Depuis quelques jours, j'ai pris mes distances avec les garçons. La trahison de Stan m'a poussé à me remettre en question. Ma vie n'est-elle qu'un enchaînement de faux semblants ? Mon humeur est plutôt maussade tandis que je suis en route pour mon ancienne université. Je dois évoquer mon parcours en tant que ancienne étudiante, donner quelques conseils aux nouveaux étudiants et aborder ma carrière de correctrice. Peut-être que revoir ce lieu rempli de souvenirs me permettra de dresser un bilan moins négatif sur ma vie ? Je me demande ce que je vais ressentir en retournant sur les pas de mes débuts. C'est en gagnant un concours d'écriture que j'ai pu être publiée pour la première fois. C'est également à cette époque que j'ai rencontré Stan pour la première fois. Il était plus âgé mais je me suis tout de suite sentie à l'aise avec lui. Probablement qu'à ce moment là déjà, j'étais sur la mauvaise voie. J'étais sans doute la seule à ressentir une amitié profonde. Lui, devait me voir comme une gamine naïve.

Le trajet en bus paraît durer une éternité. Les gens de tout âge se mélangent en parlant trop fort à mon goût. Je colle ma tête contre la vitre, comme je le faisais les jours de pluie. Parfois mes larmes se mêlaient aux gouttes figées du carreau. Je ne sais plus pourquoi je pleurais mais aujourd'hui, même ça me paraît trop compliqué. Un message de Stan me sort de mes pensées pour me demander une nouvelle fois de lui permettre de s'expliquer. Je ne suis pas encore prête à entendre sa version. Un second mot fait vibrer mon téléphone tandis que le car s'arrête. Je réalise au dernier moment qu'il s'agit de mon arrêt et me précipite vers l'extérieur. De nombreux étudiants s'activent dans la rue pour ne pas arriver en retard. En voyant mon ancienne école se dresser dans toute sa splendeur devant moi, je me demande ce que je pourrais apporter aux élèves. Je n'ai pas une carrière sensationnelle, d'autant plus que personne encore ne sait que je suis Eunnabi. J'hésite à faire demi-tour lorsqu'un van noir attire mon attention. Pas que la mienne, d'ailleurs. Un tas de jeunes s'empresse autour du véhicule, se demandant s'il renferme une star. Une jeune femme habillée la pointe de la mode en conclu qu'il s'agit de l'invité mystère. Mon intérêt est aussitôt piqué. Quelle genre de personnalité à accuilli mon université ?

Après avoir envoyé un message à l'organisateur de la journée, je me permets de regarder furtivement la vitre de la voiture tout en sachant que c'est inutile. Les carreaux sont teintés, évidemment. Tant pis, je le découvrirai en même temps que les étudiants. Un petit homme arrive devant moi, habillé à l'effigie de l'établissement, vient à ma rencontre. Je reconnais aussitôt la voix de l'l'organisateur. Il me remercie une nouvelle fois de ma venue et me propose de le suivre. Je suis très mal à l'aise avec tout ces masques blancs mais tente de dissimuler mon angoisse. Même si je rencontrais quelqu'un de ma promotion, je serais incapable de le reconnaître.

Afin de penser à autre chose, je pose des questions sur l'invité mystère. Même moi, je ne semble pas être autorisée à bénéficier de ces informations. Je trouve cela ridicule puisque bientôt, tout le monde saura qui il est. Alors qu l'organisateur m'emmène dans une salle pour attendre le début de la réunion, une voix m'interpelle. Elle puissante, grave mais douce et surtout familière :

- Hana ?

Assis sur une chaise, les jambes allongées, je découvre l'invité mystère dans une tenue simple mais élégante. Je reste un moment interdite devant cette révélation avant d'esquisser un sourire niais. L'organisateur nous regarde alternativement avant de demander :

- Vous vous connaissez ? Pourtant vous n'étiez pas dans la même section, de mémoire.

- Hum ... Oui, le hasard sans doute.

- Tu as étudié ici ?

- Oui, comme tu peux le voir. On pourrait discuter un moment avant la réunion, demande Kim en regardant l'organisateur.

- Bien entendu. Votre intervention ne commence que dans dix minutes, le temps d'installer les jeunes. Sur ce, je vous laisse.

Kim attend la disparition totale de l'homme d'une quarantaine d'années avant de s'approcher de moi. Il ne semble pas si étonné que ça de me voir. Décidément, il n'y a que moi qui suis surpris de tout ce qu'il m'arrive ces derniers temps.

- Comment tu vas ?

- On fait aller....

- Tu ne dois pas rester dans ton coin quand c'est difficile. Tu sais, tu vas peut-être trouver cela moralisateur, mais toutes ces épreuves que tu vis sont sans doute une étape vers de meilleurs résultats.

- Tu veux dire que je dois souffrir pour être heureuse ?

- Peut-être bien que c'est comme ça qu'on apprend le goût des choses importantes. Crois le ou non, dans l'équipe on en a tous baver avant d'en arriver là. Chacun avec son parcours.

- Je te crois... C'est juste que ça fait beaucoup d'un coup.

- Hum.. Est-ce que tu crois qu'on est comme Suk ? Ou comme Stan ?

- Pardon ?

- On a bien vu que tu prenais tes distances avec nous... Et je ne devrais probablement pas te le dire mais certains d'entre nous sont assez affectés...

- Je suis désolée. J'avais seulement besoin de temps pour faire le point, ce n'est pas contre vous. Et je m'en veux aussi de vous avoir impliqué.

- Tu n'as pas à t'excuser. Je voulais simplement te dire qu'on n'est pas comme ça. On fait toujours les choses avec le cœur.

- Je l'ai bien remarqué... Merci, Kim. Cela m'a fait du bien de te parle

- Tu devrais répondre à Nabi.

- Hein ?

- Il t'a envoyé des messages mais tu l'as ignoré. Il n'a pas l'habitude..

- Tu m'étonnes. Je... je dois avouer que je n'ai pas vu de message. Mais pour dire vrai, Stan m'écrit tellement que je me suis tenue à distance de mon téléphone..

- Tu devrais lui dire que tu as besoin de temps avant de lui parler.

- Je vais faire ça. Et merci de m'avoir prévenu pour Nabi.

im est sur le point d'ajouter quelque chose lorsqu'un des membres de l'organisation vient nous chercher. Les paroles de mon voisin