient que de ça. J'ai envie de crier mais j'attends que San soit parti pour me lâcher. Je me jette sur le canapé pour laisser sortir ma frustration. Une fois tout évacuer, j'appelle Jia. Elle seule peut me sauver. Elle va me dire quoi faire. À peine a t-elle décrochée que je lui balance toute l'histoire d'une traite. Je ne lui demande même pas d'explication sur le fait que mon agent soit au courant de ma situation. Pour le moment, c'est le dernier de mes soucis. Elle me demande de me calmer. Apparement, elle n'a pas tout compris de mon histoire. Je lui explique donc de manière plus brève que je suis obligée de faire une collaboration avec le groupe Run. Et que c'est loin de me ravir puisque je vais devoir dévoiler qui je suis. Je suis totalement paniquée à l'idée de devoir faire face à toutes ces nouvelles personnes. Elle me rappelle que je m'en suis plutôt bien sorti avec mes voisins. C'est vrai. Seulement c'était différent. Je me suis tout de suite sentie à l'aise avec eux, notamment à cause de leur masque. Mais aussi parce que même s'ils se posaient des questions à mon sujet, je ne me sentais pas juger. Je ne sais pas encore comment exprimer ce que j'ai ressenti en les voyant. Peut-être que je serais aussi capable de me sentir à l'aise avec ce groupe d'inconnus ? Ma meilleure amie me répète qu'ils sont adorables et que je dois lui obtenir une photo avec un autographe. Dois-je lui rappeler que j'y vais pour le travail ? Ainsi que ma condition ? L'avantage, c'est qu'en tant que fan, elle me donne plein d'informations sur eux. Je me mélange un peu les pinceaux avec tout ce qu'elle me dit. J'essaie de retenir tout ce que je peux mais c'est le flux est trop important pour que je puisse faire le tri. Elle semble incollable sur eux. Peut-être devrais-je dire à San de l'appeler pour en apprendre plus aussi ?

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