Chapitre 6 – Ce qui ne se dit pas encore

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Christian s’était installé depuis quelques jours.

Il ne parlait pas trop, mais il avait cette façon d’être là, tout le temps. Pas comme quelqu’un qui s’impose, non. Comme quelqu’un qui s’infiltre. Discrètement. Doucement.

Je le trouvais gentil. Attentionné. Il m’appelait souvent « p’tit frère », même si on n’était pas vraiment cousins proches. Ça me faisait bizarre, mais j’aimais bien. Ça me donnait l’impression d’être vu. Exister.

Un soir, il m’a trouvé seul dans le salon, allongé comme d’habitude, en boule, à moitié endormi devant un film que je regardais à peine.

— T’as une drôle de façon de dormir, toi, a-t-il dit en riant.

Je me suis redressé un peu, embarrassé.

— J’dors pas… j’étais juste bien comme ça.

Il a souri. Un sourire un peu trop long. Il s’est approché.

— Bouge pas, t’as un truc là, dit-il en tendant la main vers mon visage.

Ses doigts ont effleuré ma joue. Lents. Légers. Il n’y avait rien sur ma peau. Il le savait, je crois. Mais j’ai rougi. Je me suis figé.

Il a reculé comme si de rien n’était, puis s’est laissé tomber sur le canapé à côté de moi. Un peu trop près. Je sentais sa cuisse contre la mienne. Mon cœur battait un peu plus fort, sans que je comprenne pourquoi.

— Tu sens bon, a-t-il soufflé. C’est quoi ton savon ?

— Je sais pas. C’est maman qui achète…

Il a ri doucement. Moi aussi, un peu, pour cacher ma gêne.

— J’ai jamais vu un gars avec une peau aussi lisse. On dirait une fille.

J’ai baissé les yeux, un peu honteux.

— Désolé…

— Non, faut pas t’excuser. C’est beau, c’est rare.

Il a posé sa main sur ma nuque. Elle est restée là quelques secondes. Elle n’a pas bougé. Pas trop. Juste un peu. Comme une chaleur qu’on ne sait pas comment éteindre.

Quand maman est entrée dans la pièce, il a aussitôt retiré sa main. Il s’est levé, a fait une blague quelconque, et est sorti de la pièce comme si de rien n’était.

Moi, je suis resté là. Silencieux.

Je ne savais pas ce que j’avais ressenti. C’était doux. Un peu étrange. Pas désagréable. Mais pas normal non plus. Enfin… je crois.

Et cette nuit-là, j’ai mis un oreiller contre ma porte. Sans trop savoir pourquoi.

Juste au cas où.

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