Maman m’avait prévenu la veille : « Christian arrive demain, tu vas voir, c’est un bon gars. »

Le lendemain, la maison sentait la poussière et les draps fraîchement lavés. J’étais là, à traîner dans le salon, quand on a entendu la porte d’entrée s’ouvrir.

Christian est entré sans bruit, presque comme s’il voulait s’excuser d’être là. Il portait un sac à dos un peu usé et un vieux blouson qui avait vu des jours meilleurs.

Il a levé les yeux vers nous, un peu surpris de me voir. J’ai senti mon cœur se serrer, sans savoir pourquoi.

Il a lancé un « Salut » qui sonnait plus comme une formalité qu’un vrai bonjour. Puis il a traîné ses pieds jusqu’au canapé, s’y est affalé sans demander.

Maman a commencé à parler, à lui poser des questions sur son voyage, mais Christian répondait à peine. Son regard fuyait, ou se posait sur un point invisible.

J’ai voulu briser ce silence, alors je me suis approché, j’ai murmuré un « Tu veux un verre ? » sans trop y croire.

Il a hoché la tête sans sourire. Il avait l’air fatigué, comme s’il portait quelque chose de lourd qu’il n’arrivait pas à poser.

On est restés là, dans ce salon qui sentait l’attente et la gêne, chacun dans sa bulle.

J’ai voulu savoir s’il allait bien, mais les mots sont restés coincés dans ma gorge.

Ce soir-là, Christian n’a rien dit, mais il était là.

C’était peu, mais c’était déjà beaucoup.