La première cicatrice
POV: narateur
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Le jeune garçon sentit son corps se briser, chaque parcelle de lui en feu, comme si le monde entier s’était ligué contre lui. L’air autour de lui semblait lourd, presque suffocant, chargé d’un bourdonnement constant, des sons métalliques, des bips réguliers qui lui rappelaient qu’il était encore en vie, mais il n’était pas sûr de vouloir l’être.
Pourquoi ? Pourquoi ressentait-il cette douleur insupportable et cette terreur grandissante ?
Il était allongé sur quelque chose de froid, de dur, une table métallique. Ses bras étaient tendus, ses muscles crispés, et tout son être se tordait sous la souffrance, comme si chaque fibre de son corps était en feu.
Il tenta de crier, mais sa voix ne fut qu’un faible murmure, un souffle brisé perdu dans le néant de la pièce noire qui l’entourait. Rien ne semblait réel, tout était flou, déformé.
“Pourquoi ça fait mal… ?”
Les mots s’échappèrent de ses lèvres, vides de force. Pourquoi la douleur ne cessait-elle pas ? Pourquoi ne pouvait-il pas bouger ? Les bruits de machines résonnaient autour de lui, mais tout semblait lointain, presque irréel. Des ombres dansaient dans la brume, des silhouettes vaguement humaines, menaçantes, qui se déplaçaient comme si elles n’étaient pas faites pour être là. Elles étaient là, mais elles ne le remarquaient même pas, ou peut-être ne pouvaient-elles pas entendre ses souffrances. Le garçon n’en savait rien, il n’était pas sûr de rien.
“C’est… ça… ça ne s’arrête pas…”
Il serra les dents, ses poings se fermant avec une telle force que ses ongles s’enfonçaient dans ses paumes. Une goutte de sueur glissa sur son front, brûlante. La douleur, insoutenable. Cela semblait durer une éternité. Son corps se tordait sans fin, et ses hurlements désespérés se perdirent dans la pièce, sans réponse, sans réconfort. Rien ne s’arrêtait. Rien ne changeait.
“Ils ont mis… quelque chose en moi… ! Ça… fait mal…”
Les mots s’échappaient de sa bouche sans qu’il puisse les contrôler. Il ne comprenait pas ce qui se passait, ni pourquoi il était là. Tout autour de lui se brisait, se distordait. Le monde lui semblait maintenant être un rêve macabre, une réalité fracturée qu’il ne pouvait saisir. Tout ce qu’il savait, c’était que cette douleur ne cessait de le ronger, le consumer, et il n’avait aucun moyen de l’arrêter.
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Puis, dans l’obscurité, une forme familière émergea, comme un rayon d’espoir dans ce gouffre d’angoisse. Une silhouette, une présence qu’il connaissait bien. C’était elle. Sa sœur. Ses yeux cherchaient à travers l’obscurité, et lorsqu’ils se croisèrent, un éclair d’inquiétude traversa son regard. Elle semblait si proche, mais tellement lointaine, comme une apparition dans ce cauchemar.
“, viens ! Il faut partir maintenant !”
Sa voix, calme et pourtant tremblante, brisait le silence. L’inquiétude qui y flottait rendait tout encore plus pressant. Elle tendit la main vers lui, une main qu’il connaissait par cœur, une main pleine d’espoir. Quelque chose en lui se réveilla, un désir instinctif de la suivre, de ne pas la laisser partir. Mais la douleur, la fatigue, tout semblait se liguer contre lui.
Avec un effort immense, il tenta de se redresser, mais la douleur dans ses muscles le fit chanceler. Avant même qu’il ne puisse tomber, elle saisit son bras avec force, le tirant vers elle. Elle ne le laissait pas tomber, pas cette fois. Malgré la lourdeur de ses jambes, malgré le tourbillon de souffrance, il la suivait, hésitant, mais déterminé.
“Vite, ne t’arrête pas ! Ne te retourne pas !”
Elle courait devant lui, agile, rapide, comme si elle n’avait jamais ressenti la moindre douleur. Ses pas résonnaient dans le silence oppressant, mais il n’avait pas le temps de réfléchir. Il devait la suivre, coûte que coûte.
Les couloirs qui se dérobaient sous ses pieds semblaient irréels. Chaque coin était une promesse de danger, chaque ombre un piège invisible. Mais sa sœur, elle, ne ralentissait pas, elle guidait sa fuite dans ce labyrinthe d’angoisse. Il sentait la peur, l’adrénaline, tout se mélanger dans sa poitrine, mais il n’avait plus le choix. Il devait la suivre. Il n’avait plus de place pour l’hésitation.
Mais alors, tout devint flou. Les murs autour de lui se dissolvaient, comme si l’air lui-même se dérobait sous ses pieds. Les bruits de leurs pas se dispersèrent, remplacés par un silence lourd. Un brouillard de néant enveloppa tout. Les bruits de poursuite se dissipèrent comme un rêve effacé.
Tout autour de lui se fondait dans l’ombre. Il ferma les yeux, perdu dans cette noirceur, se laissant entraîner dans un abîme qu’il ne comprenait pas.
⸻------------------------------------------------------------POV: Ryu
Je suis là, dans la cour du lycée, entouré de mes amis, la brise douce caressant mes cheveux noirs, flottant légèrement au vent. Il fait beau, la vie semble simple, et pourtant… quelque chose me manque. Je ne sais pas quoi, mais je sens qu’il y a quelque chose qui n’est pas tout à fait en place.
Je souris, peut-être un peu naïvement, à mes amis. Ils sont tous là, riant et me taquinant. La scène semble banale, presque trop ordinaire. Mais au fond de moi, il y a un vide. Un espace que je n’arrive pas à combler, une sensation d’absence que je ne peux expliquer.
Testsu: “Alors, tu vas nous dire que tu n’as rien vu ? Les filles te courent après, et tu ne vois rien ?”
Je fronce les sourcils, confus, puis je me gratte la tête, un peu gêné. Je n’ai vraiment aucune idée de ce qu’ils veulent dire.
Moi: “Non, c’est pas vrai, tu es fou !”
Je ris, mais c’est une sorte de rire nerveux. Je suis le genre de personne qui fait tout pour ne pas paraître différent. Pourtant, à chaque sourire que je lance, il y a ce doute, ce petit malaise qui me fait me sentir… étrange. Quelque chose en moi me dit que je ne devrais peut-être pas être là, que je ne devrais pas être comme ça, mais quoi d’autre pourrais-je être ? C’est tout ce que je sais.
hiragi: “Ce n’est pas le domaine de Ryu, il est trop dans son monde pour remarquer…”
Un autre ami rigole, et je souris à mon tour, même si, au fond, ça me dérange. Peut-être que je suis trop dans ma tête. Peut-être que je suis trop à l’écart pour comprendre vraiment ce qui se passe autour de moi. Mais à quoi bon chercher des réponses que je n’ai pas ? C’est ainsi, et c’est tout. Je me contente de ça.
Moi: “Je ne remarque rien parce qu'il n'y a rien a remarquer"
Le groupe éclate de rire, et je me sens un peu plus à ma place. Mais même dans ce moment de légèreté, il y a cette sensation de décalage, comme si je n’appartenais pas complètement à ce monde.
Apres quelques minutes de rires avec mais amis soudain, tout change. Le vent cesse, comme si le temps lui-même se suspendait. L’air devient lourd, presque oppressant, et la chaleur du soleil semble s’éteindre. Un frisson parcourt ma peau, et je lève les yeux. C’est là que je les vois. Des silhouettes en manteaux noirs, avançant avec une lenteur inquiétante, comme des spectres issus d’un autre monde. L’espace autour d’eux semble se tordre, se distordre, comme si la réalité elle-même vacillait.
Je sens mon cœur s’emballer, une inquiétude profonde m’envahir.
Moi:“Qu’est-ce… qu’est-ce qui se passe ici ?”
Les bruits autour de moi se sont tus. Les voix des autres étudiants ont disparu, comme aspirées dans un silence froid. Je suis figé, mes jambes refusent de bouger. Pourquoi suis-je encore capable de bouger, alors que tout le reste semble être paralysé ? Une étrange pression monte dans l’air, et je me sens pris au piège dans quelque chose que je ne comprends pas.
Un des individus en manteau noir, une silhouette presque irréelle, se tourne vers moi. Sa voix, froide et sans émotion, résonne dans le silence :
“Il n'a qu'un seul.......... tu vas faire un petit dodo dit il avec un air serieux en me tapant sur la carotide
Qu'est ce que jai fait ? Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ? Je ne comprends rien.
Je n’ai aucun souvenir de ce que cela pourrait signifier. J’ai l’impression que ma tête va exploser sous le poids des questions sans réponses. Et là trou noir.....
QUELQUE MINUTES PLUS TARD
Je regarde autour de moi, désorienté. Des élèves comme moi, certains encore capables de bouger, d’autres immobiles, figés dans un étrange coma. Qu'est ce qui se passe ?
Je me suis réveillé dans un endroit qui n’avait rien d’humain.
Un hall immense. Blanc. Froid. Presque stérile. L’air avait cette odeur métallique, cette sensation étrange qui te donne l’impression de ne pas être à ta place. Comme si lui-même te rejetait. J’étais debout, au milieu d’une centaines d' adolescents, tous autour de mon âge, quinze ans. Personne ne comprenait ce qui se passait.
Les murs étaient lisses, parfaits, sans une seule fenêtre. Juste des néons suspendus au plafond qui projetaient une lumière blafarde, presque agressive. Autour de moi, certains élèves eveillés chuchotaient, d’autres gardaient les yeux rivés au sol, trop tendus pour parler.
Je n’avais pas envie de dire un mot non plus.
Soudain, une porte située au fond de la pièce s’ouvrit lentement, dans un grincement presque irréel. Un homme entra. Grand, bien droit. Il portait une veste noire parfaitement taillée, une chemise blanche impeccable et une cravate sombre. Rien dans son attitude ne trahissait la moindre émotion. Il nous balaya du regard, un par un.
Il ne parlait pas. Il nous regardait simplement, comme s’il nous jaugeait, comme s’il décidait de notre valeur à cet instant précis. Je sentis une tension grimper dans ma poitrine.
Finalement, sa voix s’éleva. Calme. Posée. Contrôlée.
« Bienvenue. Je vois dans vos yeux que vous êtes tous confus, et c’est bien normal. Ce qui vous attend ici ne ressemble en rien à ce que vous avez connu jusque-là. »
Des frissons me parcoururent la nuque. Je n’étais pas le seul à les ressentir. L’atmosphère s’était alourdie d’un seul coup. Il avançait lentement, mains dans le dos, comme s’il marchait dans un musée, comme si nous étions les pièces exposées. Les eleves endormis s'eveillerent tous. il continua:
« Ce que vous avez en commun, ce qui vous réunit ici aujourd’hui, c’est votre potentiel. Mais je ne vais pas encore vous dire exactement ce que cela implique. »
Il marqua une pause. Je crois que tout le monde attendait la suite, le souffle suspendu. À côté de moi, un garçon aux lunettes tremblait légèrement. Il leva timidement la main. Sa voix était faible, mais honnête:
« Attendez… vous êtes en train de dire que… on est tous ici pour une raison ? Mais quelle raison ? »
« Oui, vous êtes ici pour une raison. Mais c’est une raison que vous ne comprenez pas encore pleinement. Vous êtes tous capables de… choses spéciales. »
Un murmure traversa le groupe. Moi aussi, je sentais ce frisson étrange dans mes os depuis quelques jours. Comme si mon corps m’échappait. Comme si… quelque chose voulait sortir.
« Mais avant d’aller plus loin, laissez-moi poser une autre question : qui parmi vous a déjà remarqué quelque chose de particulier chez lui ? Quelque chose d’inexplicable ? »
Le silence. Les regards fuyants. Aucun des élèves present n'avait l'intention de repondre
Le représentant hocha doucement la tête, puis continua.
« C’est normal que vous ayez peur on vous a emmener ici sans préavis. Pour ceux qui ont déjà remarqué des phénomènes inexplicable sachez que c'est normal votre présence ici est signe de transformation. »
Je sentais mon cœur battre plus vite. Une transformation ? Quelque chose en moi voulait bouger, comme une vérité qui me dérangeait sans que je puisse la formuler.
« Vous allez découvrir une chose en vous. Un pouvoir que seuls ceux comme vous peuvent maîtriser. »
Des pouvoirs ?. Cette fois, même les plus sceptiques restèrent figés. Une fille aux cheveux noirs, attachés en queue de cheval, prit la parole.
« Mais… comment ça, des pouvoirs ? Comme dans les films ? »
Elle s’appelait Haruka. Gracieuse, mais avec ce regard vif qui te disait qu’elle observait tout, même quand elle ne parlait pas. L’homme se tourna vers elle, le regard perçant.
« Oui, exactement. Des pouvoirs. Mais pas de la manière dont vous l’imaginez. Vous allez devoir apprendre à les contrôler, à les utiliser. Mais il y a un prix, bien sûr. »
Le mot « prix » résonna comme une menace. Je n’étais pas le seul à me tendre.
« Ces pouvoirs vous sont confiés pour une raison. Une raison qui va au-delà de vous-mêmes. »
Un garçon à l’air calme, aux cheveux gris cendrés, se pencha en avant.
« Donc… vous voulez dire qu’on est… choisis ? Que nous devons… défendre quelque chose ? »
Shinji. Le genre de gars qui ne parle jamais inutilement. S’il disait quelque chose, c’est qu’il y avait réfléchi. L’homme acquiesça.
« Exactement. Vous êtes choisis pour une mission. Un rôle dans une compétition qui existe depuis des décennies. Ce ne sont pas de simples tournois. Ce sont des épreuves où votre nation se mesure à d’autres. Vous êtes l’avenir de votre pays. »
Un silence lourd suivit ses mots. L’avenir ? Nous ? Je n’étais même pas sûr d’avoir un avenir à moi…
Puis un autre garçon leva la main. Ryo, cheveux longs, regard perçant, la voix grave malgré son âge.
« Et si on refuse ? »
Le représentant s’arrêta de marcher. Il fixa Ryo, et pour la première fois, sa voix perdit un peu de sa douceur.
« Ce n’est pas une question de choix. Une fois choisis, il n’y a pas de retour en arrière. Refuser, c’est rejeter ce que vous êtes devenus. »
Je baissai les yeux.
C’était donc ça.
Il n’y avait plus de retour possible.
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