J’ouvre la trappe, ma lampe frontale éclaire assez pour me permettre de refermer l’ensemble parfaitement camouflé par un ingénieux système de mon invention. Je descends prudemment l’échelle de corde, mes mains gantées en synchronisation parfaite avec mes pieds souplement mais chaudement chaussés.

Mon salut réside dans une fuite aussi rapide que discrète.

Mon sang cogne dans mes tempes, je n’y prends garde.

Un flic-floc régulier me guide, j’éteins ma lampe, je connais le chemin, je l’ai fait et refait les yeux bandés jusqu’à en connaître le moindre recoin et, surtout, en m’imposant un silence absolu. Même les rats ne bronchent pas.

Soudain mon cœur manque un battement : là-bas, juste après le boyau étroit, sur ma droite, une lueur se dirige droit vers moi !

Pas le moment de paniquer, je prends à gauche : ce sera plus long mais me permettra de gagner du temps car s’Il m’a trouvée, Il ira d’abord chez-moi.
Enfin, mon ancien chez-moi maintenant.

Hors de question que j’y retourne même si l’intrus est simplement un égoutier faisant sa ronde, je ne me sens plus en sécurité.

D’autant plus que ce serait bien la première fois qu’il y en aurait un, depuis des mois que je parcours ces égouts en long, en large et en travers sans jamais croiser quiconque !

La main sur la glissière me permet d’éviter les chutes, plus discrète qu’un chat je chemine avec assurance pour atteindre mon but : l’accès au fleuve.

Toujours dans le noir, je tatonne jusqu’à trouver les deux éléments me prouvant que personne n’est venu après moi. Tout d’abord un petit fil de nylon transparent judicieusement posé : il est en place tout va bien ; puis la grille : elle est dans l’état où je l’ai laissée la semaine dernière lors de ma vérification hebdomadaire.

Évidemment elle semble autant rouillée qu’oxydée pour un ouvrage aussi ancien et inutilisé depuis des lustres: ma petite peinture personnelle a fait des miracles !

Je récupère mon fil, ouvre délicatement la grille et la referme précautionneusement, ni vu ni connu !