Chp 1 - Śimrod
Le corps du fauve, enfin, s’écroula. Śimrod leva bien haut la tête, afin que tous puissent la voir. En dépit de sa fatigue – cette manticore était son cinquième adversaire, après tout, et la journée ne faisait que commencer -, il avait pris soin de calculer l’angle le plus à même de fournir la meilleure vue aux spectateurs surexcités qui hurlaient dans les gradins. On était un professionnel, ou on ne l’était pas.
— Encore ! Encore ! s’époumonna un orc hystérique dangereusement perché sur le bord de la balustrade.
— Envoyez lui un wyrm ! beugla un autre.
Śimrod darda un regard glacial sur celui qui avait soumis cette merveilleuse idée. Un wyrm… alors qu’ils se faisaient de plus en plus rares. Comme si Kurgath avait les moyens de s’en payer un !
Justement, son employeur le rejoignit au centre de l’arène, lui frappant amicalement l’épaule au passage.
— Tu peux aller te reposer, lui souffla-t-il de sa voix bourrue. Je te donne ton après-midi. T’as bien travaillé : c’était du beau spectacle.
Du beau spectacle… Śimrod jeta un œil las à la barbaque et aux bouts d’intestin qu’un esclave était déjà en train de nettoyer. Il avait massacré trois volontaires – des guerriers orcs désireux de se faire un nom en l’affrontant –, une manticore et un serpent des sables, ce matin. Et c’était surtout pour les bêtes, qui n’avaient rien demandé, qu’il avait de la peine.
— Ah… et il y a quelqu’un pour toi dans les loges, ajouta Kurgath. Un foutu elfe vêtu de soie.
Le vieux maître de l’arène cracha sur le sol, montrant bien le mépris qu’il avait d’un tel visiteur.
Un elfe, ici ? Śimrod hocha la tête, puis il jeta son cimeterre par terre. La lame, aussi ébréchée que les crocs de Kurgath, n’était plus bonne à rien. En se dirigeant vers les lourdes portes que Heirk lui tenait ouvertes, Śimrod tourna les dernières paroles de Kurgath dans sa tête.
Un elfe de la Haute Cour d’Ælda… que venait-il faire à Urdaban, la cité sableuse des orcs ? Cela ne présageait rien de bon.
Ardaxe, son binôme, l’attendait dans la pénombre du couloir qui menait aux loges, un large sourire sur son visage scarifié. Lui aussi, était vêtu de soie. Un magnifique pourpoint violet, qui mettait en valeur ses yeux écarlates et l’énorme émeraude qu’il portait au bout d’une chaîne en or valant au moins une année du salaire de Śimrod. En voyant ce dernier, l’elfe noir rangea dans sa botte le couteau avec lequel il était en train de jongler, et ouvrit les bras de façon théâtrale.
— Ah, ils exagèrent… te faire combattre en plein soleil ! s’exclama-t-il. Enfin. Tu as été magnifique, une fois de plus. Une véritable incarnation de Naeheicnë !
Śimrod se laissa enlacer sans rendre l’accolade. Dans cette vie qui était la sienne, Ardaxe était son seul appui, sa seule famille. L’unique être sur lequel il pouvait compter. Mais quand il sortait d’un combat, couvert de sable, de sueur et de sang, et tant que la folie meurtrière n’était pas tout à fait redescendue, il n’aimait pas qu’on le touche. D’ailleurs, il n’aimait pas être touché tout court.
— Ça allait, répondit Śimrod en haussant les épaules. Le soleil ne s’est réellement mis à chauffer que pendant les dernières minutes.
— Vraiment, faire combattre un khari en pleine journée, comme ça… Kurgath exagère ! Tu devrais lui en toucher deux mots.
— Il me considère comme un orc rustique, pas un khari raffiné comme toi. Et puis… il faut bien que je rachète mon contrat. Enchaîner les combats, c’est le seul moyen. Il y a plus de monde en journée. Le soir, les gens vont au bordel.
— C’est vrai, c’est vrai, tempéra Ardaxe. Mais je t’ai déjà dit que je pouvais te prêter cet argent, n’importe quand…
Śimrod secoua la tête.
— Et moi, je t’ai déjà dit non, répliqua-t-il sombrement. Je tiens à gagner ma liberté moi-même, sans intervention extérieure. Question d’honneur.
Ardaxe écarta les bras.
— Ah, oui ! Ton fameux « honneur ».
Śimrod lui jeta un regard noir. Ardaxe était son meilleur ami, son frère. Mais il y avait des choses qu’il était incapable de comprendre.
Ils avaient commencé leur carrière de gladiateur ensemble, deux orphelins crève-la-faim jetés sur le sable des arènes d’Urdaban dès qu’ils furent capables de marcher. Pendant de longues années, ils avaient combattu dos à dos, formant le duo le plus mortel de toute l’histoire de cette foutue ville. Un khari maigrichon à l’agilité spectaculaire, passé maître dans l’art de l’esquive, et un semi-orc à la force et aux réflexes hors du commun… les urdabani avaient parié tous les jours sur leur mort, en vain. Puis Ardaxe, qui s’était lancé dans des trafics douteux à l’adolescence, avait racheté son contrat. Maintenant, il louait son bras et son cerveau retors à des riches peu scrupuleux mais déterminés à voir leurs ennemis disparaitre de la façon la plus discrète et la plus atroce possible. Il avait souvent proposé à Śimrod de travailler avec lui, mais ce dernier avait toujours refusé. Se battre d’égal à égal dans une arène n’était pas la même chose que d’assassiner dans leur sommeil des gens qui ne s’y attendaient pas, aussi véreux soient-ils. Et ce code d’honneur dont Ardaxe se moquait constamment, c’était tout ce qu’il possédait.
Śimrod laissa ses yeux traîner sur la tenue voyante de son ami. Il le préférait à l’époque où il portait un plastron en cuir de wyrm, comme lui.
— T’es drôlement bien habillé… Kurgath t’a pris pour un elfe de la haute, à cause de tes fringues.
Ardaxe éclata de rire.
— Un elfe d’Ælda, avec ma peau couleur de nuit et mon visage tout couturé ? Le vieux bougre est devenu aveugle. Non, si je suis vêtu de cette manière, c’est parce que je veux t’emmener faire la fête… j’ai même prévu une tenue pour toi, mon frère !
— Garde-la. J’ai pas besoin de m’habiller comme un marchand sluagh pour aller boire un coup à la taverne.
— Non, mais pour aller voir les nouvelles perædhellith que Dursa vient d’embaucher… sourit Ardaxe d’un air entendu.
— La taverne me suffira, répondit Śimrod en évitant le regard d’Ardaxe.
— C’est pour moi, bien sûr. Tu le mérites, Śimrod.
— Je te remercie, mais je… préfère pas.
Śimrod savait comment ça allait se passer. C’était toujours la même chose. Ardaxe – qui avait été privé de ses attributs mâles dans son enfance – allait vouloir regarder. Et Śimrod ne savait plus comment refuser.
Vif comme l’éclair, Ardaxe plaqua sa main sur son entrejambe.
— T’es pas excité, après un combat ? chuinta-t-il d’une voix rauque, les yeux brillants. Ça te faisait bander comme un taureau, avant… et tu sais ce qu’on donne aux sidhes, pour les récompenser après leur victoire. Une tendre et douce semi-humaine… comme celles qui t’attendent chez Dursa.
Śimrod chassa la main intrusive avec un grognement, et Ardaxe le lâcha en ricanant. Mais le mal était fait. Les rayons du soleil qui filtraient derrière les persiennes avaient pris une teinte blanche, et un nuage noir brouillait l’esprit de Śimrod. Tout ce qu’il désirait à présent, c’était être seul.
— Je vais rentrer chez moi, Ardaxe, murmura-t-il. Je suis fatigué. Vraiment.
— Comme tu veux. Si tu changes d’avis ce soir, tu sais où me trouver !
Śimrod leva un œil prudent vers son ami. Ardaxe avait son mauvais sourire, large, moqueur, dévoilant ses crocs effilés. Lorsqu’il était dans une telle disposition d’humeur, mieux valait se tenir loin de lui. Et Śimrod savait très bien en quelle compagnie Ardaxe allait se trouver, ce soir. Cette bande d’acteurs et de musiciens à la petite semaine, des elfes en rupture de ban, cruels et aigris, avec qui il ne partageait rien. Des parasites qui profitaient de la générosité d’Ardaxe, en échange de quelques services… Śimrod préférait ne pas savoir lesquels, et éviter toute cette bande.
*
Śimrod louait une chambre au-dessus d’un magasin d’armes tenu par un cousin germain de Kurgath. C’était un endroit petit, mais propre, pour les critères d’Urdaban. L’auberge d’à côté lui fournissait une partie de ses repas, et l’autre moitié, il les prenait aux arènes, avant de prendre son tour. Étant le combattant qui rapportait le plus d’argent à Kurgath, il était sollicité tous les jours, avec une journée de congé de temps à autre. Au fond de lui, Śimrod savait qu’un jour, il allait tomber sur plus fort que lui. C’était inéluctable. La voie du guerrier, comme on disait. Mais son intuition lui soufflait que ça n’allait pas arriver chez Kurgath, ni même à Urdaban. Et d’ailleurs, il avait presque réuni la somme pour pouvoir racheter son contrat, qui dormait dans un coffre protégé par des sorts puissants au quartier sluagh. Encore quelques cycles… et ce serait bon. Il serait libre.
Śimrod n’avait pas encore décidé ce qu’il allait faire, alors. Mais ce qui était sûr, c’est qu’il n’allait pas rester ici. Il avait besoin de changer d’air. Peut-être s’embarquer sur un cair marchand comme garde du corps, et arpenter l’Autremer… pour lui qui n’avait jamais pu quitter les sables rouges d’Urdaban, c’était l’option la plus séduisante. Et les services d’un orc mercenaire, surtout lorsqu’il s’agissait d’un ex-gladiateur titré, se monnayaient plutôt bien.
Avant de monter chez lui, Śimrod s’arrêta chez Kworr. L’armurier était justement en train de passer au feu une lame neuve.
— Ah, Śimrod. Combien t’as tué de proies, ce matin ?
— Cinq, répondit Śimrod en posant ses mains sur le comptoir. Et le dernier a eu raison de ma lame, c’était une manticore avec un venin particulièrement acide… tu n’en aurais pas une nouvelle pour moi ?
— J’ai celle-là, justement, répondit Kworr en posant le sabre sur le comptoir. Mais elle fait partie d’une paire. Je ne peux pas te la vendre toute seule.
Śimrod referma ses doigts sur la garde et soupesa l’arme, avant de tester son équilibre. C’était une bonne arme. Tranchante, ni trop lourde, ni trop légère. Pile ce qu’il lui fallait.
— Donne-moi les deux, soupira-t-il. De toute façon, je les use vite… tu mettras ça sur mon compte.
— Bien sûr, Śimrod, sourit Kworr. C’est toujours un plaisir de faire affaire avec toi !
Comme son cousin, Kworr était un redoutable marchand. Mais il avait de bonnes armes.
— Au fait, lui lança-t-il au moment où Śimrod passait sa porte. Il y a un elfe chez toi… il est arrivé quelques minutes avant toi.
Śimrod fronça les sourcils, immédiatement en état d’alerte. Kworr connaissait Ardaxe. Ce n’était donc pas de lui qu’il parlait.
— Armé ?
— J’ai vu l’éclat d’une garde en or sous son shynawil. Tu fais le double de sa taille en largeur et tu le dépasses d’une bonne tête, mais tu sais comment sont ces elfes. Ils attaquent toujours par derrière ! Ces lâches n’ont aucun sens de l’honneur. Et s’il te blessait, ça pourrait être handicapant, pour ta carrière.
Śimrod grogna un mot de reconnaissance. Kworr n’était pas obligé de le prévenir. Bien sûr, s’il le faisait, c’est parce qu’il était dans son intérêt et celui de son cousin que Śimrod reste performant. Mais à Urdaban, on n’aidait jamais son prochain sans raison.
Śimrod ne s’embarrassa pas de discrétion. Il monta les escaliers branlants menant à sa chambre sans se presser, ni faire particulièrement attention au bruit qu’il produisait. Si cet elfe voulait se battre, tester sa force contre le meilleur gladiateur d’Urdaban comme cela arrivait parfois… tant pis pour lui. Śimrod ne comptait plus les idiots qu’il avait été obligé de décapiter pour cette raison futile. Un meurtre qui ne rapportait rien.
Il ouvrit la porte à la volée. L’intrus, qui était en train d’inspecter la tapisserie sur le mur se retourna.
— Je n’aurais jamais cru qu’un orc aurait une telle œuvre sur son mur… s’amusa-t-il de sa voix claire. Je m’attendais plutôt à des crânes ou des armes, en guise de décoration. Elle représente le dernier départ pour Tyr-ann-nagh ?
— Si c’est pour un duel, je te suggère d’aller faire ça dans la cour, annonça Śimrod en montrant l’ouverture derrière lui d’un geste du menton. Mais je te préviens, je te tuerai tout de suite. Je suis en congé, cet après-midi. Et j’ai horreur qu’on vienne me défier en-dehors de mes heures de service.
L’inconnu leva ses longues mains blanches.
— Du calme, seigneur Surinthiel. Je ne suis pas venu vous défier… je ne suis même pas un combattant !
Śimrod désigna le sabre doré à sa ceinture.
— Et ça, c’est quoi, alors ? À Urdaban, mieux vaut éviter de se balader avec une arme, si on n’est pas prêt à s’en servir !
— La Cité du Père de la Guerre, je sais… soupira l’elfe. Je suis un héraut, un émissaire de la Haute Cour de sa Majesté. C’est en cette qualité que je viens ici.
L’inconnu, alors, abaissa sa capuche, dévoilant une longue chevelure de la même couleur que son arme. La lumière qui irradiait de lui fit cligner les yeux à Śimrod.
— La Haute Cour… murmura-t-il. Que fait un noble comme vous dans ce trou à rats ?
— Sa Majesté m’a chargé d’une mission. Elle est en danger de mort… la Rêveuse du temple de Nineath a révélé qu’elle serait tuée par un assassin. Elle m’a donc demandé d’engager le meilleur garde du corps des Vingt-et-Uns Royaumes pour empêcher cette prophétie de s’accomplir. Au terme d’une quête de plusieurs lunes, mes recherches m’ont menées ici, à Urdaban. J’ai vu vos dix derniers combats. C’est vrai que vous êtes un redoutable tueur… le meilleur, il paraît.
— Je suis un gladiateur. Pas un garde du corps ! Et je suis tenu par contrat. Je dois encore six mois à Kurgath.
L’émissaire émit un petit rire hautain.
— Je doute que ce… Kurgath (il prononça le nom orghul avec une grimace) dise quoi que ce soit en voyant le tas de mithrine que je lui apporte pour solder votre dette… ou alors, il serait vraiment idiot !
— Il y a des règles, ici, répondit sombrement Śimrod. Et les orcs tiennent l’honneur en plus haute estime que le mithrine.
— Vraiment ?
Le sourire flottant du noble irrita Śimrod. Mais d’un autre côté… si cet elfe arrogant lui offrait l’opportunité de quitter Urdaban… c’était peut-être sa chance. La chance de sa vie.
Amarrigan me tend enfin la main.
— Si j’accepte de vous suivre… commença Śimrod. Quand partirions-nous ?
— Demain. Et oserez-vous refuser une requête personnelle de la reine ? C’est la vôtre, aussi. Et c’est vous qu’elle veut.
— Sans vouloir offenser la reine, ou nier l’honneur qui m’est fait… Je ne suis pas un sujet de la Haute Cour d’Ælda, ainsi que vous pouvez le voir, fit Śimrod avec un geste évasif sur son corps massif.
L’émissaire ignora sa remarque.
— Vous êtes semi-elfe, non ?
— C’est ce qu’on dit. Mais je n’ai jamais connu mes parents. Je pourrais tout aussi bien être cent pour cent orc !
— Vous m’avez l’air plus elfe qu’orc. La finesse de vos traits, et vos crocs ne sortent pas de votre bouche… Donc, vous dépendez de la Haute Cour, comme tous les Royaumes que Sa Majesté a uni sous sa bannière.
Pas les Cours d’Ombre, songea Śimrod. Et, d’après ce qu’on lui avait dit, sa mère était kharie… Or, Kharë était la septième Cour d’Ombre.
— Vous n’aurez pas à regretter votre choix de servir la Haute Reine, argumenta l’elfe. Si vous excusez ma franchise, votre situation ici n’est guère enviable… songez un peu à la gloire qui vous attend, si vous entrez au service de Tintania ! Et elle sait récompenser généreusement ses féaux.
La Haute Cour d’Ælda. L’endroit le plus merveilleux des dix mondes, si l’on en croyait la légende… et le plus proche de l’Eden perdu des ædhil. Mais quelque chose, dans l’instinct de Śimrod, lui soufflait de se méfier. Or, son instinct, jusqu’ici, ne l’avait jamais trompé.
— Il faut que je réfléchisse, dit-il enfin. C’est une lourde décision… cela signifie que je devrais lier pour toujours ma vie à la Reine. Un tel serment ne se prend pas à la légère !
— Avez-vous prévu mieux ? lui rappela méchamment l’émissaire. Tout roi des arènes que vous soyez, vous n’êtes qu’un semi-orc, Śimrod : un gladiateur de bas-étage destiné à mourir dans l’arène, aussitôt oublié. Peut-être perdrez-vous la vie au service de Tintania, mais au moins, vous partirez couvert de gloire. On se souviendra de votre nom. Peut-être même aurez-vous l’autorisation de fonder une famille, une lignée qui portera votre patronyme !
Une lignée à son nom… lui, dont le sang était souillé par celui de Gulbaggor-le-Noir ? Śimrod réprima un sourire. Il connaissait la dureté des lois ældiennes sur la pureté du sang, leur intransigeance. À Ælda, seuls les mâles les plus nobles, les plus beaux et les valeureux étaient autorisés à se reproduire. Le summum de la pyramide des mâles ældiens : les sidhes d’Æriban, des guerriers surentrainés triés sur le volet et bichonnés par des hordes de serviteurs, dont la vie se résumait aux combats pour la gloire et à la reproduction au service des plus nobles dames de la Cour. Or, la Reine, qui avait à disposition tous ces champions, était allée chercher un semi-orc dans une cité délabrée, pour la protéger… pas un sidhe. Cela en disait long sur ce qu’elle attendait de lui. Il serait un outil, rien de plus. Comme il avait été toute sa vie.
— Donnez-moi une journée pour réfléchir, s’obstina Śimrod, buté.
L’elfe le contempla froidement.
— Une nuit, pas plus. Je quitterai cet endroit demain matin, à l’aube. Si vous n’êtes pas à l’embarcadère devant mon cair au moment où le soleil se lève sur le port, je partirai sans vous, Śimrod. Et plus jamais la Reine ne vous tendra la main.
— Comment le reconnaîtrai-je ? Il y a des milliers de navires au port !
— Le mien porte les armoiries de la Haute Reine. Adieu, Śimrod. J’ose espérer que vous prendrez la bonne décision, statua l’émissaire en rabattant sa capuche sur son visage.
Lorsqu’il quitta sa chambrée, Śimrod eut l’impression qu’on avait éteint la lumière. C’était donc ça, la radiance d’Ælda…
Il s’assit sur son lit, faisant grincer le vieux matelas.

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