Chapitre VI

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Une légère brise soufflait dans les arbres, projetant des nuages de feuilles mortes dans les airs. L’automne s’installait paisiblement et les doux parfums portaient par le vent étaient empreints de la nostalgie d’un été chaud. Une multitude de champignons multicolore, de toutes tailles et formes, poussaient aux pieds des arbres. Bien que l’endroit lui fût inconnu, il s’en dégageait une sensation familière, comme un souvenir d’enfance que l’on redécouvre au fond de sa mémoire.

Chris voulait rejoindre rapidement la ville dont avait parlé Thèoffric, et bien qu’il suivît le chemin depuis plusieurs heures, il n'avait vu aucun panneau indiquant une quelconque destination, ni âme qui vive.

De légers bruits de pas dans le tapis de feuilles mortes qui jonchait le sol de la forêt l’interpellèrent. Cherchant du regard d’où et de quoi ils provenaient, Chris aperçut un animal, semblable à un chevreuil avec une unique corne au sommet du crâne, qui fouillait le sol avec ses pattes. Un juvénile à première vue, car il avait encore la toison duveteuse, et sa corne était tout juste naissante.

Voulant se rapprocher, Chris fit craquer une branche sous ses pieds, et le petit cervidé leva brusquement la tête dans sa direction, le fixant du regard. Tandis que Chris essayait de ne pas bouger, il remarqua que l’animal restait étrangement calme. Soudain, plutôt que de s’enfuir, il commença à s’approcher.

Chris tenta de rester immobile, mais perdit l’équilibre et bascula en arrière. Sans crainte, La créature avança doucement la tête vers lui. Avec son petit museau noir, elle repoussa son manteau au niveau de son torse, et prit une grande inspiration en fermant les yeux. Elle leva la tête au ciel et poussa un cri harmonieux, puis se glissa derrière Chris pour l’aider à se relever.

— Merci...

Tandis qu’il lui caressait la tête en signe de gratitude, une dizaine d’autres arrivèrent de tous côtés, certains bien plus grands. Mais malgré le fait qu’ils l’encerclaient, Chris ne sentit aucune animosité de leur part.

— Bonjour… dit-il en secouant la main.

Les cervidés posèrent gracieusement l’une de leurs pattes en avant et s’inclinèrent pour le saluer. Le plus grand d’entre eux, un mâle au pelage grisonnant, se releva et s’avança vers lui. Une magnifique corne irisée de quarante centimètres trônait fièrement sur le haut de son crâne. Vraisemblablement, il était le patriarche. Il approcha doucement son museau du torse de Chris qui sentit la clé vibrer sous sa chemise.

Lorsqu’il la prit en main, elle se mit à briller d’un éclat bleu très intense, et aussitôt ses nouveaux amis à fourrure se mirent à gémirent tout en ruant des pattes avant. Ce n’était pas des cris de peur, mais bien des cris de joie.

Lorsque l’éclat de la clé s’estompa, tous se calmèrent et le plus grand s’approcha à nouveau. Il posa sa tête sur son épaule droite et attira Chris vers lui. Machinalement, Chris l’enserra de ses bras tout en lui caressant le cou. Quelque chose était entré en lui, une sensation étrange, comme une connexion avec l’animal.

Le cervidé se recula, inclina la tête, et tous partirent sans un bruit.

— Eh ben… ça, c’est incroyable ! dit-il à haute voix pour se persuader que cela s’était belle et bien produit, les animaux peuvent aussi ressentir le pouvoir de la clé. Si seulement ils pouvaient me dire ce que je fais ici…

— Ne précipitez pas les choses, élu, résonna une voix irréelle dans l’immensité de la forêt, même si de nombreuses épreuves vous attendent, gardez foi en vous et ne perdez jamais espoir.

Chris chercha autour de lui.

À quelques mètres devant lui, il aperçut le grand cervidé qui le fixait du regard, debout sur une butte de terre. Les rayons du soleil l’éclairaient en contrejour, lui donnant un aspect mystique, tant sa corne opaline scintillée.

— Adieu, élu, répondit l’animal sans bouger.

Il baissa la tête avant de disparaitre dans la forêt.

À cet instant, Chris ressentit à nouveau cette étrange sensation de changement. Quelque chose venait de modifier son corps et son esprit, son for intérieur. Il se sentit grandi, comme amélioré. Il comprit alors que sa présence n’était pas le fruit du hasard, que si la clé l’avait conduit en ce monde, c’était pour y accomplir une tâche d’une importance capitale, car lui seul pouvait comprendre et maitriser ses pouvoirs. Cette sensation de retour en arrière impossible lui revint au corps, et il serra la clé contre sa poitrine.

Lorsqu’il reprit connaissance, il était allongé sur le sol de la forêt. Une fois de plus, les émotions qui l’avaient envahies lui avaient fait perdre pied tant elles étaient intenses.

Chris s’étira comme après une longue nuit de sommeil, mais en regardant aux alentours, il lui sembla que peu de temps s’était écoulé. Une demie heure, tout au plus.

Il se leva puis retira les feuilles accrochées à ses vêtements, tout en regagnant le sentier dont il s’était légèrement éloigné.

Plus tard, après une bonne heure et demie de marche, la lisière de la forêt se dessina au loin. À sa sortie, les branches des arbres formaient une arche qui surplombait le chemin. Bientôt, les vertes prairies du pays de Borest se dessinèrent devant lui. Le vent était doux, mais bien plus puissant que dans la forêt. Les brins des herbes hautes oscillaient dans un mouvement hypnotisant, telle une mer verte déchaînée.

Au fur et à mesure qu’il progressait, le chemin s’élargit pour se transformer en route. Au loin, Chris put apercevoir les premiers bâtiments de la ville de Bärglade.

— Attention, voyageur ! cria une voix dans son dos.

Machinalement, Chris s’écarta de la route tout en se retournant. Un homme passa aux rennes d’une sorte de charrette, tiré par un robuste cheval roux. Les objets qu’il transportait sautaient à chaque aspérité de la route, si bien qu’un petit sac de tissu bleu tomba sur le bas-côté.

— Monsieur, attendez ! Vous avez perdu quelque chose !

Chris courut pour le ramasser, mais le charretier ne l’entendit pas. Curieux, il ne put s’empêcher de l’ouvrir. Il contenait une toge en laine vert foncé, une ceinture en tissu marron, et une petite bourse de cuir avec cinq pièces argentées ainsi que deux pierres précieuses de couleur jaune.

Désolé que son propriétaire l’ait perdu, Chris se consola en pensant à l’aide que ce cadeau fortuit allait lui apporter.

— Si je veux m’en sortir, je dois me fondre dans le paysage. Ces vêtements vont m’aider à passer inaperçu.

Il devait à tout prix éviter de se faire remarquer, Lindelle et sa garde pouvaient être n’importe où. Ces frusques tombaient à point nommé.

— Ces quelques sous me permettront peut-être de trouver un repas chaud et une chambre pour la nuit.

La ville de Bärglade était très étendue, mais il n’y avait pas de mur d’enceinte pour la protéger, juste des fermes avec d’immenses champs d’herbes, de fleurs et de ce qui ressemblait à des céréales. Bientôt, elles firent place à des magasins parsemés d’étales remplis de marchandises multicolores. Les bâtiments étaient rudimentaires, murs de chaux et toits de branchages. La ville grouillait littéralement de gens et de petites créatures, aux longs nez et aux grandes oreilles, transportaient des objets divers çà et là.

— C’est sûrement les gobelins dont parlait Thèoffric, se rappela Chris en les regardants passer entre les jambes des chalands.

Ils ne dépassaient guère le mètre de haut et leurs longs bras touchaient presque le sol. Ils portaient des chemises en laines de couleurs divers, coincés dans leurs pantalons de velours, et à leurs pieds, des bottines en daim marron. Certains avaient même un couvre-chef.

Les marchands criaient aux alentours, espérant attirer de potentiels clients. L’un d’entre eux attrapa Chris par l’épaule.

— Sire voyageur, regardez les magnifiques étoffes dont nous disposons ! Faites dans les meilleurs ateliers de la ville et par les tisserands gobelins les plus expérimentés !

Il déroula frénétiquement des rouleaux de tissus aux couleurs chatoyantes entreposés sur son étal.

— Merci, mais je n’en ai pas besoin. Pourriez-vous m’indiquer un endroit où manger ?

Le marchand le jaugea du regard.

— Bien sûr, voyageur. L’auberge du Cornu est au coin de la rue, dans cette direction.

Il l’indiqua avec un large sourire, et Chris le remercia en inclinant la tête.

Il devait être 18h. Le soleil commençait doucement à se coucher, et ses rayons coloraient le ciel d’ambre et d’or. Chris passa la porte de l’auberge, à première vue l’un des plus grands bâtiments de la ville.

La pièce principale faisait environ soixante-dix mètres carrés, et des poutres de bois noirs soutenaient le plafond, certaines semblant sur le point de lâcher tant elles étaient penchées. Il y avait un escalier à gauche de l’entrée et un immense comptoir de bois foncé juste à côté. Des tables et des tabourets étaient éparpillés dans la pièce, et de petits chandeliers en terre cuite était disposaient sur chacune d’elles. L’endroit n’était pas très animé à cette heure.

— Je peux vous aider, voyageur ? lança l’aubergiste en faisant claquer son torchon sur son épaule.

Un grand homme d’un mètre quatre-vingt-quinze, chauve et bien bâti, à la peau brunie par le soleil. Ses mains épaisses et ses bras musclés montraient qu’il ne rechignait pas aux travaux manuels. Cependant, ses petits yeux marrons laissaient transparaître une grande gentillesse, si bien que Chris se sentit étrangement à l’aise à ses côtés.

— Bonjour, je souhaiterais manger, si c’est possible.

— Le repas ne sera pas prêt avant au moins une heure, voyageur.

Derrière son comptoir, l’imposant tenancier coupait des légumes tandis qu’une délicieuse odeur de viande en sauce et d’épices flottait dans l’air.

— D’accord, je vais attendre. Est-ce que vous auriez une chambre pour la nuit ?

— Bien sûr, c’est cinq pièces d’argent pour la chambre et le repas. Payable d’avance.

L’homme le jaugeait du regard. Chris ouvrit la bourse et lui tendit les pièces, qu’il posa dans un petit coffre de bois sous le comptoir. Il se retourna pour attraper une clé au tableau derrière lui et la tendit à Chris.

— Chambre trois, à l’étage.

— Sans vouloir abuser… est-ce qu’il serait possible… de se laver ? demanda Chris sans trop y croire.

— Bien sûr ! Je vais dire à mon fils de vous préparer un bain. Nous pouvons aussi laver vos vêtements, si vous voulez ? Vous n’aurez qu’à les lui donner, il vous les ramènera avant la fin de votre bain. Vous pourrez ensuite descendre vous restaurer.

— Comment pouvaient-ils les laver et les faires sécher le temps d’un bain ? pensa Chris en le dévisageant.

— Montez-vous reposer. Elöhan vous préviendras quand le bain sera prêt.

Il indiqua les escaliers à gauche de la porte d’entrée et invita Chris à monter. Il le remercia de la tête gagna sa chambre.

La pièce était sommaire, mais confortable. Un petit lit en bois avec un matelas de paille était accolé au mur à droite de la porte. Sur la gauche, il y avait une petite table avec un tabouret et une armoire. En face de la porte, une lucarne ouvrait sur une sorte de cour intérieure dans laquelle du linge était en train de sécher. Sur la table, un petit bouquet de fleurs jaunes odorantes était posé dans un vase en terre cuite, ainsi qu’une bougie.

Chris retira la toge ainsi que son manteau et ses chaussures pour s’allonger sur la maigre couchette qui s’avéra étonnamment confortable. Les draps dégageaient une douce odeur de savon et de plantes, et la lumière vacillante du jour mourant se diffusait par la lucarne. Chris ne put retenir ses yeux tant le poids de la journée l’accablait.

Les coups contre la porte de sa chambre le réveillèrent en sursaut.

— Sire voyageur, votre bain est prêt. Puis-je entrer ?

— Bien sûr, entre. Tu dois être Elöhan ?

— C’est bien ça, sire.

Le jeune homme arborait un large sourire. Il ne devait pas avoir plus de 16 ans et son physique tranchait radicalement avec celui de son père. Une mince silhouette d’environ un mètre soixante-dix avec de grands yeux marron illuminant son fin visage. De longs cheveux brun, légèrement bouclés lui tombaient dans la nuque.

— La salle de bains est juste en face de votre chambre. Vous n’aurez qu’à déposer vos vêtements dans le couloir et je m’occuperais de les laver.

— Merci beaucoup, Elöhan.

— Je vous en prie, sire. C’est la moindre des choses ! Vous semblez éreinté par votre voyage et je dois avouer que je n’ai jamais vu pareil… accoutrement…

Chris éluda la discussion en quittant la pièce. De l’autre côté du couloir, la salle de bains était une petite pièce sans fenêtre avec une grande bassine de bois en son centre. Il y avait un paravent pour se changer, ainsi qu’une coiffeuse en bois avec un miroir devant lequel une multitude de brosses et peignes en tous genres étaient placés. De gros pains de savon marron étaient posé dans une coupelle sur une petite table tout à côté de la bassine, et une corde, au bout de laquelle pendait une petite cloche, descendait du plafond juste au-dessus. De la vapeur se dégageait du bain si bien que le miroir était recouvert d’une fine pellicule de buée.

Après avoir fait un tas de ses vêtements, Chris enfila le peignoir qui pendait à un clou derrière la porte et les donna à Elöhan. Il le remercia à nouveau, puis verrouilla la porte tandis que l’adolescent s’éloignait.

Il laissa tomber le peignoir au sol puis se glissa doucement dans l’eau agréablement chaude qui dégageait un doux parfum d’onguents. La bassine, bien que rudimentaire, était confortable et de belle taille. Si bien que Chris put allonger son mètre quatre-vingt de tout son long, ne laissant que son visage hors de l’eau. Après une si longue journée, il profitait avec délice de ce moment de détente bien mérité.

Lorsqu’il baissa les yeux, il remarqua que la clé scintillait. Son éclat lui était toujours aussi apaisant, et il se perdit dans ses pensées en la contemplant.

Malheureusement, à peine dix minutes s’écoulèrent avant que l’eau ne refroidisse au point de lui glacer le sang. Sans vraiment y réfléchir, Chris attrapa la clé qui rougeoya, réchauffant instantanément l’eau autour de lui.

Emporté par la douce chaleur qui l’enveloppait, ses yeux se fermèrent tandis qu’il sombrait dans un sommeil bienvenu.

— Sire voyageur, est-ce que tout va bien ? Vous êtes dans votre bain depuis presque une heure, demanda Elöhan de l’autre côté de la porte.

— Oui… tout va bien ! répondit Chris en reprenant ses esprits, je sors dans un instant.

— Bien, sire. Prenez votre temps, je patiente.

Chris prit quelques minutes pour se rincer avant de sortir du bain. La grande serviette qui pendait au paravent était douce et sentait l’herbe fraîchement coupé. Il s’emmitoufla dans le peignoir avant d’ouvrir la porte. Elöhan lui tendit ses vêtements avec un grand sourire.

— Merci infiniment, Elöhan !

— Je vous en prie, sire ! C’est avec plaisir !

Le jeune homme fit une révérence maladroite, puis s’éloigna en direction de la salle de banquet d’où montait de la musique et des chants. Chris referma la porte pour s’habiller et fut surpris par la douceur et le parfum que dégageaient ses vêtements propres.

— Woaw ! Comment ont-ils fait ?

Lorsqu’il descendit pour se restaurer, l’auberge était animée d’une ambiance bon enfant et les gens riaient. Elöhan et son père s’affairaient à servir le repas et Chris put apercevoir une femme s’activer en cuisine. Inquiet de ne pas savoir sur qui il pourrait tomber en s’installant dans la salle, Chris décida de rester solitaire au comptoir.

— Bonsoir, voyageur ! Votre bain était agréable ? demanda l’aubergiste avec un large sourire tout en lui apportant une assiette de soupe fumante.

— Très, merci. Et merci pour les vêtements !

— Pas de quoi l’ami. Je m’appelle Löghan, meilleur aubergiste de Bärglade !

Il tendit sa main droite.

— Chris… enchanté de vous connaître.

Chris lui attrapa la main et sentit ses os craquer tant Löghan la serra avec force.

— Mangez pendant que c’est chaud, dit-il en indiquant l’assiette fumante, c’est la meilleure soupe de Champardons que vous pourrez trouver dans tout le pays de Borest !

Son fumé était enivrant et elle avait le gout d’un subtil mélange de champignons et de pomme de terre.

Lorsque Chris eut englouti son assiette, Löghan le débarrassa et lui en apporta une autre remplie de viandes en sauce et de légumes. La bonne odeur qu’il avait senti à son arrivée lui revint aux narines.

— Ragoût de Buglons aux légumes épicés, spécialité de ma femme, Löinda.

Le goût était à la hauteur du parfum qu’il dégageait. Les morceaux de viande étaient généreux et fondants, tandis que la sauce et les légumes étaient épicés juste ce qu’il fallait. Un véritable délice.

Chris s’apprêtait à demander de quoi boire à son hôte, lorsque Löghan lui servit un grand verre d’un vin sucré et épicé, à la couleur rappelant le jus de carottes.

— Vous voulez encore du ragoût ?

— Oh oui ! Avec grand plaisir !

L’ambiance était festive. Chris s’amusa du trio de ménestrels qui interprétait des chants amusants qui parlaient de seigneurs et de batailles. Les noms qu’ils lançaient à la foule lui étaient parfaitement inconnus. Probablement des personnages folkloriques ou issus de contes et légendes locaux.

Après avoir englouti sa deuxième assiette de ragoût, Löghan lui apporta un dessert.

— C’est de la tarte de Boudrons rouge, vous m’en direz des nouvelles ! lança-t-il en déposant l’assiette généreusement garnie.

— Qu’est-ce que c’est le Boudron rouge ? demanda Chris, en pensant au thé aux araignées de Thèoffric.

— C’est une petite baie qui pousse sur un buisson rempli de piquant très urticant. On les ramasse au début de l’automne, c’est notre première récolte de l’année. Ma femme, est la reine des tartes, et moi le roi pour les manger ! C’est pas pour rien que je suis si gros ah ah ah !

Il éclata d’un rire franc et spontané, tout en frappant la paume de sa main droite sur son ventre.

Soudain, le silence se fit dans la salle bondée. L’un des ménestrels s’avança sur la petite estrade et même Elöhan et Löinda sortirent de la cuisine pour l’écouter. Tout en grattant nonchalamment sur son étrange guitare à trois cordes, il déclama un magnifique poème sous les regard ébahis des clients.

Jadis, en des temps troublés.

Le monde, les forces du mal envahissaient.

Grandes furent les batailles et les conflits.

Où nombre de soldats perdirent leur vie.

Enfin, le jour sacré de sa venue.

Quand de par l’autre monde, l’élu parut.

Le pouvoir ancestral qu’il détenait.

Devait un jour, ramener la paix.

Au plus profond du néant, il combattit.

Les monstrueux habitants des terres impies.

Et au-delà des mers et des monts.

Il renvoya, pour l’éternité, ces démons.

La vie, de par le monde, reparut.

Et depuis lors, se chante la légende de l’élu.


Le troubadour fit une révérence, son grand chapeau à la main, et l’assistance éclata dans un tonnerre d’applaudissement. Une pluie de pièces de monnaies tomba tout autour de lui. Certaines personnes pleuraient, tandis que d’autre embrassaient leurs mains jointes.

— Quel est ce poème ? demanda Chris à Löghan.

— Vous ne connaissez pas la légende de l’élu ?

— Euh… Non... Je ne suis pas d’ici, vous savez…

Löghan plissa les yeux en le scrutant.

— Une légende dit que, lorsque les Vilainards tentèrent de conquérir le monde, ce n’est pas Pliöth et son armé qui les vainquirent, mais un être venu d’un autre monde et pourvut de grands pouvoirs. Quand ce dernier retourna d’où il venait, Pliöth récupéra le seigneur Osth, qui avait été fait prisonnier et s’attribua tout le mérite de la victoire contre les Vilainards. Il aurait ensuite fait disparaître toutes personnes cherchant à contredire sa version de l’histoire, par cupidité pour le trône du royaume de Borest...

Il marqua une pause et secoua la tête, l’air désolé.

— Le grand prêtre Miriël nous ferait probablement exécuter s’il apprenait que l’on chante les louanges de l’élu dans mon auberge. Il ne vaut pas mieux que cet usurpateur de Pliöth ! Gloire à l’élu ! hurla-t-il en levant son verre.

La foule de l’assistance le suivit et ils burent leurs verres d’un trait. Ne voulant pas attirer l’attention, Chris trinqua avec lui. Lorsque leurs coupes s’entrechoquèrent, il perçut dans le regard de Löghan qu’il s’interrogeait à son sujet. Son ignorance de leurs us et coutumes n’avait pourtant rien d’exceptionnel. Pourtant, à plusieurs reprises durant la soirée, Chris sentit le regard de Löghan lui peser, comme s’il savait quelque chose que lui ignorait.

Peu de temps après, Chris regagna sa chambre. La longue journée qu’il avait passée, ainsi que le délicieux repas dont il avait profité, avaient eu raison de ses dernières forces.

Il verrouilla la porte de chambre à double tour pour être certain de ne pas se faire surprendre, et la bloqua à l’aide de la petite table et du tabouret. L’atmosphère y était chaude malgré le manque flagrant d’isolation, et les étranges lunes qui brillaient dans le ciel baignaient la chambre d’une douce lumière bleutée. Chris n’eut une fois de plus, aucun mal à s’endormir.

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