Chapitre IX

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Lorsque Lindelle et ses hommes arrivèrent à l’orée de la forêt de Flaïne, le soleil était sur le point de disparaître à l’ouest, derrière les montagnes du pays de Téhardär. La nuit promettait d’être fraîche et Lindelle ordonna que l’on monte un campement. Il fallait une journée à cheval depuis Sylandar pour rejoindre l’entrée nord de la forêt.

La rudesse de la vie sur les routes ne déplaisait pas à Lindelle. Ces moments passés avec ses frères autour d’un feu de bois réconfortant, étaient une distraction qu’elle chérissait. Cela permettait aussi de resserrer les liens fraternels qui les unissaient.

Les informations dont elle disposait étaient maigre, et la vaste forêt regorgeait de toute sortes de créatures plus ou moins dangereuses. Jusque tard dans la nuit, elle étudia les cartes qu’elle avait emporté, pour définir le meilleur plan d’action possible.

Lindelle ne savait des pouvoirs l’élu que ce que le grand prêtre lui en avait dit. C’était un mortel d’un autre monde, appelé par une grande destinée et de grands pouvoirs, à rétablir une forme de paix. La clé du destin lui apparaissait pour le guider jusqu’au Vaste-Monde, pour qu’il y rétablisse ce fragile équilibre.

Sur le moment, Lindelle ne parvint pas comprendre l’utilité de sa venue. Le monde se portait à merveille, et si un malheur devait s’abattre prochainement, le grand prêtre l’aurait forcément su, car il disposait d’un pouvoir de clairvoyance qui lui permettait de lire dans l’avenir, mais aussi de voir d’infimes instants passés. Un don supposément offert par Möth pour l’aider à prêcher sa parole et œuvrer pour ses desseins.

Lindelle se contentait d’obéir aux ordres sans poser de questions. D’ailleurs, son avis n’avait aucune importance. Les Syndaris, à leur création, avaient pour vocation de protéger le seigneur du royaume de Borest. Avec le temps, ils servirent principalement d’émissaires, allant de villes en villages pour délivrer messages et hommages aux seigneurs voisins. La protection du grand prêtre était assurée par un petit corps d’armée sédentaire, constitué d’une dizaine d’hommes qui ne quittaient le château de Sylandar que lors de ses rares déplacements.

— Capitaine ? l’interrompît l’un de ses hommes dont la silhouette se dessina dans le reflet de la lune de l’autre côté de la toile de sa grande tente, puis-je entrer ?

— Bien sûr, mon frère. Qu’y a-t-il ?

— Excusez-moi de vous déranger, capitaine. Je me demandais... pensez-vous que cet élu soit bien réel ? Je veux dire… une personne avec de tels pouvoirs, est-ce vraiment possible ?

— J’ai foi en notre seigneur. Nous nous devons d’obéir à ses ordres. Cependant, si tu as peur que l’élu utilise ses pouvoirs contre nous, rassure-toi, il ne le fera pas. Nous ne sommes pas ses ennemis.

— Nous aurions pu tenter de le prévenir, l’autre jour dans la clairière lorsque la chaumière est partie en fumés sans raison… Cela l’a probablement l’effrayer.

— La chaumière n’était qu’une illusion, la matérialisation du portail par lequel il est passé pour accéder à notre monde, répondit-elle en se levant de son siège.

— Une illusion ?

Le soldat s’interrompit, interloqué par les propos de sa supérieure.

— La magie qui lui a permis de rejoindre le Vaste-Monde est d’une puissance inouïe. Une énergie telle, qu’aucun d’entre nous ne peut l’imaginer. Il s’agit d’une magie très ancienne sans laquelle rien ne pourrait exister.

Il la dévisagea avec de grands yeux ronds, comme un enfant à qui l’on raconte une histoire pour s’endormir.

— Vois-tu, en chaque être vivant circule une énergie vitale qui fluctue et se transmet. Cette dernière rejoint le monde divin à l’heure de notre trépas, mélangeant ainsi le savoir et les connaissances de chacun. C’est précisément cette énergie, ce savoir, qui confère à l’élu ses pouvoirs.

— Comment savez-vous tout cela, capitaine ? demanda le jeune homme, hypnotisé par son récit.

— Je n’en ai aucune certitude. Il s’agit d’une des nombreuses croyances des peuples qui vénèrent Balata, la divinité de la terre et des éléments. Je l’ai appris lors d’un voyage dans les terres barbares, il y a des années.

Un large sourire vint fendre son visage tandis qu’elle se remémorait cette agréable souvenir.

— Le chaman du village où nous avions séjourné avec le grand prêtre me l’a expliqué. Lorsqu’il avait pris ma main, une drôle de sensation m’avait envahie, comme s’il me transmettait son énergie.

Lindelle marqua un temps, comme pour reprendre son souffle, puis se dirigea vers la fenêtre de sa tente.

— Je ne saurais l’expliquer, mais lorsque j’ai rencontré l’élu dans l’autre monde, j’ai à nouveau ressenti cette sensation. Cependant, sa puissance était mille fois supérieure à celle du chaman…

Elle posa sa main sur sa poitrine, comme pour s’assurer que son cœur battait toujours, tandis que le soldat resta subjugué, tant par la beauté de Lindelle que par ses propos d’une sagesse infinie.

— Apprend à écouter sans jugement et à respecter la plus petite forme de vie, mon frère, dit-elle en se tournant vers lui, la sagesse vient des connaissances que l’on partage avec les autres.

Les rayons bleutés des trois lunes qui éclairaient la pièce donnèrent un aspect angélique à Lindelle. Sa vaporeuse robe de nuit blanche et ses longs cheveux clairs virevoltèrent dans les courants d’air qui traversaient sa tente.

— Maintenant, retourne dormir, mon frère. Nous avons du chemin à parcourir dans les prochains jours, tu dois te reposer.

Le soldat, dans l’incapacité momentanée de prononcer un mot, acquiesça de la tête, les yeux perdus sur la magnifique jeune femme, puis il quitta la tente sans un mot.

Lindelle regagna alors son maigre lit de camp et s’y allongea. Bien que sa tête soit pleine d’interrogations, son corps lui réclamait un sommeil réparateur pour lequel elle n’eut aucun besoin de lutter.

Les premiers rayons du soleil léchaient les quelques nuages éparpillés dans le ciel, tandis que Lindelle et ses hommes finissaient de remballer leur campement. Le chemin risquait d’être long et ils allaient devoir interroger tous ceux qu’ils croiseraient. Lindelle monta sur son étalon blanc et ses hommes firent de même, profitant de leurs amis à quatre pattes tant que le chemin le leur permettrait. Le sentier qui pénétrait dans la forêt était mince, mais relativement bien dégagé sur les côtés, et leurs chevaux n’eurent aucun mal à progresser.

— Nous allons nous rendre au lac Tibûs, les Batraviens s’y réunissent régulièrement, lança Lindelle à ses hommes, l’un d’entre eux pourra peut-être nous renseigner.

Le lac Tibûs était situé au nord-est de la forêt de Flaïne, non loin de l’orée par laquelle Lindelle est ses hommes étaient arrivés. L’un des nombreux bras de la rivière s’y jetait à son terminus, créant une sorte de piscine naturel d’un cercle quasi parfait. L’endroit était sacré pour les Batraviens et ils y venaient souvent pour faire des offrandes et prier. Pour eux, il représentait le berceau de Balata, lieu de naissance des nymphes, ses enfants.

Le chemin qui menait au lac Tibûs était mince, raide et escarpé. Pendant des milliers d’années, la rivière avait creusé son lit sur une hauteur de plus de 100 mètres à cet endroit. Pour accéder au lac en contrebas, les Batraviens taillèrent un chemin rudimentaire dans la roche qui formait la rive ouest de la rivière.

Après avoir relâché leurs chevaux, Lindelle et ses hommes empruntèrent l’escalier qui descendait le long de la falaise. Il fallait être très prudent, car la pierre était lisse et glissante par endroit, surtout avec l’humidité tombante de la nuit passée. Les Batraviens n’avaient pas ce genre de problème, leurs membres étant pourvus d’un système antidérapant naturel.

Le lieu était grandiose, autant de par le vide qui plongeait jusqu’à la rivière, que par la majesté silencieuse de la forêt et de ses arbres millénaires. À cette heure du jour, les rayons du soleil qui pénétraient les branches et se reflétaient sur les gouttelettes de bruine, donnaient une atmosphère irréelle à l’endroit. Lindelle ne put rester insensible à la saisissante beauté du paysage qui l’entourait, tout comme ses compagnons.

— Cet endroit est magnifique ! N’est-ce pas, capitaine ? lança l’un de ses hommes en levant la tête.

En posant aveuglément son pied devant lui, il glissa sur une branche pleine de mousse humide. Lindelle le rattrapa juste avant qu’il ne plonge tête la première dans le gouffre qui les séparait de la rivière.

— Restez sur vos gardes, mes frères, dit-elle d’un ton autoritaire en remettant le soldat sur ses pieds, n’oubliez pas ce pourquoi nous sommes ici.

Pendant ce temps, au même endroit où Lindelle et ses hommes avait passé la nuit à l’orée de la forêt, Chris s’apprêtait à dire au revoir à son ami Löghan.

— Merci pour la nourriture et la carte, ça va beaucoup m’aider.

— Faites très attention à vous, sire Chris. J’apprécierais de vous revoir en un seul morceau.

Malgré son franc sourire, Chris perçut de l’inquiétude dans la voix de Löghan et une larme perla au coin de ses yeux.

— Nous nous reverrons mon ami. Je vous le promets !

Chris lui tapa sur l’épaule puis sans un mot, se retourna et pénétra dans la forêt.

Selon les indications de Löghan, la forteresse de Banklärd était à deux jours de marche, il devait donc se hâter. Il aurait souhaité revoir Thèoffric et passer un peu de temps avec lui, mais il ne pouvait pas lui faire prendre de risque. La vision, que la nymphe lui avait envoyé, était encore bien présente dans son esprit.

Lindelle et ses hommes atteignirent la rivière après une bonne demi-heure de descente. Le lac Tibûs n’était plus qu’à une centaine de mètres devant eux, et le grondement de la cascade qui s’y jetait, raisonnait entre les deux gouffres qui bordaient la rivière. Le sentier, bien que moins raide, était encore plus glissant tant l’humidité ambiante était élevée.

Un paysage à couper le souffle apparut sous leurs yeux.

Le lac se trouvait au fond d’un gigantesque cylindre de roche, creusé à l’endroit même où la rivière s’infiltrait dans le sol dans un violent tourbillon, il y a des milliers d’années. De la végétation poussait sur les pentes abruptes qui y plongeaient, et la cascade projetait un nuage de gouttelettes d’eau que les rayons du soleil traversaient, faisant apparaître une multitude d’arc-en-ciel. L’eau était limpide et la roche lui donnait une magnifique couleur bleue cyan. Des feuilles, aux couleurs automnales, flottaient à sa surface, et de magnifiques fleurs rouges poussaient sur ses berges.

Lindelle posa sa main sur sa poitrine, ses vêtements étaient trempés. Elle prit une grande inspiration en fermant les yeux, puis fit signe à ses hommes de la suivre.

Aux bords du lac, un petit groupe de Batraviens faisaient une prière. Ils étaient agenouillés les mains dans l’eau. Une façon pour eux de communier avec Balata. Le lac étant un lieu d’une pureté sacré, il était totalement interdit de s’y baigner.

Une légende raconte que par une chaude soirée d’été, il y a des siècles de cela, un jeune couple de la ville serait venu pour s’y baigner discrètement. Après avoir retiré tous leurs vêtements, ils avaient plongé dans l’eau cristalline. Mais sitôt avaient-ils immergé leurs corps nus, que des écailles se mirent à apparaître à la place de leur peau, tandis que leurs membres se transformaient en nageoires. Après plusieurs jours de recherche, un groupe de villageois avait retrouvé leurs vêtements sur les rives du lac, mais aucune trace du jeune couple. Depuis, une race unique de truite vit et se reproduit dans le lac, mais il est formellement interdit de la pécher.

Lindelle fit signe à ses hommes de s’arrêter.

— Capitaine ! Qu’attendons-nous pour interroger ses créatures ?

— Attendons qu’ils finissent leur prière, par respect pour leur divinité et leur croyance.

— Mais notre mission est bien plus importante que leur croyance païenne ! répondit-il avec dédain, Möth est la seule véritable divinité, ce sont les préceptes du grand prêtre !

Lindelle tira son sabre de son fourreau et le pointa sous le menton du soldat en une fraction de seconde.

— Aurais tu la prétention que tes croyances aient plus d’importance que les leurs, soldat ? Le respect est une vertu, mais c’est aussi un devoir et un droit inaliénable pour toutes les créatures du Vaste-Monde ! Est-ce bien clair, soldat ?

Son ton autoritaire et ses yeux plissés montraient qu’elle réprouvait les paroles du soldat. Elle enfonça légèrement la pointe de sa lame dans la gorge du jeune homme, si bien qu’il réprima un cri de douleur.

— Oui capitaine… pardonnez-moi… souffla-t-il en retenant sa respiration.

Les préceptes dictés par le grand prêtre et la vénération de Möth n’encourageaient pas à l’intolérance face aux autres croyances, mais elle ne l’admonestait pas non plus. Au fil des siècles, de nombreuses histoires de fidèles de Möth ayant commis des atrocités envers d’autres croyants avaient entaché sa réputation et son bien-fondé.

Lindelle faisait partit de ceux qui pensaient que toutes les divinités étaient liées et que chaque croyance avait son importance au bon équilibre du monde.

Les Batraviens portèrent de l’eau du lac à leur visage, puis se relevèrent. L’un d’entre eux s’approcha de Lindelle.

— Que faites-vous ici, Lindelle de Borest ?

Le ton de sa voix nasillarde n’eut rien d’avenant. Lindelle fit une révérence face à la créature, et ses hommes la suivirent.

— Pardonnez-nous, ami Batravien. Nous sommes à la recherche d’un homme. Ce dernier est tombé dans la rivière il y a de cela trois jours. Auriez-vous vu ou entendu quelque chose qui nous permettrait de le retrouver ?

Le Batravien la fixa avec de grands yeux ronds en grimaçant.

— Si cet homme et réellement tombé dans la rivière, j’espère pour vous qu’il sait nager. Celle-ci est impitoyable parfois, et ses nombreuses chutes d’eau peuvent s’avérer mortelles.

— Dites-nous simplement si vous avez vu ou entendu quelque chose à son sujet.

Le ton narquois et hautain de la créature agaça Lindelle.

— Malheureusement pour vous, non. Cependant, l’un de nos frères habite un peu plus haut sur le sentier qui mène au lac Tihâdo. Vous ne pouvez pas rater sa maison. Il se prénomme Thèoffric.

— Merci, mon ami.

Lindelle inclina respectueusement la tête, puis fit signe à ses hommes de la suivre. Sans plus tarder, ils regagnèrent l’escalier qui remontait vers la forêt.

Après une bonne heure de marche, Chris fit une pause pour se désaltérer. Malgré l’automne déjà confortablement installé, les journées étaient encore relativement chaudes, surtout dans la forêt qui offrait un abri supplémentaire contre les vents frais.

De plus, la toge de laine qu’il portait par-dessus ses vêtements, était épaisse, même si sa couleur vert foncé était idéale pour se fondre parmi les buissons et arbustes.

La carte, donnée par Löghan, indiquait un embranchement sur le sentier que suivait Chris, et il se souvint y être passé en se rendant à Bärglade. Il devait progresser plus rapidement s’il voulait trouver un endroit sûr pour passer la nuit.

Arrivé au dit croisement, il remarqua une grosse pierre, semblable à un menhir, avec des pictogrammes étranges et le nom « Tibûs » gravé dessus.

— Je me rappel pas qu’elle était là… pensa-t-il en se demandant comment il avait pu la rater.

Elle faisait quatre-vingt-dix centimètres de haut pour cinquante centimètres de large. Une pierre dure de couleur gris très foncé, semblable à du basalte, recouverte de mousse et de petites plantes divers.

— Elle indique peut-être un lieu quelconque… il faut que j’arrête de perdre du temps !

Il jeta un rapide coup d’œil à la carte puis se remit en route.

Arrivée en haut des escaliers, Lindelle proposa à ses hommes de faire une pause. Ils devaient reprendre leur souffle et se désaltérer, tant l’ascension avait été particulièrement fastidieuse. Le petit groupe dut redoubler de vigilance après que deux d’entre eux faillirent faire le grand saut.

Lindelle prit une minute pour recoiffer ses cheveux emmêlés sous sa capuche à cause de l’humidité, lorsqu’une étrange intuition lui fit relever la tête. L’exact même sensation ressentie la première fois qu’elle avait rencontré Chris. Il devait être proche.

— Nous devons repartir immédiatement ! ordonna-t-elle à ses hommes qui tentaient de retrouver une respiration normale, il n’est pas loin, je peux le sentir !

Aussitôt, elle se mit à courir sur le chemin et ses hommes lui emboîtèrent le pas, encore épuisés par l’ascension. Mais Lindelle s’avéra bien trop rapide pour eux, si bien qu’elle les distança sans efforts.

Elle courut de toutes ses forces pour le rattraper, et lorsqu’une silhouette lui apparut en avant sur le chemin, elle l’appela par son prénom.

— Chris !

Un frisson lui parcourut l’échine lorsqu’il entendit le son de sa voix, et un bref coup d’œil par-dessus son épaule lui confirma sa présence. À nouveau, la clé dégageait une douce chaleur sur son torse, et la sensation le calma instantanément, comme si elle souhaitait que Lindelle le rattrape.

— Restez où vous êtes ! lança-t-il en serrant la clé contre sa poitrine, pointant son autre main vers elle, pourquoi vous me pourchassez ?

Lindelle s’arrêta à quelques mètres de lui, haletante. Elle tentait avec peine de reprendre son souffle.

— Pourquoi est-ce que VOUS fuyez ? lança-t-elle en inspirant bruyamment, c’est moi qui vous ai aidé à découvrir le pouvoir qui naissait en vous, à la bibliothèque, dans le bus et au café avec vos amis ! Je suis votre alliée !

Les évènements lui revinrent en mémoire et Chris se rappela avoir eu la sensation de connaître ces trois femmes. Lindelle venait de confirmer son intuition.

— C’est vrai... mais pourquoi avoir mis le feu à la chaumière ? Et pourquoi m’avoir poursuivie ?

— La chaumière s’est consumée d’elle-même, elle n’était pas réelle. Le portail par lequel vous êtes arrivé dans notre monde s’est matérialisé sous cette forme, c’est tout. Ensuite, c’est vous qui vous êtes enfui, nous n’avons fait que vous suivre pour tenter de vous rattraper !

Lindelle s’appuya sur sa hanche droite tandis que ses hommes commençaient à se rapprocher. Elle leur fit signe de rester en arrière.

— Qu’est-ce que vous me voulez ?

— Mon père, le grand prêtre Miriël, seigneur du royaume de Borest, pense que vous êtes en danger. Nous sommes là pour vous accompagner jusqu’à lui et vous aider.

Elle repoussa sa capuche sur ses épaules, dévoilant sa longue chevelure dorée. Sa beauté était vraiment renversante, même pour Chris à qui il fallut plusieurs secondes pour détacher son regard d’elle.

— J’ai été prévenu de votre arrivée, l’autre jour dans la clairière. Vous ne m’avez pas était chaudement recommandée.

Il baissa la main et Lindelle s’approcha de lui.

— Je sais ce qui vous arrive. Mais nous ne sommes pas vos ennemis.

Elle attrapa ses mains et prit une grande inspiration, comme si une force invisible la traversée de part en part.

— Je pense que vous ne mesurez pas l’ampleur de la tâche qui vous incombe. Laissez nous vous aider. Mon père saura vous guider.

Le ton calme et le regard sincère de Lindelle l’apaisèrent. Il n’avait pas envisagé les choses sous cette perspective, et bien que les paroles de la jeune femme fussent rassurantes, son instinct l’incitait à rester méfiant.

— Prouvez-moi que vous êtes ici pour m’aider et j’accepterais peut-être de vous suivre. Je vais à Banklärd, trouver Andeläs. J’ai besoin de lui pour m’aider à… retrouver quelqu’un.

— Andeläs n’est qu’un malfrat de la pire espèce, à la tête d’une armée de voleur de tous bords !

Le mépris dans la voix de Lindelle était palpable.

— C’est justement pour ça que j’ai besoin de son aide. L’homme que je recherche n’est probablement pas le bienvenu dans votre monde. Lui seul peut m’aider à le retrouver.

Lindelle le dévisagea en plissant ses magnifiques yeux émeraude, comme si elle tentait de lire dans son esprit.

— Très bien, nous vous escorterons jusqu’à la forteresse de Banklärd.

Elle s’apprêta à faire signe à ses hommes, mais Chris l’interrompit :

— Ils ne peuvent pas nous accompagner ! Je ne pense pas qu’Andeläs apprécierait de vous voir tous débarquer. Juste nous deux.

L’un des soldats s’avança brusquement.

— Nous n’abandonnerons pas notre capitaine seule avec vous ! Rien ne nous prouve que vous soyez celui que vous prétendez être !

Le soldat dégaina son épée et la pointa en direction de Chris. Une vague de chaleur l’envahit à nouveau et en un instant, l’épée du soldat se retrouva dans sa main droite. Tous firent un pas en arrière, les yeux écarquillés.

— Est-ce une preuve suffisante pour toi, mon frère ?

Lindelle se tourna vers le soldat, un sourire moqueur aux coins des lèvres. Elle reprit l’épée de la main de Chris et la lui rendit.

— Je pars avec l’élu. Vous, retournez à Sylandar prévenir le grand prêtre de la situation.

Son ton ferme et autoritaire ne semblait pas empêcher ses hommes de réprouver l’idée de devoir l’abandonner. Mais ils se redressèrent et posèrent leurs points sur leurs poitrines en signe de respect devant la décision de leur capitaine.

— Ne vous en faites pas pour moi, mes frères.

Elle les salua à son tour puis ils partirent dans la direction opposée sans sourciller. Lindelle se tourna alors vers Chris.

— Nous sommes à environs deux jours de marche de la forteresse de Banklärd. Il y a une maisonnette abandonnée à quelques lieux d’ici, plus haut dans la forêt. Nous y passerons la nuit.

Sans lui en laisser le choix, elle se mit en route, passant devant lui en accélérant le pas. Au même instant, une intuition apaisa Chris. Il pouvait avoir confiance en elle, mais devait tout de même rester sur ses gardes.

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