La vie est une valse qu'il faut savoir danser

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" J'ai traversé l'automne en pensant à toi. Les jours de pluie semblaient si long. Je me perdais dans nos souvenirs, ces moments où nous chantions. Ton rire était si joli à entendre."

La musique raisonne dans mes oreilles, apaisant mes craintes. Le temps ne m'a jamais paru aussi joueur que des ces derniers jours. Je ne parviens pas à calmer mon coeur. Je suis angoissée à l'idée de tout gâcher. Il a été convenu que je rejoigne San directement à l'agence des garçons. La vision des masques n'a jamais été aussi oppressante qu'aujourd'hui. J'ai presque envie de faire demi-tour. Pourquoi il y a autant de monde dans le bus ? J'ai l'impression que l'univers est contre moi. Mes mains et mes jambes sont tremblantes. Je ferme les yeux pour ne penser qu'à la chanson qui passe dans mes écouteurs. Je me suis coupée du monde extérieur tout au long de cette semaine afin de ne pas nourir mon anxiété. Même si j'avais une envie folle de voir les visages de Chin, Nabi et Park, j'ai respecté ma décision de ne pas les ennuyer avec mes problèmes. Le trajet pour rejoindre la ville me paraît bien plus long que d'ordinaire. J'envoie un message à mon agent pour lui dire que je ne suis plus qu'à quelques arrêts de ma destination, ajoutant que j'espère ne pas arriver en retard. J'étais tellement nerveuse que j'en ai oublié l'heure de notre rendez-vous. J'aurai dû appelé dés ce matin pour confirmer l'entrevue mais j'avais peur que San n'entende mon inquiétude au son de ma voix. Je voudrais que cette musique ne se termine jamais. J'ai l'impression qu'elle m'enveloppe d'une couverture délicate pour me bercer et me dire que tout ira pour le mieux. Je me lève pour laisser la place assise à une personne âgée puis m'accroche à l'une des barres du bus. Je suis encore plus mal à l'aise une fois debout. Les contacts sont bien plus fréquents dans ce genre de situation. J'inspire profondément pour me donner du courage. Au feu avant mon arrêt, le chauffeur freine brusquement. Pas mal de personnes se retrouvent bousculées, moi comprise. Je suis déséquilibrée et me blesse en voulant me rattraper. Je frotte mon poignet tout en m'aggripant des bras à la barre lorsque le car reprend son chemin. La journée s'annonce décidément compliquée. Je reçois un message de San qui m'indique que je suis dans les temps et que je ne dois pas me faire de soucis. Les garçons sont déjà là et m'attendent tranquillement. Une manière agréable de dire que je dois me dépêcher avant d'avoir des ennuis. À peine le car s'arrête-t-il à l'arrêt prévu que je descend à toute vitesse. Au moment où je m'apprête à m'engager dans la rue qui mène à l'agence du groupe avec lequel je vais collaborer, je le vois. Son masque terrifiant se tourne vers moi. Un frisson glacial me saisit de toute part, m'empêchant de faire le moindre mouvement ? Qu'est-ce que Suk fait ici ? M'a-t-il vu ? Je sens mes mains trembler devant la scène qui s'offre à moi. Je sais que je devrais prendre mes jambes à mon cou mais j'en suis incapable. Dans sa tenue ordinaire, il semble attendre quelque chose. Ou plutôt quelqu'un. Je sens ma respiration se bloquer et les scènes affreuses du passé ressurgissent dans ma tête à une vitesse déconcertante. S'il sait que je suis de retour, je suis fichue. Prise de panique, je me mets à courir dans le sens inverse. Je ne veux pas revivre tout cela. Je cours sans savoir où je vais et sans pouvoir m'arrêter. Finalement, lorsque j'estime être en sécurité, je m'arrête prés d'un arbre. J'ai chaud mais mon corps semble encore gelé. Je me frotte les membres pour tenter de me remettre de mes émotions. Des larmes coulent le long de mes joues sans que je ne sois capable de les contrôler. La sonnerie de mon téléphone me sort de mon état secondaire. San me demande pourquoi je ne suis pas encore arrivée. Je suis incapable de répondre. Il me faut bien deux minutes pour lui dire que j'arrive. Je refais le chemin inverse, une boule au ventre. J'ai peur de croiser à nouveau Suk.

Lorsque j'arrive à l'agence, un membre du personnel m'accompagne jusqu'à la salle de réunion où tout le monde m'attend déjà. Le bâtiment moderne est lumineux et assez créatif. Des images d'artistes se juxtaposent un peu partout, ne laissant aucun doute sur la finalité de l'entreprise. Une fois devant la porte rouge, je marque une pause. Je pose la main sur ma poitrine pour tenter de ralentir les battements de mon coeur. Pourquoi a-t-il fallu que je le vois aujourd'hui ? J'espère que cela n'annonce pas un mauvais présage. Je n'ai même pas le temps d'appuyer sur la poignée que la porte s'ouvre brusquement. Le visage de San est tendu. Il me dévisage un instant, puis me prend par le poignet. Je grimace. Je ressens enfin la douleur de ma chute. Cela me confirme que je suis encore vivante.

- Où étais-tu passée ? Ton bus est arrivé à la station il y a plus de vingt minutes.

- Désolée... Je me suis perdue.

- Et pourquoi es-tu aussi blanche ? Je t'ai dit de ne pas te mettre la pression. J'ai déjà tout arranger avec le groupe en ce qui concerne ton anonymat. Il restera le plus longtemps possible sauvegardé.

 San me fait asseoir tout en me lachant enfin le poignet. En jetant un oeil dessus, je remarque qu'il est tout rouge. Je recouvre donc ce dernier avec ma manche pour ne pas laisser apparaître ma blessure. Je n'ose même pas regarder les garçons qui se tiennent devant moi. Je suis en retard dés notre première entrevue, ils doivent être furieux contre moi. Mon agent me glisse à l'oreille que tout va bien et que je peux relever la tête. Le silence est vraiment perturbant. Apparement, je ne suis pas la seule intimidée par la situation. Lorsque je lève le menton, personne ne se tient devant moi à part un homme en uniforme. Je ne vois pas son visage mais ses mains sont plutôt grandes. Il semble avoir une taille imposante et sa physionomie est plutôt fine. Il m'annonce qu'il est ravi de faire ma connaissance et que les garçons sont partis chercher des boissons. Ils n'en ont pas pour longtemps, m'assure-t-il. Je m'excuse à nouveau de mon retard, gênée. Apparement, ils m'ont attendu un bon moment. Je regarde San qui m'adresse un léger sourire. L'agent du groupe m'annonce que nous commencerons à discuter des détails sans les garçons. San semble leur avoir demandé de disposer lorsqu'il ne m'a pas vu arriver. Il ne se doutait probablement que mon problème actuel n'avait rien à voir avec le fait de voir de nouvelles personnes. Sans doute ne pouvait-il pas imaginer que je puisse tomber sur Suk aussi facilement. Rien que d'y penser, je sens l'angoisse revenir. Je prie pour qu'il ne m'ait pas vu. Je ne veux absolument pas qu'il sache que je suis de retour en ville. Même si je sais qu'au vu de la situation actuelle, il finira pas découvrir mes secrets. À l'idée qu'il revienne me pourchasser sans relâche, un profond dégoût se forme dans le creu de ma gorge.

Je n'écoute pas la conversation des deux agents. De toute manière, j'ai l'impression de n'être là que pour les formalités. À aucun moment, les hommes s'adressent directement à moi si bien que j'ai la sensation d'être une analphabète au milieu d'un cours de lecture. J'aurai bien envie de le faire remarquer que je suis aussi présente mais je n'ai aucune idée de ce dont il parle. Je n'ai pas du tout prêté attention à la discussion malgré le fait qu'elle me concerne directement. Je suis envie de pensées totalement délirantes autour de cette malheureuse rencontre. De plus, mon poignet commence réellement à me faire mal. Je sens mon muscle qui s'étire longuement. J'essaie de prendre sur moi mais tout cela n'a aucun sens. À aucun moment on ne me demande mon avis. La situation commence sérieusement à m'agacer. Je me lève brusquement et sort de la pièce, sous le regard étonné de mon agent. Il faut dire que c'est la première fois que j'agis de la sorte. J'ai horreur que l'on m'impose les choses et surtout que l'on parle de moi sans me prendre en compte. Sans attendre San qui semble me courir après, je traverse les couloirs. Je vois un distributeur de boissons sucrées et m'avance, déterminée. Quelqu'un est déjà entrain de se servir. La silhouette qui se tient devant moi est plutôt élancée. Sa chevelure noire est parfaitement taillée. Il porte un long tee-shirt rose qui semble trop grand pour lui et un simple jean. Sur n'importe qui, la tenue pourrait sembler négligée mais sur lui, étrangement, elle sonne comme une évidence. Comme si ces vêtements avaient été faits sur mesure pour lui correspondre. C'est assez étonnant. Même de dos, il est facile de deviner que c'est un bel homme. Je suis presque jalouse de ce charme naturel qu'il posséde. Si je n'étais pas moi, je pourrais probablement aller à sa rencontre et entammer la conversation. Je me suis arrêtée naturellement pour l'admirer. Je crois que je pourrais rester des heures à l'analyser de la tête aux pieds. Je me rapproche, prudemment. C'est le moment que choisis une fille, qui doit être à peu près de mon âge, pour venir lui parler. Elle semble plutôt jolie et sa taille paraît correspondre au jeune homme. Ils paraissent parfaitement assortis, un peu comme les vêtements qu'il porte. Je ressens une légère amerturme. Pourquoi est-ce que je serais jalouse alors que je ne connais même pas cet homme ? Je deviens ridicule. La rencontre avec Suk m'a fait perdre mes esprits.

L'homme se retourne vers la jeune femme habillée d'une petite robe raffinée. Il lui sourit de toutes ses dents et lui tend sa boisson. Au moment où j'apperçois son visage, je me sens subjuguée. Je suis aussi certainement soulagée. Je le reconnaîtrais parmi des milliers d'autres. Je croise enfin quelqu'un que je connais et qui ne me rend pas nerveuse. Enfin, qui ne me rend pas inquiéte plutôt. Nerveuse, je le suis un petit peu sans que je ne sache pourquoi. Je l'entends parler à la jeune femme. Sa voix est aussi calme et assurée que d'ordinaire. Je ne peux m'empêcher de sourire.

- Je le sais très bien que ma beauté enjolive votre journée et j'en suis ravie.

- Toujours le même. Merci pour la boisson.

- Quoi ? Tu veux dire que je suis toujours aussi beau ?

- Hum... Oui. Au fait, qu'est-ce que tu fais là ?

- J'étais censé rencontré quelqu'un mais apparement elle ne veut pas nous voir. C'est étonnant, n'est-ce pas ?

- Nabi ?

Le chanteur se retourne vers moi. Son sourire semble s'élargir. Il avance vers moi, laissant de côté son admiratrice. Il me regarde de haut en bas, surpris. Tout son visage semble détendu, ce qui me laisse espérer qu'il est heureux de me rencontrer. Je ne m'attendais pas à voir mon voisin dans une agence telle que celle-ci. Même si je sais qu'il a tout pour être une idole, je me demande s'il ne mène pas une vie trop difficile dans ce genre de carrière. Il est évident qu'il doit s'entraîner dur pour être à la hauteur des attentes de son public. Je me demande si son groupe est déjà connu. En tout cas, je suis contente de le voir aujourd'hui. Cela me remonte le moral de le voir. Il me paraît tellement grand que j'ai la sensation que je pourrais toucher le ciel si je montais sur ses épaules. Je ne sais pas pourquoi je ressens toujours cet effet auprès de lui. Peut-être parce qu'il est plus vieux ? Je prends un long moment pour l'admirer et aussi pour m'assurer que je ne rêve pas. Je ne suis toujours pas habitué à voir son visage. Il a ce côté Peter Pan qui me donne envie de le suivre à travers les fôrets et ce malgré les dangers qui pourraient se manifester. Je ne parviens pas réellement à saisir ce que je ressens auprès de lui. Un mélange d'adoration et de timidité. Je pense être à l'aise à côté de lui mais une partie de moi ne sait pas comment agir. Comme lorsque l'on est devant quelque chose que l'on a voulu durant un long moment mais qu'on ne pouvait se permettre. Une fois que l'on est tout prêt de pouvoir l'avoir entre les mains, on se demande toujours si on n'est pas dans l'excès. Cela a été pareil pour ma maison : je ne savais pas si tous mes efforts valaient bien ce cadeau que j'étais sur le point de m'offrir. Si mon envie ne dépassait pas la raison. Le son du téléphone de Jin raisonne, me sortant de ma réflexion. Je reconnais la musique du groupe de musique rock américain qui interprète une de mes chansons favorites depuis le moment où ma vie a pris un drôle de tournant. Probablement parce que j'aurai besoin que quelqu'un me répare dans un certain sens. Je n'ai pas le temps de dire quoique ce soit que j'entends la voix de Nabi signaler ma présence. Sa voix est enjouée et il demande à son interlocuteur de venir constater ma tête de femme totalement estomaquée par son charme naturel. Je ne peux m'empêcher de sourire. Pour la première fois de la journée, je me sens détendue. C'est peut-être pour cela que je le trouve magique à sa manière.

À peine a-t-il raccroché que je vois débarquer le reste du clan. Kim semble septique de ma présence ici. Je pourrais bien lui expliquer mais cela reviendrait à dévoiler mon identité. La jeune fille qui tenter déséspérement d'obtenir les faveurs de Nabi à l'instant me fixe étrangement. Une partie de moi est en alerte. Un mauvais pressentiment s'empare de moi. Elle ne semble pas vouloir bouger du distributeur, regardant les six autres garçons s'avancer avec moi d'un regard noir. Si nous étions dans un drama, je suis certaine qu'elle serait entrain de préparer un mauvais coup. Dans la réalité, je ne vois pas bien ce qu'elle pourrait faire pour me nuire. De toute manière, je ne fais que croiser mes voisins. Savoir qu'ils font partis de cet agence m'intrigue tout de même. Je trouve que c'est une drôle de coïncidence. Mais la vie n'est-elle pas faite d'une succession de hasard traçant un destin bien particulier pour chacun d'entre nous ?

- Nous n'arrêtons pas de nous croiser, intervient Jung Wan qui porte une casquette noire.

- Vous vous connaissez ?, intervient San qui vient de me retrouver.

- Oui. C'est notre voisine, s'exlame Park. Et toi, tu es qui pour elle ?

- Je suis un ami et son agent. Je pense que nous devrions retourner dans la salle de réunion, Hanna.

- Tu l'appelles par son prénom, remarque Nabi.

- Bien sûr. Vous voudriez que je l'appelle comment ? Je sais tout d'elle.

- Je ne vois pas pourquoi je retournerais là-bas. De toute façon tout a été décidé à l'avance. Je perds juste mon temps.

- Hanna, tu sais que nous n'avons pas le choix. Il faut que tu t'impliques un minimum et cela ne devrais pas être si horrible que cela de travailler avec eux. Tu dois prendre un peu sur toi et grandir. La situation n'est pas idéale et j'en suis désolé mais tout ne pouvait pas se passer comme tu l'imaginais indéfiniment.

- Tu dis être son ami ? Heureusement que je n'ai pas d'amis comme toi.

Je suis surprise par l'intervention de Jun. Le plus jeune des membres prend une voix grave. Je ne l'imaginais pas capable de ressentir de la colère. Depuis que je les ai rencontré, il est celui qui a une voix des plus douce en toute circonstance. Même lorsque le reste de la troupe le taquine. Sur ce point, il ressemble étrangement à Nabi. Comme-ci il avait pris un peu de sa patience pour l'ajouter à sa personnalité pétillante. Les autres garçons le regardent successivement puis jette un oeil dans ma direction. Je ne sais pas si ma figure a encore les traces de ma perte de contrôle émotionnelle de tout à l'heure mais dans leurs yeux je parviens à discerner de l'inquiétude. Ce n'est qu'à ce moment précis que je réalise que je parviens à voir le visage de chacun d'entre eux. Kim a des traits beaucoup plus doux que ce que sa silhouette pourrait laisser supposer, même si on n'y perçoit une détermination infaillible. Tout semble être taillé pour prouver qu'il est la personne de confiance sur laquelle on peut compter en toute circonstance. Jung Wan a le visage le plus expressif que j'ai jamais vu. Il est comme un livre ouvert sur lequel on pourrait découvrir toutes les émotions qu'il est possible de ressentir. En ce moment, ses traits sont fermés et pourtant une douceur indélébile semble y être ancrée. Je vois bien qu'il se pose des questions, ses sourcils sont légérement remontés touchant presque les quelques méches qui longent son haut front. Park s'avance vers moi et me prend par le poignet pour me tirer vers eux. Je suis surprise de son geste. J'ai la sensation qu'il envoit un message directement adressé à San qui voudrait dire que je ne suis pas toute seule face à lui. J'ai peur que les garçons se méprennent sur mon ami. Je voudrais dire quelque chose mais je suis incapable de prononcer le moindre mot. Les autres garçons scrutent Park de la tête aux pieds comment si il venait faire quelque chose d'inconsidérer.

- Quoi ? On est tous d'accord, non ? On ne touche pas à notre voisine.

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