Prologue

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La douce chaleur du baiser de Yann réveilla Chris. Il sourit en ouvrant les yeux, et Yann en déposa un second sur ses lèvres.

— Tu as bien dormi ? demanda-t-il en passant sa main dans ses cheveux.

Chris se redressa dans le lit, puis l’attira vers lui en passant ses bras autour de son cou.

— Comme un bébé !

Il plongea son regard dans les magnifiques yeux bleus de Yann.

— Désolé de t’avoir réveillé, mais je dois me sauver... un truc urgent à régler…

— Oh, d’accord… tu penses rentrer tard ?

— Je n’en sais rien…

— Tu es sûr que tout va bien ?

Yann resta quelques secondes interdit, le regard perdu dans le vide.

— Oui... non ! Rien de grave, rassure-toi ! dit-il en lui souriant.

Il se pencha sur Chris, le serra dans ses bras, puis l’embrassa à nouveau.

— Je t’aime de tout mon cœur…

— Je t’aime aussi, répondit Chris en fronçant les sourcils, tandis que l’enivrant parfum que portait Yann lui montait aux narines.

Il se releva d’un bond, attrapa son manteau et sans se retourner, disparut précipitamment par la porte de leur chambre.

Chris ne travaillait pas en cette grise et pluvieuse journée d’octobre. Malheureusement, rien ne l’avait préparé à l’enfer qu’il s’apprêtait à vivre.

18h

Chris était soucieux. Yann n’avait répondu à aucun de ses SMS de toute la journée, ce qui n’était pas dans ses habitudes. Même si son travail l’accaparait, il prenait toujours le temps de correspondre avec lui.

20h

Toujours aucune nouvelle. Chris tenta de l’appeler, mais son téléphone portable s’avéra éteint, et lorsqu’il appela sur son lieu de travail, la standardiste lui répondit qu’il n’était pas venu au bureau ce jour-là. Paniqué, Chris appela leurs proches, mais personne ne sut où Yann se trouvait.

22h

Chris se rendit au commissariat. Après de multiples supplications, expliquant que ce n’était pas dans les habitudes de Yann de disparaître ainsi, deux agents prirent sa déposition.

— Est-ce qu’il est dépressif ? Cela lui arrive de disparaître comme ça ? Des problèmes au travail ?

Jamais Yann n’avait montré le signe d’un quelconque souci de ce genre. Pour Chris, ils formaient un couple équilibré, malgré leurs disputes occasionnelles, et jamais ils ne gardaient de rancune l’un envers l’autre.

Un adulte en pleine possession de ses moyens qui ne donnent pas signe de vie pendant une journée ne constituait pas une raison suffisante pour entamer des recherches, selon les autorités. Mais face à l’insistance de Chris, sa description et celle de sa voiture fut envoyé aux véhicules en patrouilles, au cas où. De leurs côtés, Chris et quelques amis partirent à sa recherche, fouillant chaque endroit où il était susceptible de se trouver.

Aux alentours de 2h00 du matin, il reçut un appel de la police qui lui expliqua qu’une patrouille venait de retrouver la voiture de Yann sur le parking d’une chapelle isolée. Celle-là même où il avait emmené Chris quelques mois auparavant pour le demander en mariage.

Fébrile, Chris fonça sur place. Mais les agents ne le laissèrent pas s’approcher. Ils venaient de retrouver le smartphone et d’autres effets personnels dans la chapelle, au pied de l’autel. Cependant, aucune trace du malheureux.

Un avis de recherche pour disparition inquiétante fut lancé, mais malgré les nombreux signalements, aucune piste n’aboutit. Yann, ou sa dépouille, restèrent introuvables.

Huit semaines après sa disparition, Chris n’était plus que l’ombre de lui-même. Il perdit totalement pied le jour où les autorités arrêtèrent les recherches, si bien qu’il fallut l’interner pour qu’il n’intente pas à ses jours. Il passa deux mois enfermés dans une chambre d’hôpital psychiatrique, pleurant et implorant qu’on lui rende sa raison de vivre. Malgré les médicaments et autres séances de psychothérapie, le lent et douloureux anéantissement de sa vie se prolongeait.

Parvenant tout juste à aligner deux mots, tant à cause de sa léthargie médicamenteuse que par la dépression qui l’engloutissait inexorablement, les dettes commencèrent à s’accumuler, le poussant à vendre leur foyer. La vieille maison qu’ils avaient achetée, retapée et remplie de souvenirs s’était transformé en un poids financier, l’assurance refusant de l’aider, faute d’avoir une preuve du décès de Yann.

L’avenir incertain qui se dessinait, poussa Chris dans les abîmes d’une névrose hystérique.

Pour finir d’enfoncer le clou de son désespoir, certaines de ses connaissances s’imaginèrent des scénarios fantasques et l’accusèrent de la mort de son bien aimé. Désarmé, perdu et diminué par la dépression, il coupa les ponts avec ses diffamateurs, ainsi que de sa belle-famille.

Il lui fallut presque deux ans pour se reconstruire mentalement, et accepter de faire son deuil pour avancer. Une nouvelle vie solitaire qui le ramena dans la petite ville de son enfance, loin de celle de son ancienne existence.

Cependant, ancré au fond de son cœur, il garda l’infime espoir de retrouver un jour, l’amour de sa vie.

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