Lorsque je rentre, je découvre Nabi et Jung Wang entrain de cuisiner. L'air particulièrement sérieux, ils semblent concocter un véritable festin. Chin qui se tient derrière moi semble également surpris par cette scène. Les deux amis doivent s'afférer depuis plusieurs heures, sans relâche. La sensation que Nabi est contrarié me vient à l'esprit. Est-ce à cause du comportement de mes parents ? Ou alors y a-t-il une autre raison ? Lui qui est d'ordinaire si calme, faisant attention à ce que chacun de ses gestes et chacune de ses phrases préservent une atmosphère chaleureuse, assène de violents coups de couteau sur la planche à découper. Il ne dit pas un mot. Son attitude me surprend tellement qu' elle me ferait presque peur. Est-il si déçu que cela de moi ? Encore faut-il qu'il est des attentes me concernant. Je me fais sans doute un film de pas grand chose. Tout ceci parce que j'aimerais avoir une relation particulière avec lui. Je me suis d'ailleurs inventé cette proximité ancienne parce que j'éprouve un sentiment fort à son égard. Sans doute plus fort que je ne le voudrais. Plus intense que jamais. Je reste immobile, analysant chacun de ses gestes. J'attends le bon moment pour le saluer. J'ai l'impression d'être au bord de l'eau, hésitant à me mouiller par peur de me trouver face à une eau trop froide. Les autres membres du groupe semblent aussi perplexe que moi.

- Je suis désolée, arrivé-je finalement à prononcer.

Nabi pose son couteau un peu brutalement et me regarde avec un air indéchiffrable. L'air me paraît irrespirable. J'ai vraimebtvraiment fait quelque chose de mal ? Je voudrais trouver une réponse dans les yeux de Yon ou bien de Kim mais je ne parviens à me détacher de Jin. Le temps paraît s'étendre indéfiniment. Il est bien trop long à mon goût et je voudrais le découper en petits morceaux pour que ce soit plus supportable. Jung Wang glisse un mot à l'oreille de son alcolyte tout en jetant un oeil dans notre direction. La main de Chin se pose sur mon épaule, m'invitant à avancer.

- T'excuser pour quoi ? Grâce à toi, on a pu faire une soirée pyjama sans pyjama trop cool, intervient Park en se rapprochant de moi.

- Oui, ça fait longtemps qu'on n'avait pas pu bavarder comme ça jusque tard dans la nuit, enchérit Jun.

- Tu devrais aller prendre une douche chaude et t'habiller pendant que je finis de préparer le petit déjeuner. Ah, Chin tu as également le temps de te changer.

La voix de Nabi est distante. Un peu comme-ci il était contrarié de me voir. Son attitude vis-à-vis de moi me fait un pincement au coeur. La différence entre hier et aujourd'hui dépasse tout ce que je pourrais imaginer. La peine que je ressens m'empêche de réaliser que je me suis promenée en pyjama devant les membres du groupe Run. Ce n'est qu'une fois dans la salle de bain que je comprends la situation. Je ne peux m'empêcher de pousser un cri d'exaspération avanravant de me donner deux tapes sur les joues. Je ne suis vraiment pas dans mon assiette.

Lorsque je ressors de la salle de bain, l'ambiance semble être revenue à la normale. Les garçons ont rangé leurs affaires pour mettre la table. Tout s'est parfaitement organisé sans moi. L'odeur de la nourriture m'ouvre l'appétit mais je n'ose plus bouger. J'ai la sensation d'être une vulgaire spectactrice ne comprenanrcomprenant rien à la scène qui se joue à ce moment là de la pièce. Et il faut le dire, je suis encore gênée par tout ce qui s'est déroulé depuis hier.

- La base d'une relation réussie, quelqu'elle soit : c'est la communication. Ma grand-mère disait toujours qu'en parlant ouvertement avec les autres, on évite pas mal de malentendus, intervient Kim.

- Je suis d'accord. Il n' y a pas mieux qu'une bonne conversation avec une balade digestive après le petite déjeuner. Tu devrais essayer Hana. Nabi pourrait t'accompagner.

- On n'a pas encore commencé à manger, Jung Wang.

-Et bien ça peut ouvrir l'apétit, intervient Yon. Vous avez dix minutes, pas une de plus. Après ce sera moins bon.

- Je trouve également que c'est une bonne idée, intervient Chin. On vous attend.

 Je me retrouve donc à la porte de ma propre maison. Nabi est derrière moi, silencieux. Le temps est plutôt agréable même si le ciel a quelques nuances de gris par endroit. Je marche à pas lent, espérant grignoter quelques minutes. Mon estomac semble réclamer son dû mais je fais tout pour le faire taire. Un malaise plane au-dessus de nous, prêt à s'abattre sur nos têtes à tout moment. Je me demande quelles idées les garçons ont encore pour nous mettre dans une situation pareille. Je suis tellement embarrassée que je ne sais pas quoi dire. Après avoir dépasser les premières maisons, Nabi me prend la main pour m'arrêter. Ses yeux sont légèrement plus sombres lorsqu'il me regarde. Il doit vraiment être contrarié par tout ça. Je ne sais pas comment m'excuser. Les mots me semblent particulièrement piteux aujourd'hui. Moi qui ai l'habitude de jouer avec eux, de les embellir, il me semble impossible en ce moment de me les approprier. Je reste totalement muette, incapable de faire quoi que ce soit d'autre que plonger mes yeux dans son visage.

- Pourquoi est-ce que tu agis comme ça ?

- Comment ?

- Comme-ci je te causais des inquiétudes, que je te faisais peur. Depuis que tes parents sont arrivés, tu n'es plus pareil avec moi.

- Je... Je suis inquiéte, oui. Tout le temps à vrai dire. Et je ne voulais pas que tu apprennes ces choses sur moi de cette manière. Mes parents m'ont embarrassé, j'ai honte voilà tout.

- C'est de ça que tu as parlé avec Chin ? Tu es plus à l'aise avec lui qu'avec moi ?

- Ce n'est pas ça... J'avais juste peur que tu me vois différement, que tu sois déçu.

- Déçu de quoi ? C'est normal que tes parents me voient comme un gendre potentiel avec mes atouts. Il n'y a pas de quoi être gênée pour ça, j'ai l'habitude.

- Ce n'est pas que ça.

- Ton passé avec cet individu pitoyable ne change pas la personne que tu es. Et puis, tout le monde ne peut pas être aussi parfait que moi.

- Je rêve ou tu essaie de me faire rire ?

- Cela fonctionne puisque tu souris enfin. Je suis trop doué.

- J'ai de la chance d'avoir un ami comme toi, pas vrai ?

- Hum... oui. Imagine celle qui aura la chance d'être ma petite amie. Ce sera la plus chanceuse au monde.

Je ne peux m'empêcher de rire même si au fond, je sais qu'il a raison. Il le dit avec tellement de désinvolture que l'on pourrait croire qu'il se fiche pas mal de ce que pense les autres. On pourrait même penser qu'il ne se prend pas au sérieux. Mais je pense sincérement que la personne qu'il aimera sera heureuse. Je me demande à quoi ressemblerait la personne dont Nabi tomberait amoureux. Sera-t-elle aussi pétillante que lui ? Ou au contraire, plus posée. Je ne parviens pas à imaginer une fille marchant à ses côtés. Je ne sais pourquoi mais cette idée me paraît inconcevable. Je suis soulagée de voir que Nabi n'est pas fâché contre moi et qu'il est retrouvé sa bonne humeur habituelle. Comme pour me conforter dans l'idée que la journée ne s'annonce pas aussi terrible que je l'avais imaginé, le soleil regagne du terrain. Les petites tâches grisâtres qui s'accumulaient dans le ciel se font de plus en plus discrètes jusqu'à devenir transparante. Nabi me parle du projet concernant le livre que je vais devoir écrire sur eux et qui servira de support pour leur prochaine album. Apparement, l'agence du groupe a déjà fait une annonce pour éclaircir certains points. L'histoire sera inspiré de faits réels où pourra s'y greffer de l'imaginaire. Le livre parlera des attentes de chacun des membres, de la vision qu'ils ont d'eux-même et de leur carrière et ce qu'ils espèrent dans l'avenir. C'est pour cela queje vais devoir passer du temps avec eux, pour apprendre à les connaître. Je ne suis pas certaine d'être la meilleure pour se rôle qu'ils me donnent. Je n'ai jamais écrit que des contes même si j'ai toujours eu l'ambition de créer une romance un jour. Mais ce n'est pas pareil que d'écrire sur la vie des personnes tout en donnant un côté littéraire à toute leur histoire. J'ai de plus en plus de mal à saisir les raisons pour lesquelles ils m'ont choisi pour ce travail. Nabi répond simplement que je ne dois aps me mettre la pression. Que mon écriture a quelque chose d'authentique qui leur a plu. Et puis, précise-t-il :

- J'aime beaucoup ce que tu fais. Il y a toujours un beau message caché derrière tes histoires, c'est pour cela qu'il faut que ce soit toi : on a tous quelque chose à faire passer dans ce projet.

- Hum... Je peux demander qui a eu l'idée ?

- L'idée du projet ou bien de te choisir ?

- Les deux.

- Le projet est né d'une conversation bénine. C'est Park qui a soumis une proposition similaire avec son ton habituel, tu vois ? Il disait cela un peu comme une boutade et Jung Wang a creusé l'idée. Puis chacun à ajouté un élèment.

- Comme toujours, du travail d'équipe ! Mais... par rapport aux commentaires sur votre musique.

- On fait toujours de notre mieux, alors oui, ça nous affecte même si on sait que la brigade est là pour nous défendre. Il y a toujours des gens mécontants, qui ne nous aime pas parce qu'on est populaire. Ils sont juste aveugles pour ne pas voir combien on se donne et combien on est géniaux. Moi, en tout cas, je trouve ma bande géniale.

- Oui, vous êtes... Un peu comme les pépites de chocolat qui font toute la saveur du Cookie.

- Je peux la garder cette phrase ?

- Bien sûr! Je te l'offre.

- Hana... Il y a une chose qui ne va pas chez toi.

- Quoi ?

- Tu t'endors trop facilement à côté des hommes.

- Hein ?

Je suis surprise par cette remarque. Est-ce qu'il parle du fait que j'ai dormi à côté de Chin ? Ou bien sait-il que Stan a dormi à la maison ? Dans tout les cas, je ne vois pas où il veut en venir. Ce n'est pas comme-ci nous avions partager le même lit. La vision de Chin et moi endormi côté à côté me vient à l'esprit, finissant de me perturber. Nabi est vraiment étrange ce matin. Je le regarde, tandis qu'il continue à avancer comme-ci rien n'était. Pourtant je vois un sourire satisfait se dessiner sur son visage angélique. Il semble content de m'avoir ébranlé avec son blâme. Est-ce à cause de cela qu'il semblait contrarié ce matin ?

Lorsque nous rentrons, Park saute de joie. Il semblerait qu'il avait faim et qu'il soit content que nous nous soyons réconcilié. Je ne vois pas où il veut en venir puisque nous n'étions pas réellement fâché. Jun et Kim s'écartent pour faire une place à leur ami. Mon salon n'est vraiment pas prévu pour accueillir autant de personnes. Il paraît tellement ridicule avec toute l'équipe en son sein. L'atmosphère est à nouveau plus légère. La conversation est toute à fait bénine. Personne ne reparle de ma situation passée. Chacun se concentre sur le présent et l'avenir. Le sujet du projet revient et je me rends compte que Nabi a esquivé ma question sur la personne à l'orgine de ma sollicitation. Tout en dégustant le travail réalisé par Jung Wang et Nabi, je me mets à penser au fait qu'une partie de moi a toujours rêvé de faire partie d'une grande famille.