Tendresses oubliées (2025)

de Image de profil de Pierre BeauryPierre Beaury

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Depuis que j’étais alité à cause de la maladie que m’avaient infligée les ardeurs de l’été suffocant, je ne pensais qu’au souvenir voluptueux de mes dernières vacances, lesquelles paraissaient bien lointaines maintenant que j’étais souffrant. Malgré les quelques déceptions que j’avais eues là-bas, elles semblaient n’avoir été qu’un long et doux rêve.

Comme j’avais la fâcheuse tendance à exagérer chaque fois que des symptômes anormaux, mêmes minimes, se déclaraient en moi, papa et maman n’avaient pas cru bon s’inquiéter outre mesure. Cette dernière m’avait dit, alors que j’étais serré, sur le siège du milieu de la banquette arrière, entre deux bagages : ‘arrête ton cinéma Valentin voyons ! Tu n’es pas malade… on ne tombe pas malade au milieu du mois d’aout !’ J’avais naïvement demandé pourquoi ; elle m’avait répondu : ‘c’est comme ça. Maintenant, boucle ta ceinture ; papa a fini de ranger les valises, on va partir !’ Et puis j’avais entendu le coffre de la voiture claquer violemment derrière moi, comme un coup de fusil qui retentit et résonne dans une vallée de montagne, car le berger vigilant vient d'abattre un loup qui trainait trop près du troupeau… et moi j’étais ce loup solitaire qui ne demandait rien qu’un peu de tendresse.

Il est vrai que je n’avais point ressenti de gêne particulière durant le séjour : ainsi je m’étais fait à l’idée que c’était seulement le voyage en lui-même qui m’avait indisposé, une opposition viscérale à m’en aller de la maison dans laquelle j’avais mes jouets, mes histoires, mon imaginaire ; car dans mon esprit c’était comme si j’abandonnais tous les éléments de mes joies pour une durée trop indéterminée, et que peut-être je n’allais jamais revenir, et donc ne jamais être heureux à nouveau.

Nous avions profité de la mer du côté de Varan ; nous étions allés visiter – à ma demande – la somptueuse abbaye de Sablonceaux, laquelle m’avait mis dans un état d’émerveillement ineffable ; nous avions dégusté des glaces au bord de la grève, où un instant j’avais vu une illumination dans les yeux de papa, comme s’il allait enfin me dire ‘je t’aime’, mais il s’amusait en réalité à regarder les mouettes jouer dans le vent.

J’étais bel et bien malade désormais. Ce n’était pas de la comédie. Peut-être que ces vacances n’avaient été finalement qu’une projection de ma psyché après tout ? À présent j’avais simplement très froid dans mon lit, dans le noir, sans personne à mes côtés. Je n’avais pas connaissance de mon mal ; le médecin n’avait pas voulu dire ; je savais seulement que c’était très contagieux et que je devais rester enfermé dans ma chambre. J’aurais autant préféré être un loup.

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Table des matières

En réponse au défi

Une nouvelle chaque dimanche... UNCD#215

Bonjour à toutes et à tous

Très heureux de vous retrouver pour assurer l'animation du 215 ème défi hebdomadaire de UNCD#. Vous êtiez 10 à relever le UNCD#214, alors un grand merci de vos contributions pleines de diversités.

*

Le défi paraît chaque dimanche pour une durée d'une semaine mais il reste accessible pendant trois semaines (en raison de la limite technique de trois défis par auteur).

Il consiste à écrire une nouvelle sous la contrainte d'un thème et de six mots clés.

Pour rappel, la nouvelle littéraire se traduit par un bref récit fictif qui fait appel à la réalité et qui, la plupart du temps, ne comporte pas de situation finale. Généralement, elle se termine avec un dénouement inattendu qu'on appelle la chute mais ce n'est pas systématique.

Les mots imposés, selon leur nature, peuvent s'accorder en genre et en nombre ou se conjuguer. Ils sont à utiliser en totalité et dans l'ordre que vous souhaitez.

Merci de mettre en évidence les mots imposés par une police visible, en caractère gras, en italique ou bien souligné.

Pensez également à personnaliser le titre de votre publication afin qu'il soit différent de l'intitulé très impersonnel du défi. Il se verra plus aisément dans le fil d'actualité.

Le genre littéraire et la forme (poésie, dialogue ou monologue, chronique, récit, conte…) sont laissés à votre discrétion.

La longueur d'une page (ou 4 à 500 mots) serait appréciable mais faites de votre mieux !

*

Je vous propose donc de composer votre texte entre le dimanche 17 août 2025 et le dimanche 24 août 2025.

Le thème de cette semaine est la " Cinéma ", susceptible de vous ouvrir bien des "pistes", eu égard à la grande diversité des emplois de ce terme, si ce n'était la saison qui s'y prête.

Et les six mots pour accompagner : Partir, Vacance, Visite, Coffre, Banquette, Voiture.

Citation :

" Le cinéma blanchit l'argent sale. L'argent sale noircit le cinéma " selon Michel Boujut .

Je vous souhaite une belle semaine et de l'imaginaire au coeur de l'été qui vous entraîne vers des écrans blancs et des salles obscures au plus près du vécu des gens et de vos souvenirs.

Merci par avance de vos contributions et profitez d'être "Ici et Maintenant".

Jean-Michel

*

NB : merci d'ajouter en commentaire à ce défi, le lien URL pointant sur la page de votre contribution (si nécessaire), de façon à pallier d'éventuelles lacunes techniques ou si vous combinez vos différentes participations à UNCD# dans une œuvre collective ou un recueil.

Commentaires & Discussions

Tendresses oubliéesChapitre2 messages | 1 mois

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