Peu importe les détours, le destin finira toujours par arriver

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- Jia, imagine. Une fille croise les membres des Run, un groupe qu'elle aime bien, mais ne les reconnaît pas. Même mieux, elle les voit tous les jours sans savoir qui ils sont...

- Impossible ! Tout le monde, même ceux qui ne les aime pas, sait à quoi ils ressemblent. À moins que ce soit toi, je ne vois pas comment cela serait possible.

- Alors, imagine que cette personne soit comme moi. Qu'elle ne distingue pas les visages et que les médecins soient assez septiques sur ses chances à retrouver cette capacité mais que du jour au lendemain, elle arrive à voir les visages de ces garçons.

- Tu écris un roman ? Ce genre d'histoire ferait un carton même si techniquement c'est impossible que cela se réalise dans la vrai vie.

- Pas vrai ? C'est inconcevable, n'est-ce pas ?

- Qu'est-ce que tu as ? Ta voix est bizarre...

- Non... Rien, je réfléchissais juste.

- Pourquoi est-ce que tu me parles de ce groupe de musique précisément si ce n'est qu'une simple réfléxion ? Tu aurais pu citer ton groupe préféré mais tu as utilisé celui-ci...

- Et bien... Attends une minute, quelqu'un frappe à ma porte.

Ce matin, j'ai décidé d'appeler ma meilleure amie parce que j'étais tourmentée par pas mal de choses. On a d'abord discuté du comportement étrange de Stan qui pour elle n'est qu'une réponse au choc de mes révélations. Et puis, je n'ai pu m'empêcher d'aborder cette question avec elle : pourquoi est-ce que je suis capable de voir leur visage et uniquement les leurs. Je n'ai toujours pas de réponse et je ne suis pas certaine de pouvoir lui révéler le fait que je sois la voisine des membres du groupe le plus populaire du moment. Je ne suis même pas certaine qu'elle me croirait. En tout cas, je suis toujours dans le vague. Je suis totalement obsédée par cette problématique.

Aprés avoir posé mon téléphone sur le plan de travail, je vais voir à la porte. Je regarde par le petit oeil qui me permet de voir à l'extérieur et découvre la grande silhouette de mon voisin. Habillé de manière décontracté, ses cheveux légérement décoiffés, il attend patiemment sur le paillasson. Comme à son habitude, il semble décontracté et déterminé. En voyant son visage se rapprocher de la porte, mon coeur fait un bond dans ma poitrine. Je pose ma main sur ma poitrine pour le calmer, surprise de cette réaction excessive. Après lui avoir ouvert rapidement, je me décale pour le laisser entrer tout en soufflant son prénom.

- Nabi ? Qu'est-ce qui se passe ?

- J'avais peur que tu t'ennuies de mon beau visage donc je suis venu sonner à ta porte pour t'éblouir de mon doux sourire.

Je reste une seconde décontenancée par ses paroles. Moi qui était plutôt morose ce matin, je me surprend à rire devant sa bouille d'enfant. Il semble croire pertinement chacun de ses mots et pourtant les dit avec tellement de légèreté que l'on pourrait croire qu'ils n'ont aucune incidence sur lui. J'avais déjà remarqué ce côté chaleureux et drôle de Nabi mais il n'en avait jamais réellement usé devant moi. Je me demande s'il a vu que je n'étais pas très bien depuis notre rendez-vous professionnel. En tout cas, je suis touchée de le voir sur le bas de ma porte. Je dirais même que je suis carrément enchantée de le voir.

- C'est vrai que je me demandais quand j'allais pouvoir admirer ta bouille pleine de modestie.

- Tu vois, j'ai bien fait de venir. De plus, ma délicieuse doit te manquer autant que moi.

- En effet, avec mon bras handicapé, je ne peux manger que du tout fait. Je ne suis pas trés habile de ma main gauche.

- Je savais que j'aurai dû venir plus tôt. Sans moi le temps paraît beaucoup plus long, n'est-ce pas ?

- Tout à fait. Une éternité même.

- C'est bien ce que je pensais. Au fait... C'est quoi ce selfie avec Park ?

- Il a voulu me taquiner...

- Quel gâchis. Il aurait été de bien meilleure qualité si tu l'avais fait avec moi.

Nabi m'adresse un sourire radieux. Je suis encore plus troublée que lorsque je l'ai vu devant ma porte. J'ai vraiment l'impression de devenir toute petite à ses côtés. Après être entré dans mon salon, il se penche au-dessus de moi et me regarde attentivement. Je me sens devenir un véritable volcan. Qu'est-ce qu'il fait au juste ? Il semble chercher une réponse à ses questions. Nos visages sont tellement proches que nos lèvres pourraient presque se toucher. Je me demande ce qui va se passer alors que notre proximité s'accroît rapidement, je me souviens de ma conversation téléphonique avec Jia. Quelle idiote ! J'ai totalement oublié ma meilleure amie. J'espère qu'elle n'a pas entendu ce dont je parlais avec Nabi. La connaissant, elle va encore se faire tout un scénario romantique même si je lui assure qu'il ne s'agit que de mon voisin. Je me recule précipitamenent pour récupérer mon téléphone et m'excuse rapidement auprès de Jia de l'avoir lâchement abandonné. Je n'ai même pas regardé si elle était restée en ligne, si bien que je parle dans le vide. J'éloigne mon téléphone de mon oreille, soulagée. Heureusement, elle n'a rien entendu. Soudain, je reçoit un message de Jia qui m'annonce qu'elle me laisse en charmante compagnie mais que j'ai intérêt à tout lui dire. Elle ajoute qu'elle est contente que je reprenne de l'assurance et qu'elle est de mon côté. Je me sens à nouveau rougir. Nabi est entrain de rire de l'autre côté du plan de travail, visiblement content de m'avoir troublé.

- Je suis un véritable Dieu pour te faire oublier que tu étais au téléphone.

- Je suis juste distraite... D'ailleurs j'ai vu les commentaires, ces derniers jours ils sont plutôt virulents...

- Nous allons nous charger des commentaires te concernant. Kim a déjà tout prévu, ne te fais pas de soucis pour ça.

- Ce n'est pas les messages me concernant qui me préoccupent. Je vois bien que ça vous affecte... Chin est tombé malade, Jimin et Jun sont stressés même s'ils font tout pour ne pas le montrer ...

- Tu te fais du soucis pour nous ?

- Bien sûr. Depuis que je suis ici, vous m'avez apporté beaucoup.

- Tu sais qu'il en faut beaucoup plus pour me faire rougir. Tout le monde n'a pas cette faculté que tu as de rougir aussi souvent. Mais je ne t'en veux pas, je sais que je suis beau et attachant. Surtout ne te lasses pas de me le montrer.

- Tu es incroyable.

- Je le sais aussi ça, mais tu peux me le dire autant que ça te chante. Allez, je vais faire à manger. Dis-toi que je ne cuisine pas pour tout le monde alors tu devras savourer ce merveilleux plat que je vais confectionner pour toi.

- Là, c'est toi qui essaie de me faire rougir.

- Et ça fonctionne plutôt bien apparemment. C'est tellement facile.

Nabi sourit. Il n'y a pas à redire : il a du charme. Peut-être même un peu trop. Évidemment que c'est facile de me faire rougir. Ce n'est pas comme-ci c'était tous les jours qu'un homme séduisant fait la cuisine pour moi. Je me sens tellement chanceuse de l'avoir comme voisin. Il se place à côté de moi et s'installe pour cuisiner. Il n'est venu qu'une fois dans cette pièce et pourtant, on pourrait avoir l'impression qu'il est chez lui. Il prépare chaque ustensil soigneusement, sans véritablement avoir besoin de chercher. Il est extrêmement appliqué dans ce qu'il fait. Mon coeur s'adoucit en le voyant faire. Je voudrais l'aider mais je suis tellement maladroite avec un bras en moins que j'ai peur de ne faire que le déranger. J'ai toujours eu horreur de regarder les autres faire le travail à ma place mais pour le moment, je n'ai pas d'autres choix que de l'admirer. Il découpe les oignons avec précisions et mes yeux ne peuvent s'empêcher d'admirer ses longs doigts fins manier le couteau avec déxtérité. Je suis comme une enfant devant son personnage animé préféré. Je ne loupe aucun de ses mouvements. Nabi me demande de lui passer des ingrédients avec douceur mais je suis trop absorbée par mes pensées confuses pour l'entendre. Il pose doucement une main sur mon épaule pour me ramener à la réalité et j'ai un sursaut. Ma réaction est totalement disproportionnée. Je ne sais pourquoi ce simple geste, aussi délicatement réalisé soit-il, me fait penser à Suk. À sa manière de me secouer tout en me hurlant dessus que je ne suis rien sans lui. Que je devrais m'estimer heureuse que quelqu'un puisse aimer une personne telle que moi. Ses mots violents ne cessent de me tourmenter et je suis incapable de retrouver mon calme. Avec patience, mon voisin tente de me ressaisir. Il me faut plusieurs minutes pour retrouver mes esprits. En voyant Nabi me regarder de manière soucieuse, voire triste, je me sens aussitôt coupable. D'autant plus qu'il s'excuse plusieurs fois de m'avoir fait peur. Il est tellement adorable que je me sens encore plus ridicule d'avoir réagi de la sorte. Incapable de dire quoique ce soit, je me contente de le regarder. J'aurai presque envie de me jeter dans ses bras pour le consoler. Ou plutôt pour me réconforter. Mais une partie de moi sait que ce serait déplacer. Je suis tellement frustrée par tout cela que je prends un couteau pour m'attaquer aux légumes. Le bruit de l'arme sur la planche est sec et régulier. On ressent dans chacun de mes gestes toute la colère que j'éprouve. Je suis furieuse contre moi-même. Et j'éprouve tellement de aigreur vis-à-vis de Suk que je pourrais presque l'imaginer à la place de cette carotte. C'est la première fois que je ressens un tel sentiment envers mon ex petit-ami. J'ai toujours été soit déçue, soit confuse. Jamais je n'ai été réellement en colère contre lui alors que j'avais toutes les raisons de l'être. Je rejettais toutes les fautes sur moi afin de minimiser les siennes.

- Tu devrais reposer ce couteau, tu me fais peur.

- Hein ?

- Tu vas finir par te blesser. Laisses-moi faire, vraiment. Tu n'as pas besoin de m'aider.

- Et je fais quoi en attendant ?

- Tu n'as qu'à continuer de m'admirer, ça me suffit amplement.

 Je ris à nouveau tout en lui donnant un coup de torchon. Il ne s'arrête donc jamais. L'incident semble ne jamais avoir eu lieu. Une bataille acharnée commence entre nous. Je ne suis pas prête à lâcher l'affaire. Il est bien trop sûr de lui. C'est étrange. Par moment, j'ai l'impression de le connaître depuis bien plus longtemps. Je ne sais pas si c'est cette soudaine proximité qui me donne cette sensation d'avoir toujours été proche de lui. En tout cas, je me sens réellement moi-même à cet instant. Je lui donne un coup de torchon sur l'épaule en lui demandant d'arrêter et de se concentrer sur le plat qu'il doit finir au plus vite parce que je commence à avoir faim. Au moment où je m'apprête à renouveler mon attaque, j'entends un bruit sec suivi d'un bruit de talon qui cogne le parquet. Je suis tétanisée par ce son venu de nulle-part mais surtout par la révélation que ma mémoire vient de me faire : mes parents devaient venir après l'enterrement. Ne me dites pas que j'ai également oublié ce détail. Nabi reprend son sérieux en un temps record et abaisse mon bras gauche qui n'oppose aucune résistance. Je vois mes parents sur le bas de ma porte, ma mère portant un gros paquet rempli probablement de nourriture. Je ne parviens pas à voir leurs visages mais pour qu'ils restent ainsi immobile et silencieux, ils doivent être surpris. Il est vrai que je n'ai jamais été une fille très joyeuse. Je suis plutôt inexpressive d'ordinaire. Seulement avec Nabi, je me sens différente. Ma mère s'avance en premier, pose ce qu'elle a ramené sur le bout du plan de travail et nous scrute tous les deux. Je me sens atrocement gênée. Je n'ose même pas imaginer ce que ressent mon voisin à ce moment là. Je ne l'ai pas prévenu de la venue de ma famille. À dire vrai, j'avais totalement oublié. Ces derniers temps, j'ai l'esprit ailleurs.

- Bonjour à vous deux. Tout va bien ? Non. D'abord, dis-moi... Qui est ce jeune homme ?

Je suis prise de panique. Connaissant ma mère, elle va encore se faire un film insensé, rempli de l'espoir que peut avoir une mère pour sa fille. Depuis que j'ai rompu avec Suk et que je suis revenue vivre chez eux, elle ne cesse de vouloir me trouver quelqu'un de bien. Elle s'inquiéte de ne pas me revoir avec un homme. Elle a même demandé à toutes ces amies de notre village si elles connaissaient un beau garçon qui pourrait s'occuper de moi. Je sais qu'elle s'inquiéte mais elle a tendance a tout dramatiser. C'est pour cela que je ne lui ai pas tout dit. Je ne veux pas lui causer du soucis. Elle doit déjà s'occuper de la santé fragile de papa. Je regarde Nabi, incapable de dire quoi que ce soit. C'est pourtant simple de dire qu'il ne s'agit que de mon voisin et qu'il est venu gentiement m'aider à préparer à manger à cause de ma blessure. Le silence est vraiment pesant. Ma mère attend patiemment la réponse, d'une façon déterminée. Jin fait calmement le tour du plan de travail pour saluer ma mère avec respect.

- Bonjour madame, je suis Jin. Enchanté de vous rencontrer, je serais à votre service durant toute cette journée. Comme vous le voyez, votre fille à un léger problème bras et était dans l'incapacité de vous préparer un repas digne de son nom alors en tant que voisin serviable, je me suis dévoué afin de vous faire découvrir un de mes nombreux talents.

- C'est très aimable à vous, jeune homme. Ma fille a de la chance d'avoir un voisin si généreux avec de belles manières.

- Dites-moi, vous devez bien vous connaître pour lui rendre cet immense service, intervient mon père d'une voix rauque.

- Chéri, ne sois pas aussi méfiant. Tous les hommes n'ont pas d'arrières pensées comme toi.

- Je n'ai pas de mauvaises pensées vis-à-vis d'Hana. J'aimerais juste la connaître davantage et je l'avoue devenir un peu plus qu'un simple voisin. Enfin, si vous n'y voyez pas d'inconviénant, bien entendu.

- Je te donne mon accord, jeune homme. Tu es tout à fait charmant.

- C'est bien de ce genre d'individu dont il faut se méfier le plus. Avec leurs beaux yeux, ils amadouent les filles et leur brise le coeur. Je ne te laisserais pas faire du mal à ma précieuse fille.

- Papa ! Il est venu m'aider et tu l'insultes... Tu ne crois pas que tu exagères ?

- Je n'exagères pas. Il doit faire ses preuves, c'est tout.

- Ce n'est pas comme si il était entrain de dire qu'on allait se marier, je dis tout bas. Je ne comprends pas pourquoi vous en faites tout à un plat. Après tout, on est simplement voisin et ami.

Un nouveau silence se fait entendre. Nabi me regarde, perplexe. J'ai un peu honte de mes parents. Quand j'avais dit, qu'il se ferait tout un film en me voyant dans la même pièce qu'un homme... Je suis vraiment mal à l'aise. J'ai la sensation de m'être fait prendre en flagrant délit sans aucune issue de secours pour m'enfouir. Je demande à mes parents de s'installer dans le salon pendant que je mets la table, histoire de combler le vide. Tandis que je pousse ma famille à s'installer sur le canapé pour mettre fin à cette conversation bancale, mon voisin a repris son poste. Je n'ai pas besoin de miroir pour savoir que la nervosité à fait rougir mes joues. Tout en s'essayant, mon père me demande ce que j'ai à mon bras. En omettant de lui parler de mon ex, je lui raconte la scène du bus. Il se met à pester contre le chauffeur alors que le pauvre n'est même pas là pour se défendre. Il râle tellement que sa toux reprend de plus belle. Lors de sa forte fièvre qui a failli lui coûter la vie, ses poumons sont endommagés. Il a régulièrement de mauvaises toux qui donnent l'impression qu'il peut s'étouffer à tout moment. J'ai horreur de l'entendre tousser. J'ai toujours peur de devoir le ramener à l'hôpital. Je lui demande de se calmer et rejoins Nabi dans la cuisine. En prenant les assiettes dans le placard, je m'excuse discrètement pour le comportement de mes parents. Il sourit en disant qu'il ne voit pas où se trouve le problème. Je me sens encore plus troublée par la situation. Je me dépêche de m'éloigner de mon voisin pour ne pas lui montrer à quel point je suis intimiditée. Alors que je lui tourne le dos, je l'entends rire. Il se moque de moi ? Peut-être que je suis vraiment trop nerveuse et que c'est moi qui angoisse pour rien. J'aimerais bien le voir à ma place. Devrais-je lui rappeler que quelques minutes auparavant, on se battait avec des chiffons ? Qu'on était tellement proche que n'importe qui aurait pu croire qu'on était sur le point de s'embrasser ? Non, je ne dois pas penser à ça. Nabi semble bien s'amuser à me perturber. Il sait qu'il a du charme et se joue de moi. Je devrais être furieuse. Pourtant, ce n'est pas ce que je ressens. Après avoir mis la table, je range les plats que ma mère m'a apporté dans le frigo. Je suis totalement distraite si bien que je manque plusieurs fois de faire tomber une des préparations réalisées par maman. Pourquoi est-ce que je suis aussi agitée ?

- Le repas est prêt. J'espère vous régaler.

- On dirait que tu essaies de marquer des points, jeune homme.

- Lorsque je fais quelque chose, je le fais bien. C'est dans ma nature.

 En entendant ces mots, mon cerveau se retrouve en surchauffe. Toutes les commandes semblent incapable de fonctionner normalement. Je me retrouve totalement sote. Je ne parviens plus à savoir s'il plaisante à nouveau ou si il est sérieux. Je devine encore moins le sens qu'il souhaite apporter à cette phrase. Est-ce qu'il parle simplement d'amitié ? Probablement. Alors pourquoi est-ce que je me sens encore plus déconcertée ? Le rire de ma mère interrompt ma réflexion personnelle. À les voir assis tous les trois autour de ma table, on pourrait penser qu'il s'agit de quelque chose de tout à fait familier. L'atmosphère est agréable. Même mon père semble détendu. Je soupçonne Nabi d'être un sorcier. Ou non plutôt, une fée. Quand il est là, tout paraît plus agréable. Ma mère lui pose tout un tas de questions tandis qu'il termine de disposer les plats sur la table. J'ai l'impression d'être à une réunion de famille.

- Viens manger, chérie. Il me semble que tu as encore perdu du poids ces derniers temps... Tu dois bien prendre tes repas et sortir souvent. Ne passes pas tes journées à écrire, ce n'est pas bon pour ta santé.

- Je m'occupe très bien de moi, maman.

- Bien, bien. Si tu le dis. Et toi, Nabi... Je peux t'appeler comme cela ?

- Maman...

- Ce serait un honneur pour moi.

- Trés bien ! Alors, Nabi, tu manges bien ? Tu fais du sport ?

- Bien sûr, c'est comme cela que l'on entretien la beauté.

- Tu es amusant. J'aime bien.

- Tu ne le trouve pas arrogant ? Qu'est-ce qui fait de lui quelqu'un de plus beau que moi ?

- Papa... C'est de l'humour.

- Laisse tomber, ma chérie. Ton père et son égo sont indissociables. Ce n'est pas la faute de ce garçon s'il est indiscutablement plus beau que toi. Et il n'est pas seulement beau. Il sait cuisiner, il est drôle et il tout simplement charmant.

- Moi aussi, je suis drôle et charmant.

- Ah bon ? Je ne le vois pas pourtant.

Je ne peux m'empêcher de rire. Mes parents sont invraisemblables. Ils sont incapables de ne pas se chercher des poux plus de dix secondes. C'est comme cela depuis que je suis toute petite. Par moment, c'est embarassant. Mais aujourd'hui, tout me semble plus confortable. Sans doute, avais-je besoin de rire. Depuis que je suis rentrée de l'hôpital, je refais des cauchermars. Je revois cette scène où mon ancien copain me pousse dans les escaliers. Mes émotions sont donc entrain de faire le looping depuis quelques jours et je me sens totalement désorientée. Tout ce que je sais, c'est que voir mes parents aussi détendus me rend tout simplement heureuse. Depuis deux ans, je ne leur ai mené la vie dure avec mes terreurs nocturnes, mon incapacité d'écrire et ma peine de coeur. Je les inquiété perpétuellement sans même le vouloir. Je ne leur ai pas tout dit pour les épargner mais aujourd'hui je réalise qu'en réalité, tout ce que j'ai fait, c'est les rendre encore plus anxieux. Peut-être, que comme pour Stan, je n'ai fait qu'accroître leur sentiment d'impuissance. Je me demande à présent si j'ai fait le bon choix.

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